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23/12/2016

Ecclesia semper reformanda

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Le pape François (que Dieu nous le garde) maintient le cap sur l'indispensable réforme de la Curie. Témoin son discours de Noël aux membres de la haute bureaucratie vaticane : 


 

 

PRÉSENTATION DES VŒUX DE NOËL DE LA CURIE ROMAINE

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Salle Clémentine
jeudi 22 décembre 2016

[Multimédia]


 

 

Chers frères et sœurs,

Je voudrais commencer notre rencontre en présentant mes vœux cordiaux à vous tous : supérieurs, officials, représentants pontificaux et collaborateurs des nonciatures partout dans le monde, à toutes les personnes qui sont en service à la Curie romaine et à vos familles. Je vous souhaite un saint et serein Noël et une heureuse année 2017.

En contemplant le visage de l’Enfant Jésus, saint Augustin s’est exclamé : « Immense dans sa nature divine, petit dans sa nature de serviteur». Saint Macaire également, moine du IVe siècle et disciple de saint Antoine abbé, pour décrire le mystère de l’Incarnation, utilise le verbe grec smikruno, c’est-à-dire se faire petit en se réduisant presque à ce qu’il y a de plus petit : « Écoutez attentivement : l’infini, le Dieu inaccessible et incréé, dans son immense et ineffable bonté, a pris un corps, et, si je puis dire, s’est abaissé infiniment de sa gloire. »

Noël est donc la fête de l’humilité aimante de Dieu, du Dieu qui renverse l’ordre du logiquement prévisible, l’ordre de ce qui doit être, du dialectique et du mathématique. Dans ce renversement se trouve toute la richesse de la logique divine qui bouleverse la limite de notre logique humaine (cf. Isaïe 55, 8-9). Romano Guardini a dit : « Quel renversement de toutes les valeurs familières à l’homme – non seulement humaines, mais aussi divines ! Vraiment ce Dieu renverse tout ce que l’homme prétend construire par lui-même... »  A Noël nous sommes appelés à dire oui, avec notre foi, non pas à un Dominateur de l’univers ni aux plus belles des idées, mais bien à ce Dieu qui est l’humble-aimant.

Le bienheureux Paul VI, à Noël 1971, affirmait : « Dieu aurait pu venir revêtu de gloire, de splendeur, de lumière, de puissance, pour nous faire peur, pour nous écarquiller les yeux par des merveilles. Non, non ! Il est venu comme le plus petit des êtres, le plus fragile, le plus faible. Pourquoi cela ? Mais pour que personne n’ait honte de l’approcher, pour que personne n’ait peur, pour que tous puissent l’avoir vraiment proche, s’approcher tout près de lui, n’avoir plus aucune distance entre nous et lui. Il y a eu de la part de Dieu un effort pour s’abîmer, pour se plonger parmi nous, pour que chacun, je dis chacun de vous, puisse lui dire "tu", puisse avoir confiance, puisse l’approcher, puisse se sentir pensé par lui, aimé par lui… "Aimé par lui" : voyez comme est grande cette parole ! Si vous comprenez cela, si vous vous souvenez de ce que je vous dis, vous avez compris tout le christianisme ».

En réalité, Dieu a choisi de naître petit parce qu’il a voulu être aimé. Voilà comment la logique de Noël est le renversement de la logique mondaine, de la logique du pouvoir, de la logique du commandement, de la logique pharisienne et de la logique de la causalité ou du déterminisme.

C’est à cette lumière suave et imposante du visage divin du Christ enfant que j’ai choisi comme sujet de notre rencontre annuelle la réforme de la Curie romaine. Il m’a semblé juste et opportun de partager avec vous le cadre de la réforme, mettant en évidence les critères de conduite, les pas accomplis, mais surtout la logique du pourquoi de chaque pas qui a été réalisé et de ce qui sera accompli.

En vérité, il me vient ici spontanément à la mémoire l’ancien adage qui illustre la dynamique des exercices spirituels de la méthode ignacienne, c’est-à-dire : réformer ce qui est déformé, conformer ce qui est réformé, confirmer ce qui est conformé et transformer ce qui est confirmé.

