Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/01/2016

2016 : la presse ouvre le feu contre le pape

les_nouveaux_chiens_de_gardes_.jpg

Dans Le Monde du 1er janvier, une  pleine page lamentable contre François  - avec des griefs zombies, pourtant réfutés depuis longtemps par la presse argentine : 


 

 

 

En 2013 paraissait à Buenos Aires une enquête exhaustive de la journaliste protestante Evangelina Himitian intitulée Francisco, el papa de la gente. On ne doit pas lire l'espagnol au Monde.

Six mois plus tard, ce livre paraissait à Paris sous le titre François, un pape surprenant*. Le Monde ne l'a pas lu non plus.

S'il l'avait lu, il aurait su à quoi s'en tenir sur les rumeurs lancées il y a dix ans contre Jorge Maria Bergoglio par deux clans porteños** : la camarilla Kirchner (qui allait être virée en 2015 par les électeurs), et les revenez-y chenus du post-christianisme des années 1970. Si Le Monde avait su à quoi s'en tenir, peut-être ne republierait-il pas comme si de rien n'était – sur une page entière, le 1er janvier – ce que précisément l'enquête d'Evangelina Himitian avait réfuté en 2013 : les affabulations rétrospectives des Kirchner & C° contre Jorge Bergoglio, à propos du temps où il était le provincial*** des jésuites d'Argentine.

Ce long article du Monde est signé de deux journalistes : la correspondante du Monde à Buenos Aires, Christine Legrand, et Angeline Montoya, « master 2 en études de genre à l'EHESS », auteure notamment de l'article Transsexualité, l'Argentine en pointe.

Vif et bien construit, leur long papier est entièrement biaisé. Il avoue son véritable mobile au début, avec le pont-aux-ânes inévitable : l'idée que le pape « progressiste dans le domaine social » serait « conservateur en matière doctrinale », grief creux qui fut déjà lancé contre Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI. Il faut bien voir que le mot « conservatisme » – dans le langage politico-médiatique aujourd'hui – ne désigne que le domaine sexuel, devenu l'alibi de la nouvelle gauche depuis qu'elle a rallié le libéralisme économique. « Lors du débat houleux sur le mariage pour tous », écrivent ainsi les deux journalistes, « Cristina Kirchner, alors présidente de l'Argentine, avait reproché à Mgr Bergoglio de vouloir ''revenir aux temps de l'Inquisition''... » (Mais citer Mme Kirchner comme autorité morale a de quoi faire rire Buenos Aires).

Les Nouvelles Mœurs sont désormais totem et tabou ;  tout est bon contre ceux qui leur seraient réfractaires, y compris les accuser de pactiser avec les heures les plus sombres de l'histoire. C'est ce que Mmes Legrand et Montoya ne manquent pas de faire, même si ce grief est d'une absurdité totale en ce qui concerne le pape François.

La gravité de certaines accusations contre le P. Bergoglio aurait dû frapper les rédactrices et les amener à vérifier les faits ; cette vérification n'a pas eu lieu. Exemples :

<< C'est à la demande de Nestor Kirchner [...] que le journaliste Horacio Verbitsky aurait, en 2005, écrit le livre El Silencio dans lequel il accuse Jorge Bergoglio d'avoir entretenu des relations avec la junte militaire [...Verbitsky soutient] que le prélat aurait livré aux militaires, en 1977, deux jeunes prêtres jésuites qui travaillaient dans des bidonvilles...>>

Mais M. Verbitzky, ex-satellite des Kirchner, est un personnage déconsidéré à Buenos Aires. Et exhumer son accusation est indigne, quand on ne dit ni les noms (il s'agissait des jésuites Orlando Yorio et Francisco Jalics), ni les dates (1976 et non 1977), ni les faits (les deux jésuites s'étaient éloignés de la protection de l'ordre en 1974 par engagement politique), ni la vérité sur la position du P. Bergoglio (il a fait quatre fois pression sur la junte pour leur libération et les a aidés à quitter le pays) !

