22/01/2016
C'était couru : Sarkozy ne touchera pas à la loi Taubira
Dessin de novembre 2014, après la "soirée des dupes" de Sens commun :
La seule surprise, c'est que certains en soient surpris :
Après le livre d'Alain Juppé, qui n'a jamais caché son approbation du « mariage pour tous », voici le livre de Nicolas Sarkozy qui ne l'a jamais désapprouvé... mais laissa croire le contraire.
Le Figaro nous apprend que si l'ex-président de la République est élu en 2017, il ne touchera pas à la loi Taubira.
Ce n'est pas une surprise... En 2011 M. Sarkozy était vaguement favorable à l'idée d'un mariage gay. En 2013 il s'est gardé de prendre position. En 2016 il continue dans la même ligne.
La seule chose surprenante ce matin, c'est la surprise indignée de La Manif pour tous : « Nicolas Sarkozy a congédié ses convictions ! »
Comment congédierait-il des convictions qu'il n'a jamais eues ?
De son indifférence dans ce domaine, il avait donné une confirmation flagrante le 15 novembre 2014. Souvenez-vous de cette « soirée des dupes » qui fut un grand moment de télévision : candidat à la présidence de l'UMP, M. Sarkozy est en train de plancher devant une salle (survoltée) de membres de Sens commun. La salle veut que M. Sarkozy s'engage à abolir la loi Taubira. Il esquive. La salle s'enflamme : « a-brogation ! a-brogation ! ». M. Sarkozy s'énerve, et finit par lancer : « Quand on dit qu'on va réécrire la loi de fond en comble, si vous préférez qu'on dise qu'on va l'abroger pour en faire une autre, en français ça veut dire exactement la même chose et ça aboutit au même résultat : mais enfin si ça vous fait plaisir, ça coûte pas très cher. » C'est un enfumage, quasiment avoué ! Ceux des membres de Sens commun qui ont gardé la tête froide tentent de l'expliquer aux autres ; mais peine perdue : les autres sont persuadés d'avoir arraché « l'engagement » dont ils rêvaient ; rêve qui fut le moteur de leur entrée dans l'UMP. Les chefs de file de l'association les encouragent dans cette erreur...
C'était méconnaître le caractère de M. Sarkozy et la nature d'une machinerie électorale comme l'UMP.
Quatorze jours après la soirée des dupes, M. Sarkozy est élu président de l'UMP. Presque aussitôt, les militants de Sens commun sentent le vent tourner à leur encontre au sein du grand-parti-de-la-droite-et-du-centre... Ils se souviennent que certains de leurs aînés les avait mis en garde dès 2013, quand un jeune ecclésiastique sarkozyste poussait les militants de La Manif à entrer dans l'UMP. Un certain nombre me confieront (à l'été 2015) leur irritation d'avoir été manipulés, et leur décision d'arrêter les frais.
Il y a quelques jours, je discutais encore avec des catholiques sur les partis et leurs perspectives. Mes interlocuteurs peinaient à admettre que les machineries électorales sont des étouffoirs à idées, et qu'il faut inventer de nouvelles formes d'intervention et d'explication sur la scène nationale...
Une tromperie comme celle de M. Sarkozy envers La Manif pour tous devrait leur servir de leçon de choses.
Sarkozy chez Sens commun, 15/11/2014
L'erreur ne serait-elle pas de vouloir une droite ?
Catholiques, encore un effort pour être "révolutionnaires" !
13:12 Publié dans Idées, Politique | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : sarkozy, loi taubira
Commentaires
SARKOZY
> Sarkozy sait où sont la puissance, le pouvoir de nuire, la certitude d'être du "bon côté", la bonne conscience, l'argent et le reste (pas le nombre, mais enfin). Il se comporte là comme il se comporte avec ses amis saoudiens ou qataris : je vais là où est le puissant du jour. Complaisant avec le fort ; intraitable avec le faible. "Rien de nouveau sous le soleil", comme dit l'Ecclésiaste...
(Je découvre votre blog et le suivrai désormais quotidiennement. Il est l'exact reflet, à mon sens, de la la vision du monde LUCIDE qu'un catholique romain devrait se faire d'aujourd'hui).
Maxime D.
[ PP à MD - Bienvenue parmi nous, et merci de votre appréciation ! ]
réponse au commentaire
Écrit par : Maxime D. / | 22/01/2016
MILIEU
> Nicolas Sarkozy pense selon son milieu. En libéral libertaire. Son revirement n’étonne guère.
Comme toujours en politique, lorsque la déprime vous saisit, il convient de se reporter à l’Album de la comtesse (cher au 'Canard enchaîné' et surtout prétexte à exercer notre impertinence au nom si sacré de la liberté d’expression !).
