Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/02/2016

Iowa : que se passe-t-il aux Etats-Unis ?

états-unis,trump,clinton,sanders

L'obscène Trump n'arrive qu'en deuxième position au caucus de l'Iowa. Et le socialiste Sanders talonne Mme Clinton :


 

 

Si je dis « obscène », c'est que l'équation personnelle de Trump, pirate financier multidivorcé misanthrope (mais droit dans ses bottes de Captain America), menace le décor du moralisme républicain : la toile peinte des Vertus Familiales, que la religious right avait dressée autour de ces trois réalités capitalistes que sont l'idole Argent, l'amoralité structurelle et la guerre de tous contre tous... Trump n'a cure de tout ça ! Sans s'embarrasser des Flanders*, il incarne à la fois l'amoralité radicale du capitalisme (« freedom is good business ») et la nostalgie impériale yankee (« our worldwide leadership »). Flanqué de Sarah Palin, autre bison sans gêne, Trump fonce.

Mais jusqu'où foncera-t-il ? Dans l'Iowa, il s'est fait distancer par Ted Cruz et talonner par Marco Rubio. L'un et l'autre incarnent deux versions de ce que Trump bouscule : le décor de decency, surmoi freudien de la droite républicaine.  Cruz, c'est l'extrême droite religieuse baptiste du Sud : celle qui nie le réchauffement climatique et maudit le « pape socialiste ». Rubio (ex-mormon, ex-baptiste, actuellement catholique) vient plutôt de la droite circonspecte : celle qui déteste tout autant le pape et l'écologie, mais le dit avec moins d'excitation.

Cruz et Rubio ne sont pas moins ultralibéraux que Trump : mais ils le sont sous camouflage de vertus d'autrefois. Trump, au contraire, exhibe sans fard - et revendique - l'amoralisme du capital. C'est en quoi il irrite la droite classique : car ces choses que tout le monde connaît, nul ne doit en parler, surtout si c'est pour s'en réclamer de façon obscène.

Le scrutin de l'Iowa semble donc marquer les limites de la méthode Trump. Même à droite, l'amoralité triomphale du capitalisme demande à être voilée ! L'exhiber ne plaît pas partout ni à tous.

Ce qui déplaît est l'exhibition imprudemment triomphale. Ce n'est pas l'amoralité en elle-même... Celle-ci est admise – mais tacitement – par les politiciens « chrétiens » dont la référence en économie est la défunte idéologue antichrétienne Ayn Rand**. (L'incohérence entre l'amoralité du système et le « vertuisme » des familles remonte au XIXe siècle, avec l'invention des pseudo « lois de l'économie libérale » qui surplomberaient l'activité humaine, échappant ainsi à l'évaluation éthique).

 

► Ce qui se passe chez les démocrates est intéressant aussi, quoique d'une autre manière. Depuis six mois, le septuagénaire Bernie Sanders – socialiste et simple sénateur – tacle en permanence la milliardaire Hillary Clinton en l'accusant d'être l'outil de Wall Street. Or, dans l'Iowa, Sanders a fait presque jeu égal avec Mme Clinton. Bien entendu Sanders est moins révolutionnaire que le pape François, mais il propose un « New Deal social » dont la simple idée donne un ulcère aux républicains : études supérieures pour tous, hausse du salaire minimum, généralisation du congé maternité...

Bernie Sanders n'a évidemment aucune chance de l'emporter à la convention démocrate ; mais le simple fait qu'il dérange la campagne Clinton, et l'appui militant que lui apportent les jeunes démocrates, donnent la mesure du malaise américain.

 

_______________

* Ned Flanders : le protestant conservateur caricatural de la série télévisée Les Simpson.

** Théoricienne de l'ultralibéralisme poussé jusqu'à la haine avouée envers le christianisme. Taper Ayn Rand ici dans la fenêtre RECHERCHER.

 

 

états-unis,trump,clinton,sanders

 

