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11/11/2015

Le "travail de réforme" entrepris par François...

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...fait grincer des dents, mais il continuera :


 

Dimanche dernier au balcon de la place Saint-Pierre, le pape est revenu sur l'affaire des fuites du Vatican et sur les deux livres de journalistes qui épinglent la curie :

<< Je sais que beaucoup d'entre vous ont été perturbés par les informations diffusées ces jours derniers à propos de documents confidentiels du Saint-Siège qui ont été volés et publiés... C'est un acte déplorable qui n'aide pas. J'avais demandé moi-même de faire ce travail [le rapport d'audit entrepris en 2013 sur l'administration vaticane], mes collaborateurs et moi-même le connaissions déjà bien, et des mesures ont été prises qui portent déjà leurs fruits dont certains sont déjà visibles... Ce triste événement [la fuite du document et la mise en garde à vue du prélat coupable] ne me détourne certainement pas du travail de réforme que nous effectuons avec mes collaborateurs, et avec le soutien de vous tous. »

Cette déclaration doit être pesée mot à mot. Le pape souligne qu'une partie du contenu des deux livres accusateurs vient de l'audit qu'il avait lui-même commandé. Il approuve ce contenu, ce qui n'est pas pour surprendre quand on sait ce qu'il a dit aux prélats de curie à Noël 2014. Et il ajoute que « le travail de réforme » sera poursuivi de toute façon : ce qui découragera peut-être les fourberies et les birbonate (coups tordus) que lui adresse depuis un an l'alliance contre-nature des ultraconservateurs et des ultraprogressistes.

En France, les ultraprogressistes ont pris leur retraite ; restent les ultra-conservateurs. Leur blocage psychologique face à François se répand sur toute la gamme du ressentiment : réticences maussades, rancune, aigreurs, voire malveillance et (chez les plus entreprenants) désinformation, par voie de presse et d'internet comme je le signale dans le chapitre 1 de mon livre* où j'épingle les désinformateurs en expliquant en quoi leur vrai mobile n'est pas religieux.

Aux autres, ceux qui ne vont pas jusqu'à la désinformation et dont le mobile est religieux – au moins dans leur esprit –, je tiens à redire ceci : être catholique signifie marcher avec l'Eglise, donc en union avec le pape et les évêques unis au pape ; ne défendons pas la curie contre le pape dès que celui-ci parle de changements... Ne substituons pas, à l'universalité du sentire cum Ecclesia, des idées fixes franco-françaises. Demandez-vous pourquoi François a ajourné sa venue en France, messieurs, mesdames et mesdemoiselles ! La réponse vous concerne, vous et vos ultimatums doucereux à l'évêque de Rome ; prétendre l'enfermer dans vos étroitesses était un peu léger.

 

_______________ 

* Face à l'idole Argent, la révolution du pape François (Artège).  

 

Commentaires

QUI

> Mais qui sont ou auraient été les ultraprogressistes ? Des adeptes du progrès technique tous azimuts ? des Compagnons de route du parti communiste? des catholiques votant pour des partis de gauche ?

Blaise


[ PP à B. - Les trois, au choix ou à la fois (selon les cas) ! Dans 'Face à l'idole Argent', je donne l'exemple de la JAC des années 1950 qui joua, au nom du progressisme, le rôle le plus néfaste sur le plan de la paysannerie : au point de s'identifier à la FNSEA et de se faire agent du mythe de la mondialisation agro-industrielle "à la française" et de la transformation des campagnes en "espace" à l'américaine... Le résultat est la catastrophe paysanne actuelle.
A noter : ce "progressisme" agro-industriel qui allait rejoindre le libéralisme s'accompagnait d'un "progressisme" religieux consistant à effacer les repères de la foi. ]

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Écrit par : Blaise / | 11/11/2015

DONATISTES

> Les "idées fixes franco-françaises" font penser à la crispation africano-africaine des donatistes des IVe et Ve siècles. Saint Augustin ne cessait de les appeler à "aimer l'Eglise répandue sur toute la terre".
Et quand François dit "le soutien de vous tous", il est fidèle à sa façon de demander aux catholiques, au soir même de son élection, de prier pour lui. Saint Augustin disait à son peuple: "N'allez pas penser, Frères, que nos prières [celles des évêques] vous sont nécessaires, et que vos prières ne nous sont pas nécessaires. Les prières des uns pour les autres nous sont nécessaires aux uns et aux autres" (Sermon 305 A [Denis 13], § 10).

