06/07/2015
Merci à Tsipras !
Pourquoi nous avons vibré devant la vision d'Athènes hier soir :
Pour ne pas vibrer, il aurait fallu avoir la sécheresse d'un blanchisseur de milliards luxembourgeois : ou, comme dit le pape, « une confiance grossière et naïve dans la bonté des dirigeants de l'économie ou les mécanismes sacralisés du modèle économique dominant ». A 61,31 % des suffrages, les citoyens grecs ont dit OKI (non) au diktat de ce qu'on appelle « les créanciers », et qui ne sont qu'une partie du casino financier mondial : casino qui joue les Vertus Comptables alors qu'il est le cirque du cynisme ! (en ayant notamment poussé les précédents dirigeants grecs à la faute depuis plus de dix ans).
Nos télévisions ont montré, sur le place Syntagma noire de monde, des dizaines de milliers de citoyens grecs fêtant leur acte de bravade et de fierté. Beaucoup chantaient les hymnes de combat de 1944.
Une dame déclarait à l'envoyée spéciale de BFM : « Le symbole de l'Europe est le Parthénon, et le Parthénon n'est pas une banque. C'est un temple... »
Cette boutade dit que l'acte posé par les Grecs le 5 juillet 2015 a valeur de symbole – au moins pour ceux des Européens qui ont encore le sens du symbole.
Elle dit aussi qu'une Europe qui remplace les temples (toute forme de transcendance) par les banques (toute forme de spéculation) ne mérite pas d'exister.
Or c'est l'Europe que nous subissons depuis que son but* initial affiché, le rapprochement des peuples, a été remplacé par le libéralisme économique sous sa forme la plus absurde mais la plus acharnée : ses servants parlent maintenant de nous imposer un super-gouvernement fédéral, cf Jean Quatremer dans Libération ce matin. Ce ne serait que le super-outil libéral des banques, dans la main de Washington.
Politiciens de carrière, ou salariés des « médias d'encadrement » comme dit Habermas, il fallait voir hier soir leurs têtes ! Perdant ses nerfs, Eric Brunet (auteur en 2012 du livre Pourquoi Sarko va gagner) insultait les citoyens grecs, voleurs qui font de la peine à la grande gentille Finance... Eric Woerth leur reprochait de « faire un saut dans l'inconnu »... Geoffroy Didier décrivait un paysage imaginaire d'où étaient absents le casino spéculatif et la technocratie financière... Tout ça pour faire oublier que leur patron Sarkozy, la semaine dernière, avait commis une bourde (de plus) en vitupérant l'idée de faire un référendum : comme si un non-Grec, politicien battu en France, pouvait se permettre d'injurier une consultation populaire organisée en Grèce par le chef d'un gouvernement grec, que les Grecs allaient plébisciter à 61,31 % ! Bravo Sarko, t'es vraiment l'empereur. « Père La Violette dis-nous donc / Où-c'qu'est ta Marie-Louise ? / Tu l'sais bien tu n'diras pas qu'non / Tu nous l'avais promise / mais je n'la voyons pas Nicolas / Sais-tu qu'ça nous défrise ? ».**
Ce qui s'est passé en Grèce étant une consultation populaire, Sarko qui se prend pour Napoléon devrait se garder d'en injurier le principe.
Or il le fait. C'est un aveu. En fait de Napoléon IV, Sarko le battu de 2012 (et battu par qui !) n'est que l'un des clones de la classe politique euraméricaine : une classe politique qui a abdiqué la politique en s'inféodant à la machine bruxelloise.
L'UE n'est démocratique qu'en théorie. En réalité c'est un engrenage. M. Juncker l'a avoué : « pas de démocratie contre la construction européenne ». L'engrenage exigeait l'élargissement continuel de l'UE (dont la seule « identité » consiste à s'élargir). On*** a donc fait entrer la Grèce dans la zone euro, où elle n'aurait jamais dû entrer. Cette faute de l'UE ayant des conséquence graves, l'engrenage exigea ensuite que le peuple grec la paie de sa poche et de sa peau.
Ce peuple vient de dire non, avec un courage que les servants de l'UE qualifient d'inconscience.
Maintenant, l'UE est devant un dilemme.
Ou bien elle prend acte de ce non et entre dans le débat que demande Athènes. C'est ce qu'elle voulait surtout éviter : un débat politique, portant sur le fond du problème et sur le sens des choses.
