Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/08/2017

Assomption de Marie : une fête du Passage

ob_e46f09_1.jpg

"Marie, femme eucharistique, est le modèle du peuple croyant. Son Fiat est l'Amen du chrétien qui va communier..." (P. Gabriel Delort Laval). La seule vraie mariologie naît de la christologie :


 

"Je ne suis pas jalouse, mon Fils, que tu doives êtres avec moi et avec tous. Sois Dieu pour celui qui croit en toi, et sois Seigneur pour celui qui te sert, et sois frère pour celui qui t'aime, afin que tu les rachètes tous. 

Lorsque tu descendais en moi, c'est en moi et hors de moi que ta Majesté demeurait. Et lorsque je t'ai enfanté ostensiblement, ta puissance invisible ne m'a pas quittée. Tu es en moi et tu es hors de moi, ô toi qui déconcertes ta Mère, afin que je voie ton visage, cette image extérieure qui se trouve devant mes yeux. Ton image invisible est formée dans mon esprit, dans ton image visible je voyais Adam, et dans cette image invisible je voyais ton Père, qui est uni à toi.

M'as-tu donc seulement en deux images montré ta beauté ? Non, forme-toi ton pain et la pensée, demeure dans le pain et dans ceux qui le mangent ! C'est caché et visible que ton Eglise doit te voir, comme ta Mère !"

 

Ephrem le Syrien

De Nativitate 16, 1-4

 

 

 

 

" Il est impossible, d'après la typologie - jusqu'à l'identité - entre Marie et l'Eglise,  d'éviter une interprétation également mariale de l'image de la femme de l'Apocalypse, où incontestablement la communauté messianique de l'Ancienne Alliance enfante non seulement le Messie mais aussi sa postérité [Apocalypse 12:17] : ce qu'elle ne peut faire que dans le passage à la nouvelle communauté chrétienne. Qu'un écrivain chrétien de la fin du Ier siècle, qui voit en images la personne du Messie naître de Sion dans les douleurs de l'enfantement, n'ait pas pensé alors à la mère physique de Jésus - surtout s'il est proche de l'auteur du IVe évangile -, c'est inconcevable... La scène est jouée 'au ciel' (non dans le ciel), tandis que le destin ultérieur de la Femme se déroule sur terre ; elle est parée des grands signes du ciel et elle crie pourtant dans les douleurs de l'enfantement ;  en face d'elle se tient 'l'énorme dragon rouge-feu', identique à 'l'antique Serpent, le Diable', qui a séduit Eve et veut engloutir l'enfant aussitôt né ; ...mais après l'enfantement elle est portée sur les ailes d'aigle protectrices de Dieu [Exode 19:4 / Deutéronome 32:11] au lieu préparé pour elle dans le désert, donc en sécurité [Apocalypse 12:14], quoique pour un temps de persécution que signifient les 1260 jours [Daniel 7:25 ; 12:7]... Ce qui arrive sur terre pour l'Eglise-Marie et pour les chrétiens [Apocalypse 12:17], entre le danger et la sécurité, a sa correspondance dans la lutte céleste entre les troupes de Michel (l'ange protecteur d'Israël, cf. Daniel 10:13 et 10:1) et celles du Dragon...

Ainsi la Femme est-elle en elle-même (en vertu de ses attributs célestes), dans son enfant (enlevé jusqu'auprès de Dieu), dans son opposition à son adversaire (tombé du ciel), et dans 'le reste de ses enfants, ceux qui obéissent aux ordres de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus', orientée vers l'éternité. La question de son 'passage' en celle-ci devait se poser d'elle-même... Délivrée de la mort et glorifiée en Dieu, Marie est conformée à son Fils et reçoit part à l'oeuvre de son Fils qui libère l'humanité de la mort. 'Lève-toi, toi qui es exempte du péché et porte dans le monde entier cette liberté par laquelle j'ai racheté ma création tout entière.' Chez les auteurs presque innombrables qui ont prêché ou écrit sur la fête du passage, les aspects de la mission mariale sont sans cesse reflétés l'un dans l'autre : Marie comme la mère vraie, immaculée [*], des vivants ; la participation physique et spirituelle à l'existence du Rédempteur, sa compassion avec lui, son rapport à l'Eglise comme 'mère de tous', 'mère de tous les rachetés', 'notre mère'. De cette position se dégage cet état de salut total (comprenant l'âme et le corps) qui fut défini spécialement au XXe siècle... Toute mariologie possible considérée en elle-même reste incomplète, si elle n'est pas rapportée à la christologie et ne s'intègre pas dans l'ecclésiologie. "

 

Hans-Urs von Balthasar

La Dramatique divine, t. II

 

 

 

__________

[*]  La notion d' "Immaculée Conception" dit que par grâce spéciale de Dieu, Marie, dès sa conception par ses parents, a été préservée de toute atteinte actuelle de la faute originelle. Sommet de toutes les grâces de l'Ancien Testament, cette grâce a été donnée à Marie en perspective de son Fils "sauveur du genre humain", dit Pie IX en 1854 - après l'Evangile ("Marie pleine de grâce", Luc 1:28), la théologie byzantine (fête de la Conception de Marie), Thomas d'Aquin et Duns Scot (sanctification de Marie dès sa conception). L'Immaculée Conception est la réalisation, en Marie, du salut dont son fils est la source. D'où la dimension que souligne Balthasar dans les dernières lignes du texte ci-dessus.

 

 

arton207[1].jpg

 

Les commentaires sont fermés.