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04/01/2015

Célibat des prêtres, le vrai dossier

 catholiques

Le livre de Jean Mercier fait le point :


 

Le célibat des prêtres est une question de discipline ecclésiale (non de dogme), et différemment abordée : les Eglises orthodoxes et les Eglises orientales unies à Rome réservent le célibat aux moines et aux évêques, tandis que l'Eglise catholique latine l'étend au clergé tout entier sauf rares exceptions.

La discipline latine doit-elle « changer » comme l'exigent sempiternellement les médias – déjà six colonnes à la une de France-soir à l'ouverture de Vatican II en 1962 ? Cette exigence médiatique n'exprime aucune empathie envers les croyants, mais un impérialisme sociétal sur l'Eglise ; elle s'appuie sur des sondages réalisés auprès d'incroyants* peu concernés par le sujet.

Et du point de vue du monde catholique, comment se présente le dossier ? Jean Mercier fait le point dans un livre qui se présente comme un « audit de faisabilité ». Ordonner des hommes mariés résoudrait-il le problème de la pénurie de vocations en Europe ? Le célibat sacerdotal est-il responsable de cette pénurie ? Quelle fut la pratique de l'Eglise en ce domaine depuis les origines ? Y a-t-il un rapport entre le célibat et les scandales sexuels impliquant des prêtres ? Quel est le fondement théologique du célibat sacerdotal ? Comment est-il vécu par les prêtres des divers continents ? Comment vivent les 400 prêtres mariés de l'Eglise catholique latine, ex-prêtres anglicans ou ex-pasteurs protestants ? De quelle nature réelle est la pression dans certaines Eglises en faveur de la généralisation des « prêtres mariés » ?

À ces questions, l'enquête apporte des réponses substantielles.

Mais elle envisage surtout l'avenir, dans une perspective – réaliste et missionnaire à la fois – que les catholiques « conservateurs » feraient bien de méditer.

Appelant à liquider « une représentation mentale de l'Eglise héritée des années 1950-1960, à une période où les gens étaient encore majoritairement catholiques, où assurer le maillage était une priorité », Jean Mercier souligne que « cette Eglise cadastrale appartient au passé ». À l'époque de l'internet, dit-il, « les processus d'affiliation religieux ne passent plus nécessairement par le territoire. Le modèle d'avenir de l'Eglise est celui de petites communautés en diaspora, constituées autour de pôles eucharistiques. Il faut donc davantage de prêtres apôtres, très mobiles. Dans un tel contexte, le célibat est plus adapté. » L'action missionnaire est d'ailleurs « ce qui motive les candidats au sacerdoce aujourd'hui, à rebours de la figure d'un curé-fonctionnaire régnant sur une paroisse géographique bien délimitée »...

Dans  notre société tyrannisée par l'argent, pulvérisée par l'éphémère et par l'hyper-individualisme issus du libéralisme, toute forme d'engagement pour la vie entière devient une anomalie. Mais cette anomalie a valeur de protestation et de prophétie. Ainsi le mariage  catholique : dans une société où l'union libre se généralise, cette «consécration mutuelle et religieuse » (de plus en plus minoritaire) devient un témoignage de foi en la grâce surnaturelle à l'œuvre dans la condition humaine. De même le sacerdoce catholique, « lien particulier d'identification à Jésus-Christ »  –   et grâce de confiance et d'abnégation.