JMS


[ PP à JMS - Excellente, la comparaison avec les donatistes. Leur chauvinisme local et leur sectarisme clanique (sous couleur d'intransigeance chrétienne : "Deo laudes !") sont l'archétype de toutes les déviances "nationales-religieuses" de l'Histoire. Et les semonces d'Augustin à leur égard ont un modèle de pastorale, qu'on aimerait voir imiter aujourd'hui. Il y a urgence... ]

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Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 11/11/2015

NOTRE PAPE

> Merci de vos rubriques nous informant des divergences navrantes entre certains prélats et notre pape. Il arrivera à sortir l'église de ce bourbier
incroyable. Le Christ à dit à Pierre il me semble : "tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église et la mort ne l'emportera pas sur elle".
Gardons confiance et espérance - prions - Merci encore.
______

Écrit par : Jouanneau Léa / | 11/11/2015

DISCUSSION

> "En France, les ultraprogressistes ont pris leur retraite". C'est assez vrai dans les grands centre urbains mais bien moins en dehors. La région parisienne n'est pas la France ! Lorsque, pour des raisons familiales, je me rends dans d'autres régions, le contraste n'est que trop clair. Lorsque des fidèles, en Bretagne, en sont réduits à quémander à leur curé une heure d'adoration eucharistique (par mois !) et, comble de charité pastorale, elle leur est finalement accordée, non sans sourire narquois et remarques sarcastiques venant de toutes parts, je me dis qu'en matière de retraite, certains font de la résistance.
Plus généralement, si l'audience des "progressistes" a diminué c'est aussi parce-qu'ils sont à ce point tellement installés dans leurs idées et pratiques auto-référentielles, qu'ils ont perdu le contact avec l'Eglise universelle sans même en avoir conscience. On les entend moins car ils ne disent plus rien, ne revendiquent plus rien parce-qu'ils sont convaincus que l'Eglise, c'est eux.
Par ailleurs, E. Levavasseur parlait hier des grands rassemblements "festifs" et de leurs travers : leur caractère traditionnel - sur tous les plans - ne m'a jamais sauté aux yeux…

TM

[ Pp à TM - Sur la question bretonne : pratiquant les messes en Bretagne depuis longtemps, je constaterais plutôt une amélioration...
Sur les grands rassemblements : je ne les critique pas autant que vous et Eric Levavasseur. Le caractère "traditionnel" (et qu'entend-on au juste par ce qualificatif ?) n'est pas le seul critère en matière d'apostolat, et je suis témoin de leur effet bénéfique sur beaucoup de jeunes. Songeons simplement à l'effet François lors des JMJ de Rio... ]

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Écrit par : Thomas Mousset / | 12/11/2015

"CETTE PHRASE ME TOUCHE"

> "Je sais que beaucoup d'entre vous ont été perturbés par les informations diffusées ces jours derniers à propos de documents confidentiels du Saint-Siège qui ont été volés et publiés... C'est un acte déplorable qui n'aide pas. "
Cette phrase me touche beaucoup.
Le pape montre qu'il se préoccupe de nous, de ce que nous comprenions bien ; c'est paternel.
A nous, donc, de nous montrer filiaux.
Mais aimons-nous l'Eglise ?
"travail de réforme que nous effectuons avec mes collaborateurs, et avec le soutien de vous tous " : je pensais dédier la prochain pèlerinage pour la nouvelle évangélisation de la France aux paysans, je vais y ajouter le pape.
Rien d'incompatible d'ailleurs (le pape n'est-il pas un berger ?), les choses iront mieux en France si les catholiques français aiment leur prochain et écoutent le pape plus que les médias et les partis (le nom même de "parti" en dit long).
Nous devons être ses relais. On nous accusera de papolâtrie (ben tiens !)
Puisqu'il faut que les choses viennent de la base, que peut-on faire ?
- Faire dire des messes, faire des pélés dont le but affiché est de prier pour aider le pape François à son travail de réforme dans l'Eglise
- Faire des travaux de synthèses des écrits du pape et organiser des petites conférences pour les expliquer autour de soi ; les structures pour cela existent ce sont les paroisses. Car attention : rien sans mon Eglise !
- Un autocollant "François je suis avec toi/compte sur moi/je prie pour toi"
- Arrêter de se définir comme "catho de gauche / catho de droite" ce qui revient à mettre la politique sur le même plan que la foi ou pire à mesurer la foi à l'aune de la politique, la vertu à l'aune des "valeurs", la foi à celle de l'opinion.
Si le pape est la pierre sur laquelle est bâtie l'Eglise alors nous ne pouvons être que des "catholiques lithologiques".
- Distribuer symboliquement des pendentifs fait d'une ficelle et d'un caillou à l'entrée des messes et pélés précités
- Surtout lutter contre toute hostilité à l'égard du clergé (ce à quoi les loups déguisés en brebis chercheront à nous pousser - mais c'est à cela qu'on les reconnaîtra)...
Il faut aimer le pape comme on aime l'Eglise dont il est chef visible au nom du Chef invisible, comme on aime son pays qui est comme l'image visible de la Patrie Céleste.
Il faut vivre la communion ds saints.
- Autocollant "la communion des Saints ? c'est maintenant ".
______

