01/01/2017
La tragi-comédie de la postdémocratie - Acte I, scène V - Le spectre : "Un lien indéfectible nous unit..."
Shakespearienne apparition hier soir à 20 h :
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« Qu'est-ce qu'un spectre ? Si ça existe, ça n'est pas présent. Quand le spectre revient, au moment même où il réapparait, il disparaît comme phénomène, ne correspond à aucune essence, ne répond à aucun nom. Cet absent, ce disparu ni vivant ni mort, ne relève pas du savoir. C'est une chose qui nous regarde. On en a une vision bien qu'elle n'ait rien de visible... C'est depuis un autre temps qu'il nous regarde (anachronie)... Bien que nous ne puissions pas l'identifier en toute certitude, nous sommes livrés à sa voix... Ses apparitions sont furtives, insaisissables, surnaturelles, mais ce sont quand même des apparitions. Son essence est indéterminable, mais il est tout de même quelqu'un, un autre. En cela il se distingue de l'icône, de l'idole et de l'image, et se rapproche du simulacre et du fantasme. »
Jacques Derrida
Acte I, scène IV
Hamlet, Marcellus, Horatio
Hor. - Comment finira tout ceci ?
Marc. - Quelque chose est pourri dans l'Etat de Danemark.
Scène V
Entrent le Spectre et Hamlet
Le Sp. - Ecoute-moi bien.
Ham. - Oui.
Le Sp. - L'heure est presque venue à laquelle au tourment des flammes sulfureuses il me faudra retourner. Venge, venge mon noir et dénaturé meurtre !
Ham. - Meurtre ?
Le Sp. - Oui, meurtre des plus noirs, comme au mieux l'est tout meurtre, mais ici des plus noir, affreux, dénaturés.
Ecoute, Hamlet : on fait accroire que, dormant dans mon jardin, un serpent me piqua ; ainsi le Danemark est par le faux récit publié de ma mort grossièrement trompé.
Mais sache que ce serpent qui me fit mourir brigue aujourd'hui ma couronne !
Je dormais au jardin comme l'après-midi c'était mon habitude : à cette heure de paix, avec une fiole pleine d'un suc maudit, cet homme vint, furtif qui versa aux béants porches de mes oreilles cette essence à donner la lèpre, dont l'effet a pour le sang de l'homme une inimitié telle qu'aussi prompt que le vif-argent le poison court aux naturels accès et passages du corps et, puissant et soudain, il caille et coagule..
Ainsi dormant, je fus dépêché par la main d'un ami, d'un seul coup, perdant ma vie et ma couronne et ma compagne, gardant tous mes péchés en pleine floraison, mes comptes non réglés, mais devant comparaître avec tout mon passé pesant sur mes épaules.
Oh, horrible ! Oh, horrible, on ne peut plus horrible !
Adieu sans plus tarder : le ver luisant fait voir que le matin est proche... >>
Que 2017 nous garde de tout mirage
quant aux prétendants d'Elseneur
11:28 Publié dans Présidentielle 2017 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : présidentielle 2017
Commentaires
'HAMLET'
> Acte 3, scène II
Hamlet - 'Quel rôle avez-vous joué ?"
Polonius - "J'ai joué Jules César : on me tua au Capitole. C'est Brutus qui me tua après que le peuple m'eut offert la couronne."
Hamlet - "Le rôle de brute d'abattre l'âne avant qu'il ne se couronnât..."
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Écrit par : Guildenstern / | 01/01/2017
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