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23/12/2015

Crèches : panique de maires devant l'Hérode libéral

"Pas de place chez nous !"

vers-bethléem.jpg

Ces maires feraient mieux d'imiter celui de Saint-Quentin : cf. mon commentaire !  Ci-dessous aussi un témoignage de Luc Richard et une analyse de Roland Hureaux : 


De Luc Richard :

<<  Pour la petite histoire, Aiguilles, le village des Hautes-Alpes dont ma famille est originaire et où nous passons une bonne partie de l'année, avait l'habitude depuis une quinzaine d'années d'installer une crèche sur le parvis de la mairie. Cette année, ne voyant pas la crèche, je demande au maire s'ils ont décidé de la supprimer et pourquoi. Réponse de l'intéressé : "Cela pourrait déranger les musulmans et protestants..." Lorsque j'ai raconté l'histoire a une amie franco-algérienne du village, de culture musulmane et laïque, celle-ci était outrée que l'on puisse suspecter les musulmans d'être hostiles à une crèche de Noël. La crèche a été remplacé par un gigantesque sapin décoré. Autre exemple de la haine de soi et de l'oubli des traditions populaires : un superbe peuplier trônait sur la place d'Aiguilles, arbre de la liberté qui commémorait la Révolution de 1789. Lorsque ce dernier est mort, j'ai dû batailler trois ans avec le conseil municipal (précédente mandature) pour qu'un autre arbre soit replanté ! >>

 

De Roland Hureaux :

<< La crèche : un point commun entre chrétiens et musulmans
FIGAROVOX/TRIBUNE - Roland Hureaux est essayiste et élu local. Il est l'auteur de Gnose et gnostiques des origines à nos jours, paru en 2015 aux éditions Desclée de Brouwer.


Assurément la crèche s'inscrit dans l'héritage chrétien. Que l'enfant Jésus ait été placé dans une crèche (ou une mangeoire) est mentionné à trois reprises dans l'Évangile selon saint Luc.

Pour les musulmans, Jésus (Issa) et Marie (Myriam) sont tenus pour des figures très importantes, tout comme l'ange Gabriel (Jibril). L'islam croit en la conception virginale. La sourate XIX ( verset 22) du Coran, dite sourate de Marie, raconte la naissance de Jésus qui est désigné comme un prophète «ni violent, ni malheureux» (verset 32). Même s' il est précisé un peu plus loin que Dieu ne saurait avoir un fils, il a la dignité du dernier des prophètes avant Mahomet et sa mère fait l'objet d'un grand respect, tout comme son cousin Jean le Baptiste dont le tombeau est vénéré dans la grande mosquée de Damas.

C'est dire combien s'égarent ceux qui voudraient interdire les crèches dans l'espace public pour ne pas offenser les musulmans.

Sous un palmier

Il est vrai que dans le Coran, Jésus naît sous un palmier. Mais cela ne contredit nullement la tradition chrétienne. Seuls en effet des écrits apocryphes tardifs (Évangile du Pseudo-Mattieu, Protoévangile de Jacques, Vie de Jésus en arabe) mentionnent que cette crèche se trouve dans une grotte, un élément symbolique sur lesquels les psychanalystes ont sans doute beaucoup à dire. Un autre apocryphe, la Vie de Joseph le charpentier précise que la naissance a eu lieu près du tombeau de Rachel, femme du patriarche Jacob. Mais qui dit mangeoire dit point d'eau, qui dit point d'eau dit palmier, en tous les cas au Proche-Orient. Jésus a pu naître sous un palmier et être placé ensuite dans une crèche, laquelle pouvait se trouver en plein air comme c'est généralement le cas aux lisières du désert.

Il est donc possible de faire une crèche œcuménique en ajoutant un palmier, sans trahir le texte biblique.

Cela vaudrait assurément mieux que d'ajouter un sapin. Non seulement le sapin est absent de la Bible, et pour cause, mais c'est à tort qu'on en a fait un symbole chrétien. Il procède plutôt des cultes de la nature issus du Nord de l'Europe. Symbole de vie éternelle car son feuillage est pérenne, il évoque, bien plus que la Nativité, le culte du solstice issu du vieux fond païen indo-européen.