Il est certain que, dans la Curie, le sens de la ré-forme peut être double : avant tout la rendre conforme “à la Bonne Nouvelle qui doit être proclamée joyeusement et courageusement à tous, spécialement aux pauvres, aux derniers et aux marginalisés” ; conforme “aux signes de notre temps et à tout le bon que l’homme a atteint”, pour “mieux aller à la rencontre des exigences des hommes et des femmes que nous sommes appelés à servir”. En même temps il s’agit de rendre la Curie plus conforme à sa fin, qui est celle de collaborer au ministère propre du Successeur de Pierre (« cum Ipso consociatam operam prosequuntur » dit le Motu proprio Humanam progressionem), ensuite de soutenir le Pontife Romain dans l’exercice de son pouvoir singulier, ordinaire, plénier, suprême, immédiat et universel.

En conséquence, la réforme de la Curie romaine est ecclésiologiquement orientée : in bonum e in servitium, comme l’est le service de l’évêque de Rome, selon une expression significative du pape saint Grégoire le Grand, reprise dans le troisième chapitre de la constitution Pastor aeternus du Concile Vatican I : “Mon honneur c’est celui de l’Église universelle. Mon honneur c’est la solide force de mes frères. Je me sens vraiment honoré quand, à aucun d’eux, n’est nié l’honneur qui lui est dû.

Comme la Curie n’est pas un appareil immobile, la réforme est d’abord un signe de la vivacité de l’Eglise en chemin, en pèlerinage, et de l’Eglise vivante, et donc – parce que vivante –  semper reformanda, devant être réformée parce que vivante. Il est donc nécessaire de rappeler avec force que la réforme n’est pas une fin en soi, mais un processus de croissance et surtout de conversion. La réforme, pour cette raison, n’a pas un but esthétique, comme si l’on voulait rendre la Curie plus belle ; elle ne peut pas être non plus comprise comme une sorte de lifting, de maquillage pour embellir le corps curial ancien, ni même comme une opération de chirurgie esthétique pour enlever les rides. Chers frères, ce ne sont pas les rides que nous devons craindre dans l’Eglise, mais les taches !

Dans cette perspective, il faut remarquer que la réforme sera efficace seulement et uniquement si elle est mise en œuvre par des hommes “rénovés” et pas seulement par des hommes “nouveaux”. Il ne suffit pas de se contenter de changer le personnel, mais il faut porter les membres de la Curie à se renouveler spirituellement, humainement, professionnellement. La réforme de la Curie ne se met en aucune manière en œuvre par le changement des personnes – qui se produit et se produira sans aucun doute- mais par la conversion dans les personnes. En réalité, une “formation permanente”  ne suffit pas, il faut aussi et surtout “une conversion et une purification permanentes”. Sans unchangement de mentalité” l’effort fonctionnel serait vain.

C’est pourquoi, lors de nos deux rencontres précédentes de Noël, je me suis arrêté : en 2014, ayant pour modèle les Pères du désert, sur certaines “maladies” et en 2015, en partant du mot « miséricorde », sur une sorte de catalogue des vertus nécessaires pour celui qui prête service dans la Curie et pour tous ceux  qui veulent rendre féconde leur consécration ou leur service de l’Eglise. La raison de fond est que, comme pour toute l’Église, le semper reformanda doit se transformer, aussi pour la Curie, en une conversion personnelle et structurelle permanente.

Il était nécessaire de parler de maladies et de soins parce que toute opération, pour être un succès, doit être précédée de diagnostics approfondis, d’analyses soignées, et doit être accompagnée et suivie de prescriptions précises.

Dans ce parcours, il est normal, et même salutaire, de rencontrer des difficultés qui, dans le cas de la réforme, pourraient se présenter sous diverses typologies de résistances : les résistances ouvertes qui naissent souvent de la bonne volonté et du dialogue sincère ; les résistances cachées qui naissent des cœurs effrayés ou pétrifiés qui s’alimentent des paroles vides du “gattopardisme spirituel” [*] de celui qui en paroles se dit prêt au changement, mais veut que tout reste comme avant ; il y a aussi les résistances malveillantes, qui germent dans des esprits déformés et apparaissent quand le démon inspire des intentions mauvaises (souvent “déguisées en agneaux”). Ce dernier type de résistances se cache derrière les paroles de justification, et souvent accusatoires, en se réfugiant dans les traditions, dans les apparences, dans la formalité, dans le connu, ou bien dans le fait de vouloir tout porter sur le personnel, sans distinguer entre l’acte, l’acteur et l’action.

