05/05/2016
Fête de l'Ascension du Seigneur
Un théologien rappelle la perspective :
Actes 1, 1-11 / Hébreux 9, 24-28 / Luc 24, 46-53
commentés par Hans Urs von Balthasar
<< Le départ de Jésus vers le Père se produit avec une bénédiction finale qui enveloppe tout l'avenir de l'Eglise, dont l'efficacité dure à travers les temps et régit toute notre activité. >>
<< La première lecture, commencement des Actes des Apôtres, écarte les attentes limitées des disciples qui espèrent toujours la restauration du Royaume d'Israël. Elle élargit expressément le champ missionnaire qui, partant de Jérusalem, passe par la Judée et le pays hérétique de Samarie et va jusqu'aux extrémités de la terre. La réconciliation réalisée par Dieu dans le Christ concerne le monde entier, tous les peuples doivent en bénéficier. Les Apôtres ne font pas de propagande pour une religion déterminée, mais annoncent un événement divin qui intéresse par avance tous les hommes, et les a déjà atteints, qu'ils le sachent ou non... >>
Etant l'un des grands théologiens du XXe siècle (avec Lubac, Bouyer et un petit nombre d'autres), Balthasar indique ici trois idées cruciales :
1. La bénédiction du Seigneur enveloppe tout l'avenir de l'Eglise : rappelons-le à tels "philosophes catholiques" qui cherchent à semer la méfiance dans le public à l'encontre d'Amoris laetitia...
2. Les Actes des Apôtres mettent en garde contre l'hérésie nationale-religieuse : le Seigneur dit clairement aux disciples qu'il ne s'agit pas de "rétablir" ou restaurer quoi que ce soit – mais de porter le feu "jusqu'aux extrémités de la terre", quitte à se consumer dans la mission ! Les croyants sont là pour une seule tâche : faire connaître à "tous les peuples" (dit saint Luc) le salut en Jésus-Christ. La pire erreur consisterait à s'enfermer autour d'une "identité" qui, par le fait même de cet enfermement, cesserait bientôt d'être "chrétienne".
3. La mission ne consiste pas à "faire de la propagande pour une religion déterminée", souligne Balthasar. Selon la foi catholique, la révélation en Jésus-Christ n'est pas "l'une des religions" (elle ne se réduit certainement pas à "la spiritualité de l'Occident"). Elle est "un événement divin qui intéresse par avance tous les hommes" ! Balthasar dit aussi : "une vérité objective"... D'où la gravité de l'erreur évoquée ci-dessus. Scléroser le christianisme en "identité" subjective, c'est en faire la religiosité coutumière d'une tribu "culturelle" parmi toutes les tribus "culturelles" ;"culture" d'autant plus fragile qu'elle se réduit au rang de coutume archaïque, dans une société ultralibérale où toutes les coutumes archaïques sont en voie de carbonisation...
Pour échapper à ce vertige de mort, l'urgence est de rallumer notre foi chrétienne au feu originel de l'Evangile. C'est exactement à ça que nous appelle le pape François.
00:11 Publié dans Eglises | Lien permanent | Tags : ascension du christ