Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/12/2014

Le curé, le maire communiste et le pape François

 282002_15102014.jpg

C'est l'histoire* de deux Dieppois de 43 ans : Sébastien Jumel, maire PCF de la ville, et Geoffroy de La Tousche, curé (en col romain) de Dieppe-Ouest. Le 16 octobre, ils sont allés ensemble, « sur leurs propres fonds », voir le pape François au Vatican :  


 

Sébastien Jumel et Geoffroy de La Tousche sont fils d'ouvrier l'un et l'autre**. Entre les deux tours des municipales, le curé avait envoyé ce texto au maire sortant : « Si vous gagnez, je vous emmène à Rome voir le pape ! ». « J'ai répondu "OK, bien volontiers" mais en n'y croyant pas trop », raconte le maire.

Six mois plus tard (et à l'indignation de « quelques libres-penseurs dieppois »), le maire communiste et le curé ont pris l'avion pour Rome. Et ils ont rencontré le pape.

Récit de Sébastien Jumel : « J'ai rencontré des politiques qui ne vous serrent la main que mollement. Cet homme, à qui j'ai dit que j'étais communiste, m'a souri... » L'entretien a duré quelques minutes, pendant lesquelles François regardait Jumel « droit dans les yeux » : «C'est un moment bouleversant. J'ai vu là un homme d'une immense humanité, et qui incarnait une parole, et je l'ai remercié d'avoir accepté ce signe à l'égard de ma paroisse communiste... » « C'est cette simplicité-là que je retiens », souligne le maire. Et ses impressions de la Rome catholique, notamment à l'université grégorienne ? «  J'ai été impressionné par la connaissance, le très haut niveau intellectuel des gens qui m'ont été présentés, nonobstant quelques prélats pas vraiment progressistes... »

« De là à avancer que le PCF a embrassé les mystères de la Trinité et de la Résurrection de la chair », s'amuse Libération, « il faudra quand même bousculer d'autres dogmes... » Le jour de l'interview, Sébastien Jumel a signalé au journaliste qu'il sortait d'un banquet de militants avec des syndicalistes et des anciens de la métallurgie : « Je leur ai expliqué pourquoi j'avais été à Rome, et à la fin j'ai été applaudi. » Le maire va jusqu'à affirmer : « comme communiste, tout ce qu'a dit le pape au sujet de la finance me touche au plus profond... » Il y a quinze jours, la municipalité PCF a voté la restauration de deux églises, et le P. de La Tousche a fait applaudir cette décision à la fin de la messe paroissiale.

Une histoire de plus à inscrire parmi les exemples de « l'effet François » : 2015 s'annonce bien.

 

______________ 

* Libération, 27/12.

** Le père de Sébastien Jumel était soudeur dans la métallurgie. Geoffroy de La Tousche explique pour sa part : « Mon père était ouvrier en usine à Rouen et j'ai grandi dans une tour HLM de douze étages. »

  

 

Le site du PCF présente l'entrevue romaine

 

http://www.pcf.fr/60569

Sébastien Jumel, maire de Dieppe, rencontre le pape François

Sébastien Jumel, maire communiste de Dieppe, s'est rendu au Vatican où il a rencontré le pape François et de nombreux dignitaires catholiques du 13 au 15 octobre. L'élu était guidé dans ce déplacement par le curé de la paroisse de Dieppe‐ouest qui lui avait lancé cette invitation, "comme un défi", par SMS, peu avant les dernières élections municipales. "Il n'y avait aucune stratégie de ma part, aucune velléité prosélyte ou de conversion, simplement une proposition liée à la relation que nous avions développée" , explique l'abbé Geoffroy de la Tousche.

De son côté, Sébastien Jumel justifie son acceptation par la volonté de rassemblement qui l'anime en tant que maire : « quand le maire communiste de Dieppe, maire de tous les Dieppois, accepte cette invitation, il donne le signe qu'il prend en compte le poids de la culture catholique et le fait que l'on puisse avoir un autre rapport au monde et à l'humanité que celui qui est le mien ! »

 De retour de ce voyage, Sébastien Jumel retient de ses diverses rencontres "l'unicité dans le sens des valeurs communes qui placent l'Homme au coeur de tout avec une vraie différence dans la manière dont on l'entoure". De son échange avec le chef de l'Église catholique, souverain pontife au positionnement atypique sur des sujets comme la famille, la pauvreté…,

Sébastien Jumel rapporte qu'il a été sensible « à l'humanité et à la simplicité » du pape et aux mots qu'il a prononcés. « Son discours sur la crise économique résonne pour l'homme politique que je suis. Ça ne m'a pas converti, mais j'ai pris conscience qu'on avait plus de points communs qu'on ne pouvait le croire. Dans sa catéchèse, quand le pape dit que le monde est dans une situation préoccupante et que dans ce contexte il y a deux postures possibles : le repli ou l'ouverture vers le monde, y compris vers ceux qui ne pensent pas comme nous, j'ai la même vision politiquement », confie l'élu qui affirme être « sorti enrichi » de ce séjour.