D'ici peu il ne restera que trois mille prêtres en France, rappelle Jean Mercier. C'est ce que nous rappelons nous aussi dans ce blog, en soulignant que cette perspective met les laïcs catholiques face à un choix : ou bien rester dans l'illusion « conservatrice »**, ou bien comprendre – comme le dit Mercier – que « l'enjeu est une phase de mutation des communautés chrétiennes ». Extraits de son livre :

« Beaucoup de chrétiens n'ont pas encore pris la mesure de ce qui va arriver et imaginent que l'Eglise peut continuer à leur offrir une sorte de service public du religieux sans qu'ils aient à s'engager de manière concrète... »

« L'Eglise est vouée à se convertir ou à disparaître. Parce qu'il sera de plus en plus difficile d'être chrétien dans une société dont les options s'éloigneront de l'Evangile, les catholiques seront confrontés à la vérité de leur relation à la personne du Christ... »

« Selon cette réalité, leur manière de vivre la foi se rapprochera de l'engagement coûteux et militant des Eglises évangéliques... »

« Cette nouvelle donne pourrait générer une nouvelle conscience et une nouvelle confiance parmi les catholiques : celle qu'ils doivent encourager la vocation au sacerdoce parmi leurs fils... Autrement, rien ne changera. »

Les catholiques de France ont-ils conscience que la vie de laïc chrétien, autant que le ministère de prêtre, sera « toujours plus difficile dans un contexte occidental où le christianisme est appelé à devenir une minorité créative non repliée sur elle-même » ?

Une minorité « non repliée sur elle-même », cela veut dire une minorité guérie des nostalgies (ou des illusions partisanes). Il faut savoir tourner la page pour devenir minorité « créative », motivée, mobilisée, capable de faire connaître l'Evangile dans une société sans précédent...

Voilà les questions que les catholiques vont se poser dans les années qui viennent. Aidons les médias à comprendre que le célibat des prêtres n'est pas notre premier souci.

  

Jean Mercier : Célibat des prêtres – La discipline de l'Eglise doit-elle changer ? DDB, 336 p. - 19,90 €.

 

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* dont fait partie cet échantillon privé de sens : les « catholiques  non-pratiquants ».

** Par exemple : croire que défiler pour des questions sociétales est la nouvelle forme du catholicisme... Crier au « complot cathophobe » quand une église devenue déserte est désaffectée... Imaginer que l'Eglise cadastrale peut être sauvée par les séminaires traditionalisants... (En dépit de quoi nombre de fils de familles pieuses ont été dotés d'un champ de vision où n'apparaît que l'école de commerce).

 

Commentaires

INUTILE

> Quand je vois le nombre de prêtres, ainsi que l'énergie, le temps et l'argent que demande une famille, j'ai l'impression que c'est le moment de l'Histoire où cette question est la plus inutile.
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Écrit par : HR / | 04/01/2015

VIRI PROBATI

> Le prêtre est ordonné pour la mission, c’est évident. Les prêtres étrangers, notamment africains, qui dynamisent nos paroisses – « Fidei donum » ou dans le cadre d’un cycle d’études en France – nous rappellent remarquablement cette fécondité intrinsèque à toute vocation sacerdotale.
Aussi, avec l’excellent Jean Mercier, dont je n’ai pas lu le livre, ne tirons pas trop vite un trait sur l’ordination d’hommes mariés. Ces « viri probati » – donc éprouvés, expérimentés, ayant un certain âge –, si Rome les appelle, seront nécessairement, eux aussi, ordonnés pour la mission. Avantage supplémentaire des « viri probati » : être des missionnaires de l’unité – qui vient ! – avec nos frères et sœurs des Eglises orthodoxes.
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Écrit par : Denis / | 04/01/2015

CÉLIBATAIRES PLUS PROCHES

> Je lisais récemment un témoignage très intéressant d'un évêque d'Amérique du Sud: les prêtres mariés ne veulent/peuvent pas aller dans les paroisses trop pauvres, ce n'est pas vivable pour leur famille.
Tout est dit.
De même comment ne pas voir qu'un prêtre célibataire est mieux placé pour accompagner toutes les personnes en désarroi affectif de nos sociétés: célibataires, divorcés, couples sans enfants... Cette pauvreté là les rend plus proches et crédibles.
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Écrit par : ludovic / | 04/01/2015