Mmes Legrand et Montoya taisent également la suitepourtant relatée comme toute l'affaire dans l'enquête d'Evangelina Himitian :

 

Enquête Himitian

<< Le P. Jalics, qui vit aujourd'hui dans un monastère de Haute-Franconie, en Bavière – a lui-même coupé court aux spéculations : ''Voici les faits : Orlando Yorio et moi n'avons pas été dénoncés par Bergoglio.'' Et le religieux explique que le P. Yorio et lui ont été enlevés en raison de leur lien avec une catéchiste qui avait travaillé à leurs côtés avant de rejoindre la guérilla. ''Nous ne l'avons plus vue pendant neuf mois, mais, deux ou trois jours après son arrestation, nous avons à notre tour été arrêtés. L'officier qui m'a interrogé m'a demandé mes papiers. Et quand il a vu que j'étais né à Budapest, il a cru que j'étais un espion russe...'' Le P. Jalics a déclaré devant la justice que Bergoglio était intervenu auprès de l'ambassadeur argentin à Rome et qu'il avait rencontré plusieurs autorités du gouvernement militaire afin d'obtenir leur liberté. [Lors des enquêtes judiciaires argentines sur les exactions de la junte, les tribunaux ont constaté l'innocence du P. Bergoglio : « Il est absolument faux de dire que Bergoglio a dénoncé ces prêtres. » Déclaration du président de la Cour suprême argentine, Ricardo Lorenzetti : ''Il est totalement innocent.'' ] »

 

Pas un mot non plus dans Le Monde sur l'action du P. Bergoglio pour aider des militants traqués (fussent-ils communistes) à fuir le pays, parfois en leur prêtant papiers et soutane ; pas un mot sur l'action ultérieure (publique et intense) de Bergoglio devenu évêque, puis archevêque, pour la canonisation des prêtres martyrs de la junte...

Tout ces faits étaient pourtant relatés dans le livre d'Evangelina Himitian, notamment pages 69 à 72. « Après le conclave, raconte-t-elle, il y a eu un véritable déferlement de témoignages de gens qu'il avait aidés sous la dictature militaire... »****

Autre contre-vérité flagrante : zappant tous les actes et toutes les déclarations du pape en faveur des mouvements de lutte populaire, spécialement en Amérique latine, les deux journalistes – parfaitement libérales par ailleurs et « spécialistes des études de genre » – sont allés chercher un quasi-nonagénaire, sorte d'Hibernatus paléo-guévariste nommé Rubén Dri : cet ex-salésien argentin reproche aux « prêtres des bidonvilles » (amis de Bergoglio) de ne pas faire partie des « prêtres du tiers-monde proches de la théologie de la libération », organisation sans adhérents mais qui sert d'enseigne à M. Dri.

«  ''Le discours antilibéral du pape est lié à la nécessité de contrôler les masses, de contrôler les pauvres car les pauvres appartiennent à l'Eglise'', assène Rubén Dri », écrivent Mmes Legrand et Montoya. Elles n'ont aucune idée de ce que le pape François dit aux pauvres et de ce à quoi il les appelle ! Quelqu'un devrait leur envoyer le discours de Santa-Cruz.

Quant à M. Dri, ce vieillard en est resté au rejet léniniste de la solidarité humaine concrète avec les pauvres (1917 : « il faut irriter les plaies du prolétariat pour hâter la révolution »). Ses propos hors d'âge sont pieusement recueillis par Mmes Legrand et Montoya, collaboratrices du Monde : voilà donc  une presse liée à la finance mais accusant le pape François d'être un agent du capitalisme (qu'il dénonce pourtant à coups redoublés) ; alors que ce même pape est qualifié de communiste atroce et d'ami du LGBT par l'extrême droite catholique ! « Bienheureux quand on dira du mal de vous à cause de moi », disait le Christ.