L’absence de réaction est un signe de mort ! Par conséquent, les résistances bonnes – et même les moins bonnes – sont nécessaires et méritent d’être écoutées, accueillies et encouragées à s’exprimer, parce que c’est un signe que le corps est vivant.

Tout cela veut dire que la réforme de la Curie est un processus délicat qui doit être vécu dans la fidélité à l’essentiel, avec un continuel discernement, avec un courage évangélique, avec une  sagesse ecclésiale, avec une écoute attentive, avec une action tenace, dans un silence positif, avec des décisions fermes, avec beaucoup de prière – beaucoup de prière ! –, dans une profonde humilité, avec une grande clairvoyance, avec des pas en avant concrets et – quand c’est nécessaire – avec des pas en arrière, avec une volonté déterminée, avec une grande vitalité, avec une autorité responsable, dans une obéissance sans condition ; mais avant tout dans l’abandon à la  conduite sûre de l’Esprit Saint, en s’en remettant à son soutien indispensable. Et, pour cela, prière, prière et prière.

 

QUELQUES CRITÈRES POUR LA CONDUITE DE LA REFORME

Il y en a principalement douze : Individualité, Sens pastoral, Sens missionnaire, Rationalité, Fonctionnalité, Modernité, Sobriété, Subsidiarité, Synodalité, Catholicité, Professionnalité, Gradualité.

1. Individualité (conversion personnelle)

Je répète de nouveau l’importance de la conversion individuelle sans laquelle tous les changements dans les structures seront inutiles. L’âme véritable de la réforme, ce sont les hommes qui en font partie et la rendent possible. En effet, la conversion personnelle supporte et renforce la conversion communautaire.

Il y a un fort lien d’échange entre l’attitude personnelle et l’attitude communautaire. Une seule personne peut apporter beaucoup de bien à tout le corps mais peut lui porter préjudice et le faire tomber malade. Et un corps sain est celui qui sait récupérer, accueillir, fortifier, soigner et sanctifier ses membres.

2. Sens pastoral (conversion pastorale)

La Curie étant une communauté de service, et rappelant l’image du pasteur (cf. Ez 34, 16 ; Jn 10, 1-21), « il nous fait du bien à nous aussi, appelés à être pasteurs dans l’Église, de laisser le visage de Dieu Bon Pasteur nous illuminer, nous purifier, nous transformer et nous restituer pleinement renouvelés à notre mission. Que nous puissions, même sur nos lieux de travail, ressentir, cultiver et pratiquer un sens pastoral fort, avant tout envers les personnes que nous rencontrons tous les jours. Que personne ne se sente négligé ou maltraité, mais que chacun puisse faire l’expérience, avant tout ici, du soin prévenant du Bon Pasteur ». Derrière les papiers il y a des personnes.

L’engagement de tout le personnel de la Curie doit être animé par un sens pastoral et une spiritualité de service et de communion, puisque c’est l’antidote à tous les poisons de la vaine ambition et de la rivalité illusoire. En ce sens le bienheureux Paul VI avertissait : « Que la Curie Romaine ne soit pas une bureaucratie, comme certains la jugent à tort, prétentieuse et apathique, seulement juridique et ritualiste, ni une école d’ambitions cachées et de sourds antagonismes, comme d’autres l’accusent ; mais qu’elle soit une véritable communauté de foi et de charité, de prière et d’action ; communauté de frères et de fils du pape qui font tout, chacun dans le respect de la compétence d’autrui et avec un sens de la collaboration, pour le servir dans son service des frères et des fils de l’Église universelle et de la terre entière ».

