08/02/2017
Les faux procès faits au pape
Essayez de soutenir François sur Facebook ou Twitter : vous serez criblé de messages enragés. Ils passent à côté de l'essentiel, pourtant lumineux et facile d'accès :
Ces messages répètent un mantra : "Le-pape-brade-la-doctrine-catholique !". Mais ce que leurs auteurs appellent "doctrine catholique" n'est PAS la doctrine catholique : ce sont des bribes de DSE [1] dans un brouet de préjugés. Ils en tirent une posture tranchante, mais paresseuse et fausse. Paresseuse parce qu'ils n'étudient pas ; fausse parce qu'ils privent la foi de sa dimension intrinsèquement dérangeante (pour le croyant lui-même).
D'où par exemple le slogan - toujours rabâché - des "points non-négociables" : cliché attribué à Benoît XVI alors que celui-ci s'en est dissocié, ayant constaté l'imperfection de cette formule [2] et l'usage de contre-témoignage qui en est fait.
D'où également la fausse certitude de ces gens à l'encontre d'Amoris laetitia. Leur seul argument consiste à invoquer les quatre cardinaux (sur 228) qui partagent leur refus de comprendre la démarche évangélisatrice de ce texte. Quelle est cette démarche ? "partir du réel", "accompagner et intégrer les familles fragilisées", "faire grandir les couples dans la charité en les prenant chacun là où ils en sont" - comme le dit Paris Notre-Dame dans son dossier qu'il faut lire (ainsi que son guide de lecture d'Amoris laetitia)... Si le pape a réuni le synode sur la famille, et s'il en a tiré le document "stratégique" Amoris laetitia, c'est que l'Eglise se trouve dans une obligation : redonner une puissance de témoignage à sa vision de la vie, du foyer et de la conjugalité - alors que la plupart des contemporains vivent dans un autre univers mental. Comment témoigner (évangéliser) s'il n'y a pas de ponts ? Comment parler du Christ si nous ne partageons pas tous, croyants ou non, les mêmes soucis liés à la condition humaine ?
Et que deviendrait le christianisme d'un catholique qui ne se soucierait plus d'évangéliser, c'est-à-dire de témoigner ? On pourrait se demander s'il écoute ce qu'il entend, le dimanche à la lecture de l'évangile... Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Certains croient pouvoir tweeter contre François en invoquant "le grand Jean-Paul II" : c'est qu'ils n'ont pas entendu Jean-Paul II dans sa catéchèse sur le couple et l'amour humain ! Il n'est pas trop tard pour combler cette lacune en se procurant trois ouvrages d'Yves Semen : Jean-Paul II - La théologie du corps (Cerf 2014) ; La spiritualité conjugale selon Jean-Paul II, et La sexualité selon Jean-Paul II (Presses de la Renaissance, 2004 et 2010).
Assez de faux procès contre le successeur de saint Pierre. Assez de fausse "défense de l'Eglise". Assez de mutineries partisanes déguisées en plaidoyers pour "l'unité". Une haine très sombre vient de s'exhiber sur les murs de Rome ? "cette sorte de démon ne s'en va que par la prière et le jeûne" (Matthieu 17:21) ! Place nette ensuite à l'essentiel.
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[1] DSE : doctrine sociale de l'Eglise.
[2] Réduire la DSE à du "non-négociable" (et sur 4 points seulement !), c'est ne rien comprendre à cette DSE qui est une proposition - faite aux incroyants par les croyants - sur la base de la condition humaine partagée. L'inverse d'un programme de ligue fanatique...
10:54 Publié dans AVEC LE PAPE FRANÇOIS, Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : pape françois
Commentaires
BENOIT XVI
> Si vous pouviez nous donner la référence précise du texte où Benoît XVI s'est dissocié du thème des "points non négociables", ça me serait bien utile. J'ai des gens à qui le mettre sous le nez...
Edel
[ PP à Edel - C'est archivé dans mon blog (taper "points non négociables" dans la fenêtre RECHERCHER, et lire notamment la note "Le devoir politique et social des catholiques ne se réduit absolument pas aux ”points non négociables”).
