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20/05/2017

"Société civile" : un trompe-l'oeil

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La Macronie représente surtout la France d'en-haut : ce qu'à Bruxelles on appelle "société civile" depuis un certain rapport de la Commission. Coup d'oeil sur ce gouvernement et ces candidats : 


 

 

Qu'est-ce que "la société civile" ?  Aucune définition précise n'en est donnée ; c'est une expression variable dont le sens dépend du lieu, du moment et de l'interlocuteur. Et pour cause : c'est une arme déguisée. L'expression est apparue dans les années 1980, au moment où DEC_PIROT_2007_01_L204.jpgpointait la grande offensive néolibérale contre "l'Etat". L'universitaire liégeois Gautier Pirotte analyse cette genèse stratégique dans l'étude qu'il a publiée en 2008 à La Découverte : le mythe d'une "société civile" fut lancé pour persuader l'individu que ses potentialités étaient "bloquées" par "les rouages d'un Etat extrêmement présent". En 2001, la Commission de l'UE publie un Livre blanc de la gouvernance européenne qui fait avancer d'un cran l'opération : la "société civile", affirme-t-il, sera le pilier de la construction de l'Union ; un pilier de la "gouvernance" destinée à faire pièce aux Etats politiques. Les analystes anti-libéraux ripostent aussitôt que cette "gouvernance" (terme emprunté au management) n'est autre qu'une "manière de gérer le néo-libéralisme" en réduisant le rôle des instances politiques au nom d'une émancipation de la "société civile" [2]. Mais les "instances politiques" n'ont pas été capables de discerner le péril ; ou, l'ayant discerné, s'en sont fait le complice pour des raisons coulissières...

Faite principalement au nom de "l'expertise" (autre élément de langage néolibéral), l'OPA de M. Macron sur l'Etat se fait également au nom de la "société civile". Plus de la moitié des 526 candidats LREM aux législatives en sont déclarés "issus". Parmi eux, peu d'employés et de chômeurs ; moins de 10 % de membres des professions intermédiaires (alors qu'ils sont 30 % de la population)... Mais beaucoup de médecins, d'avocats d'affaires, de cadres du privé et de hauts fonctionnaires ! 68 % des candidats LREM viennent des professions supérieures (comme dans l'Assemblée sortante, mais avec deux fortes progressions : le nombre de "consultants" et de "conseillers en communication", et le nombre de diplômes de grandes écoles jusque chez les rares candidats d'origine étrangère : par exemple celui de la 6e du 93, Alexandre Aïdara, qui a fait Centrale et l'ENA. La "société civile" en Macronie, c'est un club. [*]

C'est donc - déplore Libération - le "miroir déformant" d'une société "sans chômeurs ni retraités ou presque, sans ouvriers", et où les seuls "représentants de la diversité" faisaient déjà partie de la France d'en-haut... Selon la formule de notre blog avant-hier, le pays qui va mal sera représenté par le pays qui va bien. Exactement comme auparavant. Mais d'un pied plus léger, bien sûr. Et quelle prestance chez notre jeune Président ! der Junge, comme dit la chancelière.

 

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[1]  La seule erreur de casting est Marlène Schiappa. Son ignorance fait tache. Je m'en suis fait l'écho hier dans une note Facebook (voir aussi les commentaires sous cette note). Mme Schiappa, désormais secrétaire d'Etat, a l'habitude de tenir sur le catholicisme des propos violents - c'est son droit - mais ridiculement inexacts. Exemple, lors d'une prise de parole de cette dame à la fondation Jean-Jaurès : "La doctrine sociale de l'Eglise est un instrument pour combattre les droits des femmes..." - "La doctrine sociale de l'Eglise depuis des siècles sert à opprimer les femmes..." Commentaire, sous cette note, de Jacques Pyrat ironisant sur la mission de Mme Schiappa (l'égalité hommes-femmes) : "Dans une interview au journal Le Monde daté du 11 mars 1983, Françoise Giroud disait, non sans intention provocatrice : 'La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente.' "

[2]  cité par Libération, 20/05.

 

 

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12:58 Publié dans Macron, Politique, Social | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : macron

Commentaires

> Il ne reste plus qu'à rétablir le suffrage censitaire.
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Écrit par : ND / | 20/05/2017

> Beaucoup ont sous-estimé la montée du péril de l'extrême-centre !
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Écrit par : Pierre Huet / | 20/05/2017

Intéressant!

