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21/03/2016

Pédophilie : n'esquivons pas la directive du pape

...et ne donnons pas l'impression de voiler les fautes dans l'Eglise :


 

Des notables laïcs catholiques disaient : "le pape ne comprend pas l'économie".  D'autres, maintenant, nous disent que sa directive (tolérance zéro) sur les prêtres pédophiles est "excessive" !

Leur argument : "Si tout prêtre accusé de ce crime doit être suspendu par sa hiérarchie, c'est la porte ouverte à une chasse aux sorcières* contre tout le clergé."

Cet argument ne tient pas. Envisageons les deux hypothèses concrètes :

1. Une chasse aux sorcières "à chaud", pour des faits actuels ? Mais les seuls enfants confiés à des prêtres sont de familles catholiques. Les seuls parents susceptibles de porter plainte sont des parents catholiques. De la part de ce milieu, peut-on imaginer une épidémie de fausses accusations contre des prêtres ? Or, sans plainte de parents, aucun battage médiatique ne peut s'organiser autour de faits actuels ou récents... Ce facteur enlève à l'argument de la « chasse aux sorcières » la moitié de sa crédibilité.

2. Une chasse aux sorcières "à froid", pour des faits anciens ? Ce sont les plaintes d'adultes se souvenant d'avoir été victimes vingt-cinq ans plus tôt. Jusqu'à présent ces cas sont rares en France ; imagine-t-on des foules d'anciens scouts ou d'ex-petits paroissiens déclenchant la tant redoutée chasse aux sorcières en calomniant rétrospectivement n'importe quel prêtre  ? C'est peu plausible, sauf dans « les théories du complot » (comme disent les chroniqueurs de l'audiovisuel). Quant aux faits lyonnais reprochés à deux prêtres**, ce ne sont pas des calomnies.

Certes, la campagne contre le cardinal Barbarin a atteint l'inacceptable et le fantasmatique sur Twitter. Certes aussi, on peut y voir une séquelle des controverses sociétales de 2013. Mais si c'est le cas, au lieu de crier à la cathophobie nous ferions mieux de regarder les réalités :

Les catholiques sont dans une position difficile. Intervenir dans les débats de société est pour nous un devoir de conscience. Mais cette intervention nous expose à des hostilités de principe : hostilités de plus en plus répandues parce que liées à l'idéologie ambiante, issue du système économique.

- Plus la mission devient difficile, plus nous devons être exigeants envers nous-mêmes. Pour faire entendre notre voix dans les controverses sociétales, nous ne devons surtout pas donner l'impression, par ailleurs, de voiler les fautes quand elles viennent de nos propres rangs.

 

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* ou : « à des lynchages médiatiques ».

** le troisième n'est pas un cas de pédophilie.

 

Commentaires

TOUT CELA

> Je pense que juridiquement, "l'affaire" Barbarin n'aboutira pas. Je suis surprise toutefois de son manque de prudence (de même que celui de ses prédécesseurs). Même vieux de trente ans, de tels délits devraient éloigner pour toujours des enfants et des adolescents, donc des paroisses.
Je m'interroge tout de même sur la prise de parole de certaines victimes : qui est responsable? Le cardinal Barbarin, qui n'était pas là, et qui se retrouve face à des délits prescrits contre lesquels personne n'a porté plainte, ou les parents, les médecins, et tout l'entourage de l'époque qui les a empêché de porter plainte? Tout cela me semble confus - ce qui n'enlève rien au manque de prudence du cardinal.
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Écrit par : Maud / | 21/03/2016

MAIS

> Entièrement d'accord (être exigeant envers soit même), mais on en revient quand même au problème qu'on exige d'un chrétien ce qu'on n'exige d'aucune autre personnalité. C'est quand même un moyen d'essayer de faire taire les chrétiens.
Osons affirmer que oui nous ne sommes pas parfaits, et que cela nous oblige pas au silence car le seul homme qui l'ait jamais été n'a pas été reconnu à sa juste valeur ni par les siens ni par ses opposants et a fini (son parcours en tant homme) supplicié sur une croix parce que justement trop parfait ! ?
et prions en tant que P.P.P.P.* comme disait JP II.
[ (*): Pauvres Petits Pêcheurs Pardonnés, lui étant un P.P.P.P.P.P. Pauvre Petit Pape Polonais Pêcheur Pardonné ! :-) ]

Franz


[ PP à Franz :
- "On exige d'un chrétien ce qu'on exige d'aucune autre personnalité".
- Plus précisément : les chrétiens exigent d'eux-mêmes ce qu'ils n'exigent pas des autres.
- Encore plus précisément : Jésus-Christ exige des chrétiens ce qu'il n'exige pas des autres. Ce n'est pas pour faire taire les chrétiens : c'est pour qu'ils parlent, mais bien. "Quelqu'un nouera ta ceinture et te mènera où tu n'aurais pas voulu aller..." ]

réponse au commentaire

Écrit par : franz / | 21/03/2016

AMBIANCE

> Ces "notables catholiques" ne représentent rien. La quasi-totalité des croyants approuvent évidemment la tolérance zéro en ce domaine. Nous avons une obligation de moyen ET de résultat.
Sur la position difficile des catholiques, attention à ne pas toujours invoquer la même raison comme "l'idéologie ambiante, issue du système économique." Ce sont surtout avec ces terribles affaires que les gens hostiles essaient de vous clouer le bec, bien avant tout le reste (la plupart des gens sont victimes du libéralisme mondialisé, ne l'oublions pas).

TM


[ PP à TM - On invoque une raison quand il faut l'invoquer; et dans une société entièrement dominée par l'idole Argent, l'idéologie correspondante est présente dans tous les problèmes : c'est logique, même si le tradi préférerait un adversaire à l'ancienne.
C'est particulièrement frappant en ce qui concerne l'attitude de notre société envers l'Eglise catholique : la nouvelle cathophobie est apparue dans les années 1990, au moment où l'idéologie ambiante se mettait en place. Les deux sont liées. C'est un fait. Benoît XVI l'avait d'ailleurs signalé en son temps...
Mais bien entendu, les "terribles affaires" existent indépendamment de l'attitude ambiante.
Je veux simplement dire que la conjonction des deux produit un résultat redoutable. Ou que la présence de l'idéologie ambiante devrait rendre l'Eglise spécialement vigilante quant à ses propres fautes ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Thomas Mousset / | 21/03/2016

@ Maud :

> tout à fait d'accord avec toi.

@ PP :

> Oui, soyons prêts à aller où nous ne voulons pas qu'on nous mène... Culturellement, médiatiquement, nous sommes perdants, voire perdus, car "les fils de ce monde sont plus habiles que les fils de la lumière" (Lc 16, 38). Maritain et F. Hadjadj nous l'ont redit : nous n'aurons jamais que des moyens (toujours plus) pauvres pour évangéliser. Et à toutes les époques les chrétiens ont été critiqués ou contestés, à juste titre, quand ils n'ont pas été à la hauteur de leur bonne nouvelle. En particulier les prêtres, bien entendu, coeur eucharistique du Corps du Christ, comme vous le rappeliez, cher PP. Prions, et soutenons nos prêtres.

(PS : désolé pour les envois intempestifs de commentaires non finis = fausse manip...)
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Écrit par : Alex / | 21/03/2016

Les commentaires sont fermés.