3. Sens missionnaire (Christocentrisme)

C’est la fin principale de tout service ecclésiastique, celle qui consiste à porter la joyeuse annonce aux extrémités de la terre, comme nous le rappelle le magistère conciliaire, parce qu’ « il y a des structures ecclésiales qui peuvent arriver à favoriser un dynamisme évangélisateur ; également les bonnes structures sont utiles quand une vie les anime, les soutient et les guide. Sans une vie nouvelle et un authentique esprit évangélique, sans fidélité de l’Église à sa propre vocation, toute nouvelle structure se corrompt en peu de temps ».

4. Rationalité

Sur la base du principe selon lequel tous les dicastères sont juridiquement égaux entre eux, une rationalisation des organismes de la Curie romaine est nécessaire pour mettre en évidence le fait que chaque dicastère a des compétences propres. Ces compétences doivent être respectées mais aussi réparties avec rationalité, avec efficacité et efficience. Aucun dicastère ne peut donc s’attribuer la compétence d’un autre dicastère, selon ce qui est fixé par le droit, et d’autre part, tous les dicastères se réfèrent directement au pape.

5. Fonctionnalité

Le regroupement éventuel de deux - ou plus – dicastères, compétents sur des matières proches ou en relations étroites, en un unique dicastère sert d’un côté à donner au dicastère en question une importance plus grande (également à l’extérieur) ; d’un autre côté, la contiguïté et l’interaction des réalités particulières dans un unique dicastère aident à avoir une plus grande fonctionnalité (les deux nouveaux dicastères d’institution récente en sont un exemple).

La fonctionnalité nécessite aussi la révision continuelle des rôles et de l’adéquation des compétences et des responsabilités du personnel, et, en conséquence, la réalisation de mutations, d’embauches, d’interruptions et aussi de promotions.

6.  Modernité (mise à jour)

C’est-à-dire la capacité de lire et d’écouter les “signes des temps”. En ce sens « nous prenons sans délai les mesures nécessaires afin que les dicastères de la Curie Romaine soient conformes aux situations de notre temps et s’adaptent aux nécessités de l’Église universelle ». Cela était demandé par le concile Vatican II : « Que les dicastères de la Curie romaine soient soumis à une nouvelle organisation plus en rapport avec les besoins des temps, des pays et des rites, notamment en ce qui concerne leur nombre, leur nom, leur compétence, leurs méthodes propres de travail et la coordination de leurs travaux ».

7.  Sobriété

Dans cette perspective, une simplification et un allègement de la Curie sont nécessaires : regroupement ou fusion de dicastères selon les matières de compétence et simplification interne de chaque dicastère ; éventuelles suppressions de bureaux qui ne correspondent plus aux nécessités contingentes. Intégration dans les dicastères, ou réduction, des commissions, académies, comités, etc… le tout en vue de l’indispensable sobriété nécessaire à un témoignage correct et authentique.

8.  Subsidiarité

Réorganisation des compétences spécifiques des différents dicastères, si nécessaire en les transférant d’un dicastère à un autre, afin d’atteindre l’autonomie, la coordination et la subsidiarité dans les compétences, ainsi que l’interrelation dans le service.

En ce sens, le respect des principes de subsidiarité et de rationalisation des relations avec la secrétairerie d’Etat et à l’intérieur de celle-ci – entre ses diverses compétences -, est aussi nécessaire afin qu’elle soit, dans l’accomplissement de ses fonctions, l’aide directe la plus immédiate du pape. Ceci aussi pour une meilleure coordination des différents secteurs des dicastères et des bureaux de la Curie. La secrétairerie d’Etat pourra accomplir cette importante fonction qui est la sienne, justement en réalisant l’unité, l’interdépendance et la coordination de ses sections et de ses divers secteurs.

9.  Synodalité

Le travail de la Curie doit être synodal : réunions habituelles des chefs de dicastères présidées par le Pontife romain ; audiences di tabella des chefs de dicastères régulières ; réunions interdicastérielles habituelles. La réduction du nombre de dicastères permettra des rencontres plus fréquentes et plus systématiques des différents préfets avec le pape, ainsi que des réunions des chefs de dicastères efficaces, ce que ne peut être le cas d’un groupe trop nombreux.

