27/07/2017
Lobbies et Parlement : le malaise après le vote
Qui a dit : "transparence" ?
Les députés ont voté mardi soir l'interdiction, pour les collaborateurs parlementaires, d'être rémunérés par des lobbies - et d'être ainsi les représentants d'intérêts privés auprès du député ou du sénateur.
Le public croyait que cette pratique était déjà interdite : il découvre que non, et s'en étonne.
Il apprend aussi que le gouvernement a tenté de s'opposer à cette interdiction : et que cette opposition fut exprimée par Mme Belloubet, ministre de la Justice.
Des élus REM n ont d'ailleurs pas voté l'amendement ; la rapporteure du projet elle-même, Yaël Braun-Pivet, prônait un "dispositif de déclaration" plutôt qu'une interdiction.
Ces réticences affichées ont indigné des élus de gauche : "Je m'inquiète de ce que nous sommes en train de transmettre à l'extérieur" (Olivier Faure, PS).
La majorité des députés ont d'ailleurs rejeté les amendements communistes qui voulaient faire contrôler aussi les contacts de lobbyistes avec l'Elysée, le Conseil d'Etat et le Conseil constitutionnel.
Mais surtout, la loi fait l'impasse sur l'activité elle-même des lobbies : activité qui vise à dévier ou retarder le vote de lois encadrant - dans l'intérêt général - certains secteurs économiques... Cette timidité en dit long sur ce qu'est devenu le politique depuis quelques dizaines d'années.
► Il existe aussi une quarantaine de clubs parlementaires, parfois gérés par des cabinets de relations publiques, dotés de budgets souvent importants, et ouverts aux contacts de députés et sénateurs avec les intérêts privés : déjeuners, dîners, colloques etc. Quelques exemples pittoresques : le "Club des amis du cochon", voué aux intérêts de la filière agro-industrielle porcine ; "l'Observatoire de l'oeuf", autre filière agro-industrielle ; le "Club des parlementaires amateurs de havane", qui fut lié au cigarettier British-American Tobacco (enquête 2013 de Cash Investigation) ; le "Club de la table française" (304 membres sous la précédente législature), soutenu financièrement par Pernod-Ricard, Danone Eaux ou Grey Goose ; etc.
10:49 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : transparence
Commentaires
MAIS ENFIN
> Mais enfin, ne soyons pas sectaires, dira le jeune et dynamique abbé versaillais ! Halte à la théorie du complot ! Pas d'idéologie!
Foi en l’homme et confiance en l’avenir !
Entre deux dégustations de homard et de montrachet, ces clubs parlementaires et ces diners en villes entre responsables et décideurs qui savent quand même mieux que nous de quoi y parlent, permettent avant tout à des hommes et des femmes de bonne volonté, de mieux se connaître, d’échanger et de dialoguer en vue du bien commun, nous expliquera le fin abbé sur sa web tv.
On va quand même pas interdire à des hommes de dialoguer ? Quoi de plus chrétien que le dialogue et le partage? demandera-t-il, chassant d’un bras viril les mauvais esprits de la division et de la discorde. Arrière Satan !
Et de son pas enjoué, notre jeune abbé connecté ira rejoindre la puissante amicale parlementaire pour la justice climatique créatrice d'emplois, au milieu d’une brochette de députés, d’industriels et de communicants en croissance verte, tous plus soucieux du bien commun, du climat et du sort des hommes les uns que les autres, pour y apporter ce supplément d’âme évangélisateur dont notre monde a tant besoin, hein.
Et après le sermon évangélisateur prononcé après le dessert sous l’autorité de la très sainte soutane vers cette si noble assemblée d’hommes et de femmes de dialogue qui n’en demandent pas tant, musique princière et bal des faux-culs !
Bon été à tous. Dans la joie taquine et dans la bonne humeur !
Serge Lellouche
[ PP à SL - Ce qui est sectaire c'est l'attitude d'un milieu social revendiquant "l'identité catholique"... tout en se retranchant (sans l'avouer) de la marche de l'Eglise universelle qui ne va pas précisément dans la direction versaillaise. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Serge Lellouche / | 27/07/2017
LEUR COUR
> Il y a pourtant maintenant bien longtemps que les députés ont fait appliquer ce genre de directives pour d'autres professions (médecins, etc...).
Se pourrait-il qu'ils aient oublié de balayer dans leur cour ?
