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19/07/2017

Budget de l'armée : Pierre de Villiers démissionne

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Le président de la République ne peut pas, 'en même temps', faire des cadeaux à la finance... et  financer l'armée française :


 

Le chef d'état-major des armées vient d'annoncer sa démission : "Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d'assurer la pérennité du modèle d'armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd'hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays... J'ai toujours veillé, depuis ma nomination, à maintenir un modèle d'armée qui garantisse la cohérence entre les menaces qui pèsent sur la France et sur l'Europe, les missions de nos armées qui ne cessent d'augmenter, et les moyens capacitaires et budgétaires nécessaires pour les remplir." 

Le fait est sans précédent depuis 1958. Mais c'était couru. L'après-midi du 13 juillet, M. Macron laissait entendre publiquement - devant militaires et médias - que maintenir un autre point de vue que le sien était un acte peu républicain ; car Jupiter est infaillible. Dans le JDD du 16, il ajoutait avec dédain : "Si quelque chose oppose le chef d'état-major des armées au président de la République, le chef d'état-major change." 

Quelque chose les opposait en effet : c'était le budget de l'armée. Autrement dit les moyens de ses missions, de ses équipements et de ses entraînements. 

M. Macron s'estime mandaté [*] pour forcer la société française à se moderniser : notamment en faisant des cadeaux fiscaux aux plus aisés et à la sphère financière (réforme de l'ISF). Ou en  réduisant des services publics dont fait partie l'armée  - bête noire de Bercy... Ce programme a un nom : c'est l'ultra-libéralisme. M. Macron est en train de le concrétiser.

Ces manières de PDG colérique séduisent M. Trump mais pas les Français. M. Macron réussit l'exploit d'amener même la gauche radicale à défendre l'armée ! Tweet d'Alexis Corbière, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon : "Je regrette la démission du Gal #devilliers. Homme d'honneur, il a fait son devoir en s'exprimant devant la Commission de la défense de l'Ass Nale."  Corbière ajoute : "Preuve cinglante de l'échec de la politique brutale de Macron..." Tweet de "Hérault insoumis" : "Je rappelle que les militaires défendent tous les Français..." Même réaction à la gauche de la gauche : "La démission du Gal Pierre de Villiers après l'annonce des coupes budgétaires pour nos armées est le nouveau chef d'oeuvre d'@EmmanuelMacron", tweete Benoît Hamon.

A droite, les moins anti-Macron tiquent devant la situation : "Remettre en cause le budget des #armées, c'est oublier que nous devons protéger ceux qui nous protègent", tweete Xavier Bertrand, qui qualifie le général de "militaire sincère, droit et soucieux de la sécurité de ses soldats, de nos compatriotes et de l'intérêt national".

Dans Le Monde, le général (CR) Vincent Desportes écrit avec sévérité :

<< Il faut remonter au putsch du 21 avril 1961 pour trouver une crise aussi aiguë entre le chef de l’exécutif et la hiérarchie militaire. La grande différence est que le coupable du jour, le général d’armée Pierre de Villiers, brutalement poussé à la démission, est aussi légitime au sein des armées que parfaitement loyal envers la République, aussi unanimement apprécié des femmes et des hommes de l’institution militaire que reconnu par l’ensemble de la classe politique.  Cette issue brutale est l’aboutissement d’une crise latente. Le feu couvait depuis longtemps, que les responsables politiques étouffaient sous le couvercle d’un devoir de réserve perverti. Il a explosé sous l’effet d’un autoritarisme juvénile qui, détruisant l’image forgée en deux mois par Emmanuel Macron à coups d’habiles postures martiales, a stupéfait l’institution et brisé le lien de confiance. >>

 

Comment un "lien de confiance" pourrait-il exister entre la société (dont fait partie l'armée) et un exécutif ouvertement voué à nous imposer un certain système économico-financier, incompatible avec les structures profondes et les besoins actuels de la France ?

 Acte concret après acte concret, Macron montre de quoi il est le nom.

 

__________

[*]  quoique élu avec la plus forte abstention jamais enregistrée.

 

 

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12:18 Publié dans Idées, Macron | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : villiers, macron

Commentaires

DOUTER

> Quelqu'un pouvait-il douter de ce dont Macron était le nom ?

Maud


[ PP à Maud - Hélas oui, et hélas dans les milieux catholiques : de bonnes gens substituant à l'analyse des faits une métaphysique des bons sentiments. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Maud / | 19/07/2017

à Maud

> Pendant la campagne, on prenait cher sur les réseaux sociaux si on se permettait de dire qu'avec son background et son idéologie Macron serait l'homme du CAC et de la finance !
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Écrit par : G Maltache / | 19/07/2017

MANAGEMENT

> Le général de Villiers aura souhaité ne pas attendre la réunion de vendredi, au cours de laquelle le président et lui auraient "pris ensemble une décision" (horrible expression, issue du 'nouveau management', qui permet à une hiérarchie de se défausser de ses responsabilités, tout en donnant l'impression - en mode com'- d'être à l'écoute des subordonnés) concernant son avenir.
D'après ce que je lis, cet homme était un preux. Donc : bravo !
Mais d'ici à ce que cet incident soit le fait déclencheur d'une révolution...à mon avis, on est encore loin du compte (les Français peuvent encore consommer, donc tout va bien).
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Écrit par : Feld / | 19/07/2017

