Brefs commentaires sur l'interview de George Weigel

 

...avant de décortiquer son Catholicisme évangélique (DDB) :

 

 

Nombre d'idées exprimées dans cet entretien par l'essayiste américain (notre note de 9h50) rencontrent celles que ce blog soulève. En voici par exemple quatre :

 

 

 

<< Aujourd’hui, le catholicisme propose deux versions de la Contre-Réforme. L’un veut une Contre-Réforme plus lâche et l’autre une Contre-Réforme plus stricte. Mais aucun des deux n’a l’air très intéressé par la mission. Or, je pense que tout renouveau catholique passe par la redécouverte du caractère essentiellement missionnaire du catholicisme par tous les membres de l’Église. >>

 

► Weigel va se faire houspiller par les bien-pensants seniors (de droite et de gauche), pour qui les querelles liturgiques et politiques tenaient lieu de mission ; et par les bien-pensants juniors (de droite et de gauche), pour qui la mission se résume à manifester pour ou contre les “réformes sociétales” !

<< Une Église qui retourne simplement au Concile de Trente risque également de ne pas être entendue par un monde à qui elle demande de considérer la possibilité qu’il puisse avoir besoin d’être sauvé et ensuite que l’Évangile soit la réponse à la question qu’est toute vie humaine. >>

 

► À droite on qualifie de “démagogie” le souci d'être entendu ; on fait grief au pape François d'être non seulement entendu, mais écouté. (A gauche on dit autre chose : parler de salut insulterait le Progrès ; penser que l'Evangile est universel outragerait la Diversité).

<< Dans une Église réformée selon l’Évangile, tous les fidèles et toutes les institutions savent qu’ils sont missionnaires. S’ils sont disciples de Jésus, alors ils le donnent effectivement aux autres. Cela implique un déplacement de mentalité. L’enjeu est de passer d’une Église où l’on se concentre sur le maintien des institutions, à une Église passionnée par l’Évangile : une « Église en état permanent de mission », comme dit le pape François. >>

 

► Tout le problème est là. C'est en se tétanisant sur des questions de rite et d'institution que l'on a vidé les églises françaises (et les séminaires) en quelques décennies. Pour avoir une Eglise “passionnée par l'Evangile”, il faut un “déplacement de mentalité” et même une révolution copernicienne : précisément celle à laquelle le pape François nous appelle tous. D'où les réticences que lui oppose une partie du public catholique français, qui ne veut pas entendre le “lève-toi et marche”. Elle préfère son brancard : et elle trouve hétérodoxe qu'on prétende la guérir, surtout un jour de sabbat.

 

 

<< Nous vivons dans une culture gnostique dans laquelle tout ce qui fait la condition humaine est plastique et malléable. Le meilleur antidote à l’irréalité gnostique est le réalisme biblique. >>

 

► Admirablement exact. Chaque mot est juste. La culture biblique (le réalisme chrétien) a été remplacée par une gnose qui est aujourd'hui l'idéologie officielle. Cette gnose exige que tout soit plastique et malléable, puisque l'extension permanente du domaine du marché de la technoscience veut que tout puisse devenir artefact. (Tout : y compris les fondamentaux de la condition humaine !). Mais d'où vient cet engrenage général ? Du système économique... Je saurai dans quelques jours – et je vous dirai – si Weigel pousse l'analyse jusque là. Si oui, alleluia !