> Attaquer l’Église Catholique pour sa doctrine sociale, par un angle d'attaque d'autant plus ridicule qu'il est faux, en dit long sur la crainte, voire la panique, que suscite cette doctrine au sein d'une caste libérale dont le souci n'est pas, semble-t-il, de protéger les plus faibles ni les plus vulnérables.
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Écrit par : Albert E. / | 20/05/2017

SILLY MARLENE

> La dame Marlène mène un raisonnement très sensé sur des bases faussées.
Voici les bases en question :
- aider les femmes à s'épanouir dans leur féminité (et donc - entre autres - à mener une vie qui leur permette de consacrer le temps nécessaire à leur famille, de rayonner dans leur quartier voire leur cité via des activités gratuites) c'est mal. Parce que cela les empêche d'être des hommes comme les autres.
- inciter et forcer les femmes à vivre comme les hommes, c'est bien.
Dans cette optique, l'Eglise est bien évidemment l'ennemie.
Cette femme n'est qu'une des idiotes utiles du système qui veut supprimer toute gratuité pour qu'il n'y ait plus de place que pour le système marchand. On nous construit un camp de travail à grande échelle, et comme dans les modèles expérimentaux réalisés en Allemagne au siècle dernier, on nous fait participer à sa construction. Arbeit macht frei, nest-ce pas ?
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Écrit par : Bernadette / | 21/05/2017

DÉJÀ

> "Dans une interview au journal Le Monde daté du 11 mars 1983, Françoise Giroud disait, non sans intention provocatrice : 'La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente.' "
Nous avons déjà eu NVB et Marisol Touraine ...
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Écrit par : franz / | 22/05/2017

UMPS ? OUI, MAIS...

> D'accord avec vous, Patrice, mais la vision macroniste ne valide-t-elle pas la thèse défendue depuis vingt ans par Le Pen, père et fille, qui voit dans "l'UMPS" la réalité des partis dits de gouvernement, au sein desquels la fracture entre gauche et droite ne serait que factice ? On l'a vu samedi dernier lors de la réunion publique des Républicains, durant laquelle M. Baroin et Mme Pécresse ont paru bien incapables d'offrir une alternative crédible à la politique menée par le gouvernement Philippe. Macron ne serait-il pas, d'une certaine manière, le premier président "UMPS" du pays ?

PV


[ PP à PV
La famille Le Pen n'a pas le monopole de cette analyse.
Et elle en donne une version très appauvrie, réduite à l'épiphénomène des partis.
En réalité, si les "partis de gouvernement" se ressemblent de plus en plus, c'est depuis la fin des années 1980 et le coup de force de l'ultralibéralisme économique dans le monde atlantique.
De cela le FN ne dit pas grand'chose. Et pour cause : les neuf dixièmes de ce parti sont composés de libéraux rances, avec un supplément d'ethnicisme qui fut leur seule différence d'avec (chronologiquement) les chiraquiens, les sarkozystes et brièvement les fillonnistes,
Un seul est venu (essayer de) doter ce parti d'une analyse socio-économique : c'est Floran Philippot, et c'est une des raisons du succès du FN dans les départements du nord ; mais le parti est en voie de rejeter la greffe Philippot, ce "communiste" étant mal vu sur la Côte d'Azur. Le FN perdra donc le nord à moyen terme. Aiguillonnée par le faux départ de MMLP, la base du parti va accélérer son basculement vers le milieu Wauquiez & C° ; déjà "conservatisme" devient leur mot d'ordre. A l'arrivée ce sera un conglomérat aussi terne que le CNIP des années 1970. Au total, le FN n'existait qu'en tant qu'épouvantail utile ; cette époque est en train de s'achever. ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 22/05/2017

