09/01/2015
Nicolas Sarkozy et "la civilisation"
Sortant de son entretien d'hier avec François Hollande, Nicolas Sarkozy déclare : "C'est une guerre qui est déclarée à la civilisation, et la civilisation a le droit de se défendre." Mais des questions se posent :
1. Notre société est-elle encore une civilisation ?
On peut en douter. Il y a civilisation quand l'être humain, en naissant, reçoit incomparablement plus qu'il n'apportera durant sa vie... Or notre société zappe la transmission culturelle, parce qu'elle s'en remet au business et à l'innovation technologique censés se substituer à tout. D'où, notamment, la panne de l'enseignement : panne qui est l'une des causes des trop nombreux cas d'échec de l'intégration. Si l'enfant d'immigrés avait reçu à l'école une initiation à la civilisation française, il ne confondrait pas « la France » avec le terrain vague commercial que notre pays* est devenu sous l'emprise du système économique.
2. Notre carence en tant que civilisation n'est-elle pas l'une des causes de la "guerre" qui nous est faite ?
Les sites jihadistes déclarent (depuis 48 heures) : « si votre liberté de parole est sans limites, vous devrez accepter notre liberté d'action. » Par « liberté de parole sans limites », ils désignent les insultes à la religion musulmane, avérées et innombrables** dans le cas de Charlie Hebdo. Le jihadisme est certes une monstruosité. Résume-t-il l'islam ? Visiblement non, mais il en fait partie, et il lutte pour s'assujettir les musulmans. Insulter la religion musulmane, ce n'est pas résister au jihadisme : c'est s'en prendre à tous les musulmans. C'est donc faire un cadeau aux jihadistes. Exactement le contraire de ce qu'un véritable combat culturel exigerait...
Mais la notion de combat culturel, ou de simple cohérence intellectuelle et politique, est inconcevable dans une société de marché. A-t-on le droit d'insulter les convictions d'autrui ? Notre société de marché, ou notre « civilisation » comme dirait Sarkozy, répond à la fois oui et non : a) « non, jamais ! chacun sa conviction ! respect pour toutes les convictions sinon c'est l'Intolérance » ; b) « oui, toujours ! Balancer n'importe quoi est un droit de l'individu, sinon c'est la Réaction. » Si vous faites remarquer que la proposition b annule la proposition a, vous commettez un délit mental : le rapprochement d'idées, désormais prohibé sous le nom d'« amalgame ». Or rapprocher des idées est la base de tout raisonnement... Raisonner et analyser sont ainsi devenus des pratiques suspectes, dont les officiels se dispensent ; chacun peut le constater en écoutant les grandes radios et télés.
Ce vide mental est le signe d'une panne de civilisation : celle que nous indiquions ci-dessus. Le vide ici attire le trop-plein d'ailleurs. Le néant des uns attire le fanatisme des autres, de même que le collapsus de la natalité européenne attire depuis plusieurs décennies l'arrivée des peuples jeunes : fatigue génésique et fatigue psychique sont liées.
Mais tous ces phénomènes sont tabou. Pour la classe politico-médiatique et une partie de l'opinion, ils sont indicibles et même impensables.
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* et la plupart des autres pays de l'hémisphère nord.
** Insultes avérées et ineptes (et non pas critiques légitimes et argumentées) ! Il est inouï d'entendre comparer Charlie à « Montaigne, Montesquieu et Voltaire », quand on connaît le niveau de ce journal. En fait de polémique sur l'islam (dont il ignorait le contenu), l'hebdo se contentait d'inventer des personnages grotesques dans des situations grotesques ; c'était intellectuellement nul et moralement irresponsable, comme le souligna Daniel Cohn-Bendit***. Un exemple : le dessin du 29/09/2012 montrant Mahomet couché nu sur le ventre et disant, comme Bardot dans Le Mépris : « et mes fesses, tu les trouves jolies, mes fesses ? » (Si vous voulez voir ce dessin, il est sur athéisme.com)...
