16/12/2016
Le libéralisme pollue les moeurs
Critiquer les nouvelles moeurs sans critiquer le libéralisme, est aussi absurde que de critiquer le libéralisme sans critiquer les nouvelles moeurs :
Ce matin à Radio Notre-Dame, je soulevais - au sujet du FN tendance Philippot - un problème rarement abordé : la contradiction entre le fait de se dire anti-libéral et celui de soutenir l'entrée des "nouvelles moeurs" dans le code civil. Les "nouvelles moeurs" sont un sous-produit de la société marchande (comme le montre la posture LGBT des multinationales américaines, françaises, etc) ; ne pas voir cet aspect des choses, c'est récuser la mécanique totalitaire propre à l'économisme néolibéral. Ce qui ampute, donc annule, la critique du libéralisme avancée par les philippotistes... [*]
M. Philippot répondra qu'acquiescer aux nouvelles moeurs c'est créer le climat d'un élargissement de la base électorale du parti. Déjà ancré à droite, le FN avancerait ainsi à gauche : condition nécessaire pour gagner une présidentielle. Mais c'est une idée discutable ! Autant il est "politique" d'échapper aux idées fixes du ghetto réac, autant il est hasardeux de croire que l'électorat populaire soit sensible aux paillettes de moeurs : c'est notamment pour l'avoir cru que le PS (mal guidé par Terra Nova) a perdu les ouvriers puis les classes moyennes, et se retrouve sans base sociale et voué à l'éclatement après les législatives.
Le FN aussi aura du mal à préserver son unité à partir de la rentrée 2017. Militant contre l'élargissement à gauche, Mme Maréchal semble faire un calcul en forme de carrière parlementaire prolongée - ce qui mènerait à fusionner avec la droite modérée, comme fit en Italie Gianfranco Fini. C'est le contraire du calcul Philippot : d'où la virulence de leurs échanges de balles durant les dernières semaines. Ces échanges se calmeront sans doute avec l'ouverture de la pré-campagne présidentielle ; mais l'incompatibilité des vues et des ambitions ressurgira, d'autant plus fort qu'elle aura été refoulée pendant six mois.
Le destin du FN n'étant pas notre souci, l'essentiel reste ce que dit le début de cette note - et que pourraient méditer aussi bien les membres de Sens commun, ou les "populistes" : il est inutile de critiquer les effets sans remonter aux causes. It's the economy, stupid.
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[*] Le philippotisme est donc borgne... Quant au marionnisme, il est aveugle puisque ouvertement libéral ! (Ce qui le reliait au sarkozysme et le relie - quoi qu'il en dise - au fillonnisme, par une logique très visible sur la Côte d'Azur).
12:37 Publié dans Idées, Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ps, fn, philippot, marion maréchal
Commentaires
COHÉRENCE
> La cohérence fait défaut partout aujourd'hui.
Au Front de gauche et au FN-Philippot on critique le libéralisme sans critiquer les moeurs qu'il formate.
Chez Fillon et au FN-Marion on critique les moeurs formatées sans critiquer leur cause, le libéralisme.
Cette incohérence se retrouve dans les publics de ces partis. Ce qui les irrite c'est qu'on veuille établir la relation de cause à effet. Irritabilité typiquement postmoderne. A l'ère du subjectif il n'y a plus de logique.
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Écrit par : Guillemot / | 16/12/2016
MOEURS ET ÉCONOMIE
> Nouvelles moeurs et libéralisme économique: c'est l'oeuf et la poule.
Vous avez raison de dire que le libéralisme favorise et tire profit des moeurs, mais aussi, et peut-être surtout, les transformations sociétales en général, promouvant à la fois l’individualisme et les communautarismes moraux, culturels, ethniques, religieux aussi , ont grandement affaibli le politique.
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Écrit par : Pierre Huet / | 17/12/2016
BORGNES
> Philippot "borgne"... ça ne manque pas de sel quand on pense à quel point il apprécie le vieux Le Pen... Quand à Marion, se faire appeler à la fois "Maréchal" (nous voilà !) et "Le Pen", ça fait vraiment peur !
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Écrit par : Alex / | 17/12/2016
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