À propos de ce moment inédit, l'abbé de la Tousche, qui a vécu quatre ans à Rome et a tout mis en oeuvre pour ouvrir le maximum les portes de la cité antique et papale à son invité, souligne qu'il a été pour lui « une occasion assez unique de dire que son propos s'adresse aussi bien à des catholiques convaincus qu'à tous les autres dès lors qu'ils sont sans préjugés ». D'ailleurs, les deux hommes sont d'accord pour dire qu'autant inhabituel qu'il puisse être, le fait qu'un « curé se balade à Rome avec un maire communiste », s'il a suscité de « l'étonnement », n'a pas entraîné "de rejet". "Et chacune des rencontres avec ces hommes et ces femmes qui sont mes amis ont été libres", relève le Père de la Tousche.

Parmi ces rencontres, Sébastien Jumel a été marqué par son entrevue avec le cardinal Ouellet. Le maire de Dieppe a offert au n°3 de l'Église catholique, archevêque de Québec de 2003 à 2010, la médaille commémorative des 70 ans du raid anglo-canadien du 19 août 1942 sur Dieppe – terriblement meurtrier pour l'armée canadienne. Celui qui nomme les évêques n'a pu retenir son émotion. L'élu, qui a pu mesurer la place que tient sa ville dans le coeur du peuple canadien, a d'ailleurs invité le cardinal Ouellet à assister aux prochaines commémorations de cet événement historique.

 

 

bd2_4.jpg

 

Commentaires

PURE MERVEILLE

> Pure merveille cette histoire vraie.

______

Écrit par : emmeline / | 27/12/2014

PAROISSE

> "..ma paroisse communiste" n'est-ce pas plus tôt le Père de La Tousche qui a pu dire cela ?

caillaud


[ PP à C. - Non, c'est bien le maire qui a employé cette formule. Il a dû employer le mot "paroisse" au second degré, par clin d'œil et comme synonyme de "mouvance" ou d' "appartenance"... ]

réponse au commentaire

Écrit par : caillaud / | 27/12/2014

MAIRIES COMMUNISTES

> D'après les témoignages de prêtres de banlieue pauvres, les Fils de la Charité, les relations des paroisses avec les mairies communistes sont plus faciles qu'avec les mairies socialistes.
On sait d'autre part que des liens s'étaient formés entre membres du clergé et communistes dans la Résistance, et que des actions communes ont été menées par la suite dans le domaine social.
Et n'oublions pas Aldo Moro, mort en martyr pour avoir travaillé à un rapprochement entre démocratie chrétienne et parti communiste, rapprochement qui ne plaisait ni aux extrémistes de gauche ni aux Américains.
______

Écrit par : Guadet / | 27/12/2014

ESCHATOLOGIQUE

> Mieux que don Camillo et Peppone !!!
:D
Cela fait aussi penser au film "Joyeux Noel", sur la trève de Noel 1914... il y a cent ans...
Il y a quelque chose d'eschatologique, là-dedans, d'Isaïe, son lion et son agneau... Ca fait du bien. Merci à eux.
______

Écrit par : Ninelene / | 27/12/2014

L'EFFET FRANÇOIS

> Décidément, il se passe quand même de belles choses dans notre pays, même si celui-ci court vers le précipice...
L'effet François existe bien, je l'ai d'ailleurs moi-même rencontré :
- il y a quelques semaines, dans ma paroisse de banlieue sud, certes très "CCFD friendly", une des intentions de la prière universelle : "prions pour les victimes du modèle économique actuel". Dit comme ça. J'en ai été soufflé ;
- mon diocèse (Créteil) est actuellement en synode. Mgr Santier, notre évêque, a demandé à ce que des équipes synodales soient constituées. Dans notre résidence, mon épouse a réussi à en créer une, avec des cathos pratiquants, certes, mais également avec des personnes se disant éloignées de l'Eglise. A mon humble avis, impensable il y a ne serait-ce que cinq ans ;
- un soir, dans un gîte rural bourguignon : discussion avec un couple membre des "colibris". Baptisés mais apparemment pas pratiquants. Surpris mais très intéressés par le fait que François soit en train de mettre la dernière main à une encyclique sur l'écologie ;
- de plus en plus, l'image des catholiques dans le grand public français, c'est "tous des crétins (les croyants sincères) ou des hypocrites, sauf peut-être le pape François".