Or donc, paraît-il, le sens phonétique caché du nom de l’ancien président, Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa (soyons complet) serait :
« Not’beau lascar cogite : n’a qu’sa cause inique ! »
Révélation qu’on ne manquera pas de placer en regard de celle, prophétique, qui concerne son rival, le libéral-sociétal de l’Elysée François Hollande :
« Sans dents, fol le roi ! »
Et vive la France… (quand même)
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Écrit par : Denis / | 22/01/2016
ABSTENTIONNISME ?
> L' "enfumage" fait quand même se poser la question cruciale de la démocratie : pour qui vais-je voter ? Si tous les domaines de la politique sont traités globalement de cette façon, à quoi sert ma voix ? A encore plus d'enfumage ? La réaction abstentionniste est donc ce qui viendra sans doute perturber le jeu démocratique, avec les conséquences qu'on devine...
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Écrit par : jem / | 22/01/2016
DÉSILLUSION
> "L'erreur ne serait-elle pas de vouloir une droite ?" C'est probablement en effet l'erreur fondamentale ("vouloir une gauche" ou "vouloir un centre" en seraient deux autres). Nous avons tous plus ou moins des inclinations vers un "bord" ou un autre, mais cela n'oblige pas au nom de ces inclinations de s'aveugler avec obstination.
Mais il ne serait pas bon d'être trop dur : maintenant, il y a fort à parier que les dernières écailles ont dû tomber des yeux des militants de "Sens commun" quant aux convictions supposées de M. Sarkozy. Et peut-être même quant à ce que l'on peut espérer d'un parti politique. Il reste à leur souhaiter que cette désillusion ne les désespère pas : ils ont certainement les forces nécessaires pour des engagements plus lucides.
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Écrit par : Sven Laval / | 22/01/2016
PANTOIS
> Et je vois un site catholique lancer une pétition à Sarkozy en lui demandant de respecter ses engagements ou adhérer à des valeurs.
Autant de bêtise politique me laisse pantois.
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Écrit par : Ludovic / | 22/01/2016
à Sven Laval
> J'ai peur que vous ne soyez optimiste sur leur capacité à ouvrir les yeux. Mon impression est qu'ils cherchent déjà une nouvelle illusion. Les cathos qui rêvent le plus de politique sont les plus niais dans ce domaine. Ils feraient mieux de faire autre chose.
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Écrit par : Quiniou / | 23/01/2016
APRÈS ÇA
> Pour ce qu'il faut attendre d'un engagement dans un parti politique (et "en politique" en général) : il suffit de lire le dernier bouquin de Philippe de Villiers (dont les propos - comme le faisait remarquer un autre commentateur- rejoignent très largement ceux du présent blog ! ).
Après ça, si on n'a pas compris...
Sans faire du comploto-populismo-jenesaispasquoi : pour réussir en politique au niveau national dans le contexte actuel, il faut être totalement dépourvu de scrupules moraux. Un "corrompu", au sens où l'entend le pape François (dans 'Le nom de Dieu est Miséricorde'...à je ne sais plus quelle page), un homme qui est inaccessible à la notion de péché... ou qui pèche "sélectivement." Quelqu'un que des intérêts qui... ne sont pas nécessairement ceux de la France (et qui sont indifférents au Bien commun) auront repéré, sélectionné, soutenu... ça aussi, c'est dans le livre de de Villiers !
Plus ça va, plus je suis convaincu que le régime qui sera le plus à même d'accompagner un redressement de la France (je ne dis pas : de sauver la France) est une monarchie héréditaire. Aucune nostalgie de ma part : je suis plutôt d'une sensibilité "de gauche". Si vous voulez, je peux développer...
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Écrit par : Feld / | 23/01/2016
> Au moins c'est une promesse que Sarkozy aurait tenue ;-)
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Écrit par : Ludovic / | 23/01/2016
à Feld
> quand on voit l'état de la famille royale espagnole et le conformisme relativiste des différentes couronnes d'Europe, on a du mal à imaginer qu'une "monarchie héréditaire" en tant que telle puisse échapper à la pression de l'époque.
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Écrit par : Quevedo / | 23/01/2016
à Quiniou :
> optimiste ne serait pas le mot. Peut-être mon "il y a fort à parier" vous a-t-il laissé croire que je le suis. Je corrigerai donc mon propos en disant plutôt qu'il faut espérer. Quant aux "engagements plus lucides" que je leur souhaite, il ne s'agit pas nécessairement de politique. Maintenant, je vous l'accorde, s'ils s'obstinent...
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Écrit par : Sven Laval / | 23/01/2016
DU BOULOT
> Vous le savez probablement, mais vous êtes sur LP cette semaine. Heureusement qu’il y a chez eux un certain pluralisme, car sans cela ils auraient l’air fin, après nous avoir vanté Sarkozy, l’homme qui met des ray-ban même quand il n’y a pas de soleil (en 2007 ?). Ainsi, l’honneur est sauf.
