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03/06/2016

La CFE-CGC face au "capitalisme devenu fou"

FRANCOIS_HOMMERIL399.jpg

Discours de son nouveau président le 1er juin :


 

M. Valls nous assène que les conflits sociaux, ce n'est pas "moderne". La presse de droite et la CFDT nous assurent que s'il y a des grèves, c'est à cause "des gauchistes"...

Ce consensus n'impressionne par M. Hommenil, nouveau président de la CFE-CGC (où l'on trouve pourtant plus de lecteurs du Figaro que de l'Humanité). Parlant le 1er juin au congrès de son organisation syndicale, il a déclaré :

" Depuis plus de vingt ans, les gouvernants ont failli. Ils devaient nous protéger, ils nous ont abandonnés au milieu d'un capitalisme devenu fou. Sans volonté de réagir et de protéger la classe moyenne, ils ont choisi, pour faire face à cette crise économique qui n'en finit pas, le nivellement par le bas."

C'est ce que notre blog s'entête à répéter depuis dix ans (sous les lazzis des libéraux de droite et d'extrême droite) ! Félicitons la CFE-CGC de tenir aujourd'hui le même langage, et de traiter l'article 2 du projet El Khomri d' "instrument de dumping social".

 

 

images.jpgTant que nous y sommes, voici une autre raclée administrée à la "modernité" version Valls. Elle est de Philippe Torreton, dans son billet de l'Humanité du 27/06 :  " Ce qui est moderne, donc, c'est d'accepter de plier les genoux, les gaules et l'échine. Résister est devenu archaïque [...]. Le patronat, lui, n'est pas archaïque, ses augmentations de salaires sans un gramme de décence et de morale, c'est moderne, ce chantage à l'emploi, c'est moderne, les délocalisations, c'est moderne, [...] le travail au noir dans le bâtiment, c'est moderne, cette volonté quasi-pavlovienne de baisser les salaires, augmenter les cadences, la productivité horaire, la précarisation du travailleur, la surveillance et la traçabilité des faits et gestes du salarié au sein de l'entreprise, c'est moderne, la fragilisation de la femme devenue mère, c'est moderne... [...] chercher par tous les moyens possibles à échapper à l'impôt, c'est moderne, opposer la fonction publique au secteur privé c'est moderne..."

 

Commentaires

LA MONDIALISATION

> Le coup de gueule de Torreton, comme celui de Hommenil, décrit bien les faits bruts. Mais ils sont un effet quasi mécanique de la mise en concurrence généralisée que produit la mondialisation. La mondialisation, c'est tout aussi moderne, c'est le point de convergence de la gauche et de la droite, ces messieurs la remettent-il en cause ?
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Écrit par : Pierre Huet / | 03/06/2016

MAINTENANT

> Les hommes politiques ont vendu la France à l'UE furieuse. Il faut sortir de ce piège, de cette UE, de ce machin et construire une autre Europe. Il faut le faire maintenant.
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Écrit par : Alain De Vos / | 03/06/2016

DISCUSSION

> Cher Patrice,
- N'y a-t'il pas quelques critiques qui puissent être dirigées contre d'autres cibles que les catholiques de droite défenseurs du libéralisme ? je ne pense pas en être, mais les catholiques de gauche seraient-ils tous et toujours d'ardents défenseurs du pape François et de ses encycliques ?
- la critique du libéralisme aussi justifiée soit-elle devrait être fondée sur la réalité et donc être nuancée; ayant passé plus de quarante ans de ma vie dans des entreprises internationales, je peux témoigner que tous les patrons ne sont pas uniquement préoccupés de maltraiter leurs employés afin de maximiser leur profit personnel. Ces employés de tous niveaux se battent pour la survie de l'entreprise, ses progrès par l'innovation, les gains de productivité et autres performances, afin de contrer les attaques d'autres entreprises tout aussi soucieuses de leur survie. On peut rêver d'un monde sans concurrence mais ce n'est pas la réalité. (Que connaît M. Torreton de ce monde-là?). Cette économie réelle existe et elle a se défend du monde de la financiarisation et de ses dérives insensées, à combattre bien entendu.
- les relevés de conversation sur facebook sont vraiment d'une portée limité; commenter les commentaires de n'importe qui ne peut avoir qu'un intérêt sociologique au maximum.
- je souhaite vraiment que les noms et références de ces catholiques de droite abhorrés pour leur position pro-libérale et anti-François soient divulgués car j'avoue que j'ai du mal à les distinguer; j'ai bien compris que du point de vue de la rigueur (ou rigidité) sur certains aspects, je ne suis pas dans le mainstream de ce blog , mais ce n'est pas sur mon adhésion à Laudato Si ou au discours de Santa Cruz.
- Enfin, Patrice, commencer par deux fois votre analyse d' Amoris Laetitia (la joie de l'amour...) par une critique frontale de ces cathos de droite, avant même qu'ils ne se soient exprimés, c'est un peu exagéré.
Bien à toi

