18/12/2015
Robert McLiam Wilson : "le relativisme culturel, c'est le créationnisme des progressistes"
Un Irlandais satirise la volière bobo française...
À lire ici in extenso ! Extraits :
Le délire subjectiviste :
<< Nous sommes tous tellement inquiets de notre apparence que nous sommes inquiets de l’apparence des autres. Nous bondissons comme des saumons à la moindre nuance que nous pourrions fiévreusement dénoncer comme raciste, réac ou Dieu sait quoi... >>
La cécité française :
<< D’un côté, des psychopathes débiles nous tirent dessus, de l’autre, des idéologues nationalistes se rapprochent du vrai pouvoir, pendant qu’une large proportion de la société (toutes couleurs et obédiences confondues) se sent abandonnée, colère. Nous ignorons une crise politique urgente et terrifiante, trop occupés à donner des noms d’oiseaux à des philosophes... >>
L'ethnomanie :
<< Je n’oublierai jamais ce jour où, avant un match de foot, à une terrasse de café, on attendait un retardataire. Je chouinais parce que je ne voulais pas rater le coup d’envoi. «Calme-toi ! m’ont dit les autres, on attend le Français.» Le Français ? J’ai d’abord cru que je loupais un terme d’argot savoureux. J’étais avec deux Arabes et un Noir (tous nés en France). On attendait un Blanc. D’où, «le Français»... Inimaginable, un truc pareil, aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. On attend le British. We’re waiting for the American. C’est pas que ça ne se dit pas. Personne ne le dirait, jamais. Pas déclinable, pas du domaine du possible. Même pour chambrer, la nationalité est hors sujet. Et que font nos «padamalgameurs» et nos gauchos contre cette tournure corrompue et clivante ? Cette anomalie idiomatique qui enraye tout progrès ? Absolument rien. L’échec est absolu et misérable. Ce n’est pas que le FN a gagné, c’est qu’il occupe un espace pas défendu. L’unique but des intellos d’ex-gauche étant quasi exclusivement de pleurnicher et d’anathématiser d’autres intellos décrétés louches. De les placer sans équivoque dans le camp idéologique ennemi. Comme si à ce jeu étrange, celui qui gagne était celui qui ajoute le plus de joueurs à l’équipe adverse... >>
L'étalage émotionnel :
<< Vous pensez vraiment que les gens qui tirent le diable par la queue dans les villes anciennement industrielles du Nord de la France en ont quelque chose à foutre de vous, de moi, ou de Finkie ? Ils nous méprisent ou nous trouvent sans intérêt. [...] Face à quoi, l’étalage inquiétant et dégoûtant d’émotions infantiles, venant parfois de mes propres amis, me rend malade. L’infini ressassement de la détestation universelle du FN. Oui, oui, j’avais compris les 100 premières fois. Et donc ? Cette poussée soudaine de popularité du parti du Diable, est-ce que ça signifie que 6,8 millions de Français sont désormais des orques ? La France est-elle devenue Mordor ? Est-elle perdue ? [...] Y a-t-il quelqu’un pour penser que la cause a été plaidée ? Vraiment ? Nan, nous étions distraits, trop occupés à nous disputer pour savoir si Caroline Fourest est secrètement une salope-nazie-cuir. Ils ont adoré ça à Lille et à Calais. Fascinés, ils étaient. Tout ça serait hilarant si ça ne me donnait pas envie de pleurer... >>
► Robert McLiam Wilson vit à Paris. Né en 1964 dans le ghetto catholique de Belfast, il est notamment l'auteur d'Eureka Street, roman sur fond de guerre d'Irlande du Nord.
17:47 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bobos, front national, politique
Commentaires
RÉGIONALES
> Et pendant ce temps-là, dans le pays réel :
http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Regionales-2015-21-avril-2002-bis-repetita-les-Francais-meprises
F.
[ PP à F. - Mais que fait l'excellent RH chez le francescophobe Billot ? ]
réponse au commentaire
Écrit par : Feld / | 18/12/2015
RIONS AVANT
> Oh oui ! de l'air de l'air !
J'y retrouve effectivement l'humour pmuesque qui me manque tant !
Merci de cette référence et de cette tribune. Sortons de nos regards égotiques et rions largement de nos erreurs. Voilà un vrai programme évangélique, AVANT de parler politique !
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Écrit par : Antoine R. / | 19/12/2015
@ PP
> "Mais que fait l'excellent RH chez le francescophobe Billot ?"
Tout comme Yves Meaudre et Henri Hude, il y écrit d'excellentes choses (ce n'est d'ailleurs que pour lire les papiers de ces trois auteurs que je consulte encore 'Liberté Politique' ! ).
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Écrit par : Feld / | 21/12/2015
DEUX IDÉES
> c'est bien -et honnête !-que ce soit publié chez Libé puisque ça s'adresse exactement aux bobos.
Mais toute la France n'est pas bobo.
Il ressort de cet article que ce sympathique irlandais fréquente surtout la frange (la fange ?) bobo de la France.
Peut-on lui suggérer, s'il ne le fait pas déjà, de fréquenter les (autres) Français, les vrais,
c'est-à-dire pas ceux qui sont en France comme sur une toile cirée, qui vivent en touriste dans la société, comme un bernard-l'ermite qui vit dans une coquille qui n'est pas la sienne,
mais les gens qui sont y ancrés, enracinés, qui vivent dans la réalité.
Sinon il va devenir dingue !
> "le francescophobe Billot"
le patronyme "Billot de Lochner" me fait penser à "Felix von Luckner" qui ressemblait à un paisible voilier mais n'en était pas un. On avait le canada dry qui ressemble à de l'alcool mais n'en est pas, on a désormais le "catho dry" qui ressemble à ...
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Écrit par : E Levavasseur / | 22/12/2015
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