Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/06/2017

'En marche' : le fragile triomphe

3220295381_1_3_M4Z05CcI.jpg

Les 57 % d'abstentions donnent le sens profond du scrutin d'hier :


 

 

Au lieu du tsunami annoncé, En marche se contente d'une majorité absolue. L'opposition ne sera pas réduite à zéro :  LR recule sans s'effondrer totalement, Mélenchon aura son groupe de députés ; même le FN dit avoir progressé en passant de 2 à 8 (tout est relatif).

Que s'est-il passé pour que les prédictions extatiques des plateaux BFM-LCI se réduisent à une victoire électorale sans inédit ? Il s'est passé le véritable inédit : les 57 % d'abstentions, chiffre insolite au second tour d'élections législatives - surtout postprésidentielles.

Cet abstentionnisme de masse est un signe. Contrairement à ce que prévoyaient les "experts" des plateaux, il n'est pas venu seulement de l'électorat périphérique (mélenchonniens ou lepénisants). Il affecte en grande partie la macronie : comme si ses électeurs s'étaient dit qu'il fallait empêcher Emmanuel de devenir tout à fait Jupiter.  En donnant à l'opposition une marge convenable dans l'hémicycle, ils laissent à celle-ci la possibilité de garder une visibilité dans les débats,  d'être sérieusement présente dans les commissions, voire de saisir le Conseil constitutionnel.

Reste le fait que la moitié des élus LR, une partie des survivants PS, et au moins deux élus FN sur les huit, sont d'accord avec la vision friedmanienne du social qui est celle de l'équipe Macron - et qui va présider à la désintégration du code du Travail ; désintégration acclamée en 2017 par des gens qui (en 2016) se piquaient encore de "social" et se prenaient pour Ozanam.

Reste aussi, par exemple et selon la rumeur bruxelloise reproduite avant hier par Le Monde, que M. Macron s'apprêterait à tordre le bras de M. Hulot pour lui faire approuver dès le 4 juillet  le projet de la Commission européenne sur les perturbateurs endocriniens : projet contre lequel protestent trois sociétés scientifiques internationales d'endocrinologie (groupant des milliers de chercheurs médicaux et de cliniciens), qui accusent la Commission de faire le jeu d'industries agrochimiques, cosmétiques et pharmaceutiques... Sur ce dossier, même le régime Hollande avait résisté à Bruxelles. Tout serait-il changé depuis l'arrivée de M. Macron, en dépit des vertus prêtées à M. Hulot ?  On ne va pas tarder à le savoir.

Les Français n'ont pas voulu que le parti de M. Macron remplace tout le monde. Ils ont limité son triomphe en lui disant par l'abstention : "n'en fais pas trop... Prudence paysanne, aurait-on dit autrefois. Prudence imprudente, parce qu'elle néglige les questions de fond. M. Macron a le pouvoir ; il l'a mieux en main que ses prédécesseurs. Il saura s'en servir.  On peut penser qu'il s'en servira dans un sens qui correspond aux tropismes de sa classe sociale et de son équipe opérationnelle. Si c'est le cas, les 57 % d'abstentionnistes pourraient devenir ce que dit déjà d'eux M. Mélenchon  - et que la plupart d'entre eux sont encore loin d'être. Le triomphe du 18 juin 2017 aura été fragile.

 

 

818782-macron.jpg

 

11:49 Publié dans Macron, Politique | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : macron