*** Rappel. En septembre 2012, alors que les caricatures de Mahomet par Charlie (en renfort d'un film islamophobe) ont déclenché des pogroms antichrétiens au Pakistan, Daniel Cohn-Bendit critique l'irresponsabilité des caricatures de l'hebdo :
<< Je les trouve cons... Il ne faut pas me dire qu'il n'y a pas de limites dans la provocation. Ce n'est pas vrai. Il y a des limites dans la provocation quand on parle par exemple de l'Holocauste... Quand on est sur une poudrière, on a le droit de réfléchir trente secondes si on prend son allumette et on l'allume...>>
Le 25/09/2012, Charb réplique en annonçant un retirage :
<< Charlie Hebdo, dont les caricatures de Mahomet ont créé la polémique la semaine passée, va mettre en vente mercredi deux éditions différentes, l'une sous-titrée "Journal responsable", l'autre "Journal irresponsable" et chacun pourra choisir. Les lecteurs pourront ainsi découvrir dans l'édition responsable ce que souhaitent voir les Boutin et autres Cohn-Bendit. L'autre édition, dite irresponsable, sera un Charlie Hebdo normal. >>
11:52 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : charlie hebdo
Commentaires
CALDWELL
> à rapprocher de l'analyse de la situation par le journaliste américain Christopher Caldwell.
Il s'étonne que la campagne de mobilisation soit "nous sommes Charlie", et non "nous sommes la France".
Invoquer l'unité nationale face à l'agression aurait du sens. Se solidariser avec les provocations islamophobes de 'Charlie Hebdo' n'en a aucun : ça renforce le jihadisme.
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Écrit par : B. Géneau / | 09/01/2015
COHN-BENDIT
> Cohn-Bendit, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé; mais il a bien résumé la situation : c'étaient des cons. Avec une circonstance aggravante : même un con peut se donner la peine de réfléchir. Mais les journalistes de Charlie étaient beaucoup trop nombrilistes pour penser une seule seconde aux conséquences de leurs actions. Des égoïstes qu'on élève aujourd'hui à la dignité de héros !
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Écrit par : Blaise / | 09/01/2015
RIEN
> Certes, 'Charlie Hebdo' ne brillait pas par le bon goût, faisait souvent mal et était clairement athée. Mais, rien, absolument rien, ne justifie l'assassinat. TU NE TUERAS POINT.
Morland
[ PP à Morland - Mais personne n'en doute ! ]
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Écrit par : Morland / | 09/01/2015
AUTOUR
> On dirait qu'une véritable internationale de la haine s'est constituée autour des morts de Charlie hebdo.
Blaise
[ PP à Blaise - C'est logique, s'agissant hélas d'un journal de haine... ]
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Écrit par : Blaise / | 09/01/2015
ISLAM ET 'CHARLIE'
> Je suis bien d'accord avec vous, le djihadisme ne résume pas l'islam, mais il en fait partie. D'où la question : même dans l'hypothèse où on éradiquerait les djihadistes, ne ferait-on pas que soigner des symptômes sans soigner le mal à la racine ?
Or ce mal, quel est-il ? Il est dans certains passages des textes sacrés qui invitent clairement à ce type de violence, et dans le statut que ces textes ont dans l'islam (lorsqu'un livre est dit "incréé" et parole de Dieu au sens strict, que voulez-vous faire ?).
Or les musulmans, mus à part quelques innovateurs qui sont de toute façon méprisés ou persécutés dans les pays islamiques, ne semblent pas pouvoir faire le nécessaire travail historico-critique et exégétique sur leurs textes, et ce pour une très bonne raison : si le Coran n'est plus parole infaillible de Dieu, si les hadiths jugés "authentiques" sont douteux dans leur aspect historique, si Mahomet ne fut pas "parfait" (c'est-à-dire sans péché) comme le veut la croyance musulmane, alors c'est quasiment tout l'édifice islamique qui chancelle.
Ainsi, il me semble que seuls les Occidentaux (voir carrément l'Église) ont la liberté d'esprit pour aider les musulmans à faire ce nécessaire travail.
Sauf que nous aimons tellement jouer les aveugles et préférer le "vivre ensemble" à la vérité que nous aidons à entretenir le mensonge.
Quant à Charlie Hebdo, je partage l'avis que ce journal est minable. Et le voir hissé au statut d'icône du journalisme ou de la liberté d'expression me navre.
Ainsi, Anne Hidalgo a l'intention de proposer que le journal soit nommé "Citoyen d'honneur" de la ville de Paris. Absurde autant qu'idiot. C'est cautionner l'insulte, le mépris et la haine (car il en faut de la haine et du mépris pour insulter gratuitement des gens dans ce qu'ils ont de plus chers, leur foi).
