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25/01/2017

Donald Trump contre l'environnement : acte 1, scène 1

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 Le négationnisme environnemental et climatique est l'une de ses rares "convictions"... Une "conviction" qui recoupe ses intérêts : 


 

 

Flou total à Washington : "Trump non-interventionniste" rallume l'iranophobie et bénit le bellicisme israélien... "Trump pro-russe" laisse ses ministres parler contre la Russie... "Trump anti-CIA" clame "I love you" (pouce levé) aux gens de la CIA  : "Personne n'est attaché à la communauté du renseignement plus que Donald Trump ! On est la même longueur d'ondes ! On va faire des choses fantastiques !" Etc.

Mais il reste cohérent sur quelques idées fixes :  et en priorité, son allergie à la protection de l'environnement.

Le 24 janvier, il a réduit au silence l'agence fédérale de protection de l'Environnement (EPA) : interdiction de tout contact avec les médias, interdiction de tout communiqué, interdiction de toute activité de blog et de social networks. Le financement de l'EPA est "suspendu". Et de toute façon, Scott Pruitt - nouveau patron de l'EPA nommé par Trump - est un climato-négationnniste écolophobe affiché...

Ce même 24 janvier, l'un des premiers décrets signés par Trump concerne deux oléoducs géants :

1. l'oléoduc Keystone XL transportera le "pétrole sale" canadien sur 1900 km dont 1400 en territoire US : des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'au centre des Etats-Unis. La construction de cet oléoduc avait été "gelée" par Obama en solidarité avec l'effort climatique international. D'autre part, les organisations environnementales, agricoles et foncières avaient protesté avec persévérance contre le Keystone XL, susceptible de polluer les aquifères du Nebraska, du Dakota du Sud et du Texas (où même des agriculteurs proches du Tea Party protestent contre les expropriations et les risques de contamination de l'eau). Mais le FBI avait lancé partout des enquêtes contre les anti-oléoduc, accusés de "menacer l'industrie du pétrole et du gaz, infrastructure cruciale des Etats-Unis" !

Satisfaisant finalement les pétroliers et le FBI, Trump a signé hier le décret de construction du Keystone XL. Décision applaudie par les républicains du Congrès [1], l'industrie pétrolière et le gouvernement canadien de M. Trudeau [2]... Et décision condamnée par les défenseurs de l'environnement : "Trump montre son allégeance aux groupes pétroliers et aux banques de Wall Street au détriment de la santé publique et de l'environnement", constate l'organisation 'Friends of the Earth'. "Aujourd'hui le président Trump a ignoré les voix de millions d'Américains et donné la priorité aux profits à court terme de l'industrie des énergies fossiles - plutôt qu'à l'avenir de notre planète", a commenté le sénateur Bernie Sanders. Il ajoute : "Je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour arrêter ça."

  L'aquifère Ogallala, menacé par l'oléoduc Keystone XL, s'étend sur 450 000 km2 répartis sur huit Etats. L'eau potable de deux millions de personnes y est puisée. Dans le Nebraska, il fournit 78 % de l'eau des secteurs résidentiel et industriel, et 83 % de l'irrigation. Selon les spécialistes de l'eau (université du Nebraska), le nombre de fuites de l'oléoduc dans l'aquifère est évalué à 91 dans les 50 ans à venir : calcul de probabilité d'après les fuites constatées sur les oléoducs existants.

Selon les revues scientifiques Nature et Nature Cimate Change, les extractions de sables bitumineux pour le Keystone XL augmenteront les émissions de gaz à effet de serre de 110 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an. En février 2015, l'agence fédérale américaine pour l'Environnement (EPA) a écrit au Département d'Etat contre le projet Keystone XL, le développement des sables bitumineux canadiens représentant "une hausse significative des émissions de gaz à effet de serre". On sait quel sort M. Trump réserve à l'EPA.

  Le rapport final du département d'Etat (janvier 2014) concluait que l'oléoduc, une fois mis en service, ne créera que 35 emplois permanents directs.

 

2. l'oléoduc Dakota Access traversera sur 1885 km quatre Etats américains, du Dakota du Nord à l'Illinois. Dans le Dakota du Nord il polluera le lac Oahe, principale source d'eau des populations amérindiennes ; en décembre dernier, les ingénieurs des travaux civils en avaient conclu qu'il fallait modifier le parcours. Obama avait donc suspendu les travaux et demandé une étude d'impact. Trump vient d'annuler cette suspension. Or il détient des actions dans la société Energy Transfer Partners qui construit l'oléduc : conflit d'intérêt particulièrement visible ! En décembre, l'équipe de transition du futur président affirmait que son soutien au Dakota Access n'était pas lié à ses "investissements personnels" mais à "des motifs politiques"... Quoi qu'il en soit, Trump -  pouce levé là encore (et rictus triomphal) -  a signé le décret hier. Ignorant l'avis des ingénieurs et annulant la décision d'Obama, il ordonne la construction immédiate du Dakota Access.

 

  Contrairement à ce que veut croire la droite française, la pétrolomanie de Trump ("take the oil !") peut mener à des guerres  :  http://www.thedailybeast.com/articles/2016/09/12/trump-s-...

 

  

__________

[1]  "L'industrie du pétrole et du gaz - dont 87% de la contribution financière aux campagnes électorales vont au parti républicain - attend d'être récompensée pour son soutien", soulignait dès 2015 l'économiste Paul Krugman (opposé à l'oléoduc).

[2]  Justin Trudeau est un éco-tartufe exemplaire. "J'ai souligné à Donald Trump que oui, je suis en faveur de ce projet, qui va amener de bons emplois pour les Albertains, de la croissance économique... L'Alberta a mis une limite absolue aux émissions de gaz à effet de serre qui va nous permettre de remplir nos responsabilités pour la lutte contre les changements climatiques", assure froidement le playboy d'Ottawa. En 2016, il a signé à la fois l'accord climatique de Paris et... un plan d'exportation de gaz de schiste pour 36 milliards de dollars. Autres décisions symptomatiques du jeune Trudeau : en violation du droit international, il exporte en Arabie saoudite - sous pavillon canadien - les blindés américains de General Dynamics (cette firme esquivant ainsi le contrôle du Congrès). Le Canada est une filière de l'industrie US : on voit ce que va donner l'accord de libre-échange avec l'UE.

 

 

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12:20 Publié dans Ecologie, Trump | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : trump

Commentaires

TRUMP = BANE

> Les journaux ont relayés récemment le discours de Trump qui serait étonnamment ressemblant au méchant du film 'The Dark Knight Rises'.
Pour qui connait ce film, le discours de ce méchant vient des bas fond, de la population "déchet", rejeté, et son discours est parfois vertigineusement vrai. Nous vivons un peu le même scénario, les rejetés secrètent aujourd'hui un monstre Bane/Trump qui malheureusement, plus que dans le film, se retourne contre cette population rejetée.
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Écrit par : P. Girard / | 26/01/2017

TRUMP + BANE (suite):

> C'est exactement cela, sous couvert d'un discours de libération des opprimés, une bombe à retardement :
https://www.youtube.com/watch?v=msP0BUaRQeM
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Écrit par : P. Girard / | 27/01/2017

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