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01/10/2015

Syrie : cohérence russe, incohérences "occidentales"

Vingt SU-25 d'attaque au sol ont été engagés le 30/09 dans la région de Lattaquié...

syrie,russie

Quoi qu'on en pense, le contenu (géopolitique) de l'intervention russe était aussi prévisible que le cafouillage des "Occidentaux" :


 

Avant la séance à l'ONU, New York et Londres (avec Paris en remorque zigzagante) avaient admis que le départ de Bachar el-Assad n'était plus un « prérequis*».

Puis il y avait eu la confrontation Obama-Poutine à New York. Sur la scène publique, l'assouplissement de Washington envers Moscou s'était trouvé confronté au contenu politique de l'intervention russe : le maintien d'Assad. Obama avait cru devoir rappeler – pour garder contenance – qu'Assad était infréquentable. Entendant ça, Hollande s'était empressé d'en rajouter dans la posture anti-Assad ; Paris avait annoncé son intention de juger le président syrien pour crime contre l'humanité. (Ce genre d'attitudes rigides conviennent mal à Hollande : d'autant qu'Obama passe son temps à changer de ligne, laissant chaque fois l'Elysée en porte-à-faux).

Après la séquence new-yorkaise, les tractations Washington-Moscou ont repris en coulisses : l'impasse au Proche-Orient ne permet pas  à la Maison Blanche d'afficher longtemps une intransigeance sans contenu.

C'est donc le cafouillage occidental sur toute la ligne.

Rivée aux intérêts économiques et financiers, la classe politique de l'Ouest a perdu le sens du politique et du géopolitique. Elle ne connaît plus que les manoeuvres de multinationales, habillées de grands mots « éthiques » ; ce qui condamne les Occidentaux aux bourdes suivies de reculades.

Mais Moscou pratique la realpolitik traditionnelle : définition des objectifs, déploiement des moyens, exécution du programme.

Les Etats occidentaux commettent des erreurs aveugles  au service d'intérêts privés : par exemple l'invasion-occupation de l'Irak en 2003. L'Etat russe suit son intérêt géopolitique... En Syrie Poutine sait exactement ce qu'il veut (on peut en discuter le bien-fondé ou la moralité**) ; Obama ne sait pas ce qu'il veut. Quant à Hollande, il veut juste plaire aux monarchies sunnites pour leur vendre des métros et des avions.

Par ailleurs, nos médias déplorent que l'Europe « ne compte pas ». Ils ne se demandent pas pourquoi. La réponse est évidente : l'UE est le contraire d'une puissance géopolitique. Elle ne veut pas en être une. Elle a été conçue pour ne pas en être une ! L'UE est un agrégat de conseils d'administrations opaques, une plate-forme du libre-échange vouée par nature à « l'élargissement » perpétuel. Pour ce qui est de sa relation au reste du monde, elle s'en remet à la Maison Blanche ; pour ce qui est de sa sécurité, elle s'en remet à l'OTAN qui est l'outil du Pentagone (voir plus haut). Cette inféodation est absurde puisque les intérêts des Européens et ceux des Etats-Unis ne sont pas les mêmes ; et cette absurdité est l'une des raisons du cafouillage permanent des « Occidentaux ».

 

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* Comme si les « Occidentaux » avaient été des arbitres capables de faire sortir Assad !

** Washington et Paris critiquent les frappes aériennes russes, dirigées officiellement contre Daech mais peut-être contre d'autres éléments anti-Assad : nos « alliés » d'al-Qaida...  Cependant Washington et Paris n'ont pas critiqué les frappes aériennes turques, dirigées officiellement contre Daech mais en réalité (et là sans aucun doute) contre les Kurdes ! Pourquoi ce silence au profit de la Turquie ? Parce qu'elle fait partie du conglomérat « occidental ». Les objectifs du nationalisme turc n'ont rien à voir avec les slogans « éthiques » euro-américains ? En effet. Le conglomérat occidental se caractérise par son incohérence.

 

 

 

Dans le corps expéditionnaire russe : 500 fusiliers-marins...

syrie,russie

  

10:51 Publié dans Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : syrie, russie

Commentaires

TARTOUS ET LE GOLAN

> Avec, de la part des dirigeants deux non-dits considérables qui sont sûrement dans leurs têtes.
-Vladimir Vladimirovitch Poutine ne parle pas de Tartous. Or la Russie a besoin impérativement de cette base - surtout dans ce temps de tension en Ukraine - pour garder toujours une partie de sa flotte du Sud-Ouest hors de la nasse de la Mer Noire verrouillée par la Turquie en cas d'état de guerre. La Syrie doit subsister et rester un satellite.
-Barack Hussein Obama ne parle pas du Golan qu'Israël ne peut lâcher et dont l'annexion est contestée par l'Etat syrien actuel. Château d'eau et balcon militaire, c'est une position clé. Dans cette région, Israël soutient logistiquement Al Nosra. Seule la destruction de la Syrie peut garantir la perennité de cette annexion.
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Écrit par : Pierre Huet / | 01/10/2015

BOMBING THE C.I.A.

