28/01/2017
Sur la technolâtrie
...et sa vraie cause, le capitalisme :
En écho à la note du 26/01 sur l'algorithme et l'emprise mégalomane des GAFA [1] dans la vie humaine, ce passage du dernier Michéa (Notre ennemi le capital, Climats) sur le projet transhumaniste :
<< Sans même prendre en compte les obstacles philosophiques (quel sens aurait, en effet, une humanité composée de milliards d'individus "immortels" ?) [...] et écologiques (où trouver, sur une planète finie, les matières premières indispensables à la production continuelle des prothèses biotechnologiques de la Silicon Valley ?), il serait également nécessaire de réfléchir au coût économique d'un tel projet. Or le système de santé français, qui est encore l'un des plus généreux du monde, peine déjà à couvrir un certain nombre de soins élémentaires... C'est même la raison pour laquelle la CIA, dans son rapport sur Le monde en 2030 (Equateurs, 2013), estimait que seuls 15 % de la population mondiale pourraient éventuellement tirer bénéfice, dans les décennies à venir, de quelques-unes de ces merveilleuses avancées médicales et technologiques siliconiennes. Estimation, de toute évidence, encore bien optimiste. Dans la réalité, il est beaucoup plus vraisemblable que de tels projets, à supposer qu'ils ne relèvent pas tous de la science-fiction, ne pourraient qu'être réservés à une mince "élite" (c'était d'ailleurs le thème des films d'Andrew Nichols, de Gattaca à Time out). Elite dont les critères resteraient alors à définir philosophiquement... >>
Voilà la clé du système : sa nature est économique. Voilà aussi pourquoi sont inadéquates les "critiques" sociétales qui ne placent pas au centre la question du système économique... Invoquer seulement "les valeurs" (ou "l'identité", ou "la culture") sans désigner ce qui les abolit, c'est de la naïveté ou de la roublardise. Naïf mais dangereux, le citoyen qui croit que ce qui lui déplaît vient d'autres citoyens (et que s'en prendre à eux suffirait à résoudre le problème)... Roublard, le commentateur conservateur qui s'en prend plutôt à des diableries [2] d'idées : cette démonomanie veut cacher le facteur économique et financier. Faut-il y voir une allégeance à "notre ennemi le Capital", comme dit Michéa ?
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[*] "GAFA" : Google, Apple, Facebook, Amazon.
[2] "Dyable politique des situations compliquées" (dessin de Malraux) :
12:01 Publié dans Ecologie intégrale, Idées | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : transhumanisme, capitalisme
Commentaires
CAPITALISMES ?
> Le capitalisme financier est pour le moment une cause de l'hubris technologique mais il pourrait en être autrement avec le capitalisme de l'information et le capitalisme du pouvoir technologique où l'argent serait secondaire voire aboli.
Dans un monde où ce sont les robots qui sont les producteurs et non les humains la domination par l'argent peut être remplacée par la domination par la technologie et par la domination de la technologie.
C'est d'ailleurs déjà largement le cas.
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Écrit par : Renaud / | 28/01/2017
GAFAM
> Vous oubliez une compagnie et GAFA c'est un peu court !
C'est GAFAM car il faut y ajouter Microsoft qui vient de racheter Linkdin pour un nombre exorbitant de milliards de dollars et dont les services vont être en tout ou partie "fondus" à terme avec la suite Office.
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Écrit par : Pierre O. / | 28/01/2017
PROJET VOUÉ À L'ÉCHEC
> Il y a de quoi rire face à cette promesse d'immortalité de GAFA ou GAFAM. Non que ces entreprises ne feront pas de dégât, mais qu'elles partent sur un projet, à mon humble avis, voué à l'échec.
Non seulement ils devront produire en continu des prothèses bioniques, mais ils devront en acheter de manière accélérée. En effet, GAFA fait des produits à obsolescence programmée, et il n'y a pas de raison que ça s'arrête. Résultat, leur foie bionique 13ème génération sera vite périmé, et il faudra travailler dur pour s'acheter la 14ème génération au bout de deux ans (durée de vie d'un Iphone).
C'est d'ailleurs le propre du capitalisme que de faire de l'éphémère. Carlos Ghosn fabrique des voitures jetables alors que les Nissan des années 1990 étaient réputée pour leur longévité. Et les produits Apple sont également très éphémères malgré leur coût exorbitant. Nos amis de la SIllicon Valley ne voient pas le paradoxe.
Ensuite, il ne se sont jamais posé la question de l'intérêt de vivre 1000 ans voire éternellement. Comment pourront-il jouir s'ils ont un corps entièrement bionique? Fabrice Hadjadj dans "Réussir sa mort" démontre bien l'absurdité d'une vie sans mort. Le grand-père deviendra le rival de son petit-fils. Il ne pourront plus faire de projet sinon de produire sans arrêt sans en comprendre le but. Bernanos dans "La France contre les robots" démontre bien le but de ces "imbéciles" comme il les appelle, ceux qui veulent faire Paris-Marseille en 1/4 d'heure: sortir d'eux-même.
Je m'interroge sur cette vie "éternelle" parce que bionique. Est-ce lorsque tous les organes seront transformés, y compris le cœur, le cerveau et les tripes, la personne sera toujours la même? Ou bien n'aura-t-on pas simplement affaire à un robot rempli de données personnelles? Est-ce qu'ils ne confondent pas la personne avec ses données personnelles? Dans la même veine, la Sillicon Valley nous proposent, et c'est déjà en vente, de faire "ressusciter" nos morts en rentrant leurs données personnelles (mails...) dans un robot qui parlent. Ainsi on pose une question à la machine et elle répond comme aurait répondu la personne défunte avec sa voix, en fonction des données qu'on a d'elle. Il y a des gens pour acheter ça.
Un transhumaniste nous accuse d'être les "Chimpanzés du futur", parce que nous ne suivons pas le mouvement de l'évolution. De mon point de vue amateur, si je regarde l'évolution, je trouve que les espèces font tout pour faire survivre leur race.
Ce fantasme de l'homme parfait, face aux imparfaits, c'est le même qui a conduit certains décérébrés à imaginer une race aryenne face aux races inférieures.
Et le capitalisme en est bien à la source avec son désir schumpéterien d'éliminer les canards boiteux.
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Écrit par : Cyril B / | 30/01/2017
@ Renaud,
> Entre la domination par l'argent et celle par la technologie, la frontière est pour le moins floue, car la technologie n'est pas gratuite.
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Écrit par : olivier / | 30/01/2017
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