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18/03/2016

Prêtres pédophiles : un crime métaphysique

La clameur brouille les faits. Mettons les choses au clair :


En ce qui concerne Lyon, n'anticipons pas sur les conclusions de l'enquête. L'urgence est ailleurs. Elle nous impose de regarder sous l'angle de l'essentiel le problème de l'Eglise et de la pédophilie.

L'essentiel pour les chrétiens, c'est (ou devrait être) d'évangéliser le monde actuel. On évangélise par le témoignage concret, non par les belles paroles. La première lettre de saint Pierre dit en gros : soyez prêts à donner les raisons de votre espérance à qui vous les demandera... Encore faut-il qu'on ait envie de nous les demander. Et donc, que nous vivions réellement et visiblement l'espérance : c'est-à-dire l'Evangile. Si nous ne vivons pas l'Evangile, ça se voit. Si nous vivons le contraire de l'Evangile, ça se voit encore plus.

Le pire des cas et le plus radicalement contraire à l'Evangile, le crachat infernal sur la face du Christ, c'est la pédophilidans la prêtrise : quand le prêtre –  alter Christus par vocation – s'en prend à l'enfant, dans une effroyable inversion de Matthieu 19,14 où le Christ dit précisément : « laissez venir à moi les petits enfants ». Devant le prêtre pédophile on est pris d'épouvante, aurait dit Léon Bloy.

Et le contre-témoignage du prêtre pédophile atteint l'Eglise dans son coeur eucharistique. Il sème la méfiance chez les parents chrétiens. Il entrave l'évangélisation, à un point dont nombre de catholiques ne se rendent pas compte.*

C'est pourquoi Benoît XVI et François ont martelé depuis des années que la règle d'Eglise envers les prêtres pédophiles doit être la tolérance zéro : suspension immédiate** dès que les faits sont connus ! C'est clair. Net. Sans appel. Il n'y a qu'à appliquer la directive des papes. Aucune esquive n'est permise, aucune échappatoire via le psychologisme et les phrases compassionnelles ; les victimes de la pédophilie ne veulent pas de mots, elles veulent la justice.

Une erreur immense serait de croire « défendre l'Eglise » en minimisant la portée catastrophique de la pédophilie de prêtres. Par exemple, relativiser leur cas en le comparant au cas d'enseignants pédophiles... Une telle défense oublie le caractère unique, incomparable, du sacerdoce catholique ! Le prêtre n'est pas une sorte de prof, il est « un autre Christ » : masquer cet élément crucial serait déserter notre espérance qui tient tout entière en Jésus-Christ, ce qui implique l'Eucharistie - pour laquelle le prêtre est configuré au Christ.

Souvenons-nous que l'essentiel est le témoignage à donner. Pour des catholiques, être avec l'Eglise n'est pas autre chose qu'être avec le Christ, donc jusqu'à Gethsémani et au Calvaire ! « Remets ton épée au fourreau » : ne t'imagine pas défendre  l'Eglise comme tu défendrais un parti, puisque l'Eglise n'est justement pas un parti...

Montrons aux non-croyants que, loin de minimiser l'horreur de la pédophilie de prêtres, le catholique la voit infiniment pire qu'ils ne la voient.

Et prions pour tous.

 

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* La religiosité bourgeoise de la fin du XXe siècle a remplacé la morale des conséquences par une morale des intentions. Cette substitution est : 1. un réductionnisme pervers, 2. une déviance grave par rapport à la théologie catholique. C'est aussi grâce à la morale des intentions que des managers catholiques se donnent bonne conscience tout en coopérant à une structure de péché.

** sans compter bien entendu la coopération avec la police et le parquet.

 

 

17:45 Publié dans Eglises, Idées | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : pédophiles

Commentaires

MISE AU POINT

> Merci PP pour cette excellente mise au point. Et pour la note : « sans compter bien entendu la coopération avec la police et le parquet ».
Un de mes proches, qui exerça la psychiatrie, eut à conjuguer secret professionnel et révélation de crimes de cet ordre… Il coopéra, comme vous dites, avec la police et le parquet. Il ne s’en cachait pas. Où s’arrête le fameux « secret professionnel » ? Est-il assimilable au « secret de la confession » ?
Il est clair que le prêtre qui reçoit, sous le sceau de la confession, l’aveu d’un acte pédophile, ou de tout autre crime, n’est pas tenu de dénoncer le coupable à la police. Mais il doit pousser l’auteur des faits criminels à se dénoncer. Et quand l’aveu de culpabilité est celui d’un prêtre, il est de son devoir, quoi qu’il en coûte à l’Eglise, de faire remonter l’information jusqu’à son évêque ! Et l’évêque doit obtenir que le coupable se dénonce, ou faire en sorte que la justice soit saisie.
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Écrit par : Denis / | 18/03/2016