PAROISSE

> "À l'époque de l'internet, dit-il, « les processus d'affiliation religieux ne passent plus nécessairement par le territoire. Le modèle d'avenir de l'Eglise est celui de petites communautés en diaspora, constituées autour de pôles eucharistiques. Il faut donc davantage de prêtres apôtres, très mobiles."
OK, mais il ne faudrait pas que l'Eglise de France devienne une Eglise... de confettis. Avec quelques centres (plus ou moins) vivants et, autour...le désert de Gobi. Avec, au surplus, un risque sectaire, pour des petites communautés isolées... même si elles sont censées aller vers l'extérieur (je crois me souvenir que, au cours d'un récent "grand débat", Victor Loupan soulignait ce souci).
Même humainement étique, une paroisse "territoriale" constitue un repère. Je le vois bien dans ma banlieue. Une commune de 20 000 habitants, de tradition "rouge de chez rouge", avec... une centaine de catholiques pratiquants. Quelques religieux et religieuses autour. Chance énorme : un curé (fidei donum) à demeure... Hé bien, cette paroisse fait "partie du paysage" et constitue, d'une certaine façon... un phare, même pour des personnes éloignées de l'Eglise...
Mais peut-être ma paroisse est-elle en train de tourner au "pôle missionnaire". Ce qui fait que mon objection à l'idée de J. Mercier n'en est pas vraiment une...
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Écrit par : Feld / | 05/01/2015

REGISTRES

> J'avais lu quelque part que, dans les Eglises orientales où le mariage des prêtres était autorisé, il pouvait y avoir une "course au mariage" chez certains séminaristes.
L'idée, bien sûr : se marier impérativement avant l'ordination. De fait, le mariage en est dénaturé. On est plus dans le registre du permis de vidage de c... que dans celui de l'alliance devant Dieu.
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Écrit par : Feld / | 05/01/2015

LE VRAI PROBLÈME

> Curieusement, il est impossible d'aborder la question des vocations sacerdotales dans la presbytérium auquel j'appartiens. On vous sert des formules toutes faites, comme : les jeunes ne veulent pas s'engager, les pretres ne sont pas "appelants"... et l'on en reste là.
Il y a certainement 20 causes ou plus pour expliquer la rareté des vocations sacerdotales, à l'heure actuelle.
A mon sens la principale réponse se trouve dans "La Pastorale". Le ministère du prêtre tourne principalement autour des reunions de 20 à 30 personnes, ce qui leur masque bien des réalités paroissiales. D'autre part, ils ne se rendent pas compte que chaque règlement qu'ils font les enferme en lui-même et leur interdit les exceptions que la réalité souvent impose... par charité et justice pastorales !
D'autres réponses touchent à la catéchèse. Par exemple, la question élémentaire "Qui est Dieu" est souvent omise... par peur du Big Bang ? La Liturgie aussi et le sens du sacré ("vaste question !" dirait le Général).
Bref, quand on a vingt ans, on ne donnera pas sa vie pour animer des reunions de 20 personnes ! Dans l'Evangile, nous lisons : "Celui qui aura quitté frères, père, mère, femme et enfants A CAUSE DE MOI ET DE L'EVANGILE..." A mon sens le vrai probème des vocations est là.
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Écrit par : Alleaume, Jean-Claude / | 05/01/2015

TERRITOIRE

> L'affiliation qui "passe... par le territoire" est en régression mais il serait dommageable qu'elle disparaisse complètement car elle présente un avantage considérable: celui de faire voisiner et se connaître des catholiques qui ne se sont pas choisis. La paroisse (etymologiquement "voisinage") rassemble des personnes de milieux, de styles, d'affinités variés, la majorité des paroisses étant socialement plus ou moins hétérogène.
A l'opposé, l'Action Catholique a organisé le clivage social de catholiques français avec les résultats qu'on a vu, tandis que divers mouvements postérieurs rassemblent par communauté de "sensibilités".
La paroisse est un élément modérateur de la tendance de tous, pas mauvaise, légitime même, mais devant rester dans de saines limites, d’adosser la Foi à un arrière-plan intellectuel et culturel. On voit nombre de conversions survenues au contact de courants traditionalistes, quitte à ce que ces personnes prennent ensuite une distance. Autre exemple non « occidental »: une amie nord-africaine s’est agrégée à…une paroisse maronite !
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Écrit par : Pierre Huet / | 05/01/2015