Commentaires

DE RIEN

> Nous avons le résultat attendu : une majorité carbo-macronisée, une génération de godillots puissamment acquis à la mondialisation libérale, des députés incarnant cette bobo- ou robocratie toute dévouée à la cause des GAFA, TAFTA and Co.
Une génération et donc une Assemblée qui, indice intéressant, ne va être héritière de rien, sinon de sa dévotion à son président agile.
La preuve, la manière dont celle qui l'a précédée pour diriger le pays, ces ministres hollandais qui avaient si fièrement défendu le libertarisme sociétal (Touraine, Vallaud-Belkacem, Urvoas, El-Khomri, Hamon, Filipetti, Cosse, Duflot, Fekl, Eckert…), a été balayée (satisfaction profonde pour bon nombre des chrétiens, dont je suis, qui participèrent aux « manifs pour tous »)…
Plus dure aura donc été la chute pour ceux qui furent tellement heureux de travailler avec François Hollande… jusqu’à Manuel Valls dont les équipes ne sortent pas grandies des opérations menées hier en mairie d’Evry.
Si seulement les équipes Macron pouvaient tirer les leçons de leur déconfiture.
Banques et grand patronat vont continuer à mener le jeu. L’opposition ? J’ai dû mal à croire aux capacités mobilisatrices de Jean-Luc Mélenchon et à un 3e tour dans la rue qui pourrait rebattre les cartes. Lui-même est resté prudent dans sa déclaration d’hier soir : « Je vois, disait-il, dans cette abstention une énergie disponible pour peu que nous sachions l’appeler au combat avec les mots et dans les formes qui conviendront à la compréhension et aux possibilités de chacun. Pour peu que nous l’appelions alors, cette force peut se déployer et passer à l’offensive. »
Comme tu dis, Jean-Luc : il reste à trouver « les mots »…
______

Écrit par : Denis / | 19/06/2017

A déjà voté

> Depuis que le législateur a cru bon, histoire d'en finir avec les cohabitations, de placer les législatives immédiatement derrière les présidentielles, les Français jugent, à bon droit ce me semble, qu'ils ont déjà voté.
Ajoutons un petit suicide sans précédent (et, on veut le croire, sans suite, tant cela ne correspond pas à la pratique politique à la française), à savoir les primaires au suffrage universel pour les deux partis principaux de gouvernance.
Les Français ont opté dans ces primaires, que dis-je dans ce maquis répétitif de sollicitations à voter, dans ce battage de buissons tous azimuts et dénué du moindre sens, ce qui donna les moins éligibles des deux camps squattant d'ordinaire les sièges -j'ai failli écrire institutionnels- en lice.
Alors Macron triomphant sur son char romain mais abstention vainqueur aux points pour les présidentielles et les législatives ?
Pas si sûr. La main conduisant le bulletin à l'urne est semi-forcée. Je trouve une certaine sagesse, compte tenu des forces en présence, au moins dans le vote pour les législatives.
En effet, les Français - et là je ne les prends pas pour des veaux - savent ce qu'ils élisent (un parlement bizuth et godillot).
Ils savent aussi ce que l'assemblée dite nationale représente ou plus exactement ne représente plus :
ni la sphère politico-économique (there is no alternative other than following up Brussel runsheet), ni la sphère locale, déléguée chaque année davantage aux "assemblées locales" -sic-, aux départements et régions -même si ces dernières sont sans sens et de contours bizarroïdes, mais Brussel-compatibles, ce qui importe et prime-.
Autrefois existait un mot d'ordre, à propos de la gauche de gouvernement, et Hollande a dû télécharger l'appli: quand tu ne peux pas faire dans le social, fais dans le sociétal.
Le parlement - je suis ici M. P. Lellouche au micro de RCF aujourd'hui - légiférant sur des vétilles vu ce qui lui fut amputé dans le domaine législatif du fait de la conjonction de l'Europe et des élections locales - le parlement donc, quand on veut l'occuper, on lui donne un os sociétal à ronger, ça le flatte d'importance et de dignité - traduisez de "vanité vaine" -allez, style le mariage pour tous, bientôt sur vos écrans l'euthanasie y compris des cas d'enfants, façon belge ou néerlandaise.
En ce sens les électeurs, ni à prendre pour des imbéciles ni pour les flemmards du bulletin, ont parfaitement compris à quelles élections ils avaient affaire et se sont impeccablement abstenus.
Moi qui juge le bicamérisme obsolète, je fais acte de repentir: oui, à voir de telles législatives, en fin de compte, et même si c'est un pis-aller on ne peut plus critiquable, je suis content que le sénat existe.
Sauf à placer à nouveau, ce qui serait la logique de nos institutions de la Vème, les législatives à peu près au mitan de la durée pour laquelle le président fut élu.
______

Écrit par : Aventin / | 19/06/2017

SUCCÈS DE LA COM'