> L'aviation russe a bombardé "des rebelles financés par la CIA", révèle... John McCain !

http://www.leparisien.fr/international/syrie-nouvelles-frappes-russes-contre-des-positions-islamistes-01-10-2015-5144575.php?utm_medium=Social&utm_source=Twitter&utm_campaign=Echobox&utm_term=Autofeed&link_time=1443719738#xtor=AD-1481423552
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Écrit par : churubusco / | 01/10/2015

@ PH

> Certes le départ d'Assad serait pour Israël une plus grande probabilité de garder le Golan ... sauf si ... celui-ci était remplacé par l'EI ! ?
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Écrit par : Franz / | 03/10/2015

TROIS REMARQUES

> Remarque 1
Quand les Etats-Unis envahissent le Panama, le monde ne trouve rien à dire, il y va là de "sa sphère d'influence de ses intérêts". Et pourtant le Panama n'est même pas un pays limitrophe des Etats-Unis : au moins 5 pays sont intercalés entre eux, la Floride partie des EU la + proche est à + de 2000km à vol d'oiseau. A titre de comparaison la frontière syrienne est à vol d'oiseau distante de 500 km de celle de la Syrie et Tartous est à 1000 km.
Remarque 2
En quoi le monarque Assad est-il pire que les autres monarques du golfe arabo-persique ? A l'aune des critères habituels des droits de l'homme occidentaux, avant les troubles menés en Syrie, le régime syrien, me semble-t-il, était même meilleur (je ne crois pas que ce régime ait jamais décapité et mis en croix un cadavre pour exposition publique jusqu'à pourrissement).
Remarque 3
Assad combat actuellement un ennemi extérieur (EI) et un ennemi intérieur (financé par les EU). La logique dicte qu'il ne peut être efficace contre l'EI tant qu'il doit aussi se garder à l'intérieur (Lénine a arrêté les combats de la 1ère guerre mondiale dès qu'il a pris le pouvoir, ce qui a permis à l'Allemagne de se retourner ses armées l'Ouest - tandis qu'ici la Syrie ne peut arrêter aucun de ses combats). Les intérêts américain et russes divergent forcément : officiellement les américains ne peuvent accepter l'EI mais ils ne veulent pas/plus d'Assad.
NB : Disant cela je ne cherche pas à prendre partie pour la Russie ou la Syrie, juste à demander pourquoi cette mise en perspective n'est pas faite par nos média et politiques ?
Il semble que d'une cause à l'autre, les critères de jugement des européens et des américains changent.

franz


[ PP à Franz - Nos médias et nos "politiques" semblent incapables de la moindre "mise en perspective". Ils ne savent que "réagit à chaud", c'est-à-dire enfiler des slogans sans rapport avec les réalités... ]

réponse au commentaire

Écrit par : franz / | 03/10/2015

@ Franz

> Si l'EI en venait à menacer des territoires considérés par Israël comme siens ou au moins dans son périmètre de sécurité, on peut penser qu'il aurait soudain du mal à se financer en trafiquant pétrole et pièces archéologiques à travers des pays de l'OTAN ou satellites.
Et puis, la valeur incontestable de l'armée israélienne le calmerait vite.
Il est à noter que dans la communication dominante, on ne parle plus maintenant de l'EI et de l'opposition à El Assad comme si l'EI ne le combattait pas et comme si cette opposition n'était pas essentiellement islamiste.
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Écrit par : Pierre Huet / | 03/10/2015

IMAGE

> Et nous, nous avons tout gagné :

"L'image de la France qui était bonne dans ce pays, toutes confessions confondues, est devenue aujourd'hui désastreuse, sauf peut-être chez quelques djihadistes coupeurs de tête qui n'ont pas pour autant l'intention d'épargner les nôtres."

http://www.atlantico.fr/decryptage/bombardements-russes-allies-americains-en-syrie-incident-militaire-entre-arabie-saoudite-et-iran-retrait-palestiniens-accords-2362242.html/page/0/2?yahoo=1
______

Écrit par : Feld / | 05/10/2015

Les commentaires sont fermés.