LE SENS DES MOTS

> "Suspension immédiate dès que les faits sont connus" ? Vraiment ! Donc il suffit qu'une personne mal intentionnée ou perturbée fasse une fausse déclaration contre un prêtre pour que celui-ci soit immédiatement suspendu et que son nom soit jeté en pâture à l'opinion et à la presse (c'est arrivé en Suisse à cause d'une femme qui a reconnu plusieurs mois après qu'elle avait tout inventé). Et bien non !

BH


[ PP à BH :
- Mais non. "Dès que les FAITS sont connus", ça ne veut pas dire "dès que quelqu'un a dit quelque chose". (Pour vous éviter un coup de sang j'aurais dû écrire : "Dès que les faits sont établis.")
- Avant de monter sur vos grands chevaux, vous pourriez vous mettre à la place des enfants, des parents, et des incroyants sidérés de voir des prêtres commettre de pareilles choses.
- Crier au complot de la méchante gauche contre la sainte Eglise n'est certainement pas la réponse que nos contemporains attendent de celle-ci. "Remets ton glaive au fourreau, Pierre". C'est le moment où jamais d'écouter le Christ à Gethsémani. ]

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Écrit par : B.H. / | 18/03/2016

PERMÉABILITÉ

> Crime métaphysique oui
Cela confirme que ce crime vient d'une trop grande perméabilité au monde.
C'est ce qu'on dit peu : l'époque du pic de ces crimes est celles des années 70-80, c'est à dire celle ou la pédophilie était vue comme une liberté par le monde.

Ludovic


[ PP à L. - C'est une explication. Ce n'est évidemment pas une excuse... ]

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Écrit par : Ludovic / | 19/03/2016

OGRES

> Merci pour cette mise au point. Si la barque de L’Église prend l'eau de toutes parts c'est bien à cause des scandales internes qui la défigurent, celui-ci étant de loin le pire.
La cause des enfants me semble tout de même instrumentalisée par des militants moins scrupuleux dans les années 1970. 'Libé', par exemple, se gargarise de la situation et oublie un peu qu'il est facile de retrouver certains articles anciens du genre "Apprenez l'amour à vos enfants". Cohn-Bendit est appelé à l'aide pour donner son avis en expert qu'il est...
En fait, leur combat a muté. La libéralisation ultime des mœurs (la pédophilie) ne fait qu'un avec la libéralisation de l'économie. Leur combat maintenant passe par la GPA et toute personne qui met des bâtons dans les roues de cette déferlante de la marchandisation de l'humain est vouée à la mort sociale. Mgr Barbarin, qu'il ne s'agit pas ici de juger, en fait les frais, le tribunal révolutionnaire l'ayant déjà condamné. L'enfant est objectivé comme il y a quarante ans mais en plus il s'achète et cela fait les délices de nos ogres aux dents longues.
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Écrit par : isabelle / | 19/03/2016

L'ESSENTIEL

> Je viens d'écouter le 'Débat de la semaine' sur RND. A propos de cette "affaire" et du déchaînement du Système contre le cardinal Barbarin (donc contre l'Eglise et les croyants, ne soyons pas naïfs, pour les raisons que M. Lindell a indiquées), les interventions se complètent très bien. A vous trois vous avez dit l'essentiel et avez abordé les aspects les plus importants. Parfait.
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Écrit par : Thomas Mousset / | 19/03/2016

L'ESSENTIEL

> Bonjour,
cette affaire commençait à me mettre très mal à l'aise, oscillant entre interrogations, malaise, écoeurement, colère, ne sachant plus trop que penser. Surtout je voyais le visage du Christ, son Eglise, celle du pape François de façon de plus en plus brouillée avec toutes ces prises de positions, surmédiatisations partant dans tous les sens.
Par ce texte, vous venez de m'ouvrir les yeux ou d'éclairer le chemin en rappelant l'essentiel. Merci, soyez béni.