SOUMIS

> Le fait est sans précédent mais cela ne changera rien. On va lui trouver un remplaçant bien soumis et les militaires ne bougeront pas d'un iota.
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Écrit par : VF / | 19/07/2017

UNANIMITÉ

> Ce n’est plus Macron Jupiter, c’est Micron caporal-chef !
Le président a réussi à faire l’unanimité contre lui avec la démission forcée du chef d’état major des armées…
C’est un jour triste pour notre pays et pour notre armée.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 19/07/2017

à VF

> Le remplaçant est déjà nommé. C'est "un héros", nous informe l'Elysée : il a "défendu Sarajevo" aux côtés des Américains et des mercenaires envoyés par Riyad ! (contre les hordes slaves, menace n° 1 pour le Western World dont fait partie le wahhabisme).
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Écrit par : Trofim / | 19/07/2017

MOYENS

> Mais est ce que les Français ont les moyens d'entretenir une défense nucléaire et une défense conventionnelle utilisée hors frontière, Libye, Côte d'Ivoire, Mali, Tchad, etc...etc... ?
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Écrit par : Daniel Azan / | 19/07/2017

BRAVO

> Bravo au général de Villiers.
Bien évidemment il sera remplacé par un courtisan bien soumis. Mais lui il a montré ce qu'être un homme responsable veut dire. Il s'est conduit avec honneur et redonne aux Français (et Françaises) de base tels que moi la fierté d'être Français.
Parce qu'avec toutes les veuleries dont se sont rendus coupables nos dirigeants ces dernières années, il y avait des jours où il fallait s'accrocher pour se dire, non, la France ce n'est pas cela, ces gens trahissent et déshonorent la France.
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Écrit par : Bernadette / | 20/07/2017

LA QUESTION

> Non, Daniel, vous avez raison, les Français n'ont pas les moyens. Pas plus que les Anglais ou les Américains, aussi longtemps que la finance vole tout, ou que les Russes, aussi longtemps que la mafia pétersbourgeoise se partage les ressources du pays.
La question est de savoir s'il est vraiment indispensable de voler les nations au profit des banques et des mafias.
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Écrit par : Lucas / | 20/07/2017

PAS DE MORALE

> On peut s'interroger sur la notion d'éthique dans la guerre mais j'observe que si une puissance commerciale détient une force militaire assez considérable, on peut dire adieu à toute forme de morale dans un conflit.
Venise, l'une des puissances commerciales du XIIème siècle,a pérennisé le schisme entre Catholiques et Orthodoxes lorsqu’elle a détourné les nefs menant les Croisés de la quatrième croisade pour piller Constantinople, rivale économique de la Cité des Doges.
En poursuivant dans cette lancée, nous verrons toujours plus de conflits commandés par des multinationales pour s'emparer des droits d'exploitation de gisements miniers et pétroliers au mépris des populations locales et de l'environnement.
C'était déjà le cas au Moyen Orient dès le début XXème siècle et la pente sur laquelle nous nous engageons ne fera qu'aggraver les choses.
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Écrit par : A-L P / | 20/07/2017

à A L P

> Très juste. Quand on connaît les coulisses économiques des guerres, on relativise beaucoup la rhétorique martiale.
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Écrit par : Romain R / | 20/07/2017

BRAQUAGES

> Et c'est vieux. Périclès affirmait défendre la démocratie en démarrant la guerre du Péloponnèse. En fait, il défendait la domination maritime et donc commerciale d'Athènes. Et d'ailleurs, c'est avec la guerre du Péloponnèse que démarre vraiment la privatisation de la guerre. Les belligérants embauchant assez vite des supplétifs mercenaires.
Sans parler des guerres (expédition de Crassus en Mésopotamie) ou de raids de pillage faits dans un but d’enrichissement personnel (pillage de Rome par les Gaulois ou de Delphes par les même appelés Galates etc.).
L'argent et la violence ont des liens étroits et très anciens. Finalement, nombre de guerres ne sont rien d'autre que des braquages mais à plus grande échelle.
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Écrit par : VF / | 20/07/2017

BOURDES

> "[...] l'armée - bête noire de Bercy..." (note) ? pas si sûr : le budget de la Défense est réputé être perpétuellement la variable d'ajustement du budget général. Il permet d'assurer toutes les bourdes, les imprévus et les largesses démagogiques.
Note : "les armées", plutôt, car l'armée (de Terre) n'est pas la seule concernée par le "Budget de la Défense".
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Écrit par : Fondudaviation / | 21/07/2017

MACRON NE S'EST PAS GRANDI

> Les faits :
Un général est convoqué par une commission de l'assemblée nationale pour donner son avis à huis clos, a répondu à la convocation et a donné son avis (à huis clos donc).
Des élus ont fait fuiter dans les média une partie de ce qui s'est dit en commission
Un président devant les média a fustigé ledit général pour avoir utilisé les média contre "son chef" c'est à dire contre lui : disant n'avoir de leçon à recevoir de personne il, annonce le convoquer pour lui faire la leçon.
Le général démissionne sans attendre le "jour de remontrance" (et sans faire de commentaires).
La convocation devient donc caduque.
Le chef est vert de rage et le fait savoir par personne interposée qualifiant le général de déloyal.
Conclusions :
- L'un a beaucoup utilisé les média, l'autre pas du tout.
- Il me semble que les faits suffisent à montrer qui s'est grandi dans cette histoire et qui s'est abaissé.
la preuve :
https://www.youtube.com/watch?v=5WAM_73CiVs
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Écrit par : franz / | 24/07/2017

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