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08/01/2018

La ministre de l'Enseignement supérieur n'avait jamais lu la loi républicaine de 1905

laïcité

Mme la ministre énonce une conception illégale de la laïcité. Devant les protestations d'internautes catholiques et protestants, elle rectifie (un peu tard). Mais l'affaire est un symptôme de plus :


 

Comment veut-on que les citoyens connaissent la loi, si les ministres ne la connaissent pas ? Le dimanche 7 janvier, Mme Frédérique Vidal (ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation) répond à une question sur la laïcité et les religions. Et ça donne ceci :

Les convictions religieuses doivent rester uniquement dans la sphère privée, elles n'ont pas à rentrer dans la sphère publique, voilà !”

Le problème est que cette façon de voir la laîcité est une... innovation, et contraire à la loi. Car le texte de 1905 dit autre chose : 1. il sépare "les Eglises" et l'Etat, décision simplement politique ; 2. il encadre l'expression publique des cultes, décision simplement sociale... Nulle part la loi ne prétend s'en prendre aux consciences, ce qui aurait été le cas si elle avait prétendu retirer au citoyen la liberté de se dire croyant en public. 

Non seulement la loi de 1905 ne refuse pas de connaître la foi religieuse des citoyens (en l'enfermant dans les domiciles privés comme le voudrait apparemment Mme Vidal), mais elle organise la manifestation publique de la foi en lui fixant des cadres.

Contrairement à ce que croit Mme la ministre avec quelques millions de Français, la loi de 1905 n'a d'autre but que de détacher le clergé des pouvoirs politiques. (Ce sera d'ailleurs pour le plus grand bien du clergé).  Aucune des dispositions de cette loi ne prétend faire du croyant un citoyen de seconde zone en l'amputant de son droit à l'expression.

C'est ce qui a été dit à Mme Vidal, fermement et clairement, par plusieurs centaines d'internautes dans les heures qui ont suivi sa déclaration malencontreuse. Si clairement et si fermement qu'elle a compris l'ampleur de sa boulette, et qu'elle a rectifié au milieu de l'après-midi par le tweet suivant :

"La laïcité, c'est la liberté de croire ou de ne pas croire et de l'exprimer dans le respect de l'ordre public.”

Félicitons-nous qu'un(e) membre du gouvernement respecte la loi républicaine. Mais affligeons-nous qu'il ait fallu, pour obtenir ce résultat, lui infliger un rappel à la loi.

D'autant qu'on voit monter, dans des milieux semi-officiels, une inquiétante idéologie tendant à sacraliser le pouvoir politique pour l'opposer aux religions. Ce matin à France Culture, un personnage universitaire nous expliquait qu'il fallait renoncer au lien national ("qui est une négativité") et instaurer une sorte de sacralité laïque européenne. Outre le fait que personne en Europe n'admettrait cette entreprise, il faut se souvenir des précédentes expériences de sacralité laïque. Le moins qu'on puisse dire est qu'elles ne furent pas heureuses.

 

 

 

laïcité

 

 

 

 

19:24 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : laïcité

Commentaires

PERPLEXE

> Il est permis d'être perplexe devant l'expression "une sorte de sacralité laïque européenne". Si "laïque" est à entendre ici par "détachée de toute religion particulière", quel peut donc être l'objet précis de cette sacralité ? Quant à "européenne", quelles sont les limites dans lesquelles s'inscrit cette notion ? Sans doute aucune dans l'esprit du personnage universitaire que vous évoquez, vu que ce serait encore une "négativité". Ajoutons à cela le vague de "une sorte de"...
Pour prendre une image, cette "sorte de sacralité laïque européenne" m'évoque un sanctuaire construit en sable et s'appuyant sur des piliers de vase, que l'on pourrait s'imaginer un jour de brouillard.
______

Écrit par : Sven Laval / | 08/01/2018

ATHÉISME D'ETAT

> Je travaille avec des personnes déficientes mentales, l'une d'elle ayant perdu sa mère récemment arborait une médaille de la Sainte Vierge qu'elle tenait de sa mère, son chef d'équipe lui a demandé de la cacher par respect de la laïcité ! Un autre travailleur handicapé d'origine libanaise arbore une croix qu'il a lui refusé de cacher.
Cette conception extensive est dans les esprits, renforcée par l'extrémisme islamiste et les attentats ; toute présence de la religion est vue comme une menace, un danger : la solution est donc de supprimer la source de nos maux, source d'embrouilles dans leur esprit.
On glisse plutôt vers un athéisme d’État à ce rythme-là.