Ou bien elle expulse la Grèce de la zone euro...
La première hypothèse révulse les technocrates financiers : revenir au politique serait, disent-ils, contraire au progrès sociétal.
La seconde hypothèse exaspère les Américains. Une Grèce sortie de l'Euroland ne serait-elle pas tentée par le Diable ? La NSA a entendu parler du projet (très rentable pour les Grecs) de vente du port de Thessalonique aux Russes... Or Washington impose son duel avec Moscou à l'UE, incapable de discerner son propre intérêt géopolitique.
Technocratie ultralibérale, tyrannique envers les citoyens mais docile à la finance et à l'allié (?) étatsunien, l'UE - monstre froid - se retrouve forcée aujourd'hui d'avouer ce qu'elle est.
Rien que pour cela, on peut dire merci à Tsipras.
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* Les anti-européens diront plutôt "son prétexte". Schuman croyait au but : mais derrière lui il y avait Monnet, l'Américain, pour qui le but allégué n'était qu'un prétexte. Time is Monnet, disait de Gaulle.
** Chanson anti-bonapartiste de 1815. « Nicolas » et « père La Violette » étaient des surnoms donnés à Napoléon ; la violette était devenue le signe de ralliement des bonapartistes sous la première Restauration. Geoffroy Didier et son parèdre Guillaume Peltier (« la Droite forte ») ont donc eu l'idée mirobolante de donner le nom de « Fête de la violette » à leur rallye annuel de sarko-nostalgiques. L'édition 2015 a eu lieu hier ; Sarko l'a honorée de sa présence, et a prononcé un discours sur lequel ironise la presse de ce matin. « Parlez-nous de Lui, grand-mère, parlez-nous de Lui... »
*** Ceux qui aujourd'hui hurlent contre le référendum grec.
12:14 Publié dans Europe | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : grèce, tsipras
Commentaires
VAROUFAKIS
> Mais pourquoi Tsipras victorieux s'empresse en premier lieu de donner un gage de servilité : limoger Varoufakis ?
C'est pas gagné !
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Écrit par : Guadet / | 06/07/2015
PARTHÉNON
> Ne fantasmons peut-être pas trop sur le Parthénon. Dans l'Antiquité, les temples grecs conservaient des trésors. Ils étaient des lieux de vie religieuse, mais aussi d'activités économiques et financières.
En revanche, réjouissons-nous qu'un tel défi à la technocratie bruxelloise ait été lancé dans la langue à laquelle nous devons le mot "démocratie" (et quelques autres, dont "philosophie").
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Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 06/07/2015
LÂCHE ESPOIR
> Nous avons voulu l'Europe, contre la liberté des peuples européens, dans le lâche espoir que cela nous préserverait des guerres. Je me rappelle dans mon enfance, dans les années 1960, la peur viscérale que nous avions d'un retour de la guerre. Nous n'avions pas appris la leçon de Munich.
Aujourd'hui, nous récoltons ce que nous avons semé : un empire tyrannique qui ne peut survivre que par la répression et qui nous entraîne dans une double guerre contre la Russie et contre les islamistes.
On ne pourra pas revenir si facilement d'une telle erreur, si ce n'est par la destruction de l'Europe. Culturellement et économiquement, elle a déjà commencé.
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Écrit par : Guadet / | 06/07/2015
> ευχαριστώ !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 06/07/2015
BONNE VOIE ?
> Courage, plus que quelques années (5 au maxi) à tenir avant que les Etats-Unis et le capitalisme disparaissent ... (si Mr Régis Chamagne ne s'est pas trompé dans ses calcul !)
https://www.youtube.com/watch?v=XuEbDxRQ2qo
Enfin, 2 bonnes nouvelles hier soir au JT : l'économiste autoproclamé de France 2 qui parle de politique et de démocratie en commentant le vote des Grecs (en disant plein de belles choses),
et le nouveau film d'Arthus Bertrand qui va sortir en septembre en parlant d'humanité, d'entraide, de lien social ... tout plein de trucs dont le pape parle dans son encyclique, mais avec des belles images.
Incroyable ! qui l’eut cru, évoquer l'économie, la consommation, la pollution, le social, la prééminence de la politique sur l'économique ... et d'une façon qui va plutot dans le bon sens ... dans un journal JT de 20 h !
"tout est lié" disait le pape dans l'encyclique, d'autres commencent à le répéter... nous sommes dans la bonne voie, mais le combat sera encore dur.
