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04/01/2018

"Les Françaises et Dieu" : revue CODEX, n° 6

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Le dossier de ce numéro d'hiver 2018 fait le point sur un sujet lancinant et controversé : le christianisme et la femme...


  

En dépit de ce que veut croire la société contemporaine, les textes fondateurs de la foi chrétienne "ne parlent pas contre les femmes". "Un lien étroit existe entre le christianisme, le respect des femmes et leur émancipation", souligne Jean-Yves Riou dans son éditorial :

"Ce n'est pas à la mode ; la vulgate juge plutôt le christianisme, et plus précisément l'Eglise catholique, responsable de l'oppression des femmes... Il faut donc insister. Pendant des siècles, c'est dans le monde chrétien que les femmes ont pu étudier, prendre la parole et participer à l'élaboration de la culture commune. Sait-on par exemple que le premier traité d'éducation a été écrit par Duhoda, une aristocrate carolingienne du IXe siècle ?  Ou encore, que la première encyclopédie (le Hortus deliciarum) a été conçue par Herrade de Landsberg et se moniales au XIIe siècle ? [*]. Le christianisme a aussi posé les bases de l'égalité entre l'homme et la femme. D'une part, en décidant, sans restriction de genre, que la vie religieuse et la sainteté étaient le lot de tous. D'autre part, en privilégiant la liberté de consentement, elle demandait que les époux aient les mêmes droits et les mêmes devoirs dans le mariage. En défendant la monogamie et l'indissolubilité du mariage, même en cas d'infertilité, l'Eglise - dans des sociétés où la procréation était une question de survie - défendait encore les femmes..."

Bien entendu, cette vision chrétienne de la vie fut constamment soumise aux pressions extérieures : influences sociales et stratégies politiques ont joué en faveur d'autres visions de la femme, du mariage et de la sexualité. À l'intérieur même du christianisme, des courants pessimistes régressifs s'opposaient à la vision surnaturelle optimiste. Dans quels cas ? et dans quelle mesure ?  "À l'heure où de grandes mutations anthropologiques semblent se profiler à l'horizon", indique Codex en ouverture du dossier, il est temps de faire ce bilan historique en pensant à l'avenir.

Au menu de ce dossier :

►  7 clés pour en finir avec les idées reçues :  Le matriarcat des sociétés primitives (et ses liens avec la violence) -  La Bible et la femme - Ce qu'a vraiment dit Paul  - La révolution chrétienne en faveur de la femme et de l'enfant  (et les résistances rémanentes) - Les divergences sur ce sujet parmi les chrétiens - Le scoutisme, l'Action catholique et la promotion de la femme - Le conflit moderne sur la différenciation sexuée...

Galerie des figures bibliques iconiques : Eve, la femme originelle - Rébecca, la fiancée du puits - Suzanne, l'innocente harcelée - Esther, la reine rusée - Judith, l'héroïne courageuse - Salomé, la danseuse maléfique - Marie, la mère universelle - Madeleine, le cœur ardent...

Paul : les choix d'un précurseur, par Marie-François Baslez (Paris-Sorbonne). Un éclairage d'historienne : le véritable Paul fut un précurseur de la place reconnue aux femmes, et non "le misogyne qu'on se plaît à décrire..."  La mauvaise réputation de Paul a été fabriquée à partir de quelques passages difficiles à interpréter, objets de controverses exégétiques inconnues des dénonciateurs médiatiques de la "misogynie paulinienne" [**]).

Arégonde, la reine mérovingienne, par Priscille de Lassus. Une découverte archéologique qui illustre la situation combattue alors par l'Eglise : la polygamie et l'endogamie franques, persistances du tribalisme et de l'arbitraire des mâles. "La lutte commence au concile d'Orléans en 511 pour se poursuivre sur trois siècles, proscrivant les unions jusqu'au septième degré de parenté..." 

 ► Éclairages :  La Fête-Dieu a été inventée par une femme (Julienne de Cornillon, au XIIe siècle [*]) - La papesse Jeanne n'a jamais existé -  La clôture fut inventée (au VIe siècle) pour protéger les moniales des rapts - Des femmes s'occupaient de sciences au Moyen-Âge :  Trotula de Salerne, Hildegarde de Bingen, Herrade de Landsberg, Dorotea Bocchi...) -  Certaines abbesses avaient autorité sur des hommes : à Faremoutiers, Remiremont, Nivelle, Fontevraud...) - Au Moyen-Âge les noms de métier étaient féminisés, preuve de la présence active des femmes... etc.