La synodalité doit être vécue aussi à l’intérieur de chaque dicastère, en donnant une importance particulière au congresso et une fréquence plus élevée au moins à la session ordinaire. A l’intérieur de chaque dicastère il faut éviter la fragmentation qui peut être produite par différents facteurs, comme la multiplication des secteurs spécialisés qui peuvent tendre à être autoréférentiels. La coordination entre ceux-ci doit être faite par le secrétaire ou le sous-secrétaire.

10. Catholicité

Entre les collaborateurs, outre les prêtres et les consacrés/ées, la Curie doit refléter la catholicité de l’Église par l’embauche de personnel venant du monde entier, de diacres permanents et de fidèles laïcs dont le choix doit être attentivement fait sur la base de leur irréprochable vie spirituelle et morale et de leur compétence professionnelle. Il est opportun de prévoir l’accès d’un plus grand nombre de fidèles laïcs surtout dans les dicastères où ils peuvent être plus compétents que des clercs ou des consacrés. De plus, la valorisation du rôle de la femme et des laïcs dans la vie de l’Église est de grande importance, ainsi que leur intégration dans les rôles de conduite des dicastères, avec une attention particulière à la multiculturalité.

10.  Professionalité

Il est indispensable que chaque dicastère adopte une politique de formation permanente du personnel, pour éviter de “se rouiller » et de tomber dans la routine du fonctionnalisme. D’autre part, il est indispensable de d’archiver définitivement la pratique du promoveatur ut amoveatur. C’est un cancer.

12.  Gradualité (discernement)

La gradualité est le fruit du discernement indispensable qui implique processus historique, scansion de temps et d’étapes, contrôle, corrections, expérimentations, approbations ad experimentum. Donc, dans ces cas, il ne s’agit pas d’indécision mais de la flexibilité nécessaire pour pouvoir atteindre une véritable réforme.

 

QUELQUES PAS ACCOMPLIS

Je mentionne brièvement et de façon limitée certains pas réalisés en concrétisation des critères-guides, des recommandations expresses des cardinaux durant les réunions plénières avant le conclave, de la COSEA, du conseil des cardinaux, ainsi que des chefs de dicastère et d’autres personnes et experts :

- Le 13 avril 2013 a été annoncé le conseil des cardinaux (Consilium Cardinalium Summo Pontifici) – le dit C8 devenu C9 à partir du 1er juillet 2014 - en premier lieu pour conseiller le pape dans le gouvernement de l’Eglise universelle et sur d’autres thèmes relatifs, et aussi avec la tache spécifique de proposer la révision de la constitution apostolique Pastor Bonus.

- Avec le Chirographe du 24 juin 2013 a été érigée la commission référente sur l’Institut pour les Œuvres de Religion, pour connaître de manière plus approfondie la position juridique de l’IOR et permettre sa meilleure “harmonisation” avec “la mission universelle du Siège apostolique”. Le tout pour “permettre aux principes de l’Evangile d’imprégner aussi les activités de nature économique et financière” et pour arriver à une transparence complète et reconnue dans ses actes.

- Avec le Motu Proprio du 11 juillet 2013, il s’est agi de préciser la juridiction des organes judiciaires de l’Etat de la Cité du Vatican en matière pénale.

- Avec le Chirographe du 18 juillet 2013, a été instituée la COSEA (Commission pontificale référente d’étude et d’orientation sur l’organisation de la structure économico-administrative), avec le but d’étudier, d’analyser et de recueillir des informations, en coopération avec le conseil des cardinaux pour l’étude des problèmes organisationnels et économiques du Saint-Siège.

- Avec le Motu Proprio du 8 août 2013, a été institué le comité de sécurité financière du Saint-Siège, pour la prévention et l’opposition au blanchiment, au financement du terrorisme et à la prolifération des armes de destruction de masse. Le tout pour amener l’IOR et tout le système économique du Vatican à l’adoption régulière et à l’accomplissement complet, avec détermination et diligence, de toutes les lois standards internationales sur la transparence financière.

- Avec le Motu proprio du 15 novembre 2013 a été consolidée l’Autorité d’information financière (A.I.F.), instituée par Benoît XVI, par le Motu Proprio du 30 décembre 2010, pour la prévention et l’opposition aux activités illégales dans le domaine financier et monétaire.

