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05/09/2016

Imperturbable, Bruxelles continue le TAFTA-TTIP

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"Nous allons continuer à négocier. Ces accords de libre-échange sont de la plus grande importance..."  Comme on s'y attendait, M. Juncker ignore les objections (Fekl-Gabriel) et l'opinion publique :


 

 

Faite hier en marge du G20 de Hangzhou, la déclaration de Jean-Claude Juncker méprise les velléités d'insubordination de MM. Hollande, Fekl et Gabriel. L'engrenage du TAFTA continuera à tourner jusqu'à l'officialisation de "l'accord", écrasement de l'espace européen par les multinationales transatlantiques - et capitulation finale des Etats, sommés de sacrifier leurs lois sociales et environnementales sur l'autel des intérêts privés.

La Commission s'y était engagée auprès des lobbies qui ont conçu le projet de traité. M. Barroso (aujourd'hui chez Goldman-Sachs) a transmis la mission à M. Juncker. Quant aux gouvernements européens, ils sont complices et tiennent un double langage : Radio Vatican soulignait cela le 6 juin [1] et M. Juncker lui-même l'a confirmé hier en révélant, cruel : "Lors du dernier Conseil européen en juin, j'ai demandé à l'ensemble des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union s'ils voulaient que l'on poursuive les négociations. La réponse fut un oui unanime..."

Que s'est-il passé depuis juin pour que certains dirigeants politiques, à Berlin et à Paris, fassent mine de vouloir bloquer les négociations ? Ceux-là ont constaté que l'hostilité au TAFTA progressait dans l'opinion publique. Ils se sont rappelé que les élections approchaient. Sigmar Gabriel (ministre allemand de l'Economie et vice-chancelier) est membre du SPD : ce parti souhaite liquider Angela Merkel, acquise au TAFTA. Cherchant par quel biais se représenter malgré son impopularité, François Hollande cherche des poses à prendre :  le voilà feignant de résister - plus ou moins - à la pression d'intérêts américains...

Combien de temps durera cette pose ? Si M. Hollande et son secrétaire d'Etat Matthias Fekl la gardent quelque temps, elle les mènera à paraître défier Bruxelles : chose improbable, surtout s'il s'agit aussi de défier Washington sur le terrain économique - alors que l'Elysée lui cède dans tous les domaines ! (Début 2016, M. Hollande enclenchait ainsi le retour des bases américaines en France : un bond en arrière de cinquante ans et un pas vers la troisième guerre mondiale, pour des intérêts contraires aux nôtres [2] ).

Faut-il s'attendre à voir M. Fekl rengainer lors de la prochaine réunion européenne ?  et M. Hollande re-revenir à la télévision pour nous dire que "le TAFTA, il posait problème au stade précédent mais que le problème, il va se résoudre au nouveau stade qui est en vue"  ? Rien n'est impossible à ce président qui "prend ses réalités", comme dit obscurément Bruno Le Roux, chef de file des députés PS. Et comme disait pour sa part dès le 2 septembre le commissaire européen aux affaires économiques Pierre Moscovici (ex-ministre de M. Hollande) : il ne serait "pas pertinent" de suspendre les négociations du TAFTA.

M. Moscovici ajoutait, significativement, que la France  - "grand pays qui est au coeur de l'Europe et de nos relations transatlantiques" - se devait d'être "réaliste". Remarquons ce "nos" : désignant autre chose que le "grand pays" (la France), il ne peut se rapporter qu'à l'exécutif européen... La Commission se déclare résolue à "boucler l'accord à la fin de l'année". On sait que les parlements nationaux ne sont pas autorisés à le discuter. Jamais la vraie nature de la machinerie européenne ne s'est affichée aussi ouvertement.

 

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[1] Voir ici, notes des 30 et 31/08.

[2]  Lire à ce propos la protestation gaullienne du vice-amiral Debray :  http://reseauinternational.net/cinquante-ans-apres-retour...

 

 

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