Bien sûr, ces hommes ne méritaient pas de mourir tués par des extrémistes religieux. Mais enfin, ils n'étaient pas innocents non plus. Et leur oeuvre n'est pas chef-d'oeuvre.
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Écrit par : Xavier / | 09/01/2015
"AMALGAME"
> Réfléchir, raisonner, mener le combat culturel, c'est aussi se poser cette question : dans quelle mesure cette violence, ce djihad, ne sert-il pas de cache sexe aux musulmans ? Grâce à elle, forts du "pas d'amalgame", ils s'interdisent de considérer les aspects violents et intolérables de leur corpus religieux. Alors certes, ils ne les appliquent pas, ou alors avec modération, et c'est très heureux ainsi, mais ils ne les condamnent pas pour autant. Et pire, ils continuent de les transmettre, et de ce fait, il se trouvera toujours un Merah ou un Kouachi pour appliquer à la lettre les commandements explicites de violence du coran et de la sunna - c'est exactement ce qui s'est passé à Toulouse, Montauban et à Paris.
Espérons que l'électrochoc Charlie Hebdo conduise les musulmans à réaliser eux mêmes la critique sereine de leurs textes. Mais force est de reconnaître que tant qu'on dédouanera ces textes aux cris du "pas d'amalgame", on ne les y aidera pas.
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Écrit par : Olaf / | 09/01/2015
OCCIDENT CO-RESPONSABLE
> Le djihadisme n'est pas plus ancien que le vingtième siècle (le "djihadisme", pas la guerre sainte). Incriminer les textes fondateurs de l'islam est absurde.
Mieux vaut revenir aux causes objectives : et dans cette histoire, les puissances occidentales (France, Angleterre, et surtout Etats-Unis...) portent une écrasante responsabilité.
Je retiendrai seulement le soutien indéfectible accordé à des régimes dictatoriaux particulièrement violents. Violence d'Etat et violence civile (islamiste) se sont nourries, légitimées et renforcées l'une par l'autre.
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Écrit par : Blaise / | 09/01/2015
MONTAIGNE MONTESQUIEU ET VOLTAIRE
> Il est peut-être inouï de comparer Charlie Hebdo à Montaigne, mais certainement moins de le comparer à Voltaire, quand on sait les coups bas et les diffamations que ce dernier portait contre ces adversaires.
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Écrit par : Aurélien Million / | 09/01/2015
MALAISE
> Mal à l'aise ces jours çi en lisant le blog à travers commentaires et posts...mal à l'aise car transparait chez beaucoup le : "oui mais ils l'ont un peu cherché..." mal à l'aise mais je me trompe peut être...
Tangui
[ PP à Tangui - Oui, vous vous trompez (pour une fois). Garder la tête froide tout en priant pour les morts, ce n'est absolument pas dire : "ils l'ont bien cherché." En revanche, dire "je suis Charlie" c'est oublier la malfaisance de ce journal indifférent aux conséquences de ses coups de pub. La mort tragique des responsables n'efface pas cette réalité objective... ]
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Écrit par : Tangui / | 09/01/2015
JE NE SUIS PAS CHARLIE !
> ...et c'est ainsi que je peux dialoguer avec "Charlie". Quel symbole de notre société, que ces foules sentimentales, unanimement soudées dans le hochet du moment! Comment peut on échanger, communiquer, éventuellement se disputer... bref être des humains, êtres de relation et de parole si nous sommes tous "Charlie"! Tous ces "Charlie", contribuent à la société telle qu'elle produit ces tueurs: vide, irresponsable, hébétés dans un brouhaha mimétique.
Restons nous mêmes, pensants et en relation... même pour protester et lutter contre des excités, et aussi chercher les causes: sociales, théologiques, politiques (y compris internationales) à ces inhumanités.
N'opposons pas une foule décérébrée à un groupe acéphale.
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Écrit par : Bersac / | 09/01/2015
COHN-BENDIT
> Merci pour les citations de Cohn-Bendit: ce 68ard remonte un peu dans mon estime. Il sait au moins qu'il y a des limites, même s'il ne les place pas toujours au bon endroit.
Et puis...ça peut servir !
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/01/2015
LEUR OUI ET LEUR NON
> Merci Patrice pour votre voix sans égale dans cette cacophonie.
