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16/12/2014

Ce soir (Arte) : trois lanceurs d'alerte traqués par la CIA

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Les Américains John Kiriakou, Thomas Drake, Jesselyn Radack. Question : pourquoi l'UE est-elle vassale de Washington ?


Enquête sur eux ce soir à 20h50 (Arte) ! L'ex-agent John Kiriakou fut-membre de la CIA pendant quinze ans. L'ex-agent Thomas Drake fut membre de la NSA, recruté le 11 septembre 2001. L'avocate Jesselyn Radack occupa un poste important au département de la Justice. Tous les trois sont désignés aujourd'hui – par la classe politique US et les médias conservative – comme des « ennemis de l'Amérique ». Pourquoi ? Parce que Kiriakou fut le premier à accuser (avec preuves) les services US de torturer systématiquement les « étrangers hostiles » ; Drake révéla (en 2006) le système d'espionnage des télécommunications aux USA et dans le reste du monde ; Mme Radack divulgua (en 2002) comment un Américain « soupçonné d'appartenir à Al-Qaida » avait été soumis à des traitements atroces... Qu'a-t-on infligé aux trois lanceurs d'alerte  Kiriakou, Drake et Radack ? Une persécution judiciaire pour « espionnage », au nom d'une loi datant de 1917 ; une ruine financière due aux procès ; un saccage de leur vie professionnelle, de leur vie familiale et de leur santé physique. Kiriakou est en prison depuis 2013. Mme Radack est actuellement l'avocate d'Edward Snowden. Elle déclare aux journaux : « Autrefois les lanceurs d'alerte devaient choisir entre leur conscience et leur carrière, aujourd'hui ils risquent leur vie. »

En regardant l'émission d'Arte ce soir, nous repenserons à la futilité d'autres médias : ils se sont polarisés sur la mauvaise réponse de Marine Le Pen à la question sur les tortures de la CIA. Interrogée le 12 décembre par des journalistes, la fille de JMLP leur a resservi le très vieux couplet de la bataille d'Alger sur le terroriste arrêté et la bombe (« tic-tac, tic-tac ») qui va exploser « et faire 200 ou 300 victimes civiles »... C'est une idée que la jeune Marine a dû entendre à la table familiale autrefois. Mais ce n'était pas du tout le sujet. Au lieu de se solidariser objectivement avec la CIA, le réflexe de Mme Le Pen aurait dû être de soulever la vraie question pour les responsables européens, dont font partie les responsables français : que des Etats d'Europe (Pologne, Roumanie, Lituanie) aient accepté d'héberger après 2001 des prisons secrètes (Kiejkuty, Constanta, Antavilas) où transitaient des suspects capturés dans le reste du monde – avant leur transfert sur les bases de Guantanamo et Bagram... ou leur disparition pure et simple. Il y eut après 2001 un millier de ces vols clandestins de la CIA.

En juillet 2014, dans un inespéré sursaut de conscience continentale, la Cour européenne des droits de l'homme a condamné la Pologne pour son attitude, qualifiée de « complicité d'actes de tortures ».

Un certain nombre de parlementaires européens demandent que la Commission fasse la lumière sur l'attitude d'autres pays de l'UE : Allemagne, Chypre, Danemark, Espagne, Grèce, Irlande, Suède.

Ils s'interrogent aussi sur les raisons qui poussèrent l'Autriche, l'Italie, le Royaume-Uni et le Portugal à fermer les yeux.  Ce sont sans doute les mêmes raisons que celles de la Commission Barroso : la nécessité de ne mettre en péril ni les « relations transatlantiques »*, ni « la lutte contre le terrorisme ».

On constate avec plaisir que la France ne fait partie d'aucune des trois listes : celle des complices actifs, celle des complices passifs et celle des lâches. A l'époque, le président français était Jacques Chirac, dont le bilan politique allait être insignifiant sauf sur un seul point : sa résistance à l'imperium US dans les affaires du Proche-Orient. On n'ose imaginer ce qu'eût été l'attitude de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande.

Quant à la Pologne, la Roumanie et la Lituanie, qui étaient (à l'époque des faits) en instance d'entrée dans l'UE, elles jouent actuellement le rôle de pions américains au sein de l'Union. Le moins qu'on puisse dire est qu'elles avaient annoncé la couleur.

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* Ayant demandé des informations sur ce sujet, la Commission s'est entendu répondre par Washington que sa démarche menaçait les « négociations » du traité de libre-échange transatlantique. Bruxelles tenant mordicus à ce traité (qui consommera la soumission de l'UE aux USA), l'enquête s'est arrêtée là.

  

 

http://www.independent.co.uk/news/world/europe/cia-torture-report-poland-admits-us-used-black-site-on-its-territory-9916550.html 

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11:51 Publié dans Europe, USA | Lien permanent | Tags : europe, états-unis