"Ce nouveau commencement que Dieu seul pouvait créer"

Le Fils éternel épouse la matière dans la nature humaine, pour se faire - par l'homme - rédempteur de sa création et cellule inaugurale du monde nouveau. Lisons Jean de la Croix et Benoît XVI :

 

 

« La naissance de Jésus manifeste les noces de la nature divine avec la nature humaine en la personne du Verbe. Chacun apporte ce qui lui est propre, tout leur devient commun. Et Marie contemple la merveille : Dieu apporte à l'homme la joie du salut, les chants des anges et des bergers ; l'homme apporte à Dieu le froid, la crèche et les pleurs. A travers Marie, c'est aussi Jean de la Croix qui contemple ''ce troc'' en sa vie et en celle de tout baptisé : en Jésus, Dieu est à nous, et ce qui est de nous, Il le prend sur Lui...  

(Parole et prière, 24 décembre).

 

  

« Pero Dios en el pesebre / alli lloraba y gemia / que eran joyas que la esposa / al desposorio traia. / Y la Madre estaba en pasmo / al que tal trueque veia : / el llanto del hombre en Dios, / y en el hombre la alegria / lo cual del Uno y del otro / tan ajemo ser solia... » [ «  Or Dieu là dans la crèche / pleurait et gémissait / c'étaient les joyaux que l'épouse / aux noces apportait. / Et la Mère s'émerveillait / de ce qu'un tel troc elle voyait : / les pleurs de l'homme en Dieu / et dans l'homme l'allégresse / chose qui, à l'Un et l'autre / si étrangère d'ordinaire était... » ]

(St Jean de la Croix - Romance IX * )

 

  

« C'est l'obéissance de Marie qui ouvre la porte à Dieu. La parole de Dieu, son Esprit, crée en elle l'Enfant. Il le crée à travers la porte** de son obéissance. Ainsi Jésus est le nouvel Adam, un nouveau commencement ab integro – par la Vierge qui est pleinement à la disposition de Dieu. De cette façon a lieu une nouvelle création, qui cependant se lie au « oui » libre de la personne humaine de Marie. Peut-être peut-on dire que les rêves secrets et confus de l'humanité sur un nouveau commencement se sont réalisés dans cet avènement que Dieu seul pouvait créer... » 

« Dans l'histoire de Jésus il y a deux moments dans lesquels l'action de Dieu intervient sans intermédiaire dans le monde matériel : la naissance par la Vierge et la résurrection du tombeau, dans lequel Jésus n'est pas resté et n'a pas subi la corruption. Ces deux faits représentent un scandale pour l'esprit moderne. On concède à Dieu d'opérer sur les idées et les pensées, dans la sphère spirituelle – mais non dans la sphère matérielle. Cela dérange. Là n'est pas sa place ! Mais il s'agit justement de cela : c'est-à-dire que Dieu est Dieu, et qu'Il n'évolue pas seulement dans le monde des idées... Il ne s'agit pas ici de quelque chose d'irraisonnable ni de contradictoire, mais de quelque chose de positif : du pouvoir créateur de Dieu qui embrasse tout l'être. C'est pourquoi ces deux points – l'enfantement virginal et la résurrection du tombeau – sont des pierres de touche pour la foi. Si Dieu n'a pas aussi pouvoir sur la matière, alors Il n'est pas Dieu. Mais il possède ce pouvoir, et, par la conception et la résurrection de Jésus-Christ, Il a inauguré une nouvelle création. Ainsi, en tant que Créateur, Il est aussi notre Rédempteur. Pour cette raison, la conception et la naissance de Jésus de la Vierge Marie sont un élément fondamental de notre foi et un signal lumineux d'espérance... »  

(Joseph Ratzinger Benoît XVI – L'enfance de Jésus, Flammarion 2012 ).

 

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* Ecrits divers, Cerf 1986, p. 102.

** Rédemption, conversion, re-création. Naître à nouveau : pensons aux Portes saintes de l'année de la Miséricorde, dont nous parle le pape François dans sa bulle d'indiction.