Sept femmes éminentes du Moyen-Âge, par Catherine Guyon (université de Lorraine) : Aliénor d'Aquitaine, deux fois reine - Hildegarde de Bingen, mystique et scientifique - Christine de Pisan qui "de femme se fit masle" - Jeanne d'Arc, stratège inspirée - Mélusine, mythe équivoque - Marie de Luxembourg, l'épousée politique...

Marguerite de Navarre avocate des femmes, par Marie Barral-Baron (université de France-Comté) : la princesse cultivée protectrice des humanistes à qui Rabelais dédicaça son Tiers Livre. Elle composa son œuvre majeure - les soixante-douze récits de l'Heptaméron - à partir de "sa connaissance des grossesses, des deuils, des violences sexuelles, de l'adultère, de la solitude, du manque d'amour, de la foi..."

Aux périphéries : le temps des pionnières, par Agnès Walch (université d'Artois) : le rôle des femmes dans la renaissance spirituelle du XVIIe siècle, avec des figures aussi admirables que Louise de Marillac et ses Filles de la Charité, ou Marie Guyart et ses "Amazones de Dieu" au Canada...

24 heures dans la vie d'une villageoise, par Agnès Walch : dans les duretés d'une économie de subsistance, "le rôle primordial des mères dans la transmission de la foi"...

Quand les femmes menaçaient la République (par Jean-Baptiste Hirigoyen). Qui de nos contemporains le sait ? Jusqu'en 1944, les plus violents adversaires du vote des femmes  étaient les républicains anticléricaux :  à leurs yeux les femmes - de par leur infériorité naturelle - étaient "imbues des préjugés religieux" et devaient être traitées en mineures...

Un féminisme en cornette, par Matthieu Brejon de Lavergnée (Paris-Sorbonne) :  l'épopée mondiale des sœurs de St-Vincent-de-Paul, notamment le témoignage qu'apportaient en terre d'islam ces femmes "ni mariées ni cloîtrées". Mais aussi, en France, leur rôle dans le lancement de l'athlétisme féminin et d'un syndicalisme des salariées...

Des militantes en première ligne, par Jean-Yves Riou. Portraits de femmes : l'éducatrice Madeleine Daniélou, la syndicaliste Andrée Butillard, l'humanitaire Germaine Malaterre-Sellier, la mystique Marthe Robin ; Jeanne-Emilie Dorge, défenseure de la femme africaine ; Marie-Louise Monnet, auditrice au concile ; Françoise Dolto, psychanalyste et chrétienne ; Jeanne Aubert, fondatrice de la JOC en France ; Elisabeth de Miribel, FFL, carmélite et diplomate ; Germaine Ribière, jéciste et Juste parmi les nations ; Françoise Cockenpot, musicienne et pionnière de la promotion de la femme en Algérie ; Geneviève de Gaulle, résistante, déportée, fondatrice d'ATD-Quart-Monde...

Vers un changement de civilisation ?  par Agnès Walch, quatre questions-clés :  "La femme est-elle devenue un homme comme un autre ?" - "Qu'attend-on d'un couple aujourd'hui ?" - "La femme risque-t-elle de se transformer en objet de marketing ?" - "En quoi le rapport à la maternité a-t-il changé ?" 

 

 

Sans oublier les autres sections du numéro de Codex

 

> les actualités (le combat des Karen en Birmanie - Le drapeau européen -  Les manuscrits du Liban - L'année Gounod - L'observatoire des médias)

> la culture (L'agenda - Arts et crafts à Rouen, L'exposition du musée de l'Armée sur la vie du soldat à travers les siècles - Mémoire d'une genizah au musée du Judaïsme - Rémi Brague et l'héritage grec - La Légende dorée...)

> le cahier pédagogique (La Pologne, terre de Shoah - Des nazis ont-ils réellement été "aidés par le Vatican" à fuir en 1945 ? )

> le patrimoine (grandes orgues en Alsace - Forêts des Vosges - Trésor de la cathédrale de Strasbourg - Des "chanoines" luthériens - La Valette, perle de la Méditerranée...)

______

[*]  Sa contemporaine Hildegarde de Bingen (autre abbesse bénédictine à l'esprit universel) n'était donc pas unique en son genre.

[**] La "misogynie paulinienne" est un élément de langage médiatique depuis plusieurs décennies, de même que le "pessimisme augustinien". Ceux qui se servent de ces formules toutes faites n'ont d'ailleurs lu ni saint Augustin, ni saint Paul.

 

 

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