CONTRADICTOIRES

> Comme dans tout débat il faut une voix contradictoire, je vous propose ceci :
http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2011/09/16/2591783_les-vies-brisees-des-compagnes-cachees-de-pretres-catholiques.html
Usant de simple logique :
• Si ce sujet est effectivement secondaire par rapport à la crise des vocations, laquelle ne fait que suivre le déclin des croyants et surtout des pratiquants, donner l’impression de toujours éluder la question donne effectivement du grain à moudre aux médias
• Invoquer uniquement des raisons de temps ou d’argent me parait trop rapide et facile, pourquoi est ce possible chez les protestants et les Eglises orientales et pas au sein de l’Eglise latine ?
• C’est très misogyne de penser qu’une femme ne peut pas avoir un emploi suffisamment rémunéré, et/ou ne pourrait pas être une aide et non pas un poids pour le ministère de son mari
• Déjà des bruits de procès pour reconnaissance de paternité
http://www.ladepeche.fr/article/2009/09/27/681683-ce-fils-de-pretre-ecrit-au-pape.html
• La question ne se pose pas en tant que contestation de la forte recommandation du célibat, mais l’acceptation que des prêtres connaissant finalement une vie sentimentale puissent continuer leur vocation accompagnés de leur famille au grand jour.
Comme pour d’autres sujets cette situation a toutes les apparences de l’hypocrisie (la notre, pas seulement celle de l’Eglise).
Pour le point de la note arguant d’une nécessaire « phase de mutation des communautés chrétiennes“, ce devrait être une évidence, pour preuve le nombre toujours plus restreint de pratiquants.
Force est de constater que le dernier carré, en particulier de cathos, est en pleine étape 2 dite du « déni ». Le problème de cette phase est qu’elle est de durée indéterminée, et souvent prend fin suite à un événement choc après lequel on ne peut plus se mentir à soi-même. Peut être le jour où nous n’aurons plus de pratiquants du tout ?
Il suffit de constater la moyenne d’âge des assemblées aux messes pour extrapoler que le manque de prêtres ne sera bientôt plus un problème.
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Écrit par : JClaude / | 05/01/2015

ARGUMENTS

> Je comprends les arguments invoqués contre le mariage des prêtres, notamment la question du temps. Ceci étant dit je ne comprends pas que l'on n'évoque pas davantage la réflexion sur les viri probati.
L'exemple des diacres permanents, ordonnés en accord et avec la participation de leurs épouses, fournit une piste trop peu explorée. En conférant à des hommes déjà mariés et n'ayant plus à charge leurs enfants la possibilité de confesser et de célébrer l'eucharistie en plus de ce qu'ils font déjà on pourrait disposer de prêtres liés à leur communauté et donc non "projetables" comme les prêtres célibataire. Cela permettrait de répondre à certains besoins. Pas à tous les besoins mais à certains, ce qui est déjà bien.
Le silence gêné qui règne à chaque fois que je suggère cette proposition à des amis catholiques me convainc néanmoins que, sur la question du célibat des prêtres, il y a certes de bons arguments mais également des enjeux de pouvoir inavoués parce que inavouables.

