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05/04/2016

'Libération' découvre la post-démocratie...

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...vingt ans après Alexandre Zinoviev :


 

 

Dans ses pages Idées, le quotidien Libération (5/04) éprouve soudain le besoin de faire le point sur la notion de post-démocratie : « Apparu dans les années 2000 dans le monde anglo-saxon, ce terme revient dans le 9ab1e9b1fd4bc36c3f538be219f20c3ev1_max_755x566_b3535db83dc50e27c1bb1392364c95a2.jpgdébat pour obliger à penser un système essoufflé. Philosophes et historiens en discutent la pertinence... » Libé se trompe : le terme n'est pas apparu en 2000 sous la plume du « politologue britannique Colin Crouch » [photo], mais en 1995 sous celle de l'ex-dissident soviétique Alexandre Zinoviev publiant son livre L'Occidentisme : essai sur le triomphe d'une idéologie. Comme je l'ai souvent dit, c'est de Zinoviev que nous tenons le concept (de plus en plus pertinent) de post-démocratie. On peut s'étonner que la journaliste Sonya Faure n'ait pas lu un auteur russe qui a marqué l'époque... Mais pour la première fois dans ce journal ultra-conformiste, Libé dit ce matin ce que disent depuis vingt ans (après Zinoviev) une poignée d'intellectuels parisiens rarement invités par le quotidien bobo. Je cite l'article :

 

« [Le terme de post-démocratie] désigne un nouveau stade de la démocratie, celui de l'ère capitaliste globalisée. Derrière leur apparence démocratique – les élections ont bien lieu, la liberté d'expression et le pluralisme sont assurés, les partis politiques existent encore – nos sociétés ne donneraient plus aux citoyens la place qui leur revient. Les décisions sont prises ailleurs, par d'autres : au sein des lobbies, des grandes entreprises dont le lien avec les élites politiques se sont resserrés, ou dans les institutions supranationales comme l'OMC... »

 

«  [Selon Yves Sintomer, professeur de sciences politiques à Paris-VIII], la centralité de l'élection est aujourd'hui concurrencée par d'autres espaces ''qui prennent leurs décisions à porte close'', comme les agences de notations de mise sur le marché dont le rôle n'a cessé de grossir avec le développement des techno-sciences... »

 

«  En France, c'est l'Union européenne qui est régulièrement accusée d'être l'institution post-démocratique par excellence. Le référendum de 2005 sur la Constitution en serait le grand révélateur. ''Alors qu'un moment de grande qualité démocratique avait eu lieu sur de multiples scènes et à travers de multiples lectures, le vote des citoyens a été récusé'', condamne Sophie Wahnich. Pour Fabien Escalona, enseignant à Sciences-Po Grenoble, Jean-Claude Juncker est même ''l'incarnation presque chimiquement pure de la post-démocratie européenne''. Elu président de la Commission ''après avoir été sélectionné dans des négociations de coulisses totalement déconnectées de toute influence populaire'' […], Juncker n'a pas hésité, l'an dernier, à mettre en garde la Grèce contre tout ''mauvais résultat'' aux élections... Les experts savent mieux que le peuple ce qui est bon pour lui. »

 

 

► L'article de Sonya Faure n'a pas dû plaire à Raphaël Enthoven. Il s'est livré ce matin, dans son billet quotidien d'Europe 1, à une sorte de nervosité contre les veilleurs de gauche de la place de la République. Que leur reproche-t-il ? Un de leurs cris de guerre : « Non à la dictature ultralibérale »... « Comment osent-ils parler de dictature ici alors qu'ailleurs les homosexuels sont persécutés et les femmes mises en cage ? », fulmine-t-il. « Professeur de philosophie, animateur de radio-télévision, orateur dans les conventions et séminaires d'entreprise », Raphaël Enthoven lit : mais s'il a lu Zinoviev et Colin Crouch, il n'en a pas tiré grand'chose.

 ___________

* ex-gendre de BHL, ex-mari de Carla Bruni, proche en 2015 de l'écolophobe sarkozyste Maud Fontenoy...

 

 

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10:57 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : idées

Commentaires

ZINOVIEV

> Parcours intéressant, celui de Zonviev. Dissident réprimé sous le communisme finissant. Puis anti-"occidental" résolu.
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Écrit par : Trofim / | 06/04/2016

EN ATTENDANT

> http://www.huffingtonpost.fr/pierre-belmont/nous-avons-lance-le-processus-de-deuil-de-notre-propre-espece_b_9603856.html?utm_hp_ref=france
Paul Jorion rejoint Fabrice Hadjaj (rouvrez, par exemple, les pages de: "Puisque tout est en voie de destruction : Réflexions sur la fin de la culture et de la modernité").
Sauf que la pensée de Fabrice Hadjaj est davantage mu par la joie et l'espérance.
Bref, de quoi méditer en attendant la Parousie ?
De quoi agir encore et toujours, sans se contenter de prêter une oreille attentive, tout en exerçant notre jugement à toujours davantage de lucidité, du moins jusqu'à ce que nous distinguions sans équivoque possible le bruit des sabots des Cavaliers de l'Apocalypse ...
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Écrit par : Aventin / | 06/04/2016

NIHIL

> Ceux qui voudront s'intéresser à ce qui se passe en ce moment pourront méditer sur la fin de la République à Rome au 1er siècle avant Jésus Christ. Nihil novi sub sole, sauf les moyens mis en oeuvre.
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Écrit par : Fernand Naudin / | 06/04/2016

AU POSSIBLE

> Raphael Enthoven est un peu l'Attali (en moins brillant quand même) des années 2010 : l'idiot instruit. Mondain au possible, bien-pensant au possible (avec la petite sauce "iconoclaste de droite" à la mode).
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Écrit par : Mondains de choc / | 07/04/2016

ICI

> "Comment osent-ils parler de dictature quand ailleurs les homosexuels sont persécutés et les femmes mises en cage ?"
Ils osent parce que ici et ailleurs les femmes et les hommes sont (deviennent) esclaves, les enfants deviennent des biens de consommation. Comment peut-on parler de liberté quand les travailleurs, manuels comme intellectuels sont soumis à des objectifs de rendement et des horaires qui détruisent leur santé ? Quand ils doivent travailler le dimanche, sacrifiant ainsi le seul jour qu'ils pourraient passer en famille ou avec leurs amis ?
Ils sont libres de refuser disent nos vertueux tartuffes. Oh oui, très libres, quand on leur donne à tous des contrats de 25 ou 30 heures, payées au SMIC, et qu'ils savent que s'ils refusent le travail du dimanche, on leur donnera les horaires les plus merdiques (par exemple les jours et heures où la nourrice n'est pas disponible pour les enfants) et qu'ils seront en tête de liste si on licencie.
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Écrit par : Bernadette / | 08/04/2016

Les commentaires sont fermés.