MÉLENCHON ET GAËL GIRAUD

> Il est à prévoir que l'environnement sera le grand absent de la politique gouvernementale à venir, le poids de Nicolas Hulot ne pouvant probablement contrebalancer à lui seul celui d'une équipe peu intéressée par ces questions.
En cela, la récente position de Jean-Luc Mélenchon montre toute sa pertinence :
« je crois que, dans six mois, (Hulot) s'en va, si ça tient six mois. (...) Nicolas Hulot est un écologiste, ce qui n'est pas le cas du premier ministre qui est un nucléariste, ce n'est pas le cas de la plupart des ministres qui sont là-dedans et qui ne comprennent à peu près rien aux enjeux du changement climatique et du reste. » (Le Figaro du 21 mai).
Ces propos font écho à ceux du jésuite Gaël Giraud, très impliqué dans la conduite de la transition énergétique, qui affirmait en janvier le peu d'illusion qu'il se faisait en la matière à l'égard d'une présidence Macron :
« (la France) n'a donc que deux options à l'heure où Trump entend manifestement relancer la machine financière à faire des bulles et des krachs : suivre à nouveau la pente extrêmement dangereuse de la dérégulation financière (et c'est cette pente que suivront inévitablement tous les candidats qui ne promettent pas une position régulatrice extrêmement ferme vis-à-vis du secteur bancaire alliée à une politique volontariste de réindustrialisation verte, y compris François Fillon et le Front national) ou bien se réindustrialiser à la faveur de la transition écologique et se protéger contre les excès de la finance de marchés. À l'évidence, seule la seconde option est viable. C'est celle qu'a choisie Arnaud Montebourg. Avec ses accents propres, Jean-Luc Mélenchon a opté à juste titre pour cette seconde option également. En revanche, ce n'est clairement pas la voie que veut suivre, par exemple, l'ancien banquier d'affaires, Emmanuel Macron. »
(Atlantico du 8 janvier).
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 22/05/2017

HOULA

> Dans tous les commentaires sur ce blogue, le mot "libéral", ou "libéralisme" est utilisé comme un injure. C'est le même système verbal, où l'on utilise les mots comme des étiquettes : "progressiste", "traditionaliste" etc. en suscitant ainsi l'effroi devant l'inconnu : et pour cause, on ne s'est pas donné la peine de définir ces concepts. La libéralité est une vertu divine : "Dieu est souverainement libéral" (cf. Saint Thomas, Somme, I-II q.83 art. 2). La libéralité n'est pas autre chose que la liberté intérieure qui rend capable de donner sans effort.

Silly


[ PP à Silly :
Comment confondre la vertu de "libéralité" et l'idéologie économique du "libéralisme" ?
Ces deux notions n'ont rien à voir. Elles sont même opposées : le ressort de la libéralité est le don ; le ressort exclusif du libéralisme économique est le profit. D'où les multiples mises en garde de l'Eglise catholique à son encontre depuis Léon XIII.
Quant à dire que nous ne définissons pas le libéralisme... On voit que vous ne nous lisez pas. Ça fait plus de dix ans que nous ne cessons de revenir sur le sujet, de creuser la notion, en écho aux travaux d'économistes et de sociologues dont vous semblez ignorer l'existence.
Je souris aussi que vous appeliez "effroi devant l'inconnu" des notions aussi bien balisées que "progressisme" ou "traditionalisme". Aucun "inconnu" là-dedans : lorsqu'on utilise ces termes (et nous ne le faisons pas souvent), on sait exactement de quels milieux, quelle pensée, quelle histoire on parle. Je m'étonne que vous ne le sachiez pas pour votre part !
Ce retard dans votre information serait facile à rattraper.
Mais si les idées en général (et les réalités qu'elles expriment) vous font vraiment horreur, laissez-nous vous conseiller de ne pas vous en approcher. ]

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Écrit par : Silly / | 22/05/2017

PERSONNE

> Aveu de Jean-Bernard Lévy, patron d'EDF: sortir rapidement du nucléaire: "personne ne sait comment y arriver"
Sincèrement, je pense que c'est vrai.
http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/nucleaire-le-plan-secret-d-edf-pour-2050-1167515.html

PH


[ PP à PH - Le Suisses, apparemment, le savent. En tout cas ils viennent de le voter. ]

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Écrit par : Pierre Huet / | 22/05/2017

La vacance de Monsieur Hulot :

> http://www.constructioncayola.com/infrastructures/article/2017/05/17/112531/aeroport-grand-ouest-verra-jour.php

PH


[ PP à PH - Macron le tient bien, apparemment. ]

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Écrit par : Pierre Huet / | 22/05/2017

EUX RÉDUIRONT LA CONSOMMATION

> Le nucléaire représente un peu moins de 40% de la consommation électrique Suisse ou la plus grande partie du reste étant de l'hydraulique.
Nous en sommes à 75%, ce qui change beaucoup de choses.
Une autre différence intéressante: la Suisse prévoit une forte réduction de la consommation d'énergie par habitant. Chez nous, c'est plus flou.
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Écrit par : Pierre Huet / | 22/05/2017

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