Pour ce qui est de la Manif pour tous, c’est bien simple : je n’y ai jamais vraiment cru, sauf au tout tout début. Mais très très rapidement, avant même les premières manifs, il était évident que cela finirait dans les bras des Mariton et compagnie (il m’a suffit pour cela d’écouter ce qui disait autour de moi). Ca y est, on y est : tout ça pour ça.
Pour ce qui est de Sens commun, Madeleine Bazin de Jessey trouve que Sarkozy a commis une faute politique. Je ne m’y connais pas trop en politique, mais je dirais plutôt que Sarkozy a commis une faute morale : il a menti. En revanche c’est plutôt elle qui a commis une faute politique : elle a cru Sarkozy. Et une faute morale ? (Est-ce une faute que d’être naïve et croire des gens dont on vous dit qu’il faut se méfier ?) Pour moi, c’est clair, elle ne mérite aucun mandat : elle commet des fautes politiques. http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/election-presidentielle-2017/20160122.OBS3199/mariage-pour-tous-sarkozy-change-d-avis-et-se-fait-des-ennemis.html
Je suis un mécréant : je ne crois ni les hommes politiques, ni les journalistes, ni les chefs d’entreprises, … Si vous saviez comme on m’en veut parfois, autour de moi… Merci, pour votre blogue, c’est une source d’information sérieuse qui contribue au débat.
En revanche, j’en connais qui vont être déçus. Si vous saviez… Vous dites que les lignes bougent chez les catholiques. Croyez-moi, il y a encore du boulot.
ND
[ PP à ND :
- Non, je ne savais pas que 'Liberté politique' avait reproduit une note de mon blog en la présentant comme un article rédigé pour eux... Ce procédé me choque, dans la mesure où je juge révoltantes les positions de M. Billot (patron de LP) à l'encontre du pape et de son enseignement. Etant donné ce que ce site véhicule désormais, je ne veux pas servir de caution. Er j'invite plusieurs autres à y réfléchir de leur côté.
- Bien sûr, "il y a encore du boulot" ! Mais croyez-moi : le climat depuis plusieurs semestres est très différent de ce qu'il était...
Des paroisses que l'on pourrait croire "sociologiquement hostiles à Laudato Si" se dégèlent, organisent des débats, expriment des points de vue nouveaux. L'effet François est une réalité même chez les catholiques français. Je le constate par moi-même. ]
réponse au commentaire
Écrit par : ND / | 23/01/2016
Feld,
> pourquoi forcément un sauveur unique (bon, le Sauveur unique on l'a déjà...; je pense bien sur au temporel...) et centralisé ?
La foi sauvera l’humanité et la France, puisqu'elle te tient tant à coeur. Pour prendre une analogie historique, trouve-moi un "sauveur" après la chute de l'empire romain...Et par pitié, évite-moi les tarte à la crème de Clovis ou Charlemagne... Ils n'ont presque rien fait et c'est le XIXe et Jules Ferry qui les ont mis en exergue. Aucun personnage providentiel entre 476 et l'an mil. Seule la multitude des moines, des prêtres qui ont évangélisé, labouré, cultivé ces peuples d'Europe et ont bâti une autre civilisation.
Le monde centralisé, reposant sur des chefs et sur une hiérarchie, est fini.
Le temps de la base, des communautés qui vont se réorganiser est venu. Le temps de la foi et des réseaux spirituels est arrivé.
Le monde actuel vit de réseaux virtuels qui vont bientôt tomber par manque d'énergie, d'humanité et de sens. Nos penseurs ne rêvent que de quelques grandes mégapoles isolées au milieu de territoires vides d'hommes et peuplés que de machines automatisées. Mais ces mégapoles s’asphyxient déjà et vont finir par s’effondrer sous leur propre poids de gaspillage et de pollution.
La foi transmise d'homme à homme, la foi vécue et transpirée, voilà la seule solution. Le reste, homme politique, guide ou chef charismatique apportant l'espoir n'est que rêve voire cauchemar au regard de l'Histoire.
C'est dur de voir son monde mourir car on y a cru, participé, espéré, mais l'avenir est avec le Christ et si tu vis avec Lui, le lieu ou le temps dans lequel tu vis t'importe peu, au final, seul sa présence et son Amour t'importe. Cela ne veut pas dire se foutre de tout, cela veut dire remettre les chose à leur place.
La France meurt ? Et alors ? Dieu et mon prochain ! le reste, "me ne frego" !
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Écrit par : VF / | 23/01/2016
ÉVITER
> M. Sarkozy a semblé, il y a qq mois, faire qq pas vers 'Sens commun'. M. Juppé lui est resté sur sa position libertaire libérale et caracole en tête des sondages. Sarkozy, qui est un opportuniste avant d'être un homme de conviction, a du en déduire que la "bonne" position pour la quête de pouvoir est celle de Juppé.
Voilà au moins deux votes que j'éviterai en 2017.
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Écrit par : franz / | 24/01/2016
> Franz, je partage tout à fait votre analyse.
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Écrit par : Bernadette / | 27/01/2016
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