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22/05/2017

Trump Folamour : vers la Troisième Guerre mondiale ?

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Voyage du président américain au Proche-Orient et en Europe... Hormis le pape, qui lui dira ce qu'il mérite ?  Mobiles de M. Trump :


 

 

Chaque jour qui passe dévaste un peu plus les illusions du trumpiste français. Au lieu d'un Trump réconciliant Washington et Moscou pour faire la paix au Moyen-Orient en renonçant aux cagades sanglantes du Pentagone, voilà un décuplement de la nouvelle guerre froide menaçant de se transformer en guerre chaude : avec la Russie (sur le théâtre d'opérations syrien), et avec la Chine (si les rodomontades contre Pyongyang aboutissent à une attaque américaine). 

Ce qui se passe est inquiétant pour trois raisons : 1. L'extravagante bêtise de M. Trump, "crétin céleste" et "plus grand des schmocks jamais enfantés" (Laurent Sagalovitsch, Slate-blogs 21/05) ; 2. son goût de la méga-bombe, éclos le 7 avril (pluie de missiles contre l'armée syrienne) et devenu aigu le 13 avril (la monstrueuse GBU-43/B MOAB lancée sur sur le territoire afghan) ; 3. son ignorance du rest of the world, pire que celle de ses plus obtus prédécesseurs.

Le premier point se passe de commentaires : Imbecile in chief...

Le deuxième point montre comment le populisme aggrave la dangerosité des Etats-Unis. On connaît la mécanique de tous les populismes de l'histoire (l'échec intérieur pousse le Chef à des aventures militaires fatales). Dans le cas de M. Trump, l'incurabilité de son incompétence s'est vue au bout de deux mois seulement ; dès le 7ème jour du troisième mois, M. Trump s'est engouffré dans l'aventure militaire, saisissant le prétexte d'un énième - et énigmatique - massacre en Syrie pour oublier toutes ses promesses de non-interventionnisme. Les missiles Tomahawk étant chers mais peu spectaculaires (et guère fiables si l'on en croit le bilan), six jours plus tard, le 13 avril, M. Trump passait à la dimension terrific qu'il affectionne en utilisant la MOAB, pire arme avant le nucléaire. Un coup sur les Syriens, un coup sur les Afghans, bombarder les petits pays fait partie des habitudes US.

M. Trump est "un homme en train d'acquérir expérience et satisfaction dans l'usage de la puissance de feu américaine contre des pays plus faibles que le sien", constate l'universitaire Michael T. Klare (Hampshire College, Massachusetts), spécialiste des études sur le complexe militaro-industriel et la dimension pétrolière des conflits. Que M. Trump se soit empressé d'utiliser - pour la première fois de l'histoire - l'effrayante bombe MOAB, montre "une certaine inclination à utiliser des armes de destruction de plus en plus massives". On en verra d'autres sur les différents théâtres d'opérations où M. Trump est en train, contrairement à ses promesses, de ré-enliser l'armée US : la très sale guerre du Yémen, pour les beaux yeux de l'Arabie saoudite ; le chaos sanglant de la Somalie ; l'Afghanistan bien entendu, d'où l'on devait partir mais où l'on retourne (M. Stoltenberg veut y renvoyer les Européens de l'Otan) ; l'Irak où le carnage de civils à Mossoul n'en finit pas (dans le silence des médias européens : comparez avec Alep !) ; l'est de la Syrie, où des unités US opèrent illégalement contre l'armée syrienne au risque d'accrocher les forces russes... Etc.

Mais bombarder l'Iran serait encore plus terrific. Encore plus Commander in chief. Encore plus propre à détourner l'attention des citoyens américains des réalités intérieures de l'administration Trump... Il faut donc que l'Iran devienne la bête noire de l'Amérique, même s'il n'y a aucune raison objective à cela. Le président Trump ne sait pas bien où est l'Iran mais il le déteste ("nasty guys !!!!! sad"). Le général Mattis, ministre de la Guerre, sait où est l'Iran, mais le déteste aussi. Le Pentagone travaille sur des plans d'attaque de ce pays de 1 648 000 kilomètres carrés et 83 millions d'habitants. Et l'engrenage verbal est lancé. A Ryad, le 21 mai, M. Trump s'adressant aux chefs d'Etat et Premiers ministres arabes (sunnites) a quasiment désigné l'Iran comme cible militaire, tandis que le secrétaire d'Etat Tillerson expliquait (au cas où l'on n'aurait pas compris) que les armes américaines vendues aux Saoudiens pour 110 milliards d'euros étaient dirigées contre l'Iran.

Ce "discours de la guerre" repose sur des incohérences hurlantes.

M. Trump accuse l'Iran de n'être pas démocratique, à l'instant précis où les électeurs iraniens, lors d'élections libres, viennent de réélire à une forte majorité leur président réformiste et modéré. Et M. Trump est applaudi par les obscurantistes dirigeants saoudiens chez qui n'existe aucune démocratie...

M. Trump accuse l'Iran de "financer, armer et entraîner des terroristes". C'est faux, sauf si l'on considère comme "terroristes" les unités régulières iraniennes engagées en Syrie parce que Téhéran est l'alliée de Damas. Ou les miliciens du Hezbollah, qui est le plus puissant des partis officiels au Liban. Mais M. Trump ne sait ni où est le Liban, ni ce qu'est sa très compliquée politique intérieure... Au demeurant, les terroristes islamistes qui ont frappé les Etats-Unis depuis 2001 venaient d'Arabie saoudite et du Pakistan : deux pays dont le soutien au djihadisme est notoire ; deux pays aimés de M. Trump parce qu'il y a des affaires ; deux pays qu'il a exemptés de sa liste de restriction aérienne.

