L'islam y est pour quelque chose. 'Batman' aussi...

Hypothèses à propos de l'affaire de Marseille :

 

 

Rien ne colle dans cette affaire d'agression, dans la rue, d'un professeur juif par un lycéen de 16 ans se réclamant de Daech. Ce lycéen n'est pas un « déscolarisé en errance » : c'était un bon élève, bien noté. Il n'est pas issu de djihadistes mais d'une famille kurde de Turquie ; la plupart des Kurdes s'opposent à Daech. Et le lycéen n'était pas allé en prison (évidemment), il ne hantait pas les lieux de prière salafistes : il s'est « radicalisé » tout seul, via l'internet... D'où l'ignorance de ses parents, car l'ado engrené via les réseaux sociaux (djihad ou harcèlement sexuel) n'en parle pas à papa-maman ; les réseaux « sociaux » sont désocialisants.

Force est de constater que ce lycéen s'est auto-intoxiqué en solo, avant de passer à l'acte en solo, et que son geste – attaquer à la machette un passant portant la kipa – ressemble à d'autres gestes homicides, appliqués à d'autres cibles fantasmatiques que « les juifs » : gestes dont les jeunes tueurs américains ont donné de nombreux exemples.

Souvenons-nous du 20 juillet 2012 dans un cinéma de Denver (Colorado) : cheveux teints pour ressembler au personnage maléfique du Joker, un garçon d'une vingtaine d'années mitraille les spectateurs à la première de Batman The Dark Knight rises, pendant la scène de fusillade du film. Douze morts, 58 blessés. Le tueur a agi seul. Comme un kamikaze, il a piégé son appartement avec des explosifs (« sophistiqués », dira la police)... Aussi meurtrier qu'un attentat terroriste, le geste de James Eagan Holmes ne se réclame d'aucune idéologie : il est le pur produit d'une intoxication d'ultraviolence vidéo-commerciale. Quatre mois avant de commettre le massacre, Holmes a confié à un copain qu'il avait « envie de tuer des gens ». Dira-t-on qu'il s'est « radicalisé » ? Non ? Alors pourquoi, puisque le résultat est le même ?

Face au drame de Denver, le producteur de Batman fit une déclaration somnambulique : « La salle de cinéma est ma maison, et l'idée que quelqu'un puisse violer cet espace innocent et plein d'espoir d'une façon aussi incroyablement sauvage est pour moi épouvantable. » S'il avait été français, il aurait ajouté : « je suis sous le choc. » Devant ces formes de violence inconnues autrefois, la réaction de l'Occidental est partout la même : hébétude, peur, gesticulations aveugles. Obama fait mettre les drapeaux en berne après Denver, comme Hollande le fera après les attentats djihadistes... Obama et Hollande se réfugient dans les grands mots : l'un parle de « violence diabolique », l'autre parle d'obscurantistes qui en voudraient aux Lumières... Aucun des deux ne se penche sur l'aspect postmoderne de ces actes commis en solo, ni sur l'univers mental où notre société du spectacle fait baigner leurs auteurs.

Qu'on ne me fasse pas dire que l'islam n'est pour rien dans l'acte du lycéen marseillais : Batman aussi était pour quelque chose dans l'acte de James Eagan Holmes.