Une de mes intentions de prière pour 2015 : que François ne se fasse pas buter. Et je ne plaisante pas en disant cela.
______

Écrit par : Feld / | 28/12/2014

MADELEINE DELBREL

> Pour le rapprochement des hommes de bonne volonté, nous pouvons prier Madeleine Delbrêl (même si elle n'est pas encore sur les autels).
______

Écrit par : Feld / | 28/12/2014

DERNIER ?

> Je ne peux m'empêcher de penser que François est ce "dernier pape" que l'archange St Michel aurait présenté comme étant "feu de charité, feu d'amour et feu de justice pour l'Église et la France" à la mystique Symphorose Chopin (1924-1983).

NB : S. Chopin avait précisé que ce "dernier pape" n'était pas JP II...
______

Écrit par : Feld / | 28/12/2014

IL N'A PAS PEUR

> Feldou , tu nous fiches la trouille avec tes visions ! oui, Prions pour notre cher pape : "longue et belle vie à François !" pas facile,c'est vrai ...
Il n'a pas peur , essayons de l'imiter , tous n'ont pas fini comme Aldo Moro ou Yitzhak Rabin . Les chrétiens indignés devraient porter col blanc et drapeau rouge , tomber les masques ! La gauche molle fait monter l'extrême droite . Pas d'étiquette et pas de prix pour croiser l'autre . Toute mon affection pour toi et ta chérie.
______

Écrit par : escargolibri / | 28/12/2014

BELLE

> Don Camillo footballeur-instituteur..."Venez par ici , à l'école de littérature"! belle coopération, merci Serge , et Marie-George porte bien son prénom , n'en déplaise à Mélenchon !!!
______

Écrit par : escargolibri / | 28/12/2014

DISCUSSION

> Jolie petite histoire que celle-là.
"abstenons-nous de juger et soyons bienveillants" !
je ne voudrais pas être malveillant mais n'y a-t-il pas un peu d'angélisme dans tout celà ?
Loin de moi l'idée de douter de l'honneteté de cet élu et de son for intérieur. Je ne le connais pas.
Ce que je connais, en revanche, est la stratégie politique dont les communistes, et aujourd'hui les frontistes (qui en sont les dignes successeurs !), ont été les hérauts.
Je vous engage à relire les écrits des stratèges, et plus encore des tacticiens communistes qui illustrent comment, dans les périodes de disète idéologique, les alliances de circonstances, les faux-semblants n'ont d'autre but que la destruction de l'ami d'un jour. C'est d'ailleurs une stratégie satanique : le mensonge qui trompe même les bons.
Entendons-nous bien.je ne fais pas une "fixette" anti-communiste primaire. Mon age ne me porte pas vers les délires de la croisade anti-bolchévique.
Petite anecdote. Lorsque j'avais 20 ans, afin de financer en partie mes études, mon père m'a poussé à être ouvrier dans la métallurgie pendant 1 an 1/2. J'y ai croisé notamment un homme qui était devenu un ami. Le responsable CGT de l'usine, communiste et polonais, qui allait à la messe tous les matins avant de venir à l'usine (celà ne s'invente pas !). Les conditions de traitement des ouvriers, le mépris dans lequel ils étaient tenus poussaient cet homme profondemment honnête dans sa révolte à se tourner vers le seul groupe qui se souciait de la conditions de ses frères (mot qu'il préférait à camarade).
Où était l'Eglise ? Avouons qu'elle n'a pas su et ne sait toujours pas être présente. Certains ecclésiastiques ont essayé. Ils se sont malheureusement fourvoyés dans des amitiés dangereuses malgrès leur foi profonde.
Il faut relire le livre de Pierre Andreu écrit en 1955 : "Grandeurs et erreurs des prêtres-ouvriers". Pierre Andreu personnage libre, atypique et insoupsonnable.
Tout ceci pour dire qu'il y a des hommes de bonne volonté même au PCF, même chez Mélenchon. Mais je vais être dur. Le PCF et Mélenchon sont des suborneurs. Leur stratégie et leur tactique sont une tromperie.
Je suis à mille lieues de connaître les intentions du Saint Père, je n'ai pas cette prétention. Je suis seulement sur qu'il a reçu un homme qu'il a regardé avec ce regard pénétrant du Christ.
"Qui suis-je pour juger ?". Comme j'aime cette phrase si mal comprise des médias. Ni acquiescement sur son étiquette politique, ni bénédiction sur son comportement possible, non, seulement le regard du Christ qui attire l'âme à Lui.
Voilà pourqoi cher M de Plunkett, j'aime bien votre note sauf son titre et pardon à leurs auteurs, quelques commentaires lénifiants.
______