Commentaires

L'OBSCÈNE ET SA FASCINATION

> Trump est en effet une infâme caricature de tous les vices du monde occidental, portés à incandescence. Le mot d'obscène que vous employez à juste titre suffit à le caractériser. Voilà ce que devient, au terme du processus de l'intégrisme individualiste, l'homme sans surmoi freudien... Un monstre de narcissisme et de haine.
Comparer la décence et la mesure de Bush père, la pauvreté intellectuelle et la puérilité de Bush fils (même si touchantes et avec une foi en béton ; Bush était surtout un peu "bas de plafond" et a souvent été le suiveur irresponsable de ses conseillers néocons) et la barbarie à visage américain de Trump, donne une légère idée du glissement opéré en 25 ans... Même Reagan aurait été horrifié par Trump, je suppose.
Je note avec un certain dégoût que Trump fascine de nombreuses personnes dans la droite française, qui l'avouent sans honte (je me demande à quel comportement humain s'attache encore de la honte en France - sinon peut-être à celui d'avoir honte). La démesure, l'hubris, le narcissisme, le Me, Myself and I... Tout cela possède hélas un pouvoir de fascination profond.
Un sujet qui serait intéressant à creuser sur votre blog (que j'ai découvert récemment, peut-être est-ce déjà fait) : la rapidité de l'évolution de certains pays les plus chrétiens (catholiques romains) d'Europe vers l'ultralibéralisme et son tryptique aujourd'hui sacré narcissisme/consumérisme/hédonisme ; et ses conséquences sur la vie sociale en général...
L'évolution de la Pologne depuis quinze ans (entrée dans l'UE en 2004) est proprement terrifiante ; voilà un merveilleux exemple de libéralisme (moeurs et fric) réussi "à tout crin". Et c'est dans ce genre de pays longtemps très pauvres, très à l'écart du monde libre (je pense aussi à l'Irlande, ou dans une moindre mesure à l'Espagne), où la foi était jadis si vive (elle l'est encore en partie en Pologne, heureusement), qu'on prend conscience du pouvoir d'attraction de ce modèle dominant...
Un vieux peuple comme le nôtre, qui a connu l'Empire et s'est sans cesse trouvé au centre depuis quatre siècles, se rallie au modèle, dirait-on, mais avec une forme de mauvaise conscience, de tristesse, de nostalgie. Des pays comme la Pologne s'y rallient avec un enthousiasme, un bonheur de "libération" (consommation+jouissance) absolument irréel, frénétique, et qui s'avoue en toute bonne conscience.
D'où viendront la révolte et l'espérance ?

Maxime


[ PP à M. :
La révolte et l'espérance : dans le discours du pape à Santa-Cruz (juillet 2015), dans l'encyclique 'Laudato Si', dans l'exhortation apostolique 'Evangelii gaudium' !
Ce sont des textes de "révolution culturelle", comme François le dit lui-même : mais la droite libérale (y compris catholique) ne veut pas les connaître, tant ils sont étrangers à l'idée absurde qu'elle se fait de "nos valeurs"...
On voit défiler sur Twitter des borborygmes de soi-disant catholiques identitaires, qui sont aux antipodes de la foi au Christ. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Maxime / | 02/02/2016

TRUMP ET LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE

> Cela dit, je suis en train de "me taper" (pas d'autres mots, navré) les débats républicains télévisuels depuis août, et je dois reconnaître que sur bien des plans, Trump est l'un des "moins pires". Quelques remarques après visionnage des 4 premiers débats :
- Il a en commun avec le reste de l'équipe républicaine de penser qu'il faut "gérer" un pays, comme l'on "gère" une entreprise (Trump : "Je fais des affaires (deal) ; les affaires se font avec des gens ; les gens sont des affaires").
- Il est absolument vulgaire, misogyne, histrion, beauf, mais je crois que ça tient aussi de la "narration" qui l'opposera peut-être à Clinton, froide, "bourgeoise", arrogante, et "politiquement correcte". Ce qui fait que, pour l'instant, il est celui qui dicte la "mise en scène" de la campagne, en ayant parfois les alliés historiques du GOP (Fox News donc) contre lui.
- Il insiste à plusieurs reprises sur le fait qu'il finance lui-même sa campagne (il peut se le permettre). Lors d'un des premiers débats, il mettait en avant le fait qu'il finançait lui-même des candidats auparavant (dont des républicains présents sur la scène avec lui), cet ancien démocrate et ami d'Hillary Clinton sait ce que cela signifie de "financer un candidat" et en attendre quelque chose en retour. Qu'il ne soit pas financé par un grand groupe ou un "lobby" retient mon attention, alors que Clinton (et pas seulement elle) fait des conférences lourdement tarifées en faveur de certains groupes.
- Il n'est pas, comme Ben Carson ou Ted Cruz, un "illuminé" évangélique, il ne parle de sa "foi" que lorsque les modérateurs du débat l'entraînent à en parler ; contrairement à de grandes figures républicaines (Huckabee, qui a dit que le rôle de l'armée c'est de "tuer des gens et casser des trucs", je n'invente rien) et contre le "noyau dur" de son camp, il ne croit pas que le monde a été créé il y a 4000 ans.
- En terme de politique étrangère, je le trouve plus raisonnable que beaucoup, en particulier plus raisonnable que Carly Fiorina, qui veut conduire des essais militaires "sous le nez de Poutine" et envoyer des troupes en Allemagne au cas où... Il était opposé à la guerre dite "préventive" en Irak, opposée à l'intervention en Lybie et opposé à l'intervention brute en Syrie. Quand lui est demandé ce qu'il ferait avec le grand méchant loup russe, il répond, contre le "storytelling" en cours, qu'il y a certes la Russie qui inquiète le "leadership américain", mais qu'il faut "s'entendre" (get along) avec non seulement la Russie, mais aussi la Chine, le Mexique (quand d'autres républicains veulent soumettre ou intimider Poutine, qui n'est qu'un "gangster" pour Rubio). Il rappelle également, pendant que les Républicains s'inquiètent du "deal" américain avec l'Iran, que la Corée du Nord l'inquiète davantage dans la mesure où ils possèdent déjà un arsenal nucléaire.
Pour l'Ukraine, il dit "les US ne peuvent pas être la police du monde en permanence, pourquoi l'Allemagne (autrement dit l'Europe) ne s'en occupe pas ?" Et je dois dire que cette position n'est pas dénuée de sens quand beaucoup, dans les deux partis, font monter la sauce "nouvelle guerre froide US/URSS", parce qu'il est plus facile de faire la guerre du bien contre le mal que d'être diplomate.
- Malheureusement, comme tous les Républicains, il met l'Iran et l'EI dans le même panier, cimentant par là, pour l'Américain moyen, l'idée que tous les musulmans pensent la même chose, ont les mêmes intentions, la même histoire et la même doctrine.
Bref, je ne saurais trop recommander le visionnage des débats (http://www.uspresidentialelectionnews.com/), notamment pour les questions de politique étrangère.
Pour ces questions de politique étrangère, je préfère évidemment voir Sanders au pouvoir, mais entre Trump et Clinton, je préfère de très loin le premier des deux.
______

