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17/02/2016

Evangélisation : l'exemple du pape François

Réflexions en marge de l'étape d'hier du pape au Mexique :


Grand moment hier dans le Michoacán (côte Pacifique), au stade de la ville de Morelia, entre la foule des jeunes Mexicains et le pape François. Une fois de plus on a vu à l'oeuvre le don de contact de Jorge Bergoglio, son charisme direct, sa science de l'humain : « A celui qui est à terre, ne commencez pas par parler de Jésus : parlez-lui de Jésus après l'avoir aidé à se relever ! » Vous avez une valeur, ne vous laissez pas avilir ! »

Avant de donner le lien de ces échanges (dès que le Saint-Siège les aura mis en ligne), je voudrais faire part d'une réflexion.

Ce qui frappe dans la pastorale de François, c'est qu'elle épure la théologie de toute dérive théoricienne.

François met la théologie en action. C'est la « théologie du peuple » née en Argentine : une théologie concrète inséparable des réalités du terrain. François théologien est d'abord un pasteur ; sa pastorale est irriguée par l'expérience des pires difficultés humaines, qu'il a l'habitude de prendre à bras-le-corps ; son souci de l'humain vient directement de l'Evangile, ce qui explique qu'il ait toujours, envers le pécheur, l'attitude de Jésus envers la femme adultère (Jean 8, 3-11). Pour ramener la femme et l'homme réels sur la voie de la vie, inséparable de la vérité, ce qui compte est la personne de Jésus – et non les théories, qui finissent par s'armer de cailloux pour punir les réalités.

Cette pastorale n'est pas réservée aux catholiques de l'hémisphère Sud. Elle peut aider ceux de l'hémisphère Nord à sortir du piège où certains d'entre nous, clercs ou laïcs, s'engagent depuis quelque temps.

Le piège consiste à se servir d'apparences d'arguments théologiques pour esquiver des réalités dont on ne veut pas tenir compte.

De cette façon on transforme la théologie en théorie : la pire des théories, celle qui ne sert qu'à esquiver les réalités.

J'ai assisté depuis un an à deux ou trois réunions catholiques françaises où des experts transformaient la théologie en théorie à écarter le réel. C'était le maître de philosophie dans Le Bourgeois gentilhomme* :

« MONSIEUR JOURDAIN. — Qui sont-elles, ces trois opérations de l’esprit ?
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE. — La première, la seconde et la troisième. La première est de bien concevoir par le moyen des universaux. La seconde est de bien juger par le moyen des catégories, et la troisième de bien tirer une conséquence par le moyen des figures
Barbara, Celarent, Darii, Ferio, Baralipton, etc... »

Les experts nous ayant prouvé par Celarent et Baralipton qu'il fallait se méfier du concret (surtout en matière économique et sociale), les bourgeois et les gentilshommes composant le public étaient rassurés : les experts semblaient n'avoir pas posé les armes, et ces armes restaient les mêmes en 2016 qu'en 1906. On ne change pas une posture qui perd.

Pourquoi cette posture, cette façon de se réfugier dans la théorie ? Parce que le seul concret imaginé en 2013 par les bourgeois et les gentilshommes (se ruer chez Nicolas Sarkozy qui-allait abolir-la-loi-Taubira) a tourné comme on sait... Au lieu de comprendre que les réalités d'aujourd'hui – terrain de l'évangélisation – sont un peu plus vastes et complexes que ça, la tentation est de tourner le dos aux réalités pour contempler la théorie.

C'est de cela que l'exemple du pape François peut et doit nous sortir : car l'évangélisation demande une théologie, et la bonne théologie n'est pas une théorie ! Méditons ce que le pape dit et fait. Regardons devant nous, et autour de nous.

 

 

Commentaires

CERTAINS

> Au-delà de l'humour, je crois que la conclusion correcte du Baralipton serait plutôt : parmi ceux qui obéissent toujours au pape, certains sont des catholiques français...
______

Écrit par : Paul / | 17/02/2016

Baralipton (suite) :

> parmi ceux qui obéissent toujours au pape, il y a AU MOINS TOUS les catholiques français.
______

Écrit par : JClaude / | 18/02/2016

OBSESSION

> En plein accord avec votre billet, et je trouve même que vous êtes trop indulgent avec ceux qui se sont "rués chez Nicolas Sarkozy qui-allait abolir-la-loi-Taubira".
Plus qu'un déni de réalité, j'y vois une recherche de bonne conscience, cette fameuse qui permet de s'endormir le soir bien tranquille en étouffant toute remise en cause. Qui peut être plus justes que nous autres qui défendons une cause juste?
Sauf qu'appauvrir le message chrétien à cette unique obsession est manifestement un aveuglement, une erreur qui frise le blasphématoire.
______

Écrit par : JClaude / | 18/02/2016

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