Vous dites: "A-t-on le droit d'insulter les convictions d'autrui ? Notre société de marché, ou notre « civilisation » comme dirait Sarkozy, répond à la fois oui et non".
Je trouve quant à moi qu'elle répond surtout oui en France pour les chrétiens et non lorsque nous sommes assis sur une poudrière. Sinon la société Canal se permettrait-elle la campagne d'affichage de publicité actuelle avec un homme en croix? Et pourtant certainement des chrétiens travaillent dans cette société.
On pourrait étendre à toutes ces structures commerciales qui nuisent à notre santé, à celle de la biosphère, qui manipulent l'homme dans sa réalité bio physique ou psychologique. Tout aussi anti-évangélique et anti-civilisationnel. Et pourtant combien y travaillent dans nos entourages sans se poser la question de la cohérence ?
Et voilà aussi que face à ces événements on repense à la dérisoire volonté de notre président et de sa majorité, qui n'avaient que ça à faire, d'imposer du jour au lendemain le mariage pour tous, et, s'ils avaient pu, la GPA, enjoignant à ces mêmes tortues ninja que nous voyons mourir et assurer tant bien que mal notre sécurité en ce moment, de traquer les fillettes en sweat rose (vu), et les mères de famille qui passaient par là, allant chercher leurs enfants à l'école.
Les musulmans eux, étaient sidérés, ne comprenant même pas que cette idée puisse jaillir. Je pense à ces musulmans, hommes ou femmes de bonne foi, que nous avons tous un jour rencontrés et appréciés pour leur sens de l'accueil et leur hospitalité, mais qui comme le dit Xavier, sont embarqués dans une religion aux bases objectivement violentes.
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Écrit par : Bertrand / | 09/01/2015
INTOLÉRANCE
> « Si vous faites remarquer que la proposition b annule la proposition a, vous commettez un délit mental : le rapprochement d'idées, désormais prohibé sous le nom d'« amalgame ». »
Vous ne pouvez pas savoir à quel point vous avez raison PP. Et bien au-delà de ce que vous pensez, en ce qui concerne l’anticléricalisme, le laïcardisme, la tolérance intolérante, la moquerie...
La proposition « a » contient bien souvent une injonction : je suis rationnel, donc vous pouvez l’être avec moi, voire vous devez l’être. Par exemple, si je suis athée, je suis rationnel, je ne verse pas dans la superstition, donc je n’admets que des arguments « rationnels » (c’est-à-dire rationnels selon moi)… Donc avec moi vous devez être rationnel.
On le sait tous, et vous l’avez vous-même expliqué sur ce blog, l’anticléricalisme est né alors que les anticléricaux du XIXe siècle constataient n’avoir pas d’arguments pour répondre à l’Eglise. Ils en avaient conclu : on rira de tout (et tout particulièrement de la religion).
C’est là qu’intervient la proposition « b » : je me moque de vous si vous dites quelque chose qui ne me plaît pas, donc vous devez avoir peur de moi, de mes sarcasmes, vous sentir offensés…
Le problème, ce que c’est là qu’apparaît la contradiction. Vous sentir humilié parce qu’on se moque de vous, et être en même temps en train de dialoguer rationnellement, c’est incompatible.
Deux injonctions implicites dissimulées dans un discours, une contradiction… vous l’avez deviné… il s’agit d’une double contrainte.
J’ai soumis cette analyse à une personne de ma connaissance qui se trouve exercer la profession de psychiatre. Elle m’en a confirmé la validité.
Autrement dit les anticléricaux, laïcards, tolérants, et autres moqueurs sont des… manipulateurs (même si très probablement beaucoup l’ignorent).
Ils veulent vous dominer.
Et les voilà démasqués.
Que faire alors ? Chacun verra avec sa conscience, son confesseur… etc. Mais la solution des psychologues et psychiatres face à ce genre de contradiction, c’est d’en renvoyer une en sens contraire. Elle permet alors de sortir du cercle vicieux. Il y a là une question morale. Est-il légitime d’utiliser ce qui semble fort être sur le plan logique un sophisme ?
Je pense que pour discuter rationnellement on ne devrait jamais avoir besoin de s’énerver ou de se moquer (et on le fait tous). En fait de délit mental, c’est bien plutôt les laïcards, anticléricaux… qui en commettent, plus que les autres.