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Écrit par : Gégé / | 28/07/2017
LÉGITIMES CONTROVERSES
> Discorde ? Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, IIa IIae, Q37:
"La discorde s'oppose à la concorde. Or, la concorde, nous l'avons vu plus haut, est causée par la charité, car c'est le propre de la charité de réunir les coeurs dans l'unité, unité qui a pour principe le bien divin et en conséquence le bien du prochain. La discorde est donc un péché en tant quelle s'oppose à cette concorde. Disons cependant que la discorde peut supprimer la concorde de deux façons: par soi ou bien par accident. On appelle " par soi ", dans les actes et les mouvements humains, ce qui est conforme à l'intention. C'est pourquoi la discorde avec le prochain se réalise par soi lorsque, sciemment et intentionnellement, on se sépare du bien divin et du bien du prochain qui devraient nous mettre d'accord. C'est là un péché mortel par son genre, car il est contraire à la charité. Il reste cependant que les premiers mouvements vers cette discorde ne sont, en raison de leur caractère imparfait, que des péchés véniels.
Mais c'est par accident que se réalise dans les actes humains ce qui n'est pas intentionnel. C'est pourquoi, lorsqu'on est plusieurs à vouloir intentionnellement un bien se rapportant à l'honneur de Dieu ou à l'utilité du prochain, mais que l'un l'estime être ici, alors que l'autre a une opinion contraire, la discorde ne contrarie que par accident le bien divin ou le bien du prochain. Elle n'est pas un péché, et ne s'oppose pas à la charité, à moins que cette discorde ne s'accompagne d'une erreur sur les moyens nécessaires au salut, ou ne manifeste une obstination coupable. Nous avons vu plus haut que la concorde, effet de la charité, exige l'union des volontés, non celle des opinions."
Etre chrétien, ce n'est pas être gentil. La charité va de pair avec la vérité. Voir Ps 84: "Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s'embrassent."
Donc, être en désaccord, a fortiori lorsqu'on est sûr de ne pas se tromper, ce n'est pas un péché. Le tout est d'essayer de la dire dans la charité. Ce n'est pas un péché que d'avoir une opinion contraire. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Saint Thomas d'Aquin: "la charité, exige l'union des volontés, non celle des opinions."
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Écrit par : ND / | 29/07/2017
VERSAILLES ?
> Affirmer que la marche de l'Eglise ne va pas dans la direction versaillaise est un jugement pour le moins hâtif et trop généralisé, que tous les catholiques de ce diocèse apprécieront, à commencer par son évêque ! :-)... Je peux vous assurer que l'Esprit Saint n'y est pas absent, et qu'il s'y passe de belles choses, mais je me doute bien que vous le savez déjà !
Quant à notre jeune abbé, je viens de relire le mot qu'on trouve sur son blog à la suite de la parution de Laudato Si, comme s'y j'avais eu un doute. Mais je ne trouve rien de polémique, ni aucune distance prise par rapport à cette position de l'Eglise. Je ne doute pas qu'avec beaucoup d'humour (taquin ?), vous trouverez bien des choses à redire, sur un plan intellectuel et métaphysique qui m'échappera sans doute.
J'ai souvent l'impression que vous ou vos commentateurs ont un compte à régler avec un certain milieu. Le combat est-il dirigé dans la bonne direction ?
Xavier
[ PP à Xavier :
- "Versaillaise" est un adjectif elliptique et qui peut donc être injuste, je vous l'accorde. S'il y a injustice, j'en demande pardon.
- Mais l'ellipse était justifiée au moins par l'intensité du vote versaillais en faveur d'Emmanuel Macron : permettez-moi de rappeler que le programme économique de ce candidat n'avait pas grand-chose à voir avec Laudato Si.
- J'ai le plus grand respect et beaucoup d'estime envers Mgr Aumônier, que je connais de longue date et qui n'a pas été évoqué ici : ni par moi, ni par le commentaire de lecteur auquel vous réagissez. Pourquoi le citez-vous ?
- Je n'ai par ailleurs critiqué aucun prêtre. Et le sujet de ma note n'avait aucun rapport avec le diocèse de Versailles, ni aucun autre diocèse : elle concernait des milieux dominants dont le clergé français ne fait pas partie.
- Vous me soupçonnez de régler des comptes avec "un certain milieu" ? L'expression est inadéquate : qualifier de "règlement de compte' toute mise en cause d'une catégorie socio-économique, est encore plus elliptique que mon usage du mot "Versailles".
- A-t-on tort de constater que le milieu en question est celui des dirigeants économiques ?
et qu'il soutient en bloc un système que le pape critique de façon radicale dans 'Evangelii Gaudium' et 'Laudato Si' ?
