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14/09/2015

Le patriarche de Constantinople ouvre l'année orthodoxe par un appel spirituel à la responsabilité écologique

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...dans l'œcuménisme avec l'Eglise catholique :


 

Archevêché des Églises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale
exarchat du patriarcat œcuménique

Архиепископия Православных Русских Церквей в Западной Европе
экзархат вселенского патриархата

Archdiocese of Russian Orthodox Churches in Western Europe
exarchate of the ecumenical patriarchate

Aartsbisdom der Russisch-Orthodoxe Kerken in West Europa
exarchaat van het oecumenische patriarchaat

 
Actualité

Message patriarcal

pour le début du nouvel an ecclésiastique

N° de protocole 851

 

† BARTHOLOMAIOS

PAR LA GRÂCE DE DIEU ARCHEVÊQUE DE CONSTANTINOPLE NOUVELLE ROME ET PATRIARCHE ŒCUMÉNIQUE

QUE LA GRÂCE, LA PAIX ET LA MISÉRICORDE DE NOTRE SEIGNEUR DIEU ET SAUVEUR JÉSUS-CHRIST, AUTEUR, GARDIEN ET GOUVERNEUR DE TOUTE LA CRÉATION, SOIENT AVEC LE PLÉRÔME DE L’ÉGLISE.

* * *

En l’Esprit saint se renouvelle l’entière création, retournant à sa première condition » (Anavathmi, t. 1).

« Béni sois-tu, Seigneur, le seul à renouveler tes œuvres quotidiennement » (Basile le Grand).

Frères concélébrants et enfants bénis dans le Seigneur,

Nul n’ignore qu’à l’initiative prise par le Patriarcat œcuménique -et récemment par l’Église catholique romaine aussi- le 1er septembre est fixé comme journée de prière pour la protection de l’environnement naturel. Au cours de cette journée, nous prions le Très-Haut de faire briller de joie Sa création pour qu’elle soit agréable et fructueuse à la vie de l’homme sur terre. Cette requête comprend certainement aussi la prière pour qu’Il permette que les inévitables changements climatiques se passent dans les limites de tolérance pour la survie de l’homme d’une part, la durabilité de la création, d’autre part.

Toutefois, l’humanité, que ce soit en partie ou dans son ensemble, se comporte à l’opposé de cette demande. Nous oppressons la nature de manière à causer des changements climatiques et environnementaux inopinés et fâcheux, nuisibles à son fonctionnement régulier et dès lors à notre vie. Le cumul des actes commis par des individus, mais aussi par des entreprises privées et publiques de grande envergure, destinés à produire davantage de biens au profit des exploitants, a pour seul résultat la destruction de la création de Dieu faite pour fonctionner harmonieusement.

Nous tous qui appréhendons le risque quotidiennement grandissant du changement climatique sur notre planète, dû à l’activité humaine, haussons la voix pour le signaler et appelons tout le monde à examiner ce qu’il faut faire « pour que la vie ne disparaisse pas au bénéfice de la richesse » (Déclaration de l’Organisation des Nations Unies).

Dès lors, en qualité de Patriarche œcuménique, nous déployons des efforts depuis des années pour informer les fidèles de notre Église et tous les hommes de bonne volonté des risques que l’usage parfois abusif des ressources énergétiques implique ; un usage qui menace de produire un terrible changement climatique tout en compromettant la durabilité de l’environnement naturel.

Nous les chrétiens orthodoxes avons appris des Pères de l’Église à limiter nos besoins dans la mesure du possible. Au consumérisme, nous opposons l’ascétisme. Un ethos d’autolimitation des besoins à l’indispensable. Cela n’implique pas privation, mais rationalisation de la consommation et désapprobation éthique de la prodigalité. L’apôtre du Christ nous exhorte : « Si donc nous avons nourriture et vêtement, nous nous en contenterons » (I Tm 6,8). Christ lui-même, en multipliant les cinq pains pour rassasier cinq mille hommes, hormis des femmes et des enfants, a prescrit de rassembler les morceaux qui restaient « de sorte que rien ne soit perdu » (Jn 6,12).

Malheureusement, les sociétés modernes ont renoncé à pratiquer cette prescription, livrées à la prodigalité et à l’exploitation insensée pour satisfaire un sens de prospérité vain. Ces comportements sont cependant susceptibles d’être modifiés, moyennant une éducation appropriée, pour économiser des ressources et de l’énergie.

Frères et enfants dans notre Seigneur et Créateur commun,

Nous les humains sommes les destructeurs de la création, à cause de notre avidité, de notre attachement à la terre, aux biens terrestres que nous tentons d’accroître sans cesse, à l’instar du « riche insensé » de l’Évangile. Nous oublions l’Esprit saint en Qui « nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17,28). Cela signifie que pour juguler la crise écologique, il faut agir de façon concertée, mais toujours en l’Esprit saint, par la Grâce de Qui nos efforts humains sont bénis et se renouvelle l’entière création, retournant à sa première condition, telle qu’elle fut créée « très bonne » par Dieu. C’est pourquoi, c’est à l’homme, cocréateur et doté du libre arbitre, qu’il incombe de faire face à la crise écologique.

La terre ressemble à « un gigantesque tas d’ordures » (François, pape de Rome, Encyclique 2015). Ce ne sont pas uniquement des immondices matérielles, mais avant tout spirituelles. Ce sont des ordures provenant essentiellement des pensées malsaines de l’être humain lui-même. Toutefois, nous les chrétiens orthodoxes, forts de la certitude de notre foi au Seigneur tout-puissant, Auteur de toute la création, sommes appelés à faire œuvre d’évangéliste, d’apôtre, aussi en matière de protection de la création : autrement dit, ranimer le message évangélique joyeux dans le monde tumultueux d’aujourd’hui ; réveiller la nature spirituelle somnolente de l’être humain, diversement éprouvé à bien des reprises et de bien des manières ; transmettre, enfin, un message d’espérance, de paix, de vraie joie de la paix, de la joie du Christ.

Pensant ainsi et proclamant cette vérité depuis notre très saint Trône œcuménique apostolique et patriarcal, nous appelons le monde entier à faire preuve de vigilance, à se débarrasser de pensées fourbes et de mobiles intéressés pour vivre en harmonie avec le prochain et avec la création « très bonne » de Dieu. Nous prions et souhaitons avec Basile le Grande qui « a expliqué la nature des êtres » : « Béni sois-tu, Seigneur, le seul à renouveler tes œuvres quotidiennement ; béni sois-tu, Seigneur, qui créas la lumière et les ténèbres, et qui les distinguas ; Béni sois-tu, Seigneur, créant et réformant tout, éloignant l’ombre de la mort et transformant le jour en nuit ; Béni sois-tu, Seigneur, qui créas l’homme à ton image et ressemblance, créant le jour dédié aux œuvres de lumière et la nuit pour le repos de la nature humaine... » .

Ceci est notre message, notre conviction et notre exhortation à vous tous : Tenons-nous bien, tenons-nous dans la crainte devant la création de Dieu.

Que la grâce et l’infinie miséricorde de notre Seigneur, auteur de la création tout entière, visible et invisible, soient avec vous tous et avec le monde entier, toujours et dans les siècles infinis. Amen.

Le 1er septembre 2015

† Bartholomaios de Constantinople

fervent intercesseur auprès de Dieu

 

11:25 | Lien permanent | Tags : orthodoxes