08/05/2015
Le nationalisme écossais s'impose aux Communes
Situation politique inédite, et pour le moins... dynamique :
Comme dit le Scots Wha hae* de Robert Burns, hymne des nationalistes : « Now's the day, and now's the hour... » N'ayant pas choisi l'indépendance en 2014, les électeurs d'Ecosse viennent d'envoyer 56 élus SNP (sur 59 sièges écossais) à Westminster en 2015 : les ScotNats deviennent ainsi – avec moins de 5 % de l'ensemble des suffrages britanniques – un protagoniste de premier plan dans la politique du Royaume-Uni ! Le SNP a quasiment chassé le Labour d'Ecosse ; fous furieux, les travaillistes accusent les conservateurs de s'être laissés aller à une campagne de « parti nationaliste anglais » face au SNP. « On s'est fait aplatir entre le marteau SNP et l'enclume tory », grincent les amis de M. Miliband (principales victimes de cette entrée de la Grande-Bretagne dans un pluripartisme effectif) : comme si l'idéologie bobo centre-gauche était désormais vouée à la défaite face aux thèmes nationalistes... Dessin ci-dessous, dans la presse londonienne : M. Miliband mené en laisse par un scottish terrier.
Parler de « nationalisme anglais » à propos des conservateurs est toutefois un peu rapide, la réalité de ce parti étant dans le casino financier transnational. Hier soir les pubs de la City étaient pleins de traders en joie, dont les sujets d'exultation n'étaient pas franchement patriotiques.**
Mais le nationalisme écossais est – lui – une force enracinée, version Braveheart d'un courant que l'on sent monter ici et là en Europe, et qui tend à réinventer-redimensionner l'Etat sur une base nouvelle : la « politique de proximité ». Nationaliste cool, le SNP ne ressemble pas à ce qu'on appelait nationalisme dans l'Europe d'autrefois (et dans l'extrême droite française encore aujourd'hui). Il faut ajouter à cela son orientation économique nettement à gauche, sous l'impulsion de la précise et vigoureuse Nicola Sturgeon : orientation qui a provoqué la débandade milibandienne...
Les politologues londoniens estiment donc, ce matin, que le SNP a « gagné la guerre ». Prochaine étape : l'indépendance écossaise, qui pourrait être proclamée – par réaction – si le fameux référendum promis par Cameron faisait sortir la Grande-Bretagne de l'Union européenne.
_______________
* bagpipes : https://www.youtube.com/watch?v=YAGLs6KI1Dg
** « L'économie est sauvée, champagne pour tout le monde ! » On sait que les chiffres de la « croissance » cameronienne ne reposent pas sur l'économie réelle, mais sur le casino ; d'où la jubilation des traders hier soir. L'argent britannique fuit la Grande-Bretagne.
Sans l'Ecosse ?
12:34 Publié dans Europe, Idées | Lien permanent | Tags : écosse, angleterre