Cette contradiction intrinsèque à toutes ces attitudes et qui produit la confusion, revient souvent. Il me souvient par exemple du petit ouvrage de Mgr Jean Lafitte « Tolérance intolérante ». On en trouve également une très bonne analyse dans une série d’article d’Henri Hude que je vous recommande sur le site de LP : http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/La-machine-a-broyer-les-identites-quand-la-tolerance-finit-en-intolerance-II-VI
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Écrit par : ND / | 09/01/2015
ONFRAY
> Hors fil de discussion ... mais par curiosité vis à vis de Onfray j'ai ouvert la page d'acceuil de son site et j'ai trouvé ceci :
http://mo.michelonfray.fr/chroniques/la-chronique-mensuelle-de-michel-onfray-janvier-2015-n-116/
qui rejoint profondément des propos de Laurent Laforgue et mes petites réflexions sur la nécessité de la rédaction exacte et "à la main" dans n'importe quelle discipline ... NVB n'est sans doute pas de cet avis ...
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Écrit par : Gérald / | 09/01/2015
ESPÉRER
> Pour ce qui est d'être impensable il faut au moins invoquer ou évoquer Aristote pour qui la pensée est pensable, mais ce simple énoncé est déja une provocation voire une insulte quand on se prend pour monsieur le président ou le directeur ou le maître ou le je ne sais quoi...
On peut aussi resservir BOILEAU "...avant donc que d'écrire apprenez à penser"
Pour les comiques tristes qui prétendent gouverner c'est plutôt apprendre à dépenser ... deniers publics ou privés...
Il n'est pas encore interdit d'espérer.
On peut bien sûr penser à la profonde 'recension' des propos de Günther Anders que nous a offert Serge Lellouche.
On peut aussi espérer à la Péguy...
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Écrit par : Gérald / | 09/01/2015
LUCIDES
> Texte très juste. Et qui aide à dépasser le stade d'une (légitime) émotion. Prions donc aussi pour avoir un peu de lucidité.
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Écrit par : sven laval / | 09/01/2015
CIVILISATION ?
> ""C'est une guerre qui est déclarée à la civilisation, et la civilisation a le droit de se défendre."
Quoi, nous sommes aujourd'hui LA civilisation ? Ces propos n'ont aucun sens, quel que soit l'état objectif de notre civilisation.
Si encore il avait dit "notre" au lieu de ce "la" définitif, on aurait pu discuter.
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Écrit par : PMalo / | 09/01/2015
AUTRE CHOSE
> Je suis frappée de voir la mobilisation de tous bords en réaction au terrible massacre de Charlie Hebdo , la manifestation de dimanche qui va être importante, mais par contre il n'y a que très peu de mobilisation pour lutter contre le réchauffement climatique et la destruction de l'environnement qui, eux, vont faire bien plus de morts puisque les mesures nécessaires ne sont pas prises .
J'ai l'impression que tout le monde s'en moque , faut il encore plus de catastrophes pour que les citoyens et l'Etat réagissent ?
PS : En 2003 on a recensé 70 000 morts en Europe dont 15 000 en France à cause de la canicule.
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Écrit par : Nathalie Larnicol / | 09/01/2015
LES CONS
> Oui, c'étaient des cons comme le disait Cohn Bendit mais ce n'était que des dessinateurs d'un magazine satirique. Bêtes et méchants, ils le revendiquaient avec Hara Kiri. Qui prenait vraiment leurs dessins au sérieux ? Du reste le journal avait de grosses difficultés financières, de moins en moins de lecteurs.
Alors oui, les dessins de Charlie Hebdo étaient bêtes et méchants mais ceux qui sont venus les tuer des années après sont infiniment plus cons et infiniment plus méchants.
Comment peut-on se transformer en assassins pour des dessins bêtes et méchants ?! Quel est donc ce dieu pour lequel des hommes tuent d'autres hommes et se font tuer à cause de vulgaires dessins ? J'avoue que cela me dépasse complètement. Ce n'est pas demain la veille que je me convertis à l'islam.
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Écrit par : Florence / | 10/01/2015
> Il faudrait peut être arrêter avec ces digressions sur Charlie Hebdo, ce qui s'est passé mercredi aurait pu survenir dans un autre média... Valeurs Actuelles par exemple avec ses nombreuses couvertures provocatrices sur l'Islam auraient pu aussi en faire les frais.
L'autre tragique prise d'otage de vendredi ne fait que confirmer cela, c'est un problème lié à l'endoctrinement, de population à l'abandon et à la dérive, par un Islam radical.