Il est remarquable que ceux qui, par ultra-laïcisme, promeuvent l'effacement des fêtes chrétiennes du calendrier ne trouvent à se rabattre que sur ces symboles naturistes néo-païens se référant au calendrier solaire: solstice d'hiver ; solstice d'été, équinoxes. Revenir à une symbolique païenne après vingt siècles de judéo-christianisme, il y a eu des précédents à ces tentatives dans l'Europe des années trente. Les intellectuels hostiles au christianisme de cette époque avaient mieux compris que nos laïcistes que ce n'est pas dans l'humanisme de gauche que se trouve la contradiction la plus radicale à l'héritage chrétien. Ils tentèrent d'en tirer, de la manière que l'on sait, les conséquences.

La fête de Noël rassemble de nombreux personnages: notamment les mages, dont l'Evangile selon saint Matthieu qui seul en parle, ne dit ni qu'ils étaient trois, ni qu'ils étaient rois. Là encore ce sont les apocryphes qui ont fixé cette tradition. Une légende a propagé qu'ils venaient l'un d'Asie, l'autre d'Europe (ou d'Arabie) , le troisième d'Afrique , et tous les trois vinrent s'incliner devant un enfant juif. Mais l'Ecriture parle de «mages venus d'Orient» et le nom de mage, sage, en grec désigne alors un prêtre zoroastrien (ou mazdéen) d'Iran.

Passons de la légende à l'histoire: quand le roi de Perse Chosroês II, mazdéen, envahit la Palestine en 614 après sa victoire sur les Byzantins, il commence à démolir les églises, mais il épargne la basilique de Bethléem en reconnaissant sur la coupole la figure des trois mages habillés à la manière de son pays. Au passage, on rappellera que le même entreprend ensuite de réinstaller les Juifs à Jérusalem.

Même s'il ne faut pas sur-interpréter ces convergences, Il est peu probable que la disparition des crèches de Noël de l'espace public, écoles comprises, favorise la paix religieuse en Europe, bien au contraire.

                                                                                 R.H.  >>

 

 

Mon commentaire : 

1. Le reniement des bonnes vieilles coutumes (qui s'attire le mépris des musulmans pratiquants) touche beaucoup de maires français : par exemple Mme la maire de ma propre ville des Hauts-de-Seine, où pourtant la crainte de Daech peut difficilement être invoquée comme prétexte. Mais il ne touche pas tous les maires ! Ainsi Xavier Bertrand, pourtant tête de turc des lepéno-cathos mais qui tient bon dans sa ville de Saint-Quentin. Je le cite : « Là où il y a déjà eu des crèches dans les mairies ou devant elles, on les garde ! Nous n'avons pas à nous excuser de qui nous sommes... Et au marché de Noël de Saint-Quentin, que j'ai maintenu, il y a des chalets où l'on vend des crèches... Ça continuera comme avant !  Si nous commençons à vaciller aussi sur nos valeurs et nos traditions, ce pays est fichu. On ne transige en rien sur la laïcité, le principe homme-femme : mais on ne renie rien pour autant. »

 

2. La trajectoire des sens successifs du sapin de Noël est symptomatique :

Il s'agit à l'origine d'un symbole païen vitaliste d'origine germanique, comme Hureaux le rappelle pour sa part : le triomphe de la vie végétale sur le froid de l'hiver, etc. Relire à ce sujet Cosmos du théologien Louis Bouyer, avocat chrétien de la fonction des mythes : « Les civilisations de la cueillette reconnaissaient plus communément la prééminence unifiante du ciel. Celles de la chasse et de la pêche se tournent vers les puissances cosmiques féminines comme la lune et l'eau, sans toutefois oublier le "dieu céleste". Les pasteurs nomades tendent à unifier le culte autour d'un dieu soleil à côté d'autres éléments comme la pluie, le vent ou l'orage. Les agriculteurs 220px-Irminsul_pillar_black_svg.pngsédentaires placent le divin dans les puissances chthoniennes, vers la terre et la végétation, dont l'obscure maternité préside à la vie comme à la mort... »* Certains mythologues identifient l'arbre du culte germanique à l'Irminsul ou Yggdrasill, « pilier du monde », totem de l'union homme-cosmos (dessin ci-dessus). Mais l'Irminsul des païens saxons était un frêne : son assimilation au sapin et au cycle paléogermanique de Jul (« les Douze Jours de la grande pause créatrice ») manquent l'un et l'autre de bases archéologiques.