Louis Charles


[ PP à LC
Des enjeux de pouvoir ? en 2014 ? au point matériel où en est réduite l'Eglise catholique en France ? J'ai quelque peine à y croire...
Ou bien vos interlocuteurs sont restés prisonniers d'une vision obsolète. Ce qui n'est hélas pas rare dans certains milieux cathos de l'Hexagone...
Pour ma part, l'éventualité de voir ordonner des viri probati ne me choque pas : si l'Eglise décidait de le faire, ce serait sous la motion de l'Esprit Saint et je ne vois pas au nom de quoi on trouverait à y redire ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Louis Charles / | 05/01/2015

GAGNONS DU TEMPS

> Je propose, pour ne pas perdre de temps, de passer directement à la question du "remariage" des prêtres avec des personnes de même sexe, après divorce. Il faudra alors déterminer si le "prêtre" peut ou non communier au Corps et au Sang du Christ qu'il aura lui même consacrés…
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Écrit par : François Lapierre / | 05/01/2015

CHIFFRES

> Je cite l'article de 'La Dépêche', dont le lien a été donné par JClaude :
"Selon Christian Terras, 40 à 50 % des prêtres en fonction en Europe ne respecteraient pas la règle du célibat. "
Sincèrement, j'ai du mal à le croire...il ne faut quand même pas exagérer.

Feld


[ PP à Feld - Il faudrait prévenir les journalistes que ce genre de bluff est le fonds de commerce de Terras, mais qu'en réalité il n'est pas plus informé qu'eux... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 05/01/2015

AMBITION ?

> "Le silence gêné qui règne à chaque fois que je suggère cette proposition à des amis catholiques me convainc néanmoins que, sur la question du célibat des prêtres, il y a certes de bons arguments mais également des enjeux de pouvoir inavoués parce que inavouables."
Comme a écrit je ne sais plus qui : "l'ambition est la luxure des prêtres"...
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Écrit par : Feld / | 05/01/2015

LEUR SOLITUDE

> L'église anglicane serait dans l'air du temps : OK pour tous les thèmes dit modernes par les média (don le mariage des prêtres) le résultat est que les église anglicanes se vident et que le nombre de vocation n'augmente pas, au contraire.
Le problème n'est pas le célibat mais la solitude des prêtres, réelle dans la ruralité où la désertification des églises oblige un prêtre à couvrir un grand territoire. Une femme pourrait être un soutien, mais être prêtre ne met pas obligatoirement à l'abri d'éventuel problème de couple ou avec ses enfants.
Sans même entrer dans des considérations matérielles, il apparaît que même si cela pourrait sembler être une solution, cela pourrait aussi être source d'autres problèmes. Un prêtre marié peut avoir besoin de périodes où il devrait consacrer plus de temps à sa famille. comment l'église pourra-t-elle gérer ces périodes ? Ce prêtre ne risque-t-il pas alors d'être montré du doigt ?
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Écrit par : franz / | 06/01/2015

LA QUESTION

> Regardons la question sans idées reçues et sans digresser.
• Les « viri probati » pourraient tant apporter à la communauté, tout en trouvant eux-mêmes un grand bonheur à se consacrer au Christ en dernière partie d’existence (pendant la retraite par exemple). La note de Denis plus haut se suffit à elle-même. Il y a bien des « arrangements » pour l’instant, comme le cas de mon beau-père, simple laïc, qui officie aux enterrements avec l’accord de l’évêque (il a reçu une petite croix en boutonnière pour se faire reconnaitre).
• Ne pas interdire de ministère les prêtres qui finalement avec le temps auraient jugé nécessaire d’avoir une vie sentimentale pour tenir, à moins de faits avérés que cela nuit par trop à leur sacerdoce.

@Franz
> La solitude des prêtres m’a toujours interpellé et fortement peiné. Encore dernièrement l’un d’eux, à la retraite et invité pour une fête familiale, me rapportait sa joie de s’évader de son univers triste et rempli d’aigris.
Il me semble qu’on leur demande beaucoup (tout en fait), alors que les paroissiens n’apportent quasiment plus de soutien ni matériel ni amical.

