France Inter sur l'encyclique : "C'est la première fois que le Vatican se penche sur l'avenir de la planète..."

A 7 h 06 ce matin, la radio désinformait ses auditeurs :

  

France Inter, journal de 7 h, annonce des titres : « Pour la première fois le Vatican s'intéresse à l'environnement... » A 7 h 08, introduction du sujet : « C'est la première fois que le Vatican se penche sur l'avenir de la planète... »

En réalité les papes ont sonné le tocsin pour « l'avenir de la planète » avant François : depuis Paul VI (années 1970) et surtout Jean-Paul II dès le début et tout au long de son pontificat de vingt-sept ans, avant que Benoît XVI ne prenne le relais !

Les médias ne veulent pas le savoir. Pourquoi ? Parce qu'ils étaient rivés à l'idée que l'Eglise ne s'intéresse qu'aux moeurs... Ils sont également rivés au « sans précédent », seule raison pour qu'un sujet soit une « actu » : si tout le monde parle de cette encyclique, c'est forcément parce que son sujet est « sans précédent », il faut donc que Jean-Paul II et Benoît XVI n'en aient jamais parlé... Brièvement interviewé par France Inter ce matin vers 7 h 10, Henri Tincq (ex-spécialiste au Monde, censé tout connaître de la question) cautionne la désinformation : il affirme que les papes jusqu'ici n'avaient pas fait « le lien entre le saccage de la planète et le modèle économique » ! Or Jean-Paul II et Benoît XVI ont désigné ce lien dans de nombreux messages, encycliques, gestes du Saint-Siège sur la scène internationale (notamment lors de la conférence climatique de Copenhague en 2009) ; etc. Henri Tincq le sait. On se demande pourquoi il affirme le contraire.

Des catholiques français sont dans la même ignorance que France Inter. Elle est encore moins excusable de leur part, parce qu'ils sont censés porter une attention militante aux enseignements du Magistère : or beaucoup de catholiques français n'achetaient pas les encycliques et ne consultent pas, aujourd'hui, le site du Vatican. Pourquoi ? Au « mieux » par manque de motivation (ce qui est déjà inquiétant). Au pire, par hémiplégie mentale : ils veulent que l'Eglise ne parle que de moeurs et sont sourds à ses analyses sociales, économiques et écologiques... C'est la même erreur que celle des journalistes ? Oui. Vous constatez ainsi l'étendue du problème.

Demain à 12 h, la conférence de presse du Vatican va sans nul doute rappeler que l'encyclique de François s'inscrit dans la continuité de Jean-Paul II et Benoît XVI. Raison de plus, pour les enfumeurs bergogliophobes comme M. Magister, de saboter la conférence de presse en divulguant l'encyclique trois jours avant ! (Sauf, bien entendu, les passages où François rend hommage à la pensée de ses prédécesseurs)... Moins l'opinion saura que le Vatican est engagé sur le terrain économique et environnemental depuis plus de trente-cinq ans, plus M. Magister et ses amis pourront prétendre que l'encyclique, comme le reste du pontificat de François, est une rupture « progressiste » avec le catholicisme.*

Il n'y a pas que des violeurs d'embargo : je ne parlerai ici de l'encyclique que demain à 12 h 15. Mais on peut déjà dire deux choses : 1. elle n'est pas une « rupture » avec le Magistère précédent ; 2. elle constitue un approfondissement historique de la doctrine sociale de l'Eglise, et elle va obliger tous les catholiques à mettre leurs opinions à jour s'ils veulent marcher avec leur Eglise. Alleluia ! Et à demain sur ce sujet.

 

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* Sous François, M. Magister veut être le plus célèbre des bergogliophobes. Sous Benoît XVI, il voulait être le plus célèbre des vaticanologues. D'où son acharnement à colporter des buzz mensongers : en s'acharnant par exemple à annoncer que les lefebvristes revenaient à Rome en vainqueurs (absurdité reprise pieusement par Le  Figaro), ou en jouant un rôle sulfureux dans l'affaire des fuites.