Écrit par : E Levavasseur / | 12/11/2015

@ PP et à Thomas

> Je ne critiquais pas les JMJ (dont je pense seulement qu'elles ne sont pas suffisantes mais l'Eglise n'a jamais dit qu'elles l'étaient), mais d'autres "événements" où le désir de faire nombre et "djeunss" est de toute évidence, le but principal.
Dès que ce but n'est pas le principal, je n'ai aucune critique, au contraire.
La foi d'abord, la foule et le dynamisme viennent automatiquement ensuite.
Ce que je critique c'est quand il y a inversion.
Intéressant de voir comme on peut être mal compris, c'est de ma faute.
J'ai suffisamment souffert d'appartenir à une génération de l'Eglise "transparente" où il fallait quasiment avoir honte d'être catholique (pour ainsi dire) pour me réjouir de l'absence de complexe d'aujourd'hui.
Mais cette absence de complexe doit venir de la foi ; pas du nombre, du bruit, etc.
Comprenez-vous ce que je veux dire ?
Pour la Bretagne oui il y a encore des noyaux où c'est bien difficile, notamment dans les campagnes. mais ce n'est pas la seule région.
C'est un évêque breton qui m'a dit "je ne sais sur qui je peux compter dans mon diocèse."
Il faut aimer l'Eglise, noire de péchés mais belle.
On ne peut pas se sauver sans elle.
______

Écrit par : E Levavasseur / | 12/11/2015

@ Thomas

> je relis votre commentaire et comme PP je demande : "traditionnel" ? qu'entendez-vous par là ? perso, je n'utilise pas ce mot.
Je ne comprends pas votre phrase en fait.
Les derniers progressistes font encore du mal mais vous savez, les athées-pieux en font bien plus, de manière plus sournoise car ils sont considérés comme "vrais cathos" et à plus grande échelle car souvent leur sites internet et leurs paroisses sont très fréquentés par des naïfs séduits par leurs discours bien rodés et faciles à retenir.
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Écrit par : E Levavasseur / | 12/11/2015

TIRAILLEMENTS

> Oui, il y encore beaucoup de tiraillements.
Juste un symptôme: Les chroniques bibliques (hors commentaires du lectionnaire du jour ou du dimanche suivant) de l'une et l'autre radio chrétienne !
Sur l'une, le souci d'appuyer le commentaire historique par les plus récentes découvertes archéologiques ou paleographiques, sur l'autre, la préoccupation de montrer que "ça n'a pas pu se passer comme ça mais que l'auteur sacré à voulu expliquer que .... de façon figurée".
Curieusement, sur la seconde, ils se croient obligés de prendre un ton ennuyeux, sur la première ils ont un en-train de sauvés. Il est vrai que les voix trahissent un écart de générations.
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Écrit par : Pierre Huet / | 12/11/2015

LA VRAIE INFORMATION

> la vraie information c'est maintenant :
rencontre avec le cardinal Vingt-Trois au sujet du synode à la crypte de l’église Saint-Honoré d’Eylau 64 bis avenue Raymond Poincaré 75016 Paris
http://www.paris.catholique.fr/rencontre-exceptionnelle-bilan-et.html
avec le lien il y a aussi le rapport final du synode à télécharger.
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Écrit par : E Levavasseur / | 12/11/2015

LE SENS

> Traditionnel, tout simplement dans le sens que lui donne l'Eglise catholique. Ni plus, ni moins. Par ailleurs je vous avais bien compris et ne cherchais pas à vous impliquer dans mon propos.
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Écrit par : Thomas Mousset / | 12/11/2015

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