Écrit par : Virgil / | 02/02/2016

SANDERS

> Un article intéressant sur Sanders dans Reporterre:
http://www.reporterre.net/Aux-Etats-Unis-le-candidat-socialiste-ecolo-Bernie-Sanders-cree-la-surprise
______

Écrit par : Anne Josnin / | 02/02/2016

LA COLÈRE DU PEUPLE

> L’indication la plus intéressante de ces caucus, me semble-t-il, c’est la montée de la colère du peuple exaspéré par les misérables autant qu’odieuses conséquences des politiques ultralibérales de l’establishment américain.
Chez Bernie Sanders comme chez Donald Trump, nombre d’électeurs pointent en définitive l’impuissance ou la soumission de la classe politique face à l’argent.
La différence entre Sanders et Trump, c’est que le second recrute parmi ceux qui croient que le libéralisme à l’américaine peut redevenir redistributeur et irriguer les basses couches de la société, et qu’il suffirait pour cela de se débarrasser de quelques boucs émissaires (dont les immigrés). Sanders, lui, sait qu’il faut carrément changer de système.
D’après les résultats d’hier, il semble bien que le problème de chacun de ces candidats, le « socialiste » comme le « populiste », c’est qu’ils font peur une majorité d’Américains (rarement les mêmes). Les semaines qui viennent diront si Sanders est dans une phase ascendante et Trump en phase descendante, comme on pourrait le penser.
______

Écrit par : Denis / | 02/02/2016

à Virgil

« Il insiste à plusieurs reprises sur le fait qu'il finance lui-même sa campagne (il peut se le permettre) » ???

Réponse de René Char :
« Sous l'angle du guetteur et du tireur, il ne me déplaît pas que la merde monte à cheval. »
______

Écrit par : churubusco / | 02/02/2016

TRUMP ET CRUZ

> Quelques éléments pour mieux comprendre ce qui se passe du côté Républicain (pour les Démocrates, je suis globalement d’accord avec ce que vous dites).
Le parti est déboussolé car les deux candidats qui font la course en tête dans les primaires (Trump et Cruz) sont deux bêtes noires de l’establishment républicain. Cruz a beau être Sénateur du Texas, il est craint plus encore que Trump par la direction du parti (qu’il n’a cessé d’emm… depuis qu’il a été élu, contre toute attente et contre le candidat du parti). On voit pas mal d’articles en ce sens, désormais : foutu pour foutu, plutôt Trump que Cruz. Quand je dis « foutu », j’entends par là que les candidats « officiels », en premier lieu Jeb Bush, se sont fait massacrer. Seul reste Rubio pour incarner la ligne du parti.