Benoît XVI a corrigé l'expression "non négociable" en 2002, quand il s'est rendu compte du réductionnisme qu'elle semblait autoriser. Il a donc expliqué que tous les points de la DSE étaient importants et qu'on ne devait pas en privilégier certains aux dépens d'autres. Noter qu'il rappelle l'importance de la critique catholique du système économique (ce qu'oublient volontiers les fanatiques du "non négociable", libéraux par ailleurs car ils n'ont pas peur de l'incohérence. ]
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Écrit par : Edel / | 08/02/2017
CE QU'ILS OMETTENT
> On peut aussi ajouter l'obnubilation que ces personnes ont sur le principe de subsidiarité et qui les pousse à :
- rejeter toute intervention de l'Etat,
- honnir toute politique sociale (Sécu menacée par Fillon et consort)
- et justifier le pire libéralisme...
Ils omettent purement et simplement l'enseignement de l'Eglise qui lie le principe de subsidiarité au principe de solidarité.
Ces deux principes ne vont pas l'un sans l'autre car en supprimant la solidarité on a l'individualisme, et en supprimant la subsidiarité on risque le centralisme voire la déresponsabilisation. C'est Benoît XVI qui le dit !
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Écrit par : Charles Vaugirard / | 08/02/2017
BENOIT XVI
> Benoît XVI n'a jamais prétendu que toute la vie chrétienne se résumait aux 4 points non négociables et que la DSE se résumait à cela.
Ces 4 points doivent être examinés en politique, surtout avant une élection. Ce sont les options minimales qu'un candidat doit présenter pour ne pas entrer en conflit avec la conscience d'un catholique.Benoît XVI est un réaliste et il sait très bien qu'on ne peut guère attendre plus d'un candidat à une élection importante. Il est extrêmement rare qu'un candidat se conforme à la DSE. Le hasard n'offre jamais cette configuration car le monde n'est plus du tout régi par des principes chrétiens. Si un candidat se conforme à la DSE, c'est parce qu'il est catholique convaincu et généralement pratiquant.
Hélène
[ PP à Hélène - Benoît XVI n'en effet jamais prétendu cela. Non seulement il ne l'a jamais prétendu, mais il a tenu à rectifier pour éviter l'interprétation fausse de sa formule initiale.
C'est ce que je m'évertue à rappeler depuis des années. ]
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Écrit par : à Hélène / | 09/02/2017
ALETEIA
> Je tombe sur ce très bon article d'Aleteia, sur le même sujet :
http://fr.aleteia.org/2013/09/25/7-raisons-pour-lesquelles-le-pape-francois-inquiete-certains-catholiques-et-pour-lesquelles-ils-ne-devraient-pas-sinquieter/
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Écrit par : Pema / | 09/02/2017
VIRGINIE RIVA
> Cette intervention, cette semaine, de Virginie Riva permet, je crois, de poser de façon dépassionnée (est-ce à dire anti-réseaux sociaux ?) l'apport et le style de notre souverain Pontife.
https://rcf.fr/spiritualite/vie-de-leglise/pape-francois-une-radicalite-evangelique-qui-derange
Mû par je ne sais quel réflexe d'évangélisme, probablement ancien, je tente, pour ma part, de considérer d'une part que les contradicteurs ne cherchent que la foi, et de leur mettre en exergue une évidence, François ne retranche pas un ligne des interventions des treize précédents papes, pour ne pas chercher plus loin.
Il ne retranche pas, mais il ajoute, du moins est-ce mon humble avis, en avançant l'Evangile, penchons-nous ensemble sur ce qui nous rassemblera toujours, l'Evangile, à partir de là nous pouvons entamer une conversation, plaise au Ciel que ce soit avec les plus vociférants d'entre les agités du bocal sévissant avec force, je dois le dire, ces derniers temps, en France, mais pas seulement, bien sûr...
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Écrit par : Aventin / | 09/02/2017
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