16/03/2017
Les "experts européens" favorables au glyphosate
Il fallait s'y attendre ! Mais l'UE est démentie par... la justice US :
Explication de Stéphane Foucart (Le Monde 17/03) :
<< Mercredi 15 mars, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a annoncé qu’elle ne considérait pas le glyphosate comme cancérogène ou mutagène, ouvrant la voie à sa ré-autorisation sur le Vieux Continent. Mais, la veille, la justice américaine rendait publics des documents internes de la société Monsanto, montrant que la firme a bénéficié de connivences au sein de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) des Etats-Unis, où elle cherche à éviter un classement comme cancérogène du glyphosate. Ce dernier, principe actif du célèbre désherbant Roundup, est la pierre angulaire de son modèle économique, de même que le pesticide le plus utilisé du monde. Très attendue, la décision de l’ECHA, intervient après deux années d’âpres controverses entre experts, dont l’issue pourrait avoir des conséquences économiques considérables pour le secteur... >>
Les faits sont flagrants : la justice US et le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) - qui classe le glyphosate comme cancérigène probable [*] - se fondent sur les études scientifiques publiées ; alors que l'ECHA bruxellois se fonde sur les documents confidentiels de l'industrie. En outre (avoue à Foucart l'un des "experts européens"), l'ECHA n'a étudié que le glyphosate pur, alors que les effets cancérogènes sont développés par le glyphosates inclus dans les produits commerciaux : "les pesticides à base de glyphosate contiennent des substances qui potentialisent la molécule et lui permettent notamment de pénétrer les cellules", souligne le journaliste scientifique.
Il faut lire l'intégralité de l'article de Stéphane Foucart : il montre sur quelles bases méthodologiques le CIRC réfute - aussi - le rapport American Health Study blanchissant le glyphosate. Il montre pourquoi l'attitude de l'ECHA suscite l'indignation des organisations non-gouvernementales. Et il révèle qu'une cour fédérale de Californie vient de lever les scellés de documents Monsanto, dans le procès qui oppose la multinationale aux familles de centaines de travailleurs agricoles ayant développé un cancer sous l'action du glyphosate. Parmi ces documents qui vont être divulgués : de lourds indices de connivence entre Washington et Monsanto... Les juges US s'intéressent à la façon dont furent fabriqués (et publiés) certains articles concluant que le glyphosate ne constituait "aucun risque potentiel pour les humains" [**]. Le procès américain poussera-t-il la Commission de l'UE à regretter d'avoir freiné l'interdiction du glyphosate - et d'avoir laissé les experts européens se reposer sur les argumentaires de l'industrie ?
► C'est à lire également : http://www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/32172/pesticide...
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[*] "Cancérigène" : terme français. Les anglophones (donc aussi nos médias) disent "cancérogène".
[**] Les mêmes méthodes furent employés naguère par les cigarettiers pour nier le lien tabac-cancer, puis par les pétroliers pour nier le changement climatique.
19:37 Publié dans Ecologie, Santé | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : glyphosate, roundup
Commentaires
D'ACCORD
> "Carcinogène", étymologiquement plus cohérent, devrait mettre tout le monde d'accord, non ?
(Bonne fête à vous !)
AC
[ PP à AC - Merci ! ]
réponse au commentaire
Écrit par : Albert Christophe / | 17/03/2017
INCOHÉRENCE
> Je ne vous comprends plus cher monsieur : ici, l'Agence de protection de l'environnement est l'instrument du libéralisme honni, qui ment au profit de Monsanto, et dans l'article sur le budget US, elle est la malheureuse victime du méchant Trump qui diminue ses dotations. Où est la cohérence ?
Cyrille
[ PP à Cyrille - Cher monsieur, ce n'est pas moi qui produis les faits. Je me contente de les enregistrer. Cette incohérence de l'EPA est un fait. Et que l'un de ses services, ou chefs de service, ait été circonvenu par Monsanto, n'empêche pas d'autres services d'oeuvrer conformément à la mission de l'agence. Que Trump s'en prenne à ces derniers (autre fait) est
un indice assez significatif. ]
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Écrit par : Cyrille / | 17/03/2017
''Glyphosate : Monsanto s'inquiétait de sa toxicité depuis 1999''
http://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/20419-Glyphosate-Monsanto-s-inquietait-de-sa-toxicite-depuis-1999
" Justice américaine - Des rapports et échanges de mails déclassifiés révèlent que Monsanto a tenté de prouver en 1999 que le glyphosate n'est pas cancérigène et mutagène.Le glyphosate est-il dangereux pour la santé ? De l’aveu même de son fabricant Monsanto, ce désherbant, mieux connu sous le nom de Roundup, est toxique. C’est en tout ce que révèlent des documents déclassifiés dans le cadre d’une action judiciaire menée aux Etats-Unis, indique Le Monde. Hasard du calendrier, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a indiqué ce 15 mars qu’elle ne considérait pas le glyphosate comme cancérogène ou mutagène.
Ces documents, déjà surnommés les « Monsanto papers », ont été rendus publics grâce à une action de groupe portée par une centaine d’agriculteurs américains souffrants de lymphome non Hodgkinien. Au regard des conclusions émises en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence dépendante de l’Organisation mondiale de la santé, ils estiment que leur cancer est lié à l’usage du désherbant sur leurs terres. A l’époque, Monsanto avait qualifié ces travaux de « science pourrie », rappelle le quotidien.
Or les rapports et échanges de mails rendus publics cette semaine montrent que des craintes ont déjà secoué la firme de Saint Louis en 1999. Ces 250 pages indiquent clairement que des cadres Monsanto ont tenté de faire appel à des scientifiques pour défendre leur produit phare auprès des régulateurs européens. L’objectif : prouver que le glyphosate n’est pas un génotoxique, soit une substance capable d’altérer les gènes et provoquer des cancers.
« Prenons un peu de recul et regardons ce que nous voulons vraiment faire, écrit un cadre de l’entreprise à ses collègues. Nous voulons trouver quelqu’un qui est familier du profil génotoxique du glyphosate/Roundup et qui peut avoir une influence sur les régulateurs, ou conduire des opérations de communication scientifique auprès du public, lorsque la question de la génotoxicité [du glyphosate] sera soulevée. » "
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Écrit par : luça / | 19/03/2017
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