Ce qui fait le succès de Trump comme de Cruz tient en trois points, qui en réalité, devraient vous être sympathiques :

- L’opposition à la dérégulation économique, en particulier à tous les traités TAFTA, TTIP etc … dont les américains voient bien qu’ils n’ont apporté de prospérité qu’aux plus riches, tandis que les revenus de la classe moyenne stagnent ou régressent depuis des années.
- L’arrêt de la doctrine « global power ». Les USA n’ont pas à être les gendarmes du monde. Ils ne doivent intervenir à l’étranger que si leurs intérêts vitaux sont menacés. Opposition, donc (Trump et Cruz sont les seuls à le dire) à toute intervention militaire en Syrie. Trump est le seul candidat républicain à flinguer sans retenue le bilan de la politique étrangère de G.W. Bush. « Des milliards dépensés, des dizaines de milliers de vie perdues en Irak et au bout du compte, qu’avons-nous … Rien ! Rien ! ». Cette approche plus raisonnable a certes ses limites. Ainsi l’Iran continue-t-il à être vu comme une menace nucléaire (qu’il faut bombarder préventivement, donc …).
- Un coup d’arrêt à la politique migratoire. C’est là une des fractures les plus profondes entre l’establishment républicain (poussé par les milieux d’affaires à ouvrir grand les vannes de l’immigration pourvoyeuse de main d’œuvre bon marché) et sa base (qui y est résolument hostile).
Je ne suis pas en train de faire l’éloge inconditionnel de Trump et de Cruz. Tous deux sont inquiétants, même si on peut penser qu’ils surjouent leur populisme. Mais leur succès ne sort pas de nulle part. Il est à mettre en parallèle avec les chiffres effrayants de mortalité (dépression, suicide, drogue, alcoolisme) des classes moyennes blanches, qui ont explosé ces dernières années. « Petits blancs » qui par ailleurs, sont excédés aussi par les ravages du politiquement correct (pour faire simple « homme blanc » est devenu une insulte, même dans les médias mainstream, généralement « libéraux »). Pour le coup, il faut suivre ce qui se passe dans les universités américaines et qui est absolument délirant (et effrayant).
Comme je le disais dans un post précédent, c’est une révolte populaire, à gauche comme à droite et la rage trop longtemps contenue ne fait pas dans la dentelle. Mais une victoire d’un candidat « du parti » comme Rubio ne serait pas plus rassurante (en remettant le couvercle sur la cocotte-pression). Ni d’ailleurs, évidemment, celle d’Hillary Clinton, tout aussi inféodée à Wall Street, la morgue sociétale en plus.
Enfin, sur Cruz, il ne faut pas se leurrer. C’est un juriste brillant, diplômé de Harvard et de Princeton, sans doute le plus intelligent des candidats en course. C’est un Machiavel, pas un redneck fondamentaliste (ou une Sarah Palin).
Quelques papiers intéressants à lire :
Sur Trump: http://www.theatlantic.com/magazine/archive/2016/01/the-great-republican-revolt/419118/
Sur Cruz: http://www.texasmonthly.com/politics/the-top-10-things-you-need-to-know-about-ted-cruz/
Sur les délires du PC dans les Universités Américaines: http://www.nytimes.com/2015/11/15/opinion/sunday/a-crisis-our-universities-deserve.html
Sur la classe moyenne blanche: http://www.nytimes.com/2015/11/03/health/death-rates-rising-for-middle-aged-white-americans-study-finds.html

Luc


[ PP à Luc
- D'accord en ce qui concerne la politique étrangère. (Déjà dit plus haut).
- Mais Je suis beaucoup moins convaincu que vous de l'indépendance d'esprit de Trump et Cruz face au système économique et financier !
- La déréliction massive des classes moyennes est un fait, dramatique. Que des Cruz et des Trump surfent sur ce fait ne légitime pas pour autant Cruz et Trump...
- Celui qui dit la vérité sur les causes économiques du drame, c'est le catholique Patrick Deneen. Et ce n'est pas un ami du capitalisme. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Luc / | 02/02/2016

YOURCENAR

> Peut-être cette période pré-électorale aux États-Unis est-elle l'occasion d'évoquer la mémoire d'une grande dame, Américaine d'adoption, Marguerite Yourcenar. Celle qui fut la première femme élue à l'Académie française, en 1980, donna un an plus tard, depuis son modeste pavillon de l'île des Monts-Déserts (dans l'État du Maine) une série d'entretiens dont l'un fut consacré à l'écologie :
https://www.youtube.com/watch?v=8r5cG0UTBzM
https://www.youtube.com/watch?v=x0xdu_svZQI
https://www.youtube.com/watch?v=UW2K5cVNb3A

