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19/01/2017

L'UE tétanisée par la désertion du suzerain US

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On découvre que sans Washington, Bruxelles n'est rien :


 

"Londres qui opte pour un Brexit dur, Trump qui parie sur son éclatement et Poutine toujours plus agressif, l'UE se retrouve attaquée sur tous les fronts sans avoir rien vu venir. De quoi la forcer à se réinventer enfin ?" 

C'est la manchette de une d'un quotidien parisien ; les autres médias adoptent la même ligne. Mais elle est fictive.

En effet :

►  Theresa May n'opte pas pour un "Brexit dur". Elle applique le Brexit, tout simplement : "Brexit means Brexit",  sortir veut dire sortir. On ne sort pas à moitié. Nos commentateurs rêvaient d'un Brexit "modéré" ; mais sortir "modérément" ne veut rien dire... En fait nos commentateurs rêvent que la Cour suprême et les Communes  prennent position contre le Brexit, annulent le référendum et ramènent l'Angleterre sous la férule bruxelloise : ils appelleraient ça un "Brexit modéré". Au temps de la post-vérité, les mots n'ont plus de sens.

►  Trump ne "parie" pas sur l'éclatement de l'UE. Il s'en fiche totalement et le dit : "Que les Européens soient unis ou non ne m'intéresse pas." La classe politique européenne devrait se demander pourquoi.

►  Dire que Poutine est "toujours plus agressif", c'est un mantra. L'agressivité ressentie par les commentateurs parisiens ne correspond par nécessairement à une agressivité réelle, comme le froid "ressenti" (actuel gadget verbal de nos radios) ne correspond pas au froid des thermomètres.

► L'UE n'est pas "attaquée" : elle est inexistante. Elle reste la seule à croire au jeu des perles de verre, c'est-à-dire à la machinerie comptable remplaçant le géopolitique (et au libre-échangisme ultralibéral remplaçant la stratégie) : utopie obsolète depuis plus de dix ans déjà. Pendant ce temps, les Etats-Unis changent de pied, la Russie se réaffirme, la Chine devient impérialiste...

► L'UE "n'a rien vu venir". Evidemment !  Son acte fondateur, le traité de Rome, niait le géopolitique en confiant "l'harmonisation" du continent au "libre fonctionnement du marché intérieur". Puis l'UE a abandonné même l'idée de marché intérieur pour devenir marché global ouvert aux quatre vents : ce qui équivalait au sabordage de l'idée européenne... Dans ces conditions elle ne pouvait rien "voir venir".

Peut-elle "se réinventer enfin" ? Le vent ne souffle pas dans cette direction. Il n'est pas question d'abolir la technostructure ultralibérale de Bruxelles. Il n'est pas question non plus de "relancer" l'UE dans une direction encore plus anti-nations, comme l'aurait voulu M. Lamassoure que les eurodéputés viennent de blackbouler comme président au profit d'un... berlusconien. A vrai dire, il n'est question de rien. Bruxelles est tétanisée par la désertion de Washington, suzerain de la construction européenne ("time is Monnet", disait de Gaulle). L'UE ne sait plus : au sens belge du terme.

 

10:54 Publié dans Europe | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : europe

Commentaires

LA FORCE FRANÇAISE

> Cela me rappelle un journal de Shanghai spécialisé dans la défense (malheureusement, l'article n'est plus en ligne) : il analysait, après l'intervention française au Mali, la capacité de déploiement et d'intervention immédiate de la France, sa capacité de dissuasion nucléaire de seconde frappe, son réseau diplomatique, sa présence territoriale (Afrique, Nouvelle Calédonie...), son réarmement en blindés légers modernes à forte puissance d'arrêt (le VBCI peut traverser de part en part une tourelle de char lourd en mouvement) et concluait qu'il existait toujours une puissance globale en Europe, et ce n'était pas l'Allemagne.
En somme, il ne nous manque plus qu'une classe politique ayant le sens de l'État, de l'indépendance nationale, de la diplomatie et de la géopolitique. Ce ne sera pas encore pour 2017...
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Écrit par : Lucas / | 19/01/2017

L'U.E. COURT COMME UN POULET SANS TÊTE

> Merci pour cet article. Nous vivons effectivement un moment passionnant et dont je ne parviens pas à trouver d'exemple dans l'histoire des relations internationales : le suzerain (les Etats-Unis) qui abandonne ses vassaux (l'UE) soudainement et de sa propre initiative, sans y être contraint par une puissance extérieure.
Généralement un suzerain est contraint d'abandonner sa suzeraineté parce qu'il est vaincu par une autre puissance (par exemple, l'Empire napoléonien est vaincu par la Coalition, et la suzeraineté sur l'Allemagne et l'Italie passe de la France à l'Autriche)
ou parce que les vassaux se révoltent contre leur suzerain (par exemple, la Pologne rejetant son régime communiste et la tutelle soviétique dans les années 1980-1990).
Je ne vois pas d'autre exemple de suzerain abandonnant volontairement sa suzeraineté, alors que les vassaux veulent désespérément rester des vassaux. Le spectacle des "dirigeants" de l'UE courant en tous sens comme un poulet sans tête, suppliant leur Seigneur Américain de revenir les sauver du méchant Poutine me semble donc absolument sans précédent.
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Écrit par : Thibaud / | 20/01/2017

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