Ramenons les choses à leur vérité. M. Trump a besoin des pétrodollars saoudiens. Et il est l'allié du gouvernement israélien de M. Netanyahou. Les Saoudiens et M. Netanyahou ont un seul point commun : ils veulent un conflit avec l'Iran... Voilà ce qu'il y a derrière l'iranophobie de la Maison Blanche et du Pentagone. Voilà les mobiles de ce qui peut tourner, demain, à la Troisième Guerre mondiale.

Avant de rentrer à Washington, M. Trump compte passer voir le pape au Vatican. Sa Sainteté devrait l'asperger d'eau bénite.

 

 

 

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19:41 Publié dans Trump | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : trump, guerre

Commentaires

NULLITÉS

> Cet homme est extraordinaire. On en vient presque à regretter qu'il soit venu à bout de la nullité flamboyante de Mme Clinton. Autre nullité, autre flamboyance.
"Sa Sainteté devrait l'asperger d'eau bénite" : prions pour que Sa Sainteté ne lésine pas.
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Écrit par : Sven Laval / | 22/05/2017

OBTUS DIRIGEANTS

> Rien de plus à ajouter à cette analyse très lucide. Les situations dramatiques dans de nombreux pays (chômages, violences, migrations, etc.), souvent créées par des dirigeants US ou européens obtus, a amené au pouvoir de nouveaux dirigeants encore plus déséquilibrés. On ne sait plus trop comment en sortir.
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Écrit par : BCM / | 22/05/2017

D. TRUMP AU VATICAN

> A la fin vous dites :" Avant de rentrer à Washington, M. Trump compte passer voir le pape au Vatican. Sa Sainteté devrait l'asperger d'eau bénite." Ou bien le Pape devrait carrément pratiquer un exorcisme complet ?

AM


[ PP à AM
Le pape :
"Belzébuth, sors de ce corps !"
Belzébuth :
"Merci. C'était pénible. " ]

réponse

Écrit par : Aurélien Million / | 22/05/2017

ABU IVANKA

> Abu Ivanka ? "Un ploutocrate populiste conseillé par une armée de faucons".
https://www.lorientlejour.com/article/1053175/donald-fait-du-bibi-cocktail-explosif-au-moyen-orient.html
La seule question qui vaille est le volume des affaires, cela vaut bien un inconditionnel appui bifide, à Israël comme aux sunnites wahhabites.
Daech rigole déjà de cet indirect soutien US, le monde salafiste en sort renforcé, c'est, pour eux, inespéré.
Je ne suis guère optimiste pour la suite dans la région, d'autant que, pour ce que l'on peut pronostiquer sans trop de risque, le gouvernement français devrait se distinguer par un déplorable suivisme euratlantiste, couvrant de honte les bonnes volontés les plus manifestes.
Et puis nos chers et troubles liens n'ont jamais été distendus, n'est-ce pas ?
http://www.lepoint.fr/politique/qatar-les-relations-troubles-des-politiques-francais-19-10-2016-2077229_20.php#xtmc=chesnot&xtnp=1&xtcr=9
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Écrit par : Aventin / | 23/05/2017

INSTABLE

> Je me souviens d'une de vos réponses à un commentaire, à l'automne dernier (avant l'élection américaine) prédisant qu'une victoire d'Hillary aurait été une catastrophe pour le monde et une bonne nouvelle pour l'Amérique, alors qu'une victoire de Trump aurait été une bonne nouvelle pour le monde et une très mauvaise pour l'Amérique.
C'était sans compter sur l'instabilité du personnage : Trump a vite renié ses arguments de campagne, sans doute sous l'influence insistante du complexe militaro-industriel.
Cela dit, en ciblant ainsi l'Iran, Trump écarte a priori l'hypothèse d'un conflit majeur en Europe de l'Est - conflit qui aurait été bien moins hypothétique si Hillary avait été élue.

PV


[ PP à PV :
- J'avoue avoir été dupe de ses promesses isolationnistes. Mes contacts américains l'étaient aussi (et ça ne les réjouissait pas, eux...). Trump avait l'air de s'inscrire dans une certaine lignée américaine attestée dans l'histoire du XXe siècle. Ce n'était qu'une apparence : en réalité le personnage est complètement vide. D'où l'instabilité, dont les symptômes ne s'étaient pas encore manifestés. Il eût fallu le connaître personnellement pour savoir à quoi s'en tenir. C'est après le 20 janvier que la réalité a commencé à se voir...
- A propos du conflit latent avec la Russie : si le Pentagone continue à vouloir mettre la main sur l'est-nord-est de la Syrie, les accrochages avec les forces russes seront inéluctables. ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 23/05/2017

NORMALISATION

> En regard de votre intéressant échange avec Ph. de Visieux, je ne peux m'empêcher de mettre cette furieuse normalisation de Donald avec celle de Marine Le Pen, en forme de sabordage du FN, chez nous.

PH


[ PP à PH - Ce qui se passe au FN devrait servir de "leçon de choses", comme on disait naguère. Le seul but d'un parti est de faire des élus. Pour être élus ou réélus, les candidats sont prêts à manger leur chapeau aussi souvent que nécessaire. D'où la joie de nombreux pré-carriéristes devant la future promesse de mariage (comme on disait aussi naguère) entre MMLP et LW... ]

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Écrit par : Pierre Huet / | 23/05/2017

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