- Avec le Motu proprio du 24 février 2014 (Fidelis Dispensator et Prudens), ont été érigés le secrétariat pour l’Economie et le conseil pour l’Economie, en remplacement du conseil des 15 cardinaux, avec la tâche d’harmoniser les politiques de contrôle concernant la gestion économique du Saint-Siège et de la Cité du Vatican.

- Avec le même Motu proprio (Fidelis Dispensator et Prudens)- 24 février 2014 – a été érigé le bureau du réviseur général (URG), nouvel organisme du Saint-Siège chargé d’accomplir la révision (audit) des dicastères de la Curie romaine, des institutions liées au Saint-Siège - ou qui font référence à lui – et des administrations du gouvernoratorat de l’Etat de la Cité du Vatican.

- Avec le Chirographe du 22 mars 2014 a été instituée la commission pontificale pour la protection des mineurs pour “promouvoir la protection de la dignité des mineurs et des adultes vulnérables, à travers les formes et les modalités, conformes à la nature de l’Eglise, considérées les plus opportunes”.

- Avec le Motu proprio du 8 juillet 2014,  la section ordinaire de l’administration du patrimoine du Siège apostolique a été transférée au Secrétariat pour l’économie.

- Le 22 février 2015 ont été approuvés les statuts pour les nouveaux organismes économiques.

- Avec le Motu proprio du 27 juin 2015 a été érigé le secrétariat pour la Communication avec la tâche de “répondre au contexte actuel de la communication, caractérisé par la présence et le développement des médias numériques, par les facteurs de la convergence et de l’interactivité”, et aussi de restructurer globalement, à travers un processus de réorganisation et de regroupement de “tous les organismes qui se sont occupés jusqu’à présent de diverses façons de la communication”, dans le but de “répondre toujours plus aux exigences de la mission de l’Eglise ».

- Le 6 septembre 2016 a été promulgué le statut du secrétariat pour la Communication, entré en vigueur en octobre dernier.

- Avec les deux Motu proprio du 15 août 2015, on a pourvu à la réforme du procès canonique pour les causes de déclaration de nullité de mariage : Mitis et misericors Iesus, dans le code des  canons des Eglises orientales ; Mitis Iudex Dominus Iesus, dans le code de droit canonique.

- Avec le Motu proprio du 4 juin 2016 (Come una madre amorevole), on a voulu prévenir la négligence des évêques dans l’exercice de leur fonction, en particulier au sujet des cas d’abus sexuel accomplis sur des mineurs et des adultes vulnérables.

- Avec le Motu proprio du 4 juillet 2016 (I beni temporali), suivant la règle de très grande importance que les organismes de vigilance soient séparés de ceux qui sont surveillés, ont été mieux définis les domaines respectifs de compétence du secrétariat pour l’Economie et de l’administration du patrimoine du Saint-Siège.

- Avec le Motu proprio du 15 août 2016 (Sedula Mater), a été constitué le dicastère pour les laïcs, la famille et la vie rappelant surtout la finalité pastorale générale du ministère pétrinien : « Nous nous employons promptement à disposer toutes choses afin que les richesses du Christ Jésus se déversent de façon adéquate et avec profusion parmi les fidèles ».

- Avec le Motu proprio du 17 août 2016 (Humanam progressionem), a été constitué le dicastère pour le service du Développement humain intégral, afin que le développement se réalise “à travers le soin que l’on porte aux biens incommensurables de la justice, de la paix et de la sauvegarde de la création”. Dans ce dicastère se rejoindront, au premier janvier 2017, quatre conseils pontificaux : Justice et Paix, Cor Unum, la Pastorale des migrants et la Pastorale des Services de santé. Je m’occuperai directement “ad tempus” de la section pour la pastorale des migrants et des réfugiés de ce nouveau dicastère.

- Le 18 octobre 2016 a été approuvé le statut de l’académie pontificale pour la Vie.

 

Notre rencontre a commencé en parlant de la signification de Noël comme renversement de nos critères humains pour souligner que le cœur et le centre de la réforme est le Christ (Christocentrisme).

Je voudrais simplement conclure avec une parole et une prière.

