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29/05/2017

"Cavalier français" ou virtuose de la com' ?

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Adulé par les médias pour son entrée spectaculaire sur la "scène internationale", Emmanuel Macron devra très vite montrer l'idée qu'il se fait du monde réel :


 

 

Quoi de plus amusant que ces éditoriaux tirant le "bilan" de "l'irruption" d'Emmanuel Macron sur la scène internationale ?  Tirer le bilan de quelque chose qui commence est une absurdité ; le plus absurde étant de se poser en juges-arbitres quand on est simples sous-traitants, ce qui est le cas d'à peu près tous nos médias depuis une trentaine d'années.

Voilà donc M. Macron "reçu avec encouragements", selon le titre de Libération.  Et "deuxième meilleure note" ("7,5 sur 10")  selon le Corriere della Sera : mais derrière qui ? derrière... Justin Trudeau, classé n° 1 "pour sa sympathie" ! Prendre la "sympathie" comme critère géopolitique serait dérisoire s'il s'agissait de géopolitique ; mais il s'agit de "scène internationale" et de jury médiatique, ce qui n'est pas la même chose.

Qu'est-ce qui séduit les médias en M. Macron ?

1. qu'il "fasse le show". Son quasi bras de fer avec M. Trump, par exemple, a survolté les commentateurs. M. Macron "a signalé par sa ferme poigne à son homologue américain qu'il n'était pas le seul mâle alpha dans la pièce", écrit le Washington Post (25/05)...

2. qu'il semble n'avoir aucune ligne. Les médias encensent M. Macron pour son "habileté" et sa "grande maîtrise de la communication" (avérées) ; mais surtout pour son "pragmatisme" et son "optimisme", traits psychologiques qui ne remplacent pas une boussole. Mme Merkel voit ce qu'est M. Trump et le dit carrément  ("on ne peut plus avoir confiance les uns dans les autres"). M. Macron fait comme si le vide mental de M. Trump était de "l'ouverture" et lui prête un "pragmatisme" égal au sien... Même si c'était vrai, le pragmatisme n'est qu'un outil  ;  il faut se demander au service de quoi, et les débuts de M. Trump apportent une réponse.

Les débuts de M. Macron n'en apportent encore aucune. Son talent existe : recevoir M. Poutine à Versailles et pour Pierre le Grand est une idée subtile. Mais un talent pour quoi faire ? Si l'horizon de M. Macron se borne au "pragmatisme", on voit d'où ça vient : de la  pensée-zéro fabriquée au XIXe siècle par les idéologues libéraux. Cette pensée prétend imposer l'empire de "lois de l'économie"  censées tout absorber sans alternative... "Jamais définie, jamais interrogée", leur toute-puissance "vient anesthésier toute réflexion et disqualifier comme 'utopique' toute idée non-orthodoxe. D'où un fatalisme qui, en économie comme dans la perception que nous avons de notre propre être historique, est lui-même... fatal", explique l'historien Chapoutot : "c'est la condescendance technocratique du macronisme ou de l'àquoibonisme hollandiste, dérivés du giscardo-barrisme des années 70."

L'historien a peut-être raison. Les mois qui viennent nous l'apprendront. On saura par exemple - actualité de ce lundi - si M. Macron partage la doxa des éditorialistes sur la Russie (forcément diabolique : par exemple en Crimée ou en Syrie). Le Jeune Président restera-t-il empêtré dans le prêt-à-penser made in Washington ?  En ce cas il aura joué en vain au "cavalier français parti d'un si bon pas".

 

 

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11:59 Publié dans Macron | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : macro, trump, poutine

Commentaires

TESTOSTÉRONE

> Jeux de mains, jeux de vilains… Ces pseudo bras de fer suscités par Trump sont ridicules.
Au moins, le téléspectateur ne peut s’y tromper : Trump et Macron ne sont, tout compte fait, que des hommes très ordinaires. Et tant que le défi testostéronisé s’arrête là… on passe l’éponge.
Ça aurait pu être pire. Vous imaginez les mêmes : « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette… »
______

Écrit par : Denis / | 29/05/2017

GENTILONI

> Pourriez-vous obtenir le texte du discours de Paolo Gentiloni, le premier ministre italien, lors du G7 ? Je lis qu'il a parlé de l'Afrique, des migrants et des réfugiés en demandant la solidarité des autres pays, mais je ne trouve pas le texte sur le web.
Merci d'avance pour votre aide.

JRL


[ Pp à JRL - Je vais voir si je le trouve ! ]

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Écrit par : JR Larnicol / | 29/05/2017

CHAPOUTOT

> Ravi que vous citiez mon collègue Johann Chapoutot, remarquable spécialiste du nazisme, récemment arrivé à Paris-Sorbonne !