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Écrit par : bergil / | 06/07/2015
XÉNOPHOBIE
> Les élites vont essayer de garder le pouvoir en montant les peuples les uns contre les autres. La propagande a déjà commencé,sur les réseaux sociaux, dans la publicité, pour faire passer le Grec pour un fainéant qui a vidé nos caisses, l'Allemand pour une machine sans âme à qui il manque cette "french touch", dans l'arène politico-médiatique où on lance ces petites phrases assassines qui remettent au goût du jour des nationalismes populistes de souvenir nauséeux ...tout cela fonctionne depuis plusieurs années déjà, les industriels main dans la main avec les politiques et les médias.
De leurs côtés les Américains ont une longueur d'avance dans la diabolisation des Russes (tous les films d'action, toutes les séries policières ont d'affreux mafieux, qui se coupent les doigts entre eux,revendent des armes atomiques aux Islamistes et des filles terrorisées aux pègres locales, méchants caricaturaux au visage en mode permafrost et à l'accent soviétique.
Dans le même temps,on arrive toujours à raisonner un ou deux Islamistes, au fond braves ignorants, qui se repentent et choisissent de collaborer avec les gentils et désintéressés américains).
L'inaction-même des politiques face aux vagues d'immigration est calculée pour monter les misères les unes contre les autres.
Face à ce danger d'embrasements ethniques en Europe et dans le monde,-ce qui relancerait la production industrielle, ferait oublier le chômage,...- il n'y a que l'Internationale du Pape pour unir les peuples dans un même projet de libération intégrale.
Il n'est d'ailleurs pas anodin qu'il commence son encyclique, juste après l'avoir ancrée dans la tradition romaine, par l'enraciner aussi dans la tradition byzantine (référence au Patriarche Bartholomée). Les Orthodoxes, aux côtés du peuple hellène premiers dépositaires étrangers de cette sagesse grecque qui se rappelle à notre mémoire oublieuse, cet antidote universel à toutes les tentations de démesure...
Greg Gutfeld a raison de voir dans le Pape François "l'homme le plus dangereux de la planète". De la planète financière.
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Écrit par : Anne Josnin / | 06/07/2015
SAPIR
> En complément à votre analyse, cet article explore les conséquences possibles de ce vote :
http://russeurope.hypotheses.org/4056 : "OXI ! (Non)"
sur le site d'analyses économiques et politiques de Jacques Sapir, analyste économique et politique qui a déjà été cité sur ce blog :
http://russeurope.hypotheses.org/
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Écrit par : Théo / | 06/07/2015
L'INCONNU
> Ce qui me frappe peut-être le plus, dans le déluge de commentaires lus ou entendus depuis hier soir, c'est le rapport, tellement symptomatique, à l' « inconnu » :
« En votant Non, la Grèce entre dans l'inconnu, et par extension toute l'Europe aussi», martèlent, sueurs au front, les commentateurs pétrifiés par l'angoisse de la nouveauté, pour le coup la vraie nouveauté, qui se profile effectivement désormais pour la Grèce et pour toute l'Europe.
Je ne suis pas naïf au point de croire que l'entrée dans l'inconnu (on a presque envie de mettre une majuscule sur le i) va ouvrir sur un chemin de roses en Europe ; il comportera sans aucun doute aussi une dimension éminemment tragique et cataclysmique, tant sur le plan socio-économique qu'au niveau géopolitique.
Pour autant, à moins de vouloir se résigner ad vitam aeternam à notre (confortable) condition d'esclaves survivant en terrain (trop) connu, avons-nous d'autre choix, pour retrouver collectivement la vie et la liberté, que ce "grand saut dans l'inconnu" ?
L'horreur de l'Europe technocratique aura peut-être avant tout consisté en une privation organisée de l'expérience historique vitale de l'inconnu ; ses idéologues manipulant tous les registres qui en nos inconscients collectifs nous dissuadent de choisir l'Exode.
Le dilemme de Tsipras et des Grecs aujourd'hui à très court terme (prendre le risque radical du grexit ou plus raisonnablement poursuivre d'interminables et vaines négociations) manifeste finalement le dilemme de toute l'Europe, de tous les pays européens et de chacun de nous, face au grand saut auquel, de toute façon, nous n'échapperons pas.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 06/07/2015
MENSONGES
> Quand on souffre trop du présent, on ne craint pas l'inconnu.