La parole est de rappeler que Noël est la fête de l’humilité aimante de Dieu.

Pour la prière, j’ai choisi l’invocation de Noël du P. Matta el Meskin (moine contemporain), qui, en s’adressant au Seigneur Jésus, né à Bethléem, s’exprime ainsi : « Si pour nous l’expérience de l’enfance est si difficile, pour toi, elle ne l’est pas, Fils de Dieu. Si nous trébuchons sur le chemin qui conduit à la communion avec toi selon cette petite taille, tu es capable d’enlever tous les obstacles qui nous en empêchent. Nous savons que tu ne seras pas en paix jusqu’à ce que tu nous trouves selon ta ressemblance et avec cette taille. Permets-nous aujourd’hui, Fils de Dieu, de nous approcher de ton cœur. Donne-nous de ne pas nous croire grands par nos expériences. Donne-nous au contraire, de devenir petits comme toi afin que nous puissions t’être proches et recevoir de toi humilité et douceur en abondance. Ne nous prive pas de ta révélation, l’épiphanie de ton enfance en nos cœurs, afin qu’avec elle nous puissions soigner tout orgueil et toute arrogance. Nous avons un besoin extrême […] que tu révèles en nous ta simplicité nous approchant nous de toi, de même que l’Eglise et le monde entier. Le monde est las et épuisé parce qu’il fait la course pour savoir qui est le plus grand. Il y a une concurrence impitoyable entre gouvernants, entre églises, entre peuples, à l’intérieur des familles, entre une paroisse et une autre : qui est le plus grand parmi nous ? Le monde est couvert des plaies de blessures douloureuses parce que sa grande maladie est : qui est le plus grand ? Mais aujourd’hui, nous avons trouvé en toi notre unique médicament, Fils de Dieu. Nous et le monde entier ne trouverons ni salut ni paix, si nous ne retournons/revenons pas te rencontrer de nouveau dans la mangeoire de Bethléem. Amen.

Merci, et je vous souhaite un saint Noël et une heureuse nouvelle année.

 

[improvisé]

Quand, il y a deux ans, j’ai parlé des maladies, l’un de vous est venu me dire : « Où dois-je aller, à la pharmacie ou me confesser ? » - « Mais, les deux », ai-je dit. Et quand j’ai salué le cardinal Brandmüller, il m’a regardé dans les yeux et il m’a dit : « Acquaviva ! ». Sur le moment je n’ai pas compris, mais ensuite, réfléchissant, réfléchissant, je me suis rappelé que Acquaviva, troisième général de la Compagnie de Jésus, avait écrit un livre que nous, étudiants, lisions en latin (les pères spirituels nous le faisaient lire). Il s’intitulait Industriae pro Superioribus ejusdem Societatis ad curandos 'animae morbos', c’est-à-dire 'les maladies de l’âme'. Il y a trois mois a paru une très bonne édition en italien, faite par le père Giuliano Raffo, mort récemment ; avec un bon prologue qui indique comment on doit le lire, et aussi une bonne introduction. Ce n’est pas une édition critique, mais la traduction est très belle, bien faite et je crois qu’elle peut aider. Comme cadeau de Noël, je souhaiterais l’offrir à chacun de vous. Merci.

 

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[*] "Gattopardisme" : du titre du roman de Lampedusa - et du film de Visconti -  'Il Gattopardo' ('Le Guépard'). La notion italienne de "gattopardisme" s'applique notamment à la phrase-programme du jeune Falconeri (Alain Delon dans le film) : "Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change."  ("Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi !"). En français d'aujourd'hui, cette phrase - déformée par l'usage - est devenue une sorte de proverbe : "Que tout change pour que rien ne change".

 

 

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Commentaires

LES MALVEILLANTS

> "...les résistances malveillantes, qui germent dans des esprits déformés et apparaissent quand le démon inspire des intentions mauvaises (souvent “déguisées en agneaux”). Ce dernier type de résistances se cache derrière les paroles de justification, et souvent accusatoires, en se réfugiant dans les traditions, dans les apparences, dans la formalité, dans le connu..."

Hélas, on les a sous les yeux. Et dans les oreilles.
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Écrit par : bernard gui / | 23/12/2016

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