JMS


[ PP à JMS - D'autant que je le lis chaque semaine avec beaucoup d'intérêt dans la série remarquable des "Journaux de guerre", dont il est l'une des références. ]

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Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 29/05/2017

DANS QUELLE DIRECTION

> Le "bilan" de cette "irruption" n'est pas sans rappeler le prix Nobel de la paix décerné à M. Obama alors qu'il était encore un président assez "frais".
Pour ce qui est de M. Macron, certes, il ne paraît pas manquer de qualités probablement brillantes : intelligence, sens des symboles, allant... Même dans la conquête du pouvoir il a certainement dépassé ceux qui s'imaginaient ses maîtres, voire ses marionnettistes (à commencer par M. Hollande).
Mais comme vous le faites remarquer, on ignore ce qu'il entend réellement faire de ces qualités. "En marche", mais dans quelle direction ? Et le pragmatisme, s'il peut s'avérer utile, doit l'être à quelque chose. Sinon, ce n'est qu'un talent de contorsionniste.
Sur le primat accordé par les idéologues libéraux à l'économie, le rattacher (entre autres sources) au "giscardo-barrisme" comme le fait M. Chapoutot me semble judicieux : songeons à la manière qu'eut M. Giscard de présenter Raymond Barre alors qu'il venait de le nommer Premier ministre : "le meilleur économiste de France" ; cela peut être utile pour un ministre des finances, de l'économie ou du budget ; mais pour un Premier ministre, c'est un peu court.
_____

Écrit par : Sven Laval / | 29/05/2017

"Le seul mâle alpha"...

> On en est là. Après la poignée de main style "bras de fer", on passe au concours de qui pisse le plus loin, ce qui permet également de comparer la taille des attributs virils ?
(Entre parenthèses, j'ai pu constater chez de jeunes enfants en retard mental des organes surdimensionnés, j'en conclus que la seule donnée objective qui puisse être déduite d'un développement supérieur à la moyenne c'est "forte capacité génésique")
Je suppose qu'après cette entrée en matière, on compare l'arsenal militaire, genre : "mes lanceurs d'engins lancent plus loin que les tiens - oui mais toi t'es pas chiche de les utiliser en vrai, tu ne le fais qu'à l'exercice. - Attends voire un peu si je suis pas chiche. Tu veux que je tire où ?"
A part ça, personne n'a remarqué sur la photo qu'ils se donnent un poignée de main maçonnique ? N'oublions pas le grand projet maçonnique "après le désordre, l'ordre" : pousser au maximum de désordre pour que les hommes aspirent ensuite à l'ordre et les soumettre à une main de fer.

Bernadette


[ PP à Bernadette - Solve, coagula ? ]

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Écrit par : Bernadette / | 30/05/2017

POUTINE, MACRON ET PÉGUY

> Je note, cher PP, votre référence à Péguy parlant de Descartes, ce « cavalier français qui partit d’un si bon pas »* (qui nous invite donc à lire la « Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne », de Charles Péguy : http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/critique/peguy_note-descartes/body-1 ).
La question resterait-elle donc de savoir si le « cavalier » dont nous parlons « mouille à la grâce » et s’il « consulte les poteaux indicateurs » ?
Si j’en juge par sa prestation du Grand Trianon ce lundi aux côtés de Vladimir Poutine, le président Macron s’est surtout montré « cavalier ». C’était manifeste dès son laïus inaugural de leur conférence de presse commune. M. Macron avait choisi la superbe et le surplomb, exaltant la glorieuse cour de Versailles de 1717 et la splendeur de la nation française et de ses réalisations, dont Pierre le Grand allait tirer si grand profit… Bref, l’idée était que M. Poutine devait nécessairement s’inspirer de l’exemple de son prédécesseur empereur de toutes les Russies. Ficelle assez grossière de la part du chef de l’Etat.
Dans sa réponse, le président russe n’a pas eu la mémoire aussi courte. Il a souligné que les relations russo-françaises remontaient bien au-delà de 1717. Et il a montré sur ce sujet – à la différence du président français – un peu d’affect, en évoquant la figure d’Anne de Kiev, princesse russe demandée en mariage par Henri Ier de France (1008-1060). Ainsi devenue reine des Francs et l’ancêtre tant de saint Louis que des Bourbons…
D’un côté le président jupitérien s’appuyant lourdement sur le Roi soleil. De l’autre, le président russe évoquant cette pieuse union d’Anne et Henri (qui exalta l’Eglise indivise à la veille du schisme de 1054).
Je sais que je suis un indécrottable sentimental, mais je trouve qu’en l’occurrence, Vladimir Poutine aura davantage « mouillé à la grâce » que son interlocuteur en fournissant ce « poteau indicateur ».
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Écrit par : Denis / | 30/05/2017

L'EXPRESS

> Géniale couverture de l'Express (qui d'ailleurs a soutenu férocement Macron pendant la campagne, ai-je cru comprendre), inspirée des magazines pour adolescents des années 1990, du type 'OK Podium' :
https://www.qwant.com/?q=L%27Express%20Une%20macronmania&t=all&o=0:177888d47fc779b04b32c1ef30383aa4
On s'éclate grave !
______

Écrit par : Alex / | 07/06/2017

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