> D'accord avec vous, si l'on compare les résultats de dimanche avec les prévisions de la semaine dernière. En revanche, peu auraient parié une telle recomposition il y a un an à peine, lorsque Macron a lancé "En Marche", que vous-même (avec raison !) aviez considéré sur votre blogue comme étant un "truc de com".
Or, à la stupéfaction générale, le "truc de com" a pris... en quelques mois à peine. Qui aurait en effet imaginé, il y a un an, qu'En Marche raflerait non seulement l'Élysée, mais aussi une majorité absolue à l'Assemblée - et ressusciterait le Modem au point de lui allouer autant de députés qu'au PS ? De ce point de vue, Macron a remporté un pari que beaucoup considéraient insensé il y a seulement quelques mois. N'est-ce pas "la com" qui, au fond, l'a fait gagner ?
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 20/06/2017

MÊMES MILIEUX

> fond du pb : ce n'est pas un renouvellement socio-professionnel. C'est juste un rajeunissement. Les bébés-macrons viennent du jeune business. Pas d'ouvriers, presque pas d'artisans, mais combien d'avocats d'affaires et de start-uppeurs rêvant à Silicon Valley ?
______

Écrit par : géricaud / | 20/06/2017

> C'est grâce à Bayrou si Macron à décollé. C'est le vieux crocodile qui a adoubé l'autre zèbre. C'est pour ça qu'il est allé lui réclamer son dû en nombre de députables, même si y'avait jamais eu de contrat, ni même de négociation à ce sujet; et les a eu (et dans quel but ?).
De plus, Bayrou reste le dernier dinosaure pour qui les Français n'avaient jamais vraiment voté. C'est fait, mais en même temps pas pour de vrai.
Bayrou ne va pas gouverner, mais il a déjà bien commencé à préserver ses espaces de liberté vis à vis du gouvernement, quoiqu'en disent les sourires de M. Philippe qui vient de perdre son autorité. Maintenant Bayrou ne peut pas non plus scier la branche sur laquelle il est assis, parce que viré du gouvernement que lui reste t-il comme mandat et comme aura pour se refaire une assise ? Alors il sourit lui aussi.
Si j'étais Bayrou j'irais faire un peu de racolage du coté des députés LREM qui sont tellement mélangés avec les siens qu'on sait pas qui est qui, juste au cas où, ... 2022 c'est quand même sa dernière chance, si toutefois il y pense, et s'il se débrouille bien.
Parce que s'il y pense et qu'il se débrouille bien, ça semble pas si infaisable. Delevoye, Philippe ou Ferrand ne débordant pas d'un charisme exceptionnel, il parait, pour l'heure, être le seul challenger acceptable face au zèbre pour les prochaines.
Avec un PS mort et un LR dont le pronostic vital est engagé ...
... si toutefois il y pense, bien sûr.
______

Écrit par : Yvan / | 20/06/2017

CAVE

> Rien à rajouter si ce n'est, peut-être, le cri silencieux de la foule abstentionniste, qui dans une sagesse toute romaine semble dire comme l'esclave qui suivait le char de triomphe de l'imperator victorieux: "Cave ne cadas."
______

Écrit par : Albert E. / | 21/06/2017

@ Yvan

> Il est fort possible que M. Bayrou y ait pensé jusqu'à ce matin. M. Macron aussi, apparemment. Il reste à souhaiter à M. Bayrou qu'il fasse beau temps à Pau.
______

Écrit par : Sven Laval / | 21/06/2017

2022

> Oui j'ai pas eu de bol sur ce coup là.
Soit il est dans la mouise complète, et il le sait, et sa sortie a été digne, la face est sauve,
soit il a rien à se reprocher, il doit le savoir aussi, et il reviendra vite réclamer son capital,
... et les intérêts en 2022.
______

Écrit par : Yvan / | 22/06/2017

STRATÉGIE

> J'ai du mal à croire que Macron, qui se révèle excellent stratège politique, ait pris Bayrou en ignorant les casseroles que ce dernier trainait (cf le fameux livre et Corinne Lepage). Il a pu le nommer pour le garder près de lui et le surveiller en sachant qu'il l'éjecterait bientôt, quand les affaires éclateront.

VF


[ PP à VF - Je ne suis pas loin d'aboutir à cette conclusion...
Le fait que Macron veuille le mettre précisément à la Justice aurait pu mettre la puce à l'oreille de Bayrou. ]

réponse au commentaire

Écrit par : VF / | 22/06/2017

Les commentaires sont fermés.