24/10/2014
Noble résultat de la campagne de droite contre le synode et contre le pape François
Dopée par les bobards bien-pensants,
la presse cathophobe en rajoute :
Durant les quinze derniers jours, des journaux et sites de droite (avec ou sans label catho) ont accrédité l'image d'un synode devenu une sorte de congrès politique, déchiré entre courants ennemis : d'un côté le pape et ses « progressistes », de l'autre les « conservateurs ».
L'image ne correspond pas à ce synode particulier sur la famille, chantier visant « à collecter des informations de façon à dresser un état réaliste des lieux » (comme le souligne un excellent petit livre d'ecclésiologie paru au Cerf.*)
Elle ne correspond pas non plus, sur le plan général, à ce processus spirituel que sont les synodes et les conciles. Donc elle est aberrante de la part de catholiques affichés.
Mais elle convient parfaitement au Canard enchaîné. Désinformé par un « vaticaniste » en manoeuvres*, le Canard lui emboîte le pas dans un article constitué – selon l'usage maison – de copiés-collés ornés de commentaires. Extraits :
« Le souverain pontife semblait parti pour passer les dogmes à la paille de fer. Finie la mise à l'index des cathos divorcés... »
« Le pape a attaqué en fanfare son synode de la famille persuadé qu'il n'y aurait guère plus de ''15 à 20 opposants'' (''Le Figaro'' 19/10). Mais le successeur de saint Pierre s'est pris un sacré gadin... »
« Sa Sainteté a dû ravaler ses textes décapants et les transformer en molles motions de synthèse dignes d'un congrès radical... »
Et de citer le cardinal Raymond L. Burke, qui accuse le pape de faire « beaucoup de mal ». Ce cardinal US est surtout connu en France dans la tribu des ultras, qui l'encensent depuis qu'il s'est fait sortir (2013) de la Congrégation pour les évêques après avoir suggéré que l'exhortation apostolique La Joie de l'Evangile ne faisait « pas partie du magistère papal ». Au même moment, des médias américains déclaraient que le pape était « quasiment marxiste »...
C'est parce que les ultras encensent le cardinal Burke que le Canard le cite, alors qu'il en ignorait l'existence jusqu'à la semaine dernière.
Si l'on reprend ligne par ligne l'article du Canard, on y retrouve en sous-oeuvre les mensonges de la campagne de droite : le synode vu comme une foire d'empoigne manipulée par le pape, et le document de la première semaine présenté comme un « texte décapant » de « Sa Sainteté »... alors que ce n'était qu'un (très provisoire) instrument de travail établi par une commission.
Total : une impression de chaos qui enchante le Canard, où l'on bouffe du curé depuis 1915.
Ainsi la désinformation de droite sur le synode a semé, non seulement le désarroi chez des catholiques, mais l'allégresse chez les cathophobes.
Belle performance !
Les grands-parents des désinformateurs de 2014 avaient déjà commis le même type d'enfumage au moment de Vatican II ; ce sont d'inépuisables dynasties.
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* du Figaro : mais le Canard aurait pu en trouver d'autres. Ajoutons que les « vaticanistes » se trompent en matière d'Eglise avec une constance digne des « politologues » en d'autres matières.
** Le ''sensus fidei'' dans la vie de l'Eglise, par la Commission théologique internationale. Traduction française par les moines de Fontgombault, revue par le dominicain Serge-Thomas Bonino. (Préface de Mgr Eric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris). Cerf 2014.
12:07 Publié dans Pape François, Planète chrétienne, Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : pape françois, catholiques
Commentaires
MAUVAISE FOI
> Les censeurs "catholiques" du pape François étaient contre lui dès les premières minutes de son élection.
Ils me font penser à ceux qui furent contre Jean-Paul II ou contre Benoit XVI dès le début.
Il y a toujours eu ce phénomène.
Dans les années 1980 les plaisantins romains parlaient des "vedove Montini", "les veuves Montini".
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Écrit par : portapia / | 24/10/2014
TRINITAIRE
> Bénissez-nous, Saint-Père (et vous aussi PP), car nous avons péché (j’ai moi-même eu des interrogations sur les débats des pères synodaux, mais qu’on ne m’assimile pas pour autant à cette vilaine droite !).
Mais puisque qu’on parle de bénédiction et de main droite du Père, permettez que je m’interroge en passant sur le logo de « Touche pas à mon pape », que vous reprenez. Une initiative de Frigide Barjot datant de 2009, sauf erreur de ma part, et qui reprend le geste traditionnel de bénédiction du souverain pontife romain.
Dans l’iconographie, Jésus le Christ, lorsqu’il bénit, utilise de façon signifiante tous les doigts de sa divine dextre : deux doigts levés (index et majeur) symbolisant sa double nature, humaine et divine, et les trois autres joints figurant la Sainte Trinité.
A la suite du Christ, les évêques, en principe, bénissent en ouvrant simplement la main, les cinq doigts bien étendus, telle l’aile de la colombe, pour appeler sur les fidèles les dons du Saint-Esprit.
Chez les évêques orientaux une tradition très ancienne voudrait que l’auriculaire et le pouce soient joints – figurant l’alpha et l’oméga en mémoire de Celui qui est le commencement et la fin, Jésus-Christ – et les trois doigts centraux levés.
Seul donc le Pape replie deux des cinq doigts, à savoir l’auriculaire et l’annulaire, les trois autres étant levés pour bénir les fidèles au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit…
Ma question, donc, