06/03/2017
Potemkine au Trocadéro, et la droite tétanisée
À cinq jours de sa défaite de 2012, Sarkozy attirait quatre fois plus :
Pas plus de quarante à cinquante mille personnes au Trocadéro hier : et sûrement pas "deux cent mille", outrance Retailleau [*] reprise au 20 h par Fillon lui-même.
Ces quelques dizaines de milliers constituaient cependant un beau succès, vu le climat moral et météorologique. Succès dû en partie à l'efficacité de Sens commun, groupe d'experts de la manif formés en 2013... Écartons le subsidiaire (pourquoi SC s'est-il mis à la botte d'un candidat qui ne lui fait aucune concession sociétale ?), et visons la vraie question : une telle manifestation représente-t-elle la réalité ?
La réponse - négative - est connue depuis cinq ans. Le 1er mai 2012, Nicolas Sarkozy en difficulté face à François Hollande rassemble au Trocadéro une foule bien plus considérable : réellement deux cent mille personnes, et le candidat d'alors (contrairement à Fillon) fait l'unanimité de sa famille politique. Le Trocadéro 2012 est un meeting monstre, sans précédent depuis très longtemps... Néanmoins Sarkozy cinq jours plus tard sera battu (48 %) par Hollande (51 %). Même lorsqu'elles attirent deux cent mille personnes, voire huit cent mille comme en 2013, les manifestations sont des "villages Potemkine" |**] : autrement dit des trompe-l'oeil. Elles ne reflètent pas l'état d'esprit de la nation.
Celle du Trocadéro n'a attiré que cinquante mille personnes au grand maximum : l'un des courants seulement de la droite LR. Ce courant se débat avec énergie contre une spirale descendante ; énergie qui se tétanise ici et là en sectarisme haineux, comme on le voit dans la scandaleuse affaire Bourlanges à France Culture (et dans les autres pressions qui se déchaînent auprès des dirigeants de médias).
Quant au programme ultralibéral de M. Fillon, il ne semble pas poser de problème de conscience à ceux des catholiques qui militent dans la surchauffe fillonniste ; on les étonnerait d'ailleurs beaucoup en leur disant que ce programme est incompatible avec Laudato Si'.
__________
[*] Sachant qu'il n'y avait pas grand'monde dans les avenues adjacentes (barrées de toute façon par la sécurité), il eût fallu dix personnes au mètre carré pour en avoir deux cent mille sur la place.
[**] Du nom du ministre Grigori Potemkine, censé avoir fait construire de faux villages pour tromper Catherine II lors de son voyage de 1787 en Crimée.
12:53 Publié dans Présidentielle 2017 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : fillon
Commentaires
POUR FILLON
> Je suis comme vous, cher PP, très conscient des limites du programme de François Fillon en matière économique et sociale. Mais ne devons-nous pas reconnaître que cet homme incarne, d’abord et avant tout, une forme de résistance culturelle au mondialisme post-humain et antichrétien, à la pseudo-démocratie libérale-sociale et sociale-libérale qui accouchent aujourd’hui, en Emmanuel Macron, de la synthèse parfaite de Nos Très Mondaines et Soumises Excellences Hollande, Valls, Juppé, Bayrou, Sarkozy et consorts ? (et je suis tenté de classer aussi dans ces « consorts » le toujours plus flou Benoît Hamon en raison de ses « entrées » chez LVMH).
Alors oui, Fillon est le fils d’un notaire de province, et il sait où se trouvent les sous, et le respect qu’on leur porte dans les « châtiaux » et chez les bourgeois de la Sarthe et d’ailleurs, et comment ces sous font des petits…
Alors oui, il a compté ses sous en choisissant d’en faire profiter femme et enfants, pente assez naturelle, et il semble bien qu’il ait attendu en retour, de leur part, et quoi qu’on en dise, une contribution utile pour lui-même comme pour eux – et certes favorable à leur épanouissement personnel et professionnel, ce à quoi aspire tout bon mari et père de famille.
Alors oui, il s’est dit « gaulliste et chrétien » le 3 janvier 2017 sur TF1 et de ce jour les serpents ont sifflé sur sa tête, et sur celle de Penelope son épouse, et sur celles de leurs enfants.
Alors oui, il aurait dû sombrer, à tout le moins se rendre en rases campagnes d’opinion, devant les injonctions comminatoires de ses adversaires tant politiques que médiatiques.
Alors oui, il aurait dû prévoir, à deux mois du 1er tour de l’élection présidentielle, l’Eveil subreptice du Parquet financier nouvellement créé.
Alors oui, il aurait dû mieux anticiper cette Mise en examen propre à lui ôter toute chance d’honorer le contrat de confiance passé avec les Français tout au long de quelque 35 années de vie politique.
Alors oui, 20% de Français au minimum continuent de croire en ses talents et en sa probité… et voyez-vous, je fais moi aussi partie – non seulement comme journaliste et comme syndicaliste (ancien de France-Soir et du Groupe Moniteur), mais aussi comme mari, père et grand-père – de ceux qui ont envie de le voir concourir à la présidentielle. Parce qu’il est toujours debout (comme je le suis moi-même, en justice, devant mon ex-patron de presse, ancien de la banque Rothschild). Et parce qu’il s’est passé, ce dimanche, un événement sans pareil, quasi apocalyptique dans notre République : quoiqu’environnée de serpents, quoique mise à nu avec la dernière violence par le mimétisme vengeur de la justice des hommes, Penelope Fillon a redit sa confiance en son époux François et en sa destinée politique (dans l’interview qu’elle a donnée au JDD).
Mais vous me connaissez et vous l’aurez compris, cher PP. S’il y a au bout du compte quelque chose qui me fait craquer, moi l’indécrottable catho romantique, c’est de voir les fruits et la beauté inexpugnable de l’amour recréé et sanctifié par le sacrement de mariage. C’est ce que je vous disais dans les premières lignes de ce « post » : j’admire la « résistance culturelle » de François Fillon. Son union sacrée avec Penelope en est un admirable témoignage. A défaut de leur offrir l’Elysée, elle leur acquiert aujourd'hui le respect d’une grande partie des Français.
Denis
[ PP à Denis - J'admire votre bienveillance à son égard ! ]
réponse au commentaire
Écrit par : Denis / | 06/03/2017
DÉSERT
> Sauf qu'avec Sarko c'était pour le 2ème tour et qu'en face il y avait toute la gauche.Tandis que là en face il y a le désert et son mirage central + Marine. Pauvre France !
______
Écrit par : jean-michel / | 06/03/2017
PAS D'ACCORD
> J'imagine que bien des catholiques que vous fustigez partagent pourtant votre analyse sur le fond. Votre position me semble assez peu opérative puisqu'à coup sûr aucun candidat ne trouvera grâce à vos yeux au regard de l'abîme qui les sépare de la DSE. Que faire alors ? Distribuer les mauvais points tout en s'abstenant, pour au final faire la politique de ceux qui nous imposeront la leur ?
Le programme de Fillon est contestable, l'homme n'est pas un parangon de vertu, juste trivialement représentatif de l'état actuel de notre classe politique.
Doit on pour autant accepter avec fatalisme ce déchaînement d’opprobre téléguidée et à géométrie variable ? Acquiescer à la manipulation de "nos institutions" (judiciaire et médiatique) par tous ceux qui utilisent sans vergogne une morale et un droit démonétisés mais dont les effets politiques très concrets vont contre l'expression de la souveraineté populaire ?
Philippe
[ PP à Philippe :
- "Souveraineté populaire", la primaire de droite ? consultation privée, plutôt, et circonscrite à un segment sociologique particulier : une France de gens âgés et aisés. Plus souvent celle des "châteaux" que celle des "sans-culottes", comme dirait FF.
- On ne vote pas contre sa conscience. Mais libre à vous de désapprouver la mienne.
- Participer à la vie de la Cité est une chose ; être un des grains de sable du mirage quinquennal en est une autre... ]
réponse au commentaire
Écrit par : Philippe / | 06/03/2017
FILLONNISTE DE CHOC
> Pour qui roulez-vous PP ? Votre billet n'est pas crédible. Comme les enquêteurs qui s'acharnent contre François Fillon, le candidat de la droite n'a en rien l'heur de vous plaire. Ne vous en déplaise, son programme est pourtant de loin celui qui est susceptible de redresser la situation morale et économique dans laquelle se trouve notre pays. Oui, M. l'inquisiteur je suis de ceux qui ne se posent pas de problème de conscience un programme que vous devriez étudier de plus près avant de le qualifier d'ultralibéral. Et puis qui êtes-vous pour juger votre prochain? ( cf. Pape François ) Etes vous capable vous-même de faire votre examen de conscience ?
Camillio
[ PP à C. :
- Pourquoi voulez-vous que je "roule" pour quelqu'un ?
- N'hystérisez pas le débat à coups de formules toutes faites.
- Au lieu d'invectiver les non-fillonnistes, lisez l'encyclique 'Laudato Si' et comparez-la aux positions de M. Fillon... ]
réponse au commentaire
Écrit par : Camillio / | 06/03/2017
DÉFIANCE
> Probablement mise-t-il sur la défiance bien réelle et croissante qu'éprouve le public envers les grands médias uniformisés et envers la magistrature du "mur des cons".
______
Écrit par : Pierre Huet / | 07/03/2017
"ET ILS LE DÉFENDENT TOUJOURS"
> Je reste un peu scié à la lecture d'un certain nombre de commentaires,c es temps-ci.
On savait, avant même le scandale, que François Fillon, violant la DSE, entendait bien accélérer le démantèlement de l'Etat social, de la souveraineté (y compris économique) et de l'économie réelle au profit des nantis, des rentiers, des conseils d'administration et des spéculateurs apatrides.
On savait qu'il voulait faire cadeau de la sécurité sociale à ses amis personnels de l'assurance privée (par ailleurs généreux clients de son entreprise).
On le savait, comme tous les libéraux, coupable de haute trahison envers l'intérêt supérieur de la nation et le bien commun.
Depuis, et à supposer qu'il n'ait pas violé la loi (ce qui reste à démontrer), nous savons qu'il est prêt à distribuer les millions publics à sa famille, qui pourtant ne manque de rien, tout en appelant virilement la société française à accepter la précarité - en fronçant les sourcils, même : elle est si bête, la société française.
Et ça ne fait rien.
Avec les arguments les plus invraisemblables, on le défend toujours.
On lui trouve des excuses.
C'est un bon père de famille, voyons, celui qui fait jouer ses relations pour que son fils ne parte pas à Verdun, comment pourrait-on lui reprocher ce doux réflexe ?
Et pour échapper à l'abjection du libéralisme macronien, ne faut-il pas accepter la grandeur du libéralisme fillonniste ?
Lui, au moins, est présentable : il a de beaux costumes et des petits-enfants Cyrillus, il a un château !
Une partie du catholicisme français crève de son embourgeoisement, et d'une mort très laide. Koz a tort de limiter le contre-témoignage scandaleux des catholiques français à l'identitaire racialiste blanc. Il y a ça, bien sûr, et il y a cette collusion (la sienne aussi, d'ailleurs) avec la grande bourgeoisie libérale. Celle qui distribue les corrections morales, le ventre plein et des actions plein les banques.
Je vais continuer à vous lire volontiers, chez Patrice, mais je renonce pour quelque temps à consulter les commentaires. Je serai plus en paix à ma prochaine communion.
______
Écrit par : Lucas / | 07/03/2017
FOR INTERNE
> "Participer à la vie de la Cité est une chose ; être un des grains de sable du mirage quinquennal en est une autre..."
Je partage entièrement votre point de vue et je pense qu'on ne pouvait pas mieux le dire.
C'est donc dans cet état d'esprit que j'irai voter.
A ce sujet d'ailleurs, je pense que, plus nous prendrons conscience, nous catholiques, de ce que représente le tissu paroissial comparé aux partis politiques pour agir sur la société, plus nous progresserons.
S'agissant des candidats, c'est l'éternel débat du moindre mal: aucun candidat ne cochera toutes les cases de la DSE et je pense que l'on est dans la casuistique, le for interne. Chacun apprécie et vote en conscience.
______
Écrit par : Olivier le Pivain / | 07/03/2017
ARCHIMÈDE
> Vous avez complétement raison sur le fait qu'un socle ne fait une victoire.
... mais Archimède ne disait-il pas "donnez-moi un point d'appui et un levier assez grand et je soulèverai la terre !"
on peut considérer qu'il a le point d'appui, reste le levier ....
La situation n'est non plus comparable à celle de Sarkozy.
Dimanche en début d'après midi les média glausaient plutôt sur la capacité à remplir la place, certain doutant même de l'aptitude à dépasser quelques milliers de personnes. De ce que j'ai pu voir sur les images il semble que la foule débordait dans les avenues adjacentes.
Pas mal pour un homme qu'on disait abandonné de tous. D'ailleurs il y avait aucun grand ténor avec lui sur l'estrade.
Sur ce sujet je me suis interrogé sur la présence du franc-maçon François Baroin à ses côtés. Je ne voit pas trop ce qui peut les rassembler. Tisse-t-il patiemment sa toile ou bien était-ce Brutus ?
Les règles de la primaire de la droite et du centre, font que F.F. tient la cagnotte, donc personne n'a les moyens de le déloger. Donc [presque] tout le monde s'est remis derrière F.F.
Sur vos remarques économiques, je suis d'accord mais je reste sur ma position qu'il est "plus facile" (même si plus douloureux) de revenir d'une erreur économique que d'une erreur sociétale.
______
Écrit par : franz / | 07/03/2017
"ET VOILÀ"
> Et voilà pour quoi nous passons collectivement à cause de l'incapacité d'une certaine classe catholique française à lire les encycliques et à se laisser bousculer par les Evangiles :
http://www.liberation.fr/debats/2017/03/07/fillon-le-catholique-la-revanche-de-l-argent-sur-le-sexe_1553872
Lucas
[ PP à Lucas - Très exactement. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Lucas / | 07/03/2017
DEPUIS 1876
> Aucun programme et aucun candidat ne sont compatible avec "Laudato Si" ni plus généralement avec ce que dit l'Eglise...
Alors soit on s'abstient en se retirant sur son Aventin, soit on regarde ce qui ferait le moins mal à la France, et là il n'y a guère de doute à mes yeux.
Vous me faites penser, cher Patrice, à ceux dont Péguy disait qu'ils ont les mains propres, mais qu'ils n'ont pas de mains !
MG
[ PP à MG - Pardon, mais c'est ce que me disent les éternels cocus du "moindre mal" à chaque élection présidentielle... Après quoi, dans un an, ils geindront que "leur" candidat fait tout le contraire de ce qu'ils avaient rêvé. Etc. Et ça dure depuis 1876. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Michel de Guibert / | 07/03/2017
"PITOYABLE"
> Tout cela n'est que bourdonnements, captation de l'attention des gens, guerres entre partis, conflits d'intérêts, patinage dans la semoule, dont on nous rabâche d'informations toute la journée... Pitoyable.
Livre de la Sagesse, chapitre 1:10-12:
"Une oreille jalouse entend tout, et le bruit des murmures ne lui échappe pas. Gardez-vous donc des murmures inutiles, et préservez votre langue du blasphème; car la parole la plus secrète ne sort pas impunie, et la bouche qui ment donne la mort à l'âme. Ne courez pas après la mort par les égarements de votre vie; et n'attirez pas sur vous la perdition par les oeuvres de vos mains".
Tout le système est condamné à l'effondrement, tout passera par la mort pour renaitre à la vie autrement. Et plus vite arrivera l'effondrement, moins la chute sera rude.
Nous sommes rattrapés par le pic pétrolier et nous allons tomber dans le gouffre de l'enfer climatique. Rien que pour rester sous les 2°C, il faut diminuer la conso d'énergies fossiles de 5% par an à l'infini, et donc le PIB suivra de même, or cela arrivera mais pas de façon voulue, mais de façon violente.
En temps que chrétien, cela ne peut faire que écho à une prochaine fin des temps. Peut-être faut-il se recentrer sur sa vie, ses proches, évangéliser, se couper des choses futiles de la vie, être en paix avec soi-même, participer à la vie de la cité "locale", devenir autonome, retourner à la terre, vivre sobrement comme les premiers chrétiens, c'est par la base avec humilité que l'on change les choses.
______
Écrit par : loumy29 / | 07/03/2017
ON TOUCHE LE FOND
> J'avais pourtant fait voeu de ne pas poster pendant le carême. J'irai me confesser de cette transgression...
Franchement : on croit que l'on a atteint le fond et pourtant on peut encore creuser. Ce qui signifie d'ailleurs que l'on n'est peut-être pas arrivés au bout de ce processus délétère...
Le soutien hystérique de certains catholiques à M. Fillon ne peut qu'accréditer ce que pensent beaucoup de nos contemporains : pour être catholique, il faut être un abruti (avec ce débat : est-ce le fait d'être catho qui rend c..., ou la c..ie pousse-t-elle à devenir (ou rester) catho ? ). Et le fait que 'Sens commun' (issu de LMPT, qui a fait de l'abrogation de la loi Taubira l'alpha et l'omega de l'action dans la Cité) soutienne un homme qui ne remettra pas en cause la ...loi Taubira, confine au grandiose !
François Fillon, c'est un peu un soldat de la Grande Guerre que l'on aurait traduit en Conseil de guerre parce qu'il serait monté à l'assaut sans permis de port d'arme. Sur ce coup-là, je suis un peu d'accord avec Victor Loupan : FF est un homme que l'on veut abattre... pour des tas de raisons.
Mais ce que la population retient, c'est que les pratiques de FF sont, dans le monde qui est le sien, monnaie courante, tout au plus péché véniel, que FF n'a été qu'un "petit joueur "en la matière. Ceux qui n'arrivent plus à boucler leurs fins de mois, ceux qui renoncent à se soigner correctement, se rendent de plus en plus compte que les élites se foutent de leurs souffrances, car... elles ne peuvent simplement pas les comprendre ! Et quand elles se disent en plus chrétiennes...
Ainsi, le clown (je ne trouve pas d'autre terme) qui, ce matin, en qualité de "grand témoin", a expliqué doctement - entre autres- que l'hôpital privé, c'était tellement mieux que le public... J'ai fermé la radio au bout de 10 minutes, et j'ai mal digéré mon petit-déjeuner...
http://www.albin-michel.fr/ouvrages/le-liberalisme-est-un-humanisme-9782226393975
Un collègue de boulot me disait récemment que lorsque cela "pétera", le peuple s'en prendra surtout aux cadres intermédiaires, ceux qui n'auront pas pu quitter le territoire avant la catastrophe. Et, qui pour beaucoup d'entre eux, auront tout essayé pour tenter d'éviter l'explosion (il reste quand même beaucoup de forces vives en France). Mais au bout d'un moment, tenter d'éviter l'inéluctable, c'est se battre contre des moulins à vent.
______
Écrit par : Feld / | 08/03/2017
POUR FILLON
> Vous savez ce qu’on apprend ? Lorsqu’il est à cours de piécettes pour la quête, Fillon n’hésite pas à puiser dans le porte-monnaie de madame, qu’il rétribue grassement aux frais du contribuable de la République laïque ! Vite le Canard ! Vite Bourlanges ! Encore un scandale !
J’exagère ? A peine.
Je vous lis depuis longtemps et je ne rate pas un "Débat de la semaine" auquel vous participez. Je n’ai pas voté Fillon aux primaires, mais l’hallali qui a été sonné contre lui m’incline à voter pour lui le 23 avril. Si Fillon n’est pas au second tour, Macron sera élu, qui rappelle quand même furieusement le Strauss-Kahn de 2011 (turpitudes en moins).
______
Écrit par : Antoine D / | 08/03/2017
LE PROBLÈME RÉEL
> Je comprends la vertueuse indignation de Lucas et son désir ardent de retrouver sa paix intérieure mise en péril par les « nantis, rentiers, conseils d'administration et spéculateurs apatrides » à l’instant de communier au corps du Christ. Mais précisément : ne fait-il pas une fixation grossière sur l’argent roi, l’argent idole ? (il est vrai cible de ce blog).
Aussi je m’interroge sur la vision de la politique qu’ont un certain nombre de vos lecteurs, cher Patrice, qui comme vous et moi ne sont pourtant pas des perdreaux de l’année.
Chacun sait que l’ambition politique se nourrit en premier lieu des moyens de rencontrer et de toucher l’électeur, et donc nécessite pas mal d’argent. Dans le cas de François Fillon, on voit que les montants versés à son profit et dont l’utilisation ont été critiqués coïncident avec le moment où il commençait à nourrir son projet de candidature présidentielle, après l’expérience frustrante de Matignon et la défaite de la droite à l’élection de 2012. Fillon, de toute évidence, faut-il lui en vouloir pour cela, a un supporteur majeur : Marc Ladreit de Lacharrière. Un ami riche et ambitieux qui aimerait sans doute le voir accéder à la présidence de la République. Sans doute ne s’est-il pas assez défié de cet ami. Faut-il pour cela le vouer aux gémonies ?
Voyez-vous, cher Patrice, j’ai davantage confiance en un homme de droite qui, comme Fillon, reconnaît franchement son erreur et les limites du système dont il bénéficie, qu’en ces hommes de gauche, experts en contorsions et mignardises, dont le principal souci est de rallier le candidat du Medef et du CAC 40, Emmanuel Macron, tout en raillant les « honnêtes hommes désargentés ».
Denis
[ PP à D. - Le problème, cher Denis, n'est pas dans la confiance à accorder à monsieur X ou monsieur Y. Le problème est la désintégration de la Cinquième République, effet inéluctable de la sujétion à la finance globale. Quel que soit l'élu du 7 mai 2017, son job (et celui du législatif) consistera à "adapter" toujours plus ce qui nous restait de République aux directives de la finance mondialisée, relayées - et aiguisée - par la technostructure de Bruxelles... Alors, franchement, Fillon ou Macron...
Mais chacun est libre de rejeter ce point de vue, et de vibrer pendant devant "C News" pendant les sept semaines à venir ! ]
réponse au commentaire
Écrit par : Denis / | 08/03/2017
@ PP dans :
[ PP à MG - Pardon, mais c'est ce que me disent les éternels cocus du "moindre mal" à chaque élection présidentielle... Après quoi, dans un an, ils geindront que "leur" candidat fait tout le contraire de ce qu'ils avaient rêvé. Etc. Et ça dure depuis 1876. ]
Et donc qu'est-ce que vous proposez en pratique aux futurs cocufiés qui pensent aller voter, et pourtant sans illusions, en dehors du nécessaire combat culturel et spirituel face à "l'idole Argent" ? Que répondez-vous à l'apostrophe de Péguy : "Ils ont les mains pures, mais ils n'ont pas de mains !" ?
MG
[ PP à MG :
Je réponds que :
- la sempiternelle citation de Péguy s'appliquait à la morale kantienne de la Sorbonne, ce qui n'a pas grand'chose à voir avec la présidentielle 2017 ;
- il n'est pas question ici d'avoir les mains "pures" ou pas, mais d'être dupes ou non.
Par ailleurs je ne donne aucun conseil (ça ne servirait à rien) : je dis simplement ce que je crois. Et c'est que la présidentielle n'a plus de portée, parce que la présidence elle-même n'en a plus. Il faudrait une "révolution culturelle courageuse", comme dit le pape, pour que le politique existe de nouveau dans ce pays. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Michel de Guibert / | 08/03/2017
INTÉRESSANTS
> Je vais quand même vibrer devant C News pendant quelques semaines. Bien que la plupart des candidats soient contradictoires, des arguments intéressants seront échangés durant les débats.
Malgré les contradictions de Hamon, il a des diagnostics ponctuels et thèses intéressantes à faire valoir (raréfaction du travail, la "foi" désespérée en la croissance, la robotisation, etc.).
Le dialogue avec Macron (qui devrait, en toute logique, être favorable au revenu universel) pourrait être diablement intéressant.
Même chose pour Marine Le Pen : intéressant d'entendre sa proposition de démondialisation et de sortie de l'euro. Idem pour Mélenchon.
______
Écrit par : Maud / | 09/03/2017
Cher Michel de Guibert,
> en réponse à votre question à PP, voici la réponse qu'avec d'autres citoyens nous essayons de construire semaine après semaine depuis maintenant un an, dans notre petit audomarois, telle que je l'ai communiquée à une journaliste locale qui venait aux nouvelles:
" Comme je m'investis depuis un certain temps déjà à la naissance de NuitDebout dans le quartier Perpignan, en collaboration avec la CSF (Confédération syndicale des familles) et la Mission Ouvrière, présentes sur le terrain, avec plus particulièrement une visée Education Populaire, pour NuitDebout "Grand-Place", voici les coordonnées de Y:...
Elle coordonne plus particulièrement l'organisation collective de la projection "Qu'est-ce-qu'on attend?" à Ociné le 23 mars prochain.
Donc on commence à quelques-uns tout doucettement, ce vendredi 10 à partir de 17h, pour aller à la rencontre des lycéens qui prennent le bus, et des habitants qui le souhaitent, sur la Place Perpignan.
Un événement est en préparation, dans le cadre de l'éducation citoyenne, avec comme thématique: citoyen au quotidien, comment réinventer le vivre ensemble?, sous forme d'ateliers autour d'extraits du documentaire "J'ai pas voté". (https://www.youtube.com/user/jaipasvote).
Dans un autre registre, nous sommes un certain nombre de Nuitdeboutistes à avoir rejoins les Insoumis, dans cette heureuse diversité des opinions et engagements/non engagements politiques des membres de NuitDebout.
Considérant la Ve République comme aujourd'hui illégitime, personnellement je me situe, depuis mes premiers pas dans l'aventure de NuitDebout, officiellement hors de ce système pseudo-politique, de fait dictature libérale, et si je respecte lois, représentants de la loi et élus, ce n'est pas en vertu d'une autorité légale que je ne leur reconnais pas, mais selon leur valeur intrinsèque, à l'aune d'une conscience personnelle et communautaire que je cherche à éduquer au quotidien.
Donc de fait je tends de plus en plus à me vivre déjà en VIe République, cessant d'attendre d'un pouvoir coupé des citoyens, encore moins d'un homme providentiel, ce qui doit redevenir la tâche du peuple: notre avenir commun.
Et partout où se vit déjà ce ressaisissement par le peuple de sa destinée, chez nos camarades d'Arjo* qui sont pour moi un modèle de résistance, dans toutes les initiatives autour du documentaire Demain, Incroyables Comestibles, coopératives, associations, maisons de quartier,..., dans le social comme dans l'écologie, je retrouve cet esprit d'insoumission, parce que de plus en plus tout ce qui nous vient de là-haut est détourné vers des intérêts très privés, et va contre le bien commun, de la planète comme des hommes.
Donc concrètement,
nous avons la chance chez nous de travailler en amitié et synergie avec des camarades communistes,
à des actions nous inscrivant dans cet élan, par exemple la projection du film "Chez Nous", mercredi 15 mars à Ociné, suivi d'un débat sur cette VIe République au programme du candidat Mélenchon.
Le choix de ce film vient de ce constat que beaucoup de nos concitoyens pensent voter FN, dans l'idée que c'est la meilleure manière de faire tomber le système.
Si nous faisons le même constat, de nécessité de changer en profondeur le régime politique, nous n'en tirons pas les mêmes conclusions.
Nous pensons que le FN est production du système, pour nous pousser et résigner à chaque élection au "vote utile", qui empêche l'émergence de toute alternative, l'extrême droite en repoussoir, et le jour où de repoussoir il devient vote refuge pour tous les écoeurés et les blessés de la société actuelle, en faire sa dernière carte à jouer.
Le déballage des affaires que nous offre une campagne délétère nous montre bien que c'est malheureusement un parti comme les autres, trempant dans les mêmes pratiques, fréquentant le même monde.
On a vu maintes fois dans l'histoire que le libéralisme économique s'accommode très bien de dictatures et idéologies racistes et xénophobes: construire des aéroports d'un côté, des murs et des camps de l'autre, nourrir le terrorisme en négociant avec lui là-bas et développer un marché de la sécurité pour les clients solvables ailleurs, attiser les peurs partout et vendre de l'anti-terrorisme aux Etats, c'est démultiplier les bénéfices et mettre encore plus au pas les peuples divisés artificiellement en communautarismes où prolifèrent les discours sectaires, tétanisés par la peur d'ennemis fabriqués par des story telling macabres, pour détourner l'attention des véritables auteurs du casse de la planète.
L'élection de Trump nous prouve hélas que le système économique mondial sait faire son marché avec de la propagande extrémiste, une politique xénophobe et en haine de notre Terre commune, tout comme les politiques anti-migrants de certains pays européens, le lobbying de multinationales qui n'ont rien à envier aux laboratoires et industries nazis, gène beaucoup moins une Europe qui se dit héritière des opposants à Hitler, que la dette grecque, qui avait soulevé un "non possumus" sans concession pour un peuple grec aujourd'hui en grande dépression sociale et humaine.
Voilà pourquoi il nous semble urgent de montrer à nos concitoyens que la seule issue à cette crise mondiale voulue comme mode de gouvernement aux bénéfices privés très juteux, c'est que les peuples partout reprennent leur destin en main, et chez nous cela passe par l'instauration d'une VI République beaucoup plus démocratique que la Ve, qui ne valait à mon sens que par la légitimité personnelle du général de Gaulle à l'issue de la guerre, dans le cadre d'un programme élaboré par le CNR."
Autrement dit, attendre les échéances électorales comme attendre de l'élu le salut, c'est cela n'avoir pas de main.
______
Écrit par : Anne Josnin / | 09/03/2017
@ PP
> " Le problème est la désintégration de la Cinquième République, effet inéluctable de la sujétion à la finance globale. "
100% d'accord.
J'en connais un qui veut justement s'en détacher pour restaurer les institutions. Il en est au moins à 480 parrainages.
______
Écrit par : Pierre Huet / | 09/03/2017
Chère Anne Josnin,
> Puisque vous avez pris la peine de me répondre longuement, indirectement par le biais de votre lettre collective à un journaliste de votre région, je vais vous répondre beaucoup plus brièvement, mais non moins sincèrement.
Patrice de Plunkett a raison de me répondre que l'apostrophe de Péguy "Ils ont les mains pures, mais il n'ont pas de mains" s'adressait à la morale du kantisme, précisément parce que cette morale n'était pas incarnée.
C'est pourquoi je disais que se retirer sur son Aventin en stigmatisant le désastre était une position finalement désincarnée en refusant de mettre les mains dans le cambouis.
Je ne me fais pas beaucoup d'illusion sur ce qui sortira de cette élection présidentielle et je suis convaincu avec vous et avec Patrice qu'il nous faut aujourd'hui une véritable révolution culturelle.
Je ne fonde pas pour autant l'espoir du salut dans une VIème République qui ressemblerait à la IVème ni même dans des comités de quartier ou dans un mouvement comme "Nuit Debout" dont les dérives ne me satisfont pas davantage...
Alors, oui, le combat est d'abord culturel, mais cela doit-il nous conduire à l'abstention comme si tout était égal, je ne le pense pas, c'est sans doute confortable mais pas très opérant...
Le seul critère qui guidera mon attitude in fine sera ma conscience.
Et sans doute sur ce point, nous nous rejoindrons, même si nous différons sur les moyens.
______
Écrit par : Michel de Guibert / | 10/03/2017
QUESTION COMPLEXE
> La question du moindre mal est complexe. Sans avoir une âme de cocu, on peut avoir une certaine idée, inévitablement subjective, des priorités.
Pour les uns, ce seront les moeurs (le sociétal comme on dit), pour d'autres l'économique, pour d'autres l'écologie, pour d'autres encore, dont je suis, le rétablissement du politique passant par notre libération du système financier, ce qui permettra le reste ensuite.
Le candidat que je soutiens depuis plusieurs années a des positions que je ne partage pas à 100%, mais répond à des inquiétudes sur notre indépendance qui me poursuivaient depuis les guerres de Yougoslavie et le traité de Maastricht. Pour autant, il est parfaitement compréhensible et honnête d'être sensible à d'autres points.
______
Écrit par : Pierre Huet / | 10/03/2017
Les commentaires sont fermés.