La coutume du sapin, christianisé en « arbre de Noël »(Weihnachtsbaum) décoré, se diffuse en France progressivement après l'annexion de l'Alsace (1697) : au XVIIIe siècle et surtout au XIXe.

Le sapin d'alors a perdu depuis des siècles son ancien contexte païen : il est devenu compatible avec le Noël populaire, chrétien depuis que l'Eglise a recyclé les fêtes d'hiver gallo-romaines en y plaçant la commémoration de la naissance du Christ (fait historique attesté mais sans datation très précise). Au XVIIIe siècle et au XIXe, la coutume catholique est encore la référence de la plupart des Français.

...Mais  elle ne le restera pas. Avec la déchristianisation de l'Europe occidentale aux XIXe et XXe siècles, le sapin perdurera comme symbole d'une sorte de Noël laïque : un symbole vide.

Avec le déferlement aujourd'hui de l'idéologie néolibérale (l'idole Argent, dont nous avons analysé la nature néopaïenne dans ce blog), l'empire du consumérisme expulse le christianisme et phagocyte la période de Noël, dont chacun peut mesurer aujourd'hui ce qu'elle est devenue. Le sapin retrouve ainsi un contexte « païen », situation qu'il avait perdue depuis des siècles !

Mon avis (auquel d'autres analystes catholiques opposent d'ailleurs des arguments) est que nous devrions délaisser le sapin, désormais accaparé par ce que nous combattons, et mettre avec force l'accent sur les symboles lisiblement chrétiens du cycle de Noël : en priorité la crèche, bien entendu.

Un cas insolite est celui de la galette des rois. Elle aussi a été accaparée par le business, puisque les boulangers la commercialisent (très cher) pendant plusieurs semaines en la décontextualisant et en la privant de sens, avec des fèves débiles en forme de guitares ou de motos... Cependant tout le monde garde à l'esprit d'histoire des Rois Mages, populairement soutenue par les couronnes en carton** ; or cette histoire est inséparable de l'Evangile (même si les mages attestés par l'Ecriture ne sont devenus des « rois » que dans la légende dorée). Qui dit Rois Mages, dit crèche et Enfant Jésus... Voilà un point inattendu où la pratique populaire garde une ouverture évangélique qui résiste à la marchandisation.

                                                                                        P.P.

 

_______________

* M.-H. Grintchenko, Une approche théologique du monde : Cosmos du P. Louis Bouyer (Collège des Bernardins 2015).

** tant que des maires ne les interdisent pas comme « évoquant les heures les plus sombres » (les dix siècles royaux de l'histoire de France)... Le cas semble s'être présenté cette année au moins une fois. Il se représentera. Combien de temps les couronnes fleurdelisées resteront-elles légales ? Des mesures devraient être prises à leur encontre dans le cadre de l'état d'urgence ! (cf. notre note précédente).

 

crèches de noël et maires

  

Commentaires

LES PROTESTANTS, VRAIMENT ?

> Sur votre commentaire quant au "reniement des bonnes vieilles coutumes (qui s'attire le mépris des musulmans pratiquants)" : c'est là un problème essentiel ; si nous n'avons à proposer à des personnes d'origines ou de cultures étrangères que du vide, elles nous mépriseront en effet, là où elles pourraient au contraire trouver des motifs, sinon d'adhésion, d'estime, voire d'admiration.
Sur le témoignage de Luc Richard : je me demande à quels protestants pense le maire de ce village. Je connais pour ma part des représentations de la crèche (avec arrivée des mages, etc.) venant de pays protestants (luthériens, il est vrai). Ce genre d'argument laisse bouche bée...