Les faux débats qui font couler de l’encre et prendre son temps :
* "le célibat explique la crise des vocations." Clairement non, les courbes de déclin du nombre de pratiquants et d’ordinations sont très corrélées, ce qui démontre une crise plus profonde de l’Église toute entière
* "si on accorde aujourd’hui ceci, demain on devra accorder cela et tout va ficher le camp."
Comme je l’évoquais plus haut, c’est un problème de deuxième ordre, mais que l’on rend artificiellement négativement visible dans les médias et chez les non-croyants par trop de dérobade. Il me semble que notre réputation d’hypocrisie ne demande pas qu’on s’en rajoute davantage.
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Écrit par : JClaude / | 06/01/2015

@ JClaude:

> en ce qui concerne les prêtres, âgés ou... moins, je vois et vis des choses exactement similaires à ma porte, cette si choquante solitude est une plaie:
"Il n’est pas bon que l’homme soit seul" - Genèse (2,18).
Pour en revenir au thème, le rapport entre célibat et vie consacrée, souvenons-nous que celui-ci émaille nombre de conciles du premier millénaire, montrant sans doute que la chose n'allait pas de soi: Un commentaire de blogue ne suffit pas à en égrener la litanie tout en citant toutes les références !
Quant au: "Il faut donc davantage de prêtres apôtres, très mobiles", veuillez m'excuser, mais nous en sommes déjà là depuis pas mal d'années, en milieu rural il n'est pas rare qu'un prêtre desserve cinquante ou soixante clochers ! Où est la paroisse, où est la proximité, où est le maillage cadastral ?
Pour ce qui concerne le célibat:
Je considère que la question appartient au clergé lui-même, et, si débat il doit y avoir; il ne doit pas être confisqué au clergé par l'église (entendue comme l'assemblée de tous les fidèles).
Après, les sempiternelles petites piques l'air-de-rien de nos médias, tentant d'instiller une dose de débat sociétal histoire de voir si, par hasard, ça ne pourrait pas faire vaciller quelque peu l'Eglise catholique, je suis sûr que nul ici n'est dupe du procédé !
Allez, un peu de fiction, admettons que, lors d'un concile Vatican III ou IV dans quelques décennies, il se décide que l'on puisse ordonner des prêtres mariés, sur le modèle des diacres mariés: la question sociétale subreptice des médias de ce temps-là sera: mais alors, il faut aussi permettre aux moines et aux moniales de se marier !
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Écrit par : Aventin / | 06/01/2015

@ JClaude

> Je vous trouve abusivement pessimiste. Vivez-vous à la campagne ? Les assemblées dominicales dans beaucoup de zones rurales sont certes d’une moyenne d’âge élevée et il est vrai qu’on y rencontre parfois des prêtres un peu déprimés et désabusés. Mais d’après ce que je peux observer (de mes bientôt 59 printemps), de nombreuses paroisses en banlieue et dans le périurbain, pour ne pas parler des grandes villes, où c’est encore plus sensible, montrent aujourd’hui un beau dynamisme par rapport à ce qui s’y vivait il y a vingt ans !
Par ailleurs, il me semble que la question posée à l’Eglise n’est pas celle du « mariage des prêtres » (hors sujet à mon avis, sauf à démontrer que ceux-ci n’étaient pas pleinement responsables de leurs actes au jour de leur ordination), mais celle de l’ordination d’hommes mariés.
Au reste, je ne suis pas théologien, aussi me contenterais-je d’observer les choses – ces revendications taxées de "féministes" ou "progressistes" –, une nouvelle fois, au ras des paquerettes : s’il peut paraître difficile d’imaginer un prêtre chargé de famille suffisamment disponible pour ses ouailles, il est encore plus difficile d’imaginer une femme prêtre en mission dans certaines contrées peu hospitalières – ne serait-ce que dans les terres dites d’islam… J’ajouterai que la prêtrise réservée aux hommes, étant donné la violence endémique des rapports sociaux voire familiaux dans de nombreux pays, faute d’égalité civique réelle entre hommes et femmes et compte tenu des risques inhérents à la mission d’évangéliser, est compréhensible et constitue une sage précaution.
De fait, l’Eglise a été fondée par le Christ, Dieu et homme, sur les apôtres qui étaient des hommes, ceux-ci ont reçu de Jésus la mission d’agir en son nom –« in persona Christi » – dans l’administration des sacrements, et pour cela ont accepté de tout quitter, jusqu’aux extrémités de la terre ; et c’est toujours à des hommes que l’Eglise demande en priorité de (se) sacrifier pour porter à leurs contemporains la Bonne Nouvelle et leur donner le Pain vivant descendu du Ciel. J’ai beau faire, je ne parviens pas à trouver cela odieux ou scandaleux comme s’exercent à nous le faire croire celles et ceux qui réclament le « mariage des prêtres » ou l’ordination des femmes.
J’ajoute qu’à titre personnel, je suis revenu au Christ certes par des confrères journalistes, mais aussi et d’abord par le travail d’évangélisation à l’œuvre dans ma paroisse ainsi que dans le collège de mon fils aîné, où les femmes et les mères tiennent une très grande part… sans revendiquer un plus beau rôle. Et en est-il un plus beau que celui de nourrir la foi et l’espérance dans des cœurs des enfants, pour les faire grandir en Christ ?
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Écrit par : Denis / | 06/01/2015