Patrick Pique


[ PP à PPi - Bonne Semaine Sainte ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Patrick Pique / | 19/03/2016

LES ATTAQUES

> Le cardinal Barbarin a sans doute été l'évêque le + "en pointe" lors des manif pour tous. Il est donc la cible désignée voire recherchée de beaucoup. Peut-être sa gestion de certaines affaires n'a pas été optimum (je n'en sais pas suffisamment pour prendre position), mais de ce que j'ai pu lire elle pas été déviante. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. Ces attaques visent surtout à l'obliger à se taire à l'avenir.
Voir par exemple la lettre de M. Romero (http://www.huffingtonpost.fr/jeanluc-romero/monseigneur-philippe-barbarin-pedophilie_b_9397866.html), celle-ci fait des amalgames, qui plus est faux sur des prise de positions en 2012 de Mgr Barbarin. (j'ai une réponse via son site internet [en laissant mon adr mail] à laquelle je n'ai pas eu retour).
Lui sont reprochées des positions d'il y a plus de 10 ans sur des faits sur lesquels à l'époque la justice n'avait pas pris position pour cause de prescription, que le prêtre minimisait et déclarait en être sorti, à une époque [avant Benoît XVI] où l'église n'était pas si catégorique. Mais si j'ai bien suivi ce prêtre avait été coupé de relation avec les enfants et n'exerçait plus seul.
Ceci étant dit, pour faire court, je suis entièrement d'accord avec le positionnement de Benoît XVI.
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Écrit par : franz / | 20/03/2016

UN PROBLÈME

> Tout ceci met bien en évidence un problème de discernement des vocations.
Il me semble que la fuite des séminaristes à partir de 1965 environ (et reconnue dès avant 68, donc) a fait qu'on a voulu retenir un peu trop les rares qui n'avaient pas eu l'idée ou la force de partir, en baissant certaines exigences.
Cette mentalité associée à une idée caricaturale de type Jésus-hippie "tout le monde il est beau tout le monde il est gentil" donc "tout peut s'arranger avec le temps, et de toute façon l'exclusion c'est méchant" a causé un tort immense qu'on a encore du mal à réaliser.
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Écrit par : Fernand Naudin / | 20/03/2016

L'ARME DE LA PRIÈRE

> Comme Thomas Mousset ci-dessus, j'ai beaucoup apprécié les réflexions que Victor Loupan, Henrik Lindell et vous avez porté sur cette triste affaire. Avec M. Loupan, je pense qu'il est des prêtres qui seraient bien avisés de relire les Pères de l'Église, et notamment les Pères orientaux : quelle exigence dans la discipline, et quelle richesse spirituelle !
Le cardinal Barbarin prend sa croix comme tout chrétien à la suite de Jésus – on se souvient que Benoît XVI l'avait eue aussi bien lourde, lui qui avait crevé l'abcès purulent, mais que d'aucuns voulaient traîner à je ne sais quel tribunal d'exception.
D'accord pour garder l'épée au fourreau ; en revanche, s'il est une arme que le chrétien peut et doit dégainer sans retenue et en tous temps, c'est bien celle de la prière... ne serait-ce que pour "ne pas entrer en tentation" !
Bonne Semaine Sainte à tous !
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Écrit par : Albert Christophe / | 20/03/2016

NI SUR DES ADULTES

> Et il n'y a pas que les enfants : toute agression sexuelle (qu'il y ait viol physique ou non), y compris sur des adultes doit être traité de la même façon.
Dans les déclarations "les plus favorables" (car il y a toujours des tenant du "cacher ce crime que je ne saurais voir") on parle toujours des cas de pédophilie, des enfants agressés (ce sont bien sûr les plus graves) mais il y a aussi, malheureusement des femmes majeures qui ont vécu la même chose et qui se sentent ainsi, malheureusement abandonnées car non soutenues, même par les "beaux et bons discours". L'insistance de nos papes contre la pédophilie par des membres de l’Église ne doit pas faire croire qu'ils "tolèrent" ou "cautionnent" les agressions sexuelles sur les adultes.
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Écrit par : bergil / | 21/03/2016

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