SL


[ PP à SL - Pour avoir trop regardé la télé, ce maire doit penser que les protestants ne croient pas en Jésus Christ. ]

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Écrit par : Sven Laval / | 23/12/2015

CRÈCHES INTERNATIONALES

> L'argumentation de Xavier Bertrand sent un peu trop la posture électorale. Un marché de Noël, comme tout commerce, n'est aucunement soumis aux restrictions laïcistes. Dans la citadelle rose-bobo (désormais assiégée) de Martine Aubry, le marché annuel sur la place Rihour n'a jamais cessé d'être "de Noël", et présente lui aussi son chalet fourmillant de santons garantis Made in Aubagne - ce qui ne semble malheureusement pas le cas du vendeur absolument dépourvu d'assent. Les écharpes rouges que d'aventure vous verriez froncer le museau le feraient plutôt devant les stands de vin chaud aux épices et de gaufres liégeoises !
Pour ce qui est du sapin, cela fait longtemps qu'il ne trône plus dans mon intérieur. Enfant, je l'associais à la féerie hivernale, mais depuis que la neige nous fait systématiquement défaut (cet "hiver" 2015 se révélant particulièrement écœurant), il ne rime plus à grand-chose. Dans le même ordre d'idée, vous pourriez également citer le houx. En revanche, et à la joie des plus jeunes, nous n'hésitons pas à faire tourner les crèches collectionnées au gré de nos voyages (Bethléem, Pérou, Mexique...).
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Écrit par : Albert Christophe / | 23/12/2015

JOYEUX NOËL

> Et j'oubliais : un très joyeux Noël à vous, Patrice, et à tous les lecteurs de ce blog !

Albert Cristophe


[PP à AC - Joyeux Noël à vous et à tous les vôtres ! ]

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Écrit par : Albert Christophe / | 23/12/2015

MAIRIE

> Pas rancunier, j'ai mis une petite mairie dans ma crèche.
Dans la joie, fêtons Noël, célébrons la Nativité et prions pour l'apaisement.
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Écrit par : Pierrot / | 23/12/2015

HAKIM LE FOU

> Un rappel très concret à l'appui de analyse de Roland Hureaux : la basilique constantinienne de Bethléem est la seule épargnée par la fureur islamiste (déja) de Hakim le Fou au XIème s. qui, par ailleurs alla jusqu'à détruire non seulement la basilique du St Sépulcre, mais celui-ci-même.
Il est vrai que l'ignorance des wahhabites actuels est voisine de celle de nos laïcards.
Belle et sainte fête de Noël à tous!
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Écrit par : Pierre Huet / | 23/12/2015

À PARLY 2

> Heureux d’avoir croisé une belle crèche dans le centre commercial Parly 2. Beau point d’interrogation pour ramener les nez collés aux vitres et aux néons au seul centre qui vaille, l’attente du Sauveur.
Heureux de la crèche panoramique logée dans la chapelle de la Vierge de la cathédrale de Versailles. Un personnage en souffrance cependant : l’âne. Il faut sauver l’âne de Saint-Louis de Versailles !
En effet, la tête basse et tendue vers la crèche, encore vide, de l’Enfant Jésus, l’âne de notre évêque a les oreilles couchées et le museau méfiant. Il n’a pas l’air content. Mon interprétation : son impatience de voir enfin remplie la mangeoire. Elle expliquerait ce petit air concentré et têtu…
Heureux de la crèche familiale : avec une tendresse particulière pour les rois mages en chemin, qui sur le buffet, qui dans la bibliothèque, qui sur l’étagère de boulanger… se dirigeant vers la crèche (en desserte). Aucun d’eux, certes, ne se dissimulant derrière un sapin – ce compagnon trop fier, et peu doué pour l’inclination, auquel nous avons nous aussi renoncé.
Joyeux Noël à tous !
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Écrit par : Denis / | 23/12/2015