La sagesse qui se dégage des propos de Mme Yourcenar fait écho à celle du pape François dans sa dernière encyclique : sans aucun doute, l'académicienne était bergoglienne avant l'heure. La réflexion qu'elle propose sur la tendance humaine à transformer la nature est nourrie de références antiques (l'Attique et le Péloponnèse, par exemple, étaient couverts de forêts avant l'immense déboisage nécessaire à la construction de la marine athénienne) et médiévales (l'homme du Moyen Âge, n'ayant pas à sa disposition des supérettes à tous les coins de rue, travaillait bien davantage les objets de ses mains, entretenant un contact plus proche avec une nature qu'il respectait infiniment plus). Dans la troisième séquence, Marguerite Yourcenar esquisse en quelques traits ce qui, à ses yeux, constituerait un monde plus "vivable". Son analyse aborde l'écologie dans une perspective intégrale, comme le fait le pape : sa vision, c'est celle de la décroissance, c'est-à-dire un retour à une forme de vie plus lente, plus respectueuse de l'environnement naturel, animal et humain, dans laquelle le sacré aura retrouvé la place qu'il a perdue. Car, comme le rappelle Mme Yourcenar, l'homme est lié à cette planète Terre sur laquelle il est apparu. Il serait inutile de chercher une hypothétique solution miracle dans les confins du cosmos : le salut ne pourra venir que de nous-mêmes.
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 03/02/2016

TRUMP ET CRUZ

> Je ne vois pas comment on peut prêter à Cruz et à Trump des idées saines. Leurs positions exprimées au fil des ans disent tout l'inverse.
Ces deux hommes ont :
- demandé des bombardements massifs du Moyen-Orient
- nié le changement climatique et calomnié les climatologues
- combattu toute politique sociale (au nom de la "résistance à l'invasion de l'Etat fédéral")
- non seulement défendu la libre vente des armes mais demandé que chaque Américain ait son fusil d'assaut.
Etc.
Ce qu'ils raconteront demain n'a aucune importance : c'est une campagne électorale ! Ce qui compte est ce qu'ils ont dit et fait avant la campagne. Et là il n'y a aucun doute.
______

Écrit par : Alain Jégo / | 03/02/2016

LEURS ÉLECTEURS

> Bien sûr que ni Trump ni Cruz ne sont des disciples de Laudato Si. Et qu'ils tiennent tous les deux des discours choquants, voire parfois délirants. Mon point n'est pas de les défendre. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas eux, ce sont leurs électeurs. Et ce que cela montre des évolutions de l'opinion aux USA. C'est sur ce point qu'il convient de ne pas se tromper. Trump vend du rêve, celui d'un retour aux good old days où les "petits blancs" n'avaient pas l'impression d'être totalement déclassés, voire d'être des gêneurs sur la grande marche du progrès économique comme sociétal. L'étalage de sa fortune par Trump fait partie de cette histoire qu'il met en scène. Mais les sujets qui font son succès sont ceux que j'indiquais. Ce n'est pas un discours de capitalisme brutal et décomplexé. C'est au contraire un discours populiste classique, de dénonciation des élites (républicaines en particulier) et de fermeture des frontières (sur le plan de l'immigration comme de l'économie). C'est assez proche, à bien des égards, d'une Marine Le Pen. Trump n'est pas une version vulgaire des frères Koch: il tire à boulets rouges sur eux, ou sur Sheldon Adelson et autres milliardaires qui financent abondamment le Parti Républicain. Il dit aux gens: "vos leaders sont corrompus, je le sais, je les ai moi-même longtemps corrompus. Ils avaient besoin de mon argent et en retour, quand j'avais besoin d'eux, ils étaient là. Ils étaient là pour moi. Pas pour vous."
Ce qui est intéressant, c'est que ça rencontre du succès. Chez les Démocrates, Sanders ramasse le vote des jeunes et des pauvres, Clinton celui des vieux et des riches. Mais les électeurs de Trump sont encore plus pauvres et moins éduqués que ceux de Sanders. Encore plus déclassés. Ce ne sont en aucune manière des partisans de l'ultra-libéralisme. Ce sont des gens qui se rendent compte qu'ils en sont les victimes. C'est cette prise de conscience massive, à gauche comme à droite, qui est intéressante. Et peu m'importe, sur ce plan, que Trump ou Cruz soient sincères ou cyniquement opportunistes, ce n'est pas le sujet.
______

Écrit par : Luc / | 03/02/2016

Les commentaires sont fermés.