Eclairez ma lanterne

@ Jean-Claude

> Vous écrivez que "l’Eglise a été fondée par le Christ, Dieu et homme, sur les apôtres qui étaient des hommes".
Je comprends l'argument mais le raisonnement qui le sous-tend ("Jésus n'a pas ordonné de femmes donc c'est qu'il n'a pas voulu ordonner de femmes") me semble difficilement acceptable.
Car à ce compte là on peut également avancer qu'il n'a ordonné que des juifs et qu 'il ne voulait donc pas qu'on puisse ordonner des non-juifs.
Cette conclusion nous paraîtrait sans doute absurde à tous pourtant c'est exactement le même raisonnement.
C'est du fondamentalisme intellectuel.
A ce compte là il ne faut pas non plus réciter le Je vous salue Marie.
L'argument est le même : Jésus ne nous l'a pas enseigné (contrairement au Notre Père) et s'il avait voulu que l'on invoque l'intercession de sa mère il l'aurait dit etc.
Cet argument littéraliste repose sur le postulat que tout ce qui n'est pas explicitement prescrit par le Christ est nécessairement proscrit par lui.
C'est la négation même du don de l'Esprit qui, lui, nous a explicitement été garanti par le Christ...
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Écrit par : Louis Charles / | 07/01/2015

@ Aventin

> Je vous rejoins complètement dans votre opinion que ce débat concerne et par conséquent appartient avant tout au clergé.
Raison de plus pour nous autres, simple membre de l’Eglise, de ne pas exprimer d’avis parfois péremptoire et rigide à cet égard.
J’imagine par ailleurs que l’institution, dans sa réflexion s’il y a, se nourrit des pensées de l’Eglise en tant qu’assemblée qui a à accueillir et accompagner les prêtres.
Pour ce qui concerne les ordres contemplatifs, retirés du monde par raison d’être, je crois que même le média le plus mal intentionné n’osera aborder ce point. Les prêtres au contraire sont immergés dans le monde.