HAUTES-ALPES

> Pour avoir vécu un bon moment dans les Hautes-Alpes, il y a une forte tradition protestante qui remonte aux Vaudois. Et la foi y est parfois vécue de manière spéciale (je me souviendrait longtemps du curé faisant venir l'enfant de choeur à sa place au moment de la consécration, ce jour-là, il y en avait un, et lui faisant "consacrer" l'eucharistie tout en restant de côté, à plusieurs mètres de l'autel...).
De plus, c'est une région devenue très superficielle et littéralement bouffée par le fric et le matérialisme-mercantile à cause du tourisme (sports d'hiver de plus en plus délirants et tourisme alpin d'été). On y parle constamment de tradition et d'identité mais on vous vend la raclette (de Franche-comté), la fondue (de Suisse), les cors de montagnes (Suisse) etc : brefs, que des trucs qui ne sont pas de la région. Région qui fut longtemps pauvrissime sur tous les plans. Tout y est bâti autour du chiffre d'affaire de quelques familles qui tienne le tourisme des quelques vallées habitables.
Ceci dit, cela me rappelle aussi un reportage de France 3 Paca sur les santonniers durant lequel le journaliste trouvait courageux et hérétique (sic) qu'un des artisans ait osé faire un santon de Marie enceinte.....Un des gros problèmes de notre époque est l'ignorance.
Allez, sur ce, je vous souhaite un joyeux et saint Noël. Que la fête de la naissance de notre Sauveur vous comble tous de joie, de paix et d'espérance. Et n'oubliez-pas, c'est le moment de vivre la miséricorde :-)

VF

[ PP à VF - Pour l'honneur des Hautes-Alpes, je dois dire qu'en 1815 un lointain arrière-grand-oncle du côté de mon grand-père paternel a failli empêcher les 25 000 morts de la campagne de Belgique : il était descendu du Champsaur avec son fusil de chasse pour supprimer "Buonaparte". Hélas il n'est arrivé au col de Laffrey que le 8 mars. Napoléon était passé la veille. ]

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Écrit par : VF / | 23/12/2015

LES CATHOPHOBES INDIGNENT DES MUSULMANS

> Je ne peux que confirmer Luc Richard. Un de mes collègues de bureau musulman me disait qu'il était outré par le laïcisme anti religieux qui s'exprime notamment par l'affaire des crèches.
En fait cela montre l'hypocrisie de ces laïcistes qui ne cessent de nous dirent que la majorité des musulmans sont modérés mais qui donnent par ce genre de comportement des gages au islamistes intolérants.

Ludovic


[ PP à Ludovic - Très juste ! excellente et incisive observation. Bravo. Il faut la diffuser partout. ]

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Écrit par : Ludovic / | 24/12/2015

ASIE

> À Taïwan, où je réside, le dialogue inter-religieux est apaisé et fructueux. J'invite tous les ans plusieurs amis bouddhistes à la messe de la Nativité ; ils ne me feront pas défaut ce soir, dans un bel esprit d'ouverture. Certes, les hypermarchés regorgent, comme en Europe, de jouets en plastique et de bonnets de père Noël : la fête est avant tout commerciale. Mais dans cette île où le christianisme est largement minoritaire, célébrer l'Incarnation ne génère aucunement l'interrogation ou la surprise des non-chrétiens. Point de tension donc autour de la pratique religieuse, quelle qu'elle soit.
Rappelons ici que contrairement aux religions du Livre, ni le bouddhisme, ni le taoïsme, ni la religion populaire chinoise ne fondent leur dogme sur une vérité révélée. D'où une parfaite acceptation de crèches extérieures qui ne constituent aucunement une entrave à l'ordre public ou à la liberté religieuse.
Un ami japonais me faisait récemment remarquer combien il trouvait curieux les interminables débats, en France, autour du concept de laïcité. Le laïcisme à la française est en effet inconcevable en Asie orientale : chacun a sa croyance, plus ou moins affirmée selon les individus, et la vit sereinement sans voir dans le fait religieux un frein à l'équilibre social. Dans cette région du monde, personne ne cherche donc à "écraser l'infâme"... sauf sans doute en Chine continentale - non pour des raisons religieuses, mais sur fond de doctrine marxiste. La religion y est remplacée par un matérialisme ravageur ; le vide spirituel que ce dernier génère est le triste pendant de celui que connaissent nos sociétés européennes déchristianisées.
Joyeuse fête de la Nativité à toutes et à tous... et in terra pax homínibus bonae voluntátis !
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 24/12/2015