DV


[ PP à DV - Et les esprits sont ainsi préparés à... Dieu sait quoi. ]

réponse au commentaire

Écrit par : DV / | 08/01/2018

> Ben quoi...
Elle est ministre de l'innovation, non ?...
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Écrit par : Fernand Naudin / | 08/01/2018

> L'universitaire, c'est le biographe d'Enver Hoxha ?
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Écrit par : VF / | 08/01/2018

IDÉOLOGIE

> " une inquiétante idéologie tendant à sacraliser le pouvoir politique pour l'opposer aux religions.". Oui !
Héritage clair et net de l'antichristianisme des "lumières" et de leurs héritiers qui voulaient un pouvoir reposant sur l'idolâtrie de la déesse Raison.
Aussi, pour ces gens, la foi chrétienne, qui implique le refus de la soumission de Dieu à César, est ce qu'il y a de pire. On va le voir dans la proche et terrible bataille autour du transhumanisme.
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Écrit par : Pierre Huet / | 08/01/2018

UN PAS

> Sacraliser le pouvoir politique, ce n'est pas nouveau.
Seulement, César était dieu à côté des autres dieux. Maintenant, il réclame l'exclusivité. Un pas (de géant) de plus dans l'orgueil.
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Écrit par : Bernadette / | 09/01/2018

@ Pierre Huet

> Tout à fait d'accord. Je m'illusionne peut-être mais il me semble que l'athéisme dominant d'il y a un siècle était plus éclairé et tolérant. Aujourd'hui nous faisons face à une idolâtrie qui concerne non seulement une déesse Raison dégradée, réduite aux chiffres, mais aussi l'individu, le relativisme. La Vérité révélée d'aujourd'hui, à laquelle chacun est sommé de croire, se trouve être, absurdement : "Il n'y a pas de vérité, chacun a sa vérité".
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Écrit par : Guadet / | 09/01/2018

EN MARCHE

> Quand on est "en marche" et qu'on sait que tout doit changer très vite et en permanence, il est absurde de s'en tenir à une loi votée il y a plus d'un siècle.
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Écrit par : Guadet / | 09/01/2018

PRIVÉE

> Et accessoirement... c'est quoi, aujourd'hui, la sphère privée, à l'heure où même les chasses d'eau peuvent être connectées ???
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Écrit par : Fernand Naudin / | 09/01/2018

DOGMES

> Croire est un signe de foi.
Ne pas croire est un AUTRE signe de foi.
Jusqu'à preuve de contraire, il n'y a pas plus de preuve de l'existence que de sa non existence (voire le contraire).
Il faut ABSOLUMENT le rappeler à temps et à contre temps.
La laïcité prônée par la ministre tient du DOGME donc d'une certaine religiosité (/sectarisme].
Penser avec les idées ou les mots de l'adversaire, c'est déjà admettre sa défaite.
Plaçons nous en situation d'être victorieux (nous avons suffisamment d'adversaires sans vergogne pour avoir l'attitude contraire).
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Écrit par : franz / | 10/01/2018

@ franz

> Il y a me semble-t-il une erreur philosophique en confondant NE PAS CROIRE en l'existence de Dieu et CROIRE en la non-existence de Dieu. Ne pas croire est l'absence de foi et non pas présence d'une AUTRE foi.
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Écrit par : J-Luc / | 10/01/2018

@ J-Luc

> oui vous avez raison / j'ai écrit une peu vite (et ça peut brouiller le message, merci).
Sur le fond ceux qui véhémentent ne sont bien sûr pas les gens qui ne croient pas (et admettent que d'autres puissent avoir un avis différent), mais ceux qui affirment que dieu n'existe pas (et veulent pas d'autres en parlent) et cette affirmation là est une croyance.
Il est par ailleurs très curieux qu'on veuille cantonner la foi à la vie privée mais créer une loi contre les fausses nouvelles, n'est-ce pas une façon de légiférer sur le bien et le mal ?
______

Écrit par : franz / | 11/01/2018

Les commentaires sont fermés.