- A-t-on tort de constater (aussi) qu'une fraction des élites catho de la banlieue ouest a tourné le dos à l'encyclique en 2015, et reste sourde aux impulsions non-libérales du Magistère social de l'Eglise ?
- Je souligne cependant (habitant moi-même la banlieue ouest) que les paroisses que je connais ont fait écho à l'encyclique sans en minimiser la portée ! Le milieu mis en cause ci-dessus n'est pas majoritaire dans le peuple catholique de l'Hexagone, grâce au Ciel.
- Quant à la direction dans laquelle mener le "combat" : si vous estimez que je me trompe dans ce que j'ai entrepris depuis dix ans, n'hésitez pas à me dire en quoi. ]
réponse au commentaire
Écrit par : françois-xavier / | 30/07/2017
PRÉCISIONS
> Je citais simplement le diocèse de Versailles et son évêque, car quand vous mettez dans la même phrase la marche de l'Eglise et la direction versaillaise, l'allusion me semblait claire... Visiblement je suis passé à côté de l'ellipse.
Quant à la suite de ma réponse, je réagissais plus au propos de Serge Lellouche qu'à votre réponse. A moins qu'il s'agisse là aussi d'une figure elliptique ou d'une autre figure de style ou forme géométrique à double foyer, il me semble aussi que l'allusion est claire. Je fais sans doute une lecture trop simpliste de votre blog ;-)
Xavier
[ PP à X. - Vous avez le droit de faire la lecture que mérite mon trop de concision, mais (comme l'indiquait l'expression "milieu social") le mot "versaillaise" désignait une fraction des habitants de Versailles : non Versailles en tant que diocèse.
Il faut aussi savoir si l'on admet (ou non) la mise en cause des responsabilités économiques et sociales d'un certain milieu... ]
réponse au commentaire
Écrit par : Xavier / | 30/07/2017
Le retour du troll…
> Je rejoins François-Xavier. Quel intérêt de publier un nième message aussi sarcastique ? La modération est-elle à géométrie variable ? Dans ces messages, toujours le même persiflage, les mêmes cibles, les mêmes caricatures. Un sketch usé. On peut se renouveler, même dans le registre caustique, lequel semble excuser toutes les outrances...
Vous faites-vous-même remarquer que ce message est fort éloigné de votre note et pourtant vous le publiez sans sourciller. Votre blog mérite mieux que du "clergy bashing" de bas étage. Par exemple, vous qui faites preuve habituellement d'une grande rigueur, vous établissez un peu trop rapidement une corrélation, non démontrée, entre le vote Macron sur la circonscription de Versailles et...le vote des catholiques de cette même circonscription.
Je ne peux pas croire que vous soyez porté au jeu du pointage de telle ou telle "communauté" qui serait surreprésentée dans les hautes sphères de la finance...
TM
[ PP à TM :
1 - Les commentaires n'engagent que leur auteur ; et celui-là ne s'exprime pas souvent.
J'ai hésité à le publier parce que son angle n'avait aucun rapport avec ma note ; j'ai finalement préféré le publier, quitte à publier ensuite les inévitables désaccords.
2 - En ce qui concerne ce que j'écris (non ce qu'écrivent les commentateurs), ne caricaturez pas en "pointage de communautés" ce qui n'est qu'observation réaliste. Ce n'est pas moi qui ai dit qu'il était difficile au riche d'entrer dans le Royaume des cieux : et je ne prétends d'ailleurs pas distribuer les tickets d'entrée. Je regrette simplement qu'une fraction des "élites" catholiques aient boudé ostensiblement 'Laudato Si' (j'en ai noté trop d'exemples depuis deux ans) au lieu de marcher avec le pape et de réviser leurs opinions. Je crois de mon devoir de les exhorter à changer d'attitude, en leur faisant observer que la grande majorité des catholiques français sont loyaux envers le Magistère.
- Je sais que ce devoir de lucidité est rejeté par les "bons milieux", au nom d'un consensus socio-politique qu'on ne trouve nulle part dans les Evangiles ni les Actes des apôtres...
L'unité des chrétiens est surnaturelle : elle ne se fait pas au niveau des opinions. Nier les contradictions d'intérêts économiques au nom de la "paix entre chrétiens" serait un grave abus. Même dans le domaine social, la confrontation est utile et traditionnelle depuis deux mille ans. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Thomas Mousset / | 31/07/2017
PP à tous
> Je mets fin à la discussion sur le commentaire figurant en haut de cette colonne, et qui ne concerne pas le sujet de ma note.
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Écrit par : PP à tous / | 02/08/2017
Les commentaires sont fermés.