Si vous vous souciez de connaître l'action de Jorge Bergoglio en Argentine, qui explique certains aspects du pontificat du premier pape non-européen de l'histoire moderne, lisez plutôt le livre d'Evangelina Himitian.

 

_______________

* Presses de la Renaissance.

** « de Buenos Aires »

*** responsable des jésuites dans le cadre d'un pays. 

**** Ce qui n'empêche pas Mmes Legrand et Montoya de ressortir en trois lignes un monstre du Loch Ness : la « Garde de fer » dont Bergoglio aurait été membre « dans sa jeunesse » et qui aurait été « inspirée du parti fasciste roumain du même nom ». Phrase qui véhicule, sans le dire, une accusation sanglante puisque ce défunt parti roumain coopéra à la Shoah ! Les deux journalistes taisent ce qu'était en réalité la « Garde de fer » argentine : un groupe de députés auxquels ce surnom avait été donné à cause de l'intransigeance de leur orthodoxie péroniste ; donc rien à voir (hors la malencontreuse homonymie) avec la défunte et inexportable secte roumaine politico-ésotérique.  Quant au P. Bergoglio, il se contenta d'entendre en confession trois dirigeants de ce groupe en 1973, comme le rapporte l'enquête d'Evangelina Himitian.

 

pape françois

 

Commentaires

SERVILES ET DOCILES

> Cette enquête à charge du 'Monde' contre le pape François suerait-elle, l’air de rien (ce côté pseudo-impartial, « vif et bien construit », que vous soulignez), une haine analogue à celle déployée contre Mère Teresa, il y a deux semaines, par 'Slate' et les 'Inrocks' ?
Ces deux médias, à l’annonce de la canonisation prochaine de Mère Teresa, avaient fait leurs choux gras des jugements recuits portés par Christopher Hitchens – athée militant, essayiste et journaliste, décédé en 2011 –, sur la vie et l’œuvre de la fondatrice des Missionnaires de la charité.
L’article, qui date de 2003, biaisait méchamment avec certaines caractéristiques de l’apostolat de notre sœur en Christ, par exemple sa ferme opposition à l’avortement et au divorce. Et C. Hichens de commenter : « Elle [Mère Teresa] passera sa vie à combattre le seul traitement connu contre la misère – l'autonomisation des femmes et leur émancipation d'une existence de bêtes de somme à la reproduction obligatoirement compulsive ».
Notez que l’auteur n’écrit pas que « le seul traitement connu contre la misère » soit le droit d’avorter et/ou de divorcer, et cependant, c’est précisément ce que son article s’efforce de suggérer ! Hallucinant de mauvaise foi et de bêtise.
Hitchens, à l’instar semble-t-il des journalistes du 'Monde', était vent debout contre la doctrine de l’Eglise catholique.
Rien de nouveau sous le soleil : il est dans l’ordre des choses que face à une doctrine libératrice des élans les plus nobles de l’humanité, le journal de référence du social-capitalisme – ou « apocapitalisme » (loi du marché appliquée aux politiques et aux services publics) – organise la promotion du nombrilisme servile et docile auquel le système libéral s’efforce de cantonner l’être humain.
______

Écrit par : Denis / | 03/01/2016

RÉSULTANTE

> "S'il avait lu [le livre de Mme Himitian], il aurait su à quoi s'en tenir sur les rumeurs lancées il y a dix ans contre Jorge Maria Bergoglio par deux clans porteños" :
les choses sont peut-être plus graves dans le cas du "Monde" et des rédactrices de cet article ; à mon humble avis, s'il l'avait lu, eh bien, ce "quotidien de référence" n'en aurait pas tenu compte. Sans aucune peur du ridicule.
Ces rumeurs avaient d'ailleurs déjà été complaisamment étalées en 2013, au moment de l'élection du pape François, dans divers média, sur "France Culture" par exemple (où avait été interrogé en tant que "journaliste catholique" un membre de la rédaction de "Golias").
(En vous souhaitant évidemment une bonne et sainte année !)