Écrit par : gdecock / | 29/12/2014

Bonsoir Feld.

> C'est intéressant ce que vous dites. Lors d'un séjour à Bucarest, j'ai pu avoir une conférence sur les chretiens martyrisés par les communistes roumains et plus particulièrement l'expérimentation Pitesti de 1949 à 1952. Le principe était de supprimer l'image de Dieu en l'homme par des moyens psychologique où il fallait, entre autre, martyriser ses propres amis si non on était martyrisés. La soeur de Saint Jean qui nous faisait la conférence nous disait que pour tenir il fait avoir 3 choses : la foi, le pardon et la charité. S'il manquait une de ses composantes alors inévitablement on se mettait à martyriser l'autre pour survivre.
Voyez vous, le pape Jean-Paul II a fait l'année du pardon, Benoît XVI a fait l'année de la foi, je ne serais pas étonné que le pape François fasse l'année de la charité avant le début de la fin du monde. Bien à vous.
______

Écrit par : pnfo / | 29/12/2014

Cher gdecock,

> permettez-moi d'être en désaccord avec vous sur ce point: "c'est d'ailleurs une stratégie satanique, le mensonge qui trompe même les bons".
Vous confondez je crois les moyens et la fin: si tout mensonge est peccamineux, il est aussi humain, moyen de se mettre en avant, d'obtenir un bien convoité, de cacher ce qui nous fait honte,d'éviter la confrontation....
Ce qui je crois est proprement démoniaque, c'est la volonté éclairée de couper l'homme de Dieu en brisant la confiance de la créature envers son Créateur, du pécheur envers son Sauveur, du chrétien envers l'Ami intime.
C'est pourquoi je crois que la plus puissante et plus belle prière est acte de confiance: "Mon Dieu j'ai confiance en Toi", et je comprends le Notre Père comme la déclinaison, depuis la totalité de la Création, jusqu'à mon salut personnel, en passant par celui de la communauté humaine, de cet acte de confiance par lequel nous lui remettons tout.
Or dans ce don total de ce que nous recevons et accueillons comme cadeau, par où se vit la confiance, "tout ce qui est à moi est à toi", il y a l'autre, quel qu'il soit.
Même le bourreau, même le traitre.
Nous ne cessons pas d'y voir don de Dieu pour nous, et ce faisant nous devenons pour la personne qui a failli occasion de conversion, grâce de Salut.
Je sais : c'est impossible à l'homme, à moi d'abord, je le sais dans ma chair, quand le bourreau continue au secret de nous torturer, nous, les nôtres, nos propres enfants, parfois jusqu'aux animaux et aux plantes, souvent à l'invisible de nos vies. Et pour beaucoup les cicatrices du passé, du nazisme, du communisme, comme de nos histoires personnelles, sont blessures toujours à vif.
Il n'en reste pas moins que ce n'est que par la confiance renouvelée que nous pouvons libérer l'homme de tous les rôles où il s'enferme, des stratégies dont il est aussi la première victime (il n'est pire désespoir que celui du traître, Judas en sait quelque chose, ce que Jésus n'a cessé de chercher à lui épargner en lui renouvelant son amitié jusqu'à l'ultime, en toute connaissance de cause).
Et ce faisant, c'est aussi à nous-même, qui sommes aussi pécheurs, qui avons aussi trahi l'Ami, que nous apprenons à pardonner.
Pour ma part, tant que je n'arriverai pas à faire quand-même confiance à mon pire ennemi, comme créature aimée de Dieu, je me vivrai aussi hors du Salut.
______

Écrit par : Anne Josnin / | 30/12/2014

à Anne Josnin et G de Cock

> Ne pas confondre le PCF de 2014 avec les vrais PC de l'époque dure ! Cela n'a plus rien à voir.
______

Écrit par : Trofim / | 30/12/2014

Les commentaires sont fermés.