24/01/2017
Le groupe Vivarte dépecé par quatre fonds-vautours
Les salariés appellent l'Etat au secours...
mais "les politiques manquent à prendre leurs responsabilités" :
En avril 2015, notre blog se joignait aux lanceurs d'alerte à propos du groupe d'habillement Vivarte (taper ce nom dans la fenêtre RECHERCHER, colonne de droite). Moins de deux ans plus tard le désastre est consommé.
Vivarte était une hypertrophie bling-bling de l'ex-chausseur André (spécialiste de la clientèle modeste). Devenu galaxie de 20 000 salariés, 16 marques et 4500 points de vente, le groupe achève d'être dépecé par quatre fonds-vautours US : Oaktree, Babson, GLG et Alcentra, qui s'en étaient emparés en 2014 à la suite des erreurs de PDG aveuglés de croissantisme et de "montée en gamme". Ces fonds ont repris Vivarte en LBO, formule de rachat-dépeçage des entreprises. Ils ont mis en place un patron-potiche répétant : "on est là pour servir les actionnaires". C'est donc dans la poche des actionnaires qu'est passé le CICE ("inefficacité des cadeaux de l'Etat dans une économie-casino financiarisée", écrivions-nous en 2015)... Logique libérale décrite par l'économiste Liêm Hoang-Ngoc [*] : "La part des profits consacrée aux dividendes des actionnaires était de 25% dans les années 1970, elle est désormais de 85% dans les entreprises non-financières. Le coût du capital a donc explosé. Telle est la première cause de l'atonie de l'investissement."
Les fonds spéculatifs ne se soucient ni de stratégie commerciale, ni du sort des salariés : dans le cas de Vivarte comme de tout rachat LBO, le but de l'engrenage est d'aboutir au démembrement. Ce mardi 24 janvier, les représentants des salariés ont donc été avisés du plan "de cession d'enseignes" : notamment celle d'André. Ce plan est opéré par le "redresseur d'entreprises" (démembreur professionnel) Patrick Puy [photo], nommé PDG pour un an par les quatre fonds. Ce qui signifie un démantèlement complet du groupe, selon la CFDT... La CFTC n'est pas moins sévère : voir ici. "On est dans une situation catastrophique. On va apprendre que sur les 16 entreprises que Vivarte avait fin 2014, il n'en restera que 4. Les autres seront vendues. On ne se fait pas d'illusion", déclarent les syndicalistes.
Le 23 janvier, l'intersyndicale (CGT-FO-CGC-CFTC-SUD) a présenté un "plan alternatif visant à pérenniser les enseignes". M. Puy l'a évidemment écarté : son métier n'est pas de relancer les groupes. Si vous parlez d'économie réelle à un technicien du LBO, vous n'aurez droit qu'à son ironie. Voilà la réalité du libéralisme... D'où la colère - naïve - des salariés du groupe envers les pouvoirs publics : "Depuis trois ans tout le monde est au courant mais personne n'a bougé. Il nous manque le fait que les politiques prennent à leur tour leurs responsabilités", déclarent-ils aux médias. Notamment chez Jean-Jacques Bourdin, qui twittait feu et flamme ce matin... Mais que les futurs chômeurs de Vivarte se rassurent : entre le revenu universel de M. Hamon et le marché pieux de M. Fillon, "les politiques" se réveillent à l'approche de la présidentielle - qui aura lieu comme tous les cinq ans au mois des poissons d'avril.
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[*] Libération, 08/04/2015.
11:50 Publié dans Economie- financegestion, Social | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : vivarte
Commentaires
DIEU "ET" MAMMON
> On parie que pas un mot de tout ça sur les sites cathos-cathos ?
Servir Dieu "et" Mammon. Jésus est sympa mais c'est comme le pape : il n'a pas fait une école de commerce. Manque de crédibilité.
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Écrit par : jf.devred / | 24/01/2017
NOUS LAISSONS FAIRE
> Le pape essaie de réveiller les consciences.
Dans nos paroisses, dans nos maisons, dans nos coeurs, il faut se lever et dire STOP. Nous ne mettons pas en pratique l'évangile correctement. Nous devons nous mettre sur le chemin des prédateurs. Prendre les coups à la place des petits et des pauvres. Malheureusement les petits s'en prennent plein la figure parce que nous laissons faire.
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Écrit par : P. Girard / | 25/01/2017
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