Au vu des commentaires sur le blog depuis 3 jours, question un peu provocatrice, les victimes de l'hypermarché casher, elles, quels étaient leurs torts ?....
Je reste perplexe...
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Écrit par : Tangui / | 10/01/2015
AUTOCRITIQUE
> Oui, je suis profondément choqué. Au-delà de l’idéologie véhiculée par CH et les critiques légitimes qui lui sont adressées ici, je ressens comme une impression de viol de « ma » ville – pourtant si belle ! -, salie, outragée, défigurée, ce qu’on peut ressentir après une effraction dans sa maison, devant un environnement aimé et ses objets personnels sens dessus dessous, mais en bien pire. Choc devant cette rédaction décimée, ces journalistes abattus de sang froid, sans aucune possibilité de s’échapper ou de se défendre. Choc devant l’ambiance de psychose qui marque ses habitants depuis trois jours. Choc devant l’immense majorité de nos compatriotes musulmans partagés entre la haine et la colère pour ces quelques connards et l’angoisse de leur être identifiés par les autres Français.
Où est Dieu dans tout ça ? Dans chaque personne qui souffre, dans les victimes « collatérales », et aussi – je n’ai aucun doute à ce propos - dans ce caricaturiste gisant dans une flaque de sang, quels qu’aient pu être ses errements passés.
Oui, il y aura indéniablement un « avant » et un « après ». C’est ce qui me vient à l’esprit si j’essaie de rassembler quelques mots autour de mes émotions. C’est peut-être un peu « fleur bleue », ou « épidermique », j’ai pourtant vécu dans des endroits où ce type de violence se manifestait avec la régularité d’un métronome.
C’est probablement aussi ce qu’ont voulu exprimer beaucoup de ceux qui ont affiché « je suis Charlie » - ce qui n’est pas mon cas - : d’abord une empathie, une compassion pour les victimes, et non une idéologie contestée et contestable.
Les mots ont un sens, en effet, et il y a probablement des tentatives d’instrumentalisation et de récupération idéologique des flots d’émotion amplifiés par un martèlement médiatique malsain. Mais pointer du doigt ceux qui ont voulu s’exprimer ainsi en mettant de côté – le temps du deuil et du recueillement – le fossé idéologique et partisan....
Au-delà des émotions légitimes, il est capital de prendre du recul et d’essayer de comprendre, et à cet égard, merci PP de nous y aider avec tact et pertinence, ainsi que beaucoup d’autres intervenants, avec des contributions de grande qualité. Cela dit, comme Tangui, je suis néanmoins atterré – mais pas vraiment surpris - par la Schadenfreude qui s’exprime à mots à peine couverts dans quelques interventions. Chassez le naturel…
Beaucoup a déjà été dit avec justesse sur le phénomène CH et son fond de commerce idéologique, sur son obsession antireligieuse graveleuse, la légèreté avec laquelle ils ont envisagé « les caricatures », et leurs graves conséquences.
Sans rien justifier et encore moins légitimer, sans prendre pour autant une posture maso, ou d’ « auto-flagellation », il serait utile de néanmoins nous poser la question de la genèse d’un tel athéisme militant, de chercher à comprendre. Certains ont relevé le fait que CH avait relativement « épargné » le pape François. Si c’est exact, ce serait intéressant. A rapprocher peut-être des sondages dans lesquels une majorité écrasante de Français le trouve attachant et l’apprécie, tout en ayant une image plutôt négative des cathos, en général, c.-à-d. de ceux qu’ils voient autour d’eux.
Anne Josnin a fait allusion à cette dimension, avec des mots justes et touchants. Un athéisme dur, militant exprime souvent inconsciemment en creux – à la différence d’une posture agnostique -, une grande soif spirituelle, une soif déçue de Dieu, d’Eglise et de chrétiens crédibles, rayonnants et aimants.
Ce n’est pas insulter Dieu et l’Eglise que de reconnaître que nous nous rendons parfois détestables aux yeux des « autres », des non-cathos, bien au contraire. S’il serait bien évidemment complètement abusif de faire de la christianophobie militante le résultat de nos seuls errements personnels et collectifs, il serait tout aussi abusif de prétendre qu’il n’y a pas de lien entre les deux, ou qu’ils ne contribuent pas à lui apporter de nouveaux adhérents.