-On a vu une nouvelle fois la "presse d'encadrement" (j'adore l'expression!) publier des sondages erronés, et ici, c'est violent ! Mensonge délibéré ou sous-déclaration un peu honteuse des intentions de vote qualifiées dédaigneusement de populistes ?
-Le départ de Varoufakis qui semblait être l'homme fort de l'équipe est stupéfiant. Cela augure mal de la suite: dans n'importe quelle formation sur la négociation, on vous explique qu'il ne faut pas se limer les dents avant, surtout avec de tels adversaires, mais plutôt porter des postiches façon Dracula.
Certains observateurs antilibéraux de ma connaissance, venus tant de la droite que de la gauche, se demandent depuis des mois si Syriza, qui a affiché son attachement à la construction européenne, n'est pas un parti leurre. Voila qui renforce cette thèse.
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Écrit par : Pierre Huet / | 06/07/2015
BÊTISIER
> Pour nous détendre, Natalia Troullier à déniché ce délectable bêtisier:
http://www.acrimed.org/article4715.html
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Écrit par : Pierre Huet / | 06/07/2015
à Pierre Huet
> Si vous connaissiez la situation à Athènes vous sauriez qu'Euclide Tsakalotos est aussi ferme que Varoufakis sur le fond. Mais lui, c'est un négociateur.
Français, ne donnez pas de leçons aux Grecs. Vous êtes mal placés.
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Écrit par : elefteros / | 06/07/2015
@ elefteros
> Correction fraternelle bien reçue, merci pour cette bonne nouvelle.
Mais arriveront-ils à s'en sortir DANS l'UE? Pour l'instant, leurs efforts sont mal récompenses:
http://www.alterecoplus.fr/grece/budget-la-grece-est-en-realite-le-pays-le-plus-vertueux-deurope-201506290821-00001655.html
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Écrit par : Pierre Huet / | 06/07/2015
MERCI
> Merci elefteros. Et pardon pour notre suffisance, qui nous fait mépriser aujourd'hui ceux-là-mêmes par qui nous serons peut-être sauvés demain.
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Écrit par : Anne Josnin / | 06/07/2015
L'EGLISE
> C'est avec beaucoup de plaisir que je visite régulièrement votre blog Monsieur de Plunkett. C'est un excellent billet!
Par contre pouvez-vous éclairer ma lanterne? Pourquoi l'Eglise orthodoxe grecque a t'elle défendu le oui? Jean-françois Colossimo sur RCF justifiait la position de l'église grec mais malheureusement en plein travaux je n'ai pas bien écouté...
LLM
[ PP à LLM - Je ne connais pas les raisons de l'Eglise orthodoxe, mais je vais m'informer. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Le Mée Louis / | 06/07/2015
SOUVERAINETÉ LIMITÉE
> « Le 3 août 1968, à Bratislava, lors d'une réunion du Pacte de Varsovie, le premier secrétaire du Parti communiste de l'Union soviétique introduisait par les mots qui suivent la «doctrine Brejnev» de la souveraineté limitée: «Chaque parti communiste est libre d'appliquer les principes du marxisme-léninisme et du socialisme dans son pays, mais il n'est pas libre de s'écarter de ces principes s'il entend rester un parti communiste. [...] L'affaiblissement d'un maillon quelconque du système socialiste mondial affecte directement tous les pays socialistes, et ils ne sauraient y rester indifférents».
Mais ces quelques lignes de Brejnev, si l'on se place, non à l'échelle du contenu idéologique, mais à celle de la structure de l'organisation décrite, sont du Jean-Claude Juncker dans le texte, lequel pourrait très bien déclarer: «Chaque Etat membre est libre d'appliquer les principes du droit de l'Union européenne dans son pays, mais il n'est pas libre de s'écarter de ces principes s'il entend rester un Etat membre. [...] L'affaiblissement d'un maillon quelconque du système européen affecte directement tous les pays européens, et ils ne sauraient y rester indifférents». On voit bien les dérives possibles d'un tel discours dès lors que les principes européens s'appliquent erga omnes sans que les peuples souverains ne puissent rien y redire. »
A lire là : http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/07/06/31001-20150706ARTFIG00072-l-959967953-grec-ou-le-retour-du-peuple-en-europe.php
Les Grecs vont probablement dérouiller, mais plus grand monde ne se fera d’illusions sur la vraie nature de l’Europe. Le masque est en train de tomber… et tout le monde s’en aperçoit.