@ Denis

> Forcément les expériences de chacun sont différentes. Puisque vous me posez la question, les hasards de la vie et de la famille m’ont fait connaitre des endroits aussi différents géographiquement et socialement que Saint-Denis, Paris, Versailles, le Douaisis… et effectivement très récemment j’ai fait ce choix de vivre plus éloigné à la campagne. Et partout dans ma paroisse ou celles visitées j’ai fait ce même constat de l’augmentation de la moyenne d’âge des fidèles.
Bref pour revenir au sujet, pardonnez-moi mais pourquoi invoquer le thème de l’ordination des femmes pour justifier un avis à propos du célibat des prêtres? Le sujet est-il donc si sensible pour qu’invariablement on y agrège tous ceux voisins qui déplaisent ?
Comme vous le soulignez, le cas principal en cause est celui de l’ordination des hommes mariés.
J’y ajouterai tout de même un peu de clémence, par pures compassion et empathie, pour les prêtres, certes pleinement conscients au moment de l’ordination, mais qui ont pu ensuite faillir à la règle. Je vous invite à relire les propos de l’abbé Pierre pour ne prendre que lui.
Je ne suis pas non plus théologien, ni en aucune manière militant de cette cause, par contre cela me navre que dans certaines paroisses que je connais, on ait du se résoudre à célébrer pendant plusieurs années des messes sans le prêtre. Aujourd’hui le dernier prêtre, en meilleure santé, arrive à faire « le parcours » et donc être présent, par contre il est complètement en pilote automatique et suit la feuille de route préparée par un petit groupe de laïcs (assez âgés désolé de le dire).
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Écrit par : JClaude / | 07/01/2015

PAS LE PRINCIPAL

> J'ai fait l'expérience d'une démarche de discernement d'une vocation au sein de l'administration ecclésiale et j'en ai tiré la conviction que le célibat n'était pas le principal obstacle.
Il y a en en effet tant d'autres d'exigences que la plupart de ceux qui arrivent avec le désir sincère de servir l'Église finissent par repartir avec l'idée qu'ils ne sont pas assez forts pour cela (tout simplement d'abord au niveau physique et intellectuel : capacité de travail et intelligence). L'administration épiscopale a malheureusement intégré les méthodes modernes de gestion des "ressources humaines", avec toute leur inhumanité.
Involontairement mais fortement, les méthodes de recrutement transpirent souvent l'idée que les plus faibles ne peuvent pas fournir une spiritualité pastorale féconde. Ce qui est, à mon avis, une racine des quinze maladies guettant le clergé d'après François.
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Écrit par : Guadet / | 07/01/2015

@ Louis Charles

> Pardonnez-moi, mais il me semble que vous m'ayez confondu avec Denis qui se sera reconnu dans la phrase que vous citez. Du reste je suis en plein accord avec votre raisonnement.

@ Guadet
> Merci pour ce témoignage, j'ignorais qu'il existait pareil filtrage. Cela me confirme dans l'idée que la question du recrutement des prêtres d'une manière générale est d'actualité et perfectible.
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Écrit par : JClaude / | 08/01/2015

@ JClaude @ Denis

> Veuillez m'excuser de vous avoir confondus.
Heureusement je crois, chacun s'est reconnu !
Excusez encore une fois ma maladresse.
Bien amicalement
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Écrit par : Louis Charles / | 12/01/2015

PAROISSE

> Une raison de plus d'espérer, l'exemple d'un prêtre et de ses paroissiens en Maine et Loire : http://www.ktotv.com/videos-chretiennes/emissions/nouveautes/documentaire-sainte-therese-en-haute-vallee/00082944
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Écrit par : DV / | 13/01/2015

> la question des "viri probati" se pose depuis longtemps parmi les chrétiens sans doute engagés, mais non parmi les décideurs au moins encore actuellement...
Peut-être les choses vont-elles bouger...
mais il est plus que grand temps.
Un "vir probatus" est un homme marié (souvent) mais n'ayant plus de responsabilités familiales ou professionnelles. Cet homme, engagé en Eglise, après formation suffisante en théologie et en pastorale -voire avec formation continue souhaitable- pourrait être appelé à devenir un "Ancien" (= prêtre) dans sa communauté, travailler en équipe avec ses confrères et ses supérieurs: à mon avis, ce serait très bénéfique pour les communautés locales et pour l'Eglise entière.
Prions le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans son champ !
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Écrit par : Hugues Noël / | 03/03/2015

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