Le pape nous le rappelle avec franchise et énergie, résolument, mais combien relaient sa parole forte et sans compromis dans nos paroisses, nos communautés, les APEL et autres associations cathos, dans le clergé et parmi les laïcs engagés ?
Tant que nous resterons dans la « mondanité spirituelle », ou la mondanité tout court, enfermés dans des citadelles assiégées, tant que nous salirons la foi en la réduisant à une contre-culture, tant que nous donnerons de nous une image « chasse – pêche –Jésus – traditions », un clanisme, un communautarisme ou un tribalisme parmi d’autres, tant que nous limiterons la partie « incarnée » de notre foi à la seule « profession d’éléments de doctrine morale désarticulés », tant que nous ne fréquenterons que nos « semblables » - même éducation et mêmes codes -, tant que nous confierons des responsabilités à des névrosé(e)s dévoré(e)s d’ambition, tant que nous persisterons à nous définir comme « modérément conservateurs » sans trop savoir ce que cela signifie encore, tant que les « païens » sauront ce que pensent « vraiment » les cathos en lisant d’abord le Figaro, VA, Causeur, ou certains blogs « cathos » très fréquentés, tant que nous resterons marqués par un racisme plus ou moins ‘soft’ sous couvert d’obsession islamophobe ou anti-immigrés, tant que 30% des cathos engagés de moins de 30 ans voteront pour un certain parti, tant que nous nous désintéresserons à peu près totalement de la fracture sociale, de la paupérisation des classes moyennes, et plus largement des « structures de péché » que nous idolâtrons au contraire, tant que nous aurons un rapport d’addiction au fric et à la conso, tant que nous envisagerons l’éducation de nos enfants sous le seul angle du chemin le plus rapide vers le sommet d’une des tours de la Défense, tant que nous envisagerons l’environnement et la Création comme des seules ressources à piller sans frein sous prétexte de les « mettre en valeur », tant que nous défigurerons la morale sexuelle et familiale en « certificat de bonne conduite » au lieu de l’accueillir en chemin d’évangélisation et d’humanisation de tout notre être, tant que certains « cathos » se livreront au voyeurisme le plus sordide et aux cancans « sous prétexte de bienveillance chrétienne », tant que nous donnerons aux « autres » l’impression que nous avons tout à leur apprendre et rien à recevoir d’eux, tant que nous envisagerons l’évangélisation comme une invitation à « devenir comme nous », tant que nous ne comprendrons pas qu’il y a en dehors de l’Eglise beaucoup de « catholiques » qui s’ignorent, et en son sein quelques « grands chrétiens » qui ne le sont en fait pas du tout, tant qu’une majorité des nouveaux baptisés quittera l’Eglise en moyenne deux ans après y être entrés, tant que – à la suite du Dieu fait Homme - nous ne ceindrons pas un tablier et ne nous mettrons pas à genoux pour laver les pieds de nos frères, de « tous » nos frères…
Alors oui, nous serons parfois moqués ou détestés par quelques irréductibles « bouffeurs de curés », mais aussi par beaucoup de personnes de bonne volonté qui attendent de l’Eglise, et de nous, peut-être beaucoup plus que nous l’imaginerions, et que nous décevons. Nous sommes souvent détestés, également pour de « mauvaises » raisons, non pas en « haine du Christ » ou de la morale naturelle, mais aussi - plus souvent que nous le pensons -, en haine de nos mauvaises habitudes et de nos contre-témoignages.
jwarren
[ PP à JW - J'adhère en grande partie à cette autocritique catho, exprimée par notre blog à de nombreuses reprises. Mais elle n'a strictement rien à voir avec le cas "Charlie Hebdo". ]
réponse au commentaire
Écrit par : jwarren / | 10/01/2015
PAS POUR TOUS
"b) « oui, toujours ! Balancer n'importe quoi est un droit de l'individu, sinon c'est la Réaction." écrivez-vous.
Permettez un bémol: ce n'est pas un droit de l'individu, car si un particulier balançait le quart de ce qu'imprime Charlie, il serait poursuivi pour incitation à la haine, et ce serait une bonne chose. Mais un journal a le droit de le faire à des milliers d'exemplaires. Et peut-être pas n'importe quel journal de n'importe quelle tendance.
Double malaise, double interpellation.
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Écrit par : Pierre Huet / | 12/01/2015
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