Bruno de Tarlé


[ PP à BT

Cher Bruno,

1. Sur l'économie :
- Je ne fais que relayer et illustrer l'analyse du pape dans 'Evangelii Gaudium' (paragraphes 53
et suivants) et dans 'Laudato Si'. Il s'agit de la structure même du système, non des comportements individuels de dirigeants d'entreprise – qui peuvent être très variables.
François définit cette structure quand il parle de l'idole Argent et du délire spéculatif. Il faut se souvenir que le casino financier n'est devenu la loi du monde que récemment (années 1980-1990), et que cette loi n'aura qu'un temps parce qu'elle est autodestructrice.
- Tu me parles de la concurrence en général : elle a en effet a existé de tout temps ; mais ce qu'elle est devenue aujourd'hui n'a plus rien à voir avec la concurrence idéale (théorique) des manuels d'économie.
- Tu me parles de l'entreprise vue de l'intérieur. C'est un sujet controversé même si la situation varie d'une société à l'autre, et le problème n'est pas là : il est dans la règle du jeu imposée à l'économie réelle par la financiarisation : avec entre autres les conséquences que cette règle, ou tyrannie, peut avoir dans le management. Sur ce point je te suggère de lire 'Le nouvel esprit du capitalisme' de Boltanski et Chiapello (Gallimard 1999), gros livre déjà ancien mais qui décrivait bien le problème.

2. Sur les "catholiques de droite" hostiles au pape :
- Le fait est que les attaques contre le pape ne viennent que de ce secteur de l'opinion.
- Si j'indique peu de noms (ceux de gens connus) et jamais de sites, c'est que ce milieu a déjà bien assez le tic de tout réduire à des querelles de personnes. Par ailleurs, la plupart des anti-pape sur les réseaux sociaux utilisent des pseudonymes.
- Tous les « catholiques de droite » n'attaquent pas le pape. Certains me disent sur Facebook être « de droite » (mais que veut dire « droite »?) et avoir étudié avec joie 'Laudato Si'.
- Ceux qui attaquent le pape ne le font pas pour des motifs fondés dans l'Evangile. Ils l'attaquent en raison de leurs opinions économiques et politiques. Pour ceux qui niaient la nocivité du néo-libéralisme et la réalité du ravage environnemental, 'Laudato Si' est un appel (au nom des faits et de la responsabilité chrétienne) à changer d'avis. Certains entendent cet appel : j'en suis témoin à chaque rencontre-débat. D'autres font la sourde oreille. D'autres se déchaînent contre le pape, et vont très loin dans l'invective et les faux procès.
- Les faits sont là, bien que tu aies eu la chance de ne pas y être confronté personnellement. L'encyclique s'est heurtée à l'hostilité du big business pour des raisons d'idéologie économique, comme le rapporte Patrick J. Deneen (cliquer ce nom ici dans la fenêtre RECHERCHER). Le big business n'est certes pas "catho" (cf le militantisme LGBT de multinationales), mais sur le plan des idées économiques il influence une fraction des milieux catho. D'où la campagne, mi-feutrée mi-agressive, menée en France pour discréditer le pape... Campagne qui revêt des formes diverses, allant des colloques chic (Bruno Lafont donnant tort au pape devant quatre cents personnes à St-Philippe-du-Roule) aux messages Facebook, beaucoup moins chics mais beaucoup plus lus...
- Messages dont j'ai donné un échantillon représentatif, parce qu'on ne peut pas laisser les autres catholiques ignorer ce qui se dit en leur nom. Plusieurs évêques français sont d'ailleurs inquiets du « magistère parallèle » qui s'est installé sur le web depuis trois ans.
- A propos d'Amoris Laetitia : la cabale anti-François vise ce second document autant qu'elle vise l'encyclique. Ça permet de répandre que « ce pape » est aussi hérétique en théologie morale que communiste en économie.
- La cabale vient de la Curie ; elle métastase dans la bourgeoisie française, jusque chez quelques prêtres qui distillent (encore récemment sur KTO) le désarroi et la suspicion envers le pape. Je crois n'avoir pas tort de le voir et de le dire.
- D'autant que, sur le plan religieux, l'encyclique et l'exhortation apostolique sont des événements providentiels. Elles ont suscité un intérêt inédit envers le catholicisme parmi la grande foule des incroyants. Les médias n'en parlent pas, mais tous les catholiques se souciant d'évangélisation peuvent en témoigner, et c'est palpable dans les paroisses : l'effet François est profondément positif chez les trois quarts des fidèles. D'où l'inquiétude de voir des bergogliophobes influencer
le quart restant, en occupant la visibilité sur les réseaux sociaux et en « travaillant » un segment du public modéré sur lequel ils ont acquis une emprise à la faveur des MPT en 2013. Et d'où la mobilisation – en réplique – d'un certain nombre de blogueurs catholiques qui ne veulent pas laisser faire. J'en fais partie...