NIHILISME

> Je m'interroge sur l'utilisation des mots comme "laïcisme" ou "laïcard", je les emplois aussi. Dans cette "crêchophobie" est-ce la laïcité (mal comprise) qui est défendue ou s'agit-il d'un combat pour un athéisme d'Etat qui avance masqué. L'instrumentalisation de la laïcité et des religions (musulmans et protestants ici, d'autres ailleurs) servant de paravent à d'autres motivations.
Les guerres de religions, autrefois, résultaient biens souvent d'instrumentalisations du religieux par les puissants au service de leurs ambitions.
Outre les ambitions ne serait ce pas la rencontre des marchants de vide avec la peur des religions savamment cultivée qui conduit a de telles attitudes.
La laïcité n'a donc rien à voir avec tout ça. Elle sert juste de cache sexe au nihilisme culturel (cultuel) de notre Occident toluidiné (herbicide racinaire).
______

Écrit par : Jean-Philippe / | 24/12/2015

DOS À DOS

> D’accord avec Ludovic. Nous pouvons dans une certaine mesure renvoyer dos à dos les prêcheurs du laïcisme le plus intolérant, que nous révèlent les discours anti-crèche dans l’espace public, et ceux des mosquées radicales. En étant évidemment bien conscient que le laïciste ne réclame pas la mort du croyant, comme tel ou tel imam salafiste celui de l’infidèle.
De fait, le pire des laïcistes (type GODF) est malgré lui pétri de deux mille ans d’une laïcité rendant à Dieu ce qui est à Dieu, à commencer par l’amour et la miséricorde – deux mille années qui ont notamment ré-accouché de la démocratie.
Reste, en creux (comme dirait M. Bartolone), cette interrogation : le front principal, ainsi que nous sommes amenés parfois à le penser, au vu des événements, n’oppose-t-il pas, en particulier en France, islamisme et laïcisme, l’un et l’autre aspirant au statut de religions d’Etat intolérantes à tout système de penser la vie communautaire ou citoyenne autre que le leur ?
Et la « répression » des crèches n’est-elle pas tout simplement, au mépris de notre culture et de notre histoire, l’instrument nécessaire à cette République des « fraternelles » dans laquelle nous vivons, pour justifier les freins mis à la visibilité du fait religieux musulman dans l’espace public – et au bout du compte pour asseoir définitivement la « religion de la République » ?
En tout cas, une certitude : les francs-maçons qui nous gouvernent (mais oui, il ne faut pas hésiter à dire cette affiliation de plusieurs membres du gouvernement, à l’encontre de la doxa dominante de nos médias, si discrets et soumis devant ce signe de « progrès ») ne peuvent plus nous vendre aussi facilement l’opposition entre un prétendu vote chrétien de droite conservateur, forcément obscurantiste, et un prétendu vote musulman de gauche, nécessairement éclairé et débonnaire…, une opposition sur laquelle des leaders de gauche notamment – du type Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui – ont surfé depuis cinquante ans.
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Écrit par : Denis / | 24/12/2015

LE SAPIN ETC

> Vouloir remplacer le sapin par le palmier par orthodoxie catholique et par "œcuménisme" avec les musulmans : quel obscurantisme ridicule du politiquement correct !
il faudrait maintenant s'en prendre au sapin ?!? De plus avec des arguments qui ne sont pas chrétiens !?! Non le christianisme n'est pas une religion du livre mais la religion de Jésus Christ : ce n'est pas parce que le bœuf et l'âne sont absents des Évangiles qu'ils sont contraires à l'orthodoxie ; de même pour le sapin. Non le christianisme n'est pas un système tout fait mais un chemin : il ne se développe pas par destruction des anciennes religions mais par acculturation de la Bonne Nouvelle. Il n'est pas chrétien d'opposer orthodoxie et paganisme.
Ou alors il faudrait combattre non seulement le sapin mais aussi les noms des jours et des mois, mais aussi la plupart des éléments de nos liturgies. Autel du sacrifice devant le Saint et le Saint-des-Saints, procession des offrandes, banquet mystique, tout cela était commun aux religions préchrétiennes d'Europe et de Méditerrannée et perdure grâce au Christianisme. Purifier notre religion serait la détruire et tomber dans le péché d'Adam et de la tour de Babel.
L'erreur n'est pas tant de vouloir revenir au paganisme que de vouloir l'opposer au christianisme. Je m'amuse (en pleurant) d'entendre les mêmes personnes reprocher au christianisme son intolérance et ne pas se rendre compte qu'ils détruisent de vieilles traditions préchrétiennes en rejetant ce qui est chrétien.
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Écrit par : Guadet / | 26/12/2015

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