SL


[ PP à SL - Bien sûr ! Je pense la même chose que vous. J'ai simplement utilisé une tournure... détournée. En réalité ces médias sont un circuit fermé de faux-semblants et de mauvaise foi, où dominent en fin de compte les préjugés, les automatismes de cour et les effets de réseaux. Croyez-en ma vieille expérience de ce business : je serais surpris que l'article Legrand-Montoya soit passé par la voie du service compétent ; il a plutôt l'air de résulter d'autre chose.
Pourquoi, d'ailleurs, le journal qualifie-t-il d'"envoyée spéciale" sa résidente permanente à Buenos Aires ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : Sven Laval / | 03/01/2016

QUESTION

> J'ai une question: est-ce important? Le Monde a-t-il encore suffisamment d'audience pour être dangereux ? Un journal moribond en France est-il un problème pour le pape François? Je reconnais que c'est symptomatique du fonctionnement des médias et de leurs industrie de la mauvaise foi, mais bon, est-ce réellement un problème pour l'Eglise et le pape ?

Vf


[ PP à Vf - Il est toujours instructif de montrer ce que les puissances d'argent ont dans la tête. Et de le montrer... aux catholiques français de 2015, qui sortent d'une décennie de confusionnisme sérieusement aggravé depuis 2013 ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Vf / | 03/01/2016

DROIT DE LA PRESSE

> Bravo et merci pour cette splendide réfutation.
Avez-vous exigé un droit de réponse ?

Morellec


[ PP à M.
- Merci à vous.
- Mais, non, je n'aurais pas de droit de réponse en pareille matière : en vertu du droit de la presse, les seules personnes admises au droit de réponse sont celles qui sont nommées dans un article. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Morellec / | 03/01/2016

BASE

> Tu as raison, "a temps et à contre-temps" St Paul. Et répéter, la base du métier de professeur...Mon impatience me fait oublier les fondamentaux dirait l'autre (ceci dit, qu'est-ce qu'on a été mauvais pendant la coupe du monde...).
______

Écrit par : VF / | 04/01/2016

CLAIR

> Au moins, c'est clair, à condition que tout le monde sache bien qui détient et donc commande le "journal de référence".
______

Écrit par : Pierre Huet / | 04/01/2016

@ Vf

> "Journal moribond" ? Oui et non... Il reste beaucoup lu au sein des administrations (c'est en tout cas mon impression), où il est "le quotidien de référence". Si, si ...
______

Écrit par : Feld / | 04/01/2016

PRESSE DÉBILE

> Et maintenant, un peu d'intelligence journalistique :
http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2016/01/04/un-an-apres-un-dieu-assassin-a-la-une-du-numero-anniversaire-de-charlie-hebdo_4841110_3236.html
______

Écrit par : Feld / | 04/01/2016

2016

> Bonne année 2016
dans la Joie profonde, la Paix et l'Amour
de Jésus et de Marie !

PlaB

[ PP à PlaB - Bonne année à vous et aux vôtres. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierronne la Bretonne / | 04/01/2016

à Feld

> Il y a bien longtemps que je n'ai plus vu 'Le Monde' en salle des profs... mais le nouveau prof est un mutant technoïde qui sait reconnaître quelques icônes et et tapoter sur un tableau blanc. Sait-il encore lire....?
______

Écrit par : VF / | 06/01/2016

JEAN VANIER ET LE PAPE

> De retour d'un w-e à l'Arche à Trosly, nous avons eu la joie de rencontrer Jean Vanier, beaucoup d'échange à propos de François qui le touche énormément, ils ont en commun la même vision de ce christianisme incarné, ce christianisme engagé à la défense des plus faibles. Alors à tous les "bergogliophobes" catho ou pas, venez échanger avec Jean Vanier...!
______

Écrit par : Tangui / | 11/01/2016

Les commentaires sont fermés.