Bien à toi. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Bruno de Tarlé / | 03/06/2016

MPT

> "un segment du public sur lequel ils ont acquis une emprise à la faveur des MPT en 2013". La direction des MPT s'en rendra-t-elle compte un jour ?
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Écrit par : a. ancelin / | 04/06/2016

POURQUOI L'ARTICLE 2 ?

> Sans vouloir être rabat-joie, je m'inquiète de la focalisation croissante des centrales syndicales sur l'article 2. Le dumping social vient de l'extérieur (importation, détachement de travailleurs de l'est européen), il n'a pas attendu la loi El Khomri.
Ce sujet est moins grave que la précarité: Essayez de trouver un appartement en location si vous êtes en CDD, ou si vos cautions possibles, parents par exemple, le sont aussi.
Les syndicalistes sont des hommes comme les autres, j'en ai observé certains de près et longtemps, les ambitions existent aussi dans ce milieu, ainsi que le soucis de conserver son pouvoir. Aussi je ne suis pas sûr que l'opposition à un article qui réduit le pouvoir des centrales syndicale soit complètement désintéressée.
Vu le taux de syndicalisation des Français, cette inquiétude doit être partagée.
______

Écrit par : Pierre Huet / | 04/06/2016

MÊME LE F.M.I.

> Même le FMI reconnaît même si c'est prudemment la nocivité du néolibéralisme ! Voir la chronique de Sylvie Kauffmann dans 'Le Monde' daté des 5-6 juin.
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Écrit par : Elisabeth Daumas / | 04/06/2016

@ Bruno de Tarlé

> Ne nous caricaturez pas, nous qui sommes dans "le mainstream de ce blog". Nous ne disons pas que "tous les patrons sont uniquement préoccupés de maltraiter leurs employés afin de maximiser leur profit personnel", mais que tous sont pris dans un système qui est mauvais.
Je prends un exemple : les directions du personnel sont devenues des directions des ressources humaines. J'ai été étonné que tout le monde n'ait pas été choqué quand a eu lieu ce changement. Une personne agit, crée ; une ressource ne fait rien d'elle même, il faut qu'on en fasse quelque chose.
Le résultat logique est visible aujourd'hui : les travailleurs subalternes sont considérés comme toujours trop payés, même au minimum légal, alors que les PDG estiment ne l'être jamais assez : ce sont eux qui créent de la richesse par une bonne utilisation des ressources... Les employés sont comme n'importe quelle autre ressource : il faut savoir en tirer le maximum avec le minimum de dépense. C'est la logique d'aujourd'hui et cela a un nom : l'esclavage.
Tous les patrons ne le veulent pas, mais tous sont complices à partir du moment où ils ne se désolidarisent pas clairement du système.
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Écrit par : Guadet / | 05/06/2016

Les commentaires sont fermés.