« En 1930, en Allemagne, le Président de la Reichbank, M. Hjalmar Schacht, avait fait obstacle à un prêt américain au gouvernement de l'Allemagne de Weimar, provoquant une panique bancaire . Cette panique provoqua la chute de la coalition alors au pouvoir, et la démission du Ministre des Finances, le socialiste Rudolph Hilferding. Ayant obtenu ce qu'il désirait, Schacht leva son obstruction. On voit ainsi que l'action antidémocratique d'une Banque Centrale a un précédent, mais un précédent tragique. Avec l'arrivée du chancelier Brüning l'Allemagne fit le choix d'une austérité insensée qui porta quelques années après les Nazis au pouvoir. Ceci établit le pouvoir de la Reichbank comme un pouvoir parallèle à celui du gouvernement. Le terme de «Nebenregierung» ou «gouvernement parallèle» est d'ailleurs passé dans le discours technique et historique en Allemagne.
On est donc en droit de se demander si la sortie de la Grèce de la zone Euro n'a pas commencée depuis maintenant une semaine. Mais il est clair, alors, que cette sortie est entièrement du fait de l'Eurogroupe et de la BCE. Il s'agit en réalité d'une expulsion, acte à la fois scandaleux et illégal, qui légitimerait le recours par les autorités grecques aux mesures les plus radicales. »
A lire là : http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2015/07/06/31002-20150706ARTFIG00044-jacques-sapir-le-vote-grec-ou-la-revanche-du-non-au-referendum-de-2005.php
Voilà, on va nous objecter la reductio ad stalinum, doublée d’une reductio ad hitlerum et d’avoir atteint de point godwin à la vitesse de la lumière. Et bien aucune hésitation sur ce point. Après tout la première reductio ad hitlerum, terme inventé par Leo Strauss, le penseur néo-conservateur en 1951, a été utilisé pour la première fois, … alors même qu’Hitler n’avait pas encore été refroidi. Vous ne voyez pas, non ? 1944, « Route de la Servitude » par un certain Hayek, maître à penser du libéralisme, qui prétendait que toute intervention de l’Etat dans l’économie mène au totalitarisme, et qui l’assimilait plaisamment au nazisme ou au stalinisme. Ca s’appelle un retour d’ascenseur.
Pour ce qui est de Sarkozy, il a dit : « Si le ‘oui ‘ l’emporte, Tsipras doit démissionner ». Ok, le ‘non’ l’a emporté : il fait quoi Sarkozy ?
Pour ce qui est de la manipulation par les sondages, elle est évidente. Et ce depuis fort longtemps. Conseils de lecture : « Propaganda, comment on manipule l’opinion en démocratie » d’Edward Bernays, neveu de Freud, « La psychologie des foules » de Gustave Le Bon, « Psychologie de masse et analyse du moi » de Freud . Je ne dis que tout ce qui s’y trouve est vrai, mais ce sont des classiques. Pour Le Bon les foules sont suggestionables et bêtes (le fait d’être une foule abaisse le niveau intellectuel de chacun de ses membres). Fort probablement les petits malins qui dirigent les instituts de sondages s’essayent à quelque chose comme essayer de faire croire par des sondages bidons que tel parti va l’emporter. Ils essaient très probablement des créer un mouvement en faveur de celui qui selon leur sondage à le plus de chance de l’emporter. Ce qui doit avoir un effet électoral mesurable. C’est tellement vrai que j’ai un article de presse sur une instance au tribunal administratif d’Amiens (c’est très récent, il s’agit peut-être, je ne sais plus trop bien, des dernières municipales ou qq chose comme cela), dans laquelle le tribunal a reconnu qu’un sondage avait eu une influence sur les élections et –je n’ai plus de souvenir précis- mais je pense même que l’élection en question a été annulée. Qui peut encore croire des instituts de sondages, pour lesquels en cherchant sur internet, vous vous apercevez qu’on trouve dans leur conseil d’administration de grands patrons-suivez mon regard- ou mieux encore des psychologues. Oui, ce sont des menteurs. Ce qui est rassurant, c’est qu’on ne pas savoir ce que pense une personne si elle ne vous le dit pas. Sur une chaîne américaine, une journaliste expliquait : que peut-on conclure des conclusions de deux sondages, l’un dans lequel on poserait une question en demandant une réponse type ‘oui ou non’ et un autre avec la même question mais formulée sur le mode ’notez de 1 à 5’… avec la même question. On peut faire dire strictement n’importe quoi aux sondages, c’est une évidence. Et comme il est impossible d’avoir une idée précise de ce que pensent les gens… ce qui est rassurant pour nous, ils vont dans le mur, ce qui est de plus en plus évident pour n’importe qui fait un tant soit peu attention autour de soi.
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Écrit par : ND / | 06/07/2015
DE GAULLE
> Cher Monsieur de Plunkett, il vous intéressera certainement, ainsi que vos lecteurs, de voir que De Gaulle disait la meme chose que vous, il y a cinquante ans. Tapez : youtube - de gaulle avait prévu que l'UE serait une arnaque. Cela dure 4 mn.41. Il y parlait d'un "fédérateur étranger"... Vous l'avez identifié. Bravo !
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Écrit par : Jean-Claude Alleaume / | 07/07/2015
JURIDIQUEMENT
> Mais pourquoi diable les dirigeants grecs se proclament-ils "européens" voulant rester dans la zone Euro et l'UE ?
NB: juridiquement, il n'est pas possible de quitter ou d'être viré de l'euro en restant dans l'UE.
Donc deux possibilités: exclusion ou reddition en rase campagne puis.... explosion sociale.
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/07/2015
@ Anne Josnin
> "L'inaction-même des politiques face aux vagues d'immigration est calculée pour monter les misères les unes contre les autres." dites-vous. Oui, c'est probablement un aspect de la question, pas le seul; plus généralement le déracinement est un outil de pouvoir des empires, militaires ou marchands, voir les Assyriens et la déportation des élites des Hébreux. Le mécanisme s'est remis en route au XIXème s. avec une vigueur sans précédent: le mythe américain qui élimine les populations "inférieures" ET AUSSI régénère (hum!) les migrants chassés du Vieux Monde par la misère. C'est aussi l'essence des théories de Herzl qui voulait régénérer par le sionisme les Juifs d'Europe qu'il méprisait en des termes stupéfiants. Boko Haram ou l'EI (qu'on fait semblant de combattre) participent volens nolens au processus de destruction générale des cultures du pouvoir financier en détruisant le patrimoine culturel et provoquant des déplacement de populations.
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/07/2015
VERHOFSTADT
> il est très révélateur de visionner l'interpellation de monsieur Guy Verhofstadt au parlement européen à l'encontre d'Alexis Tsipras.
Guy Verhofstadt incarne en Belgique le courant libéral; deux fois premier ministre en Belgique sous les gouvernements qui ont légalisé l'euthanasie et élargi le droit à l'avortement; par ailleurs franc-maçon affiché. Il voudrait dégoûter définitivement les Grecs de l'Europe, il ne s'y prendrait pas autrement...
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Écrit par : plumier patrick / | 09/07/2015
"EUROPE"
> Les Grecs sont somme toute téméraires : entre une camisole et un saut dans l'inconnu ils ont massivement choisi.
L'Europe du fait de son fonctionnement et de l'importance des commissions n'est pas démocratique. La preuve : qui peut me citer un site, un livre qui explique de façon limpide le fonctionnement de l'Europe ?
Si à cela on ajoute qu'elle accepte à part égale des pays dans et hors de l'euro, et qu'aucun n'est altruiste, il est évident que son économie ne peut dans le meilleur des cas avancer qu'avec une sacrée ancre ..., ce qui donne un avantage évident à tous ses concurrents, dont son "meilleur" allié qui en plus tente de nous charger d'un traité inéquitable.
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Écrit par : franz / | 09/07/2015
@ elefteros et Anne Josnin
> Je me référais à un analyste français souvent taxé de "suffisance". C'est probablement vrai, mais il est renseigné et intelligent et malheureusement il avait raison: l'équipe Tsipras-Tsakalotos a cédé et on voit mal comment la Grèce va s'en sortir.
S'il ne fallait écouter que des gens sans défaut, on n'irait pas loin.
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Écrit par : Pierre Huet / | 16/07/2015
@ Pierre Huet
> depuis mon ignorance, c'est ma liberté d'accorder au moins autant de crédit politique à un Varoufakis ou un Tsipras que nombre d'analystes et citoyens continuent d' en accorder, aujourd'hui encore, à un Hollande ou un Sarkozy. De ce point de vue, la dette de nos politiques européens est sans commune mesure avec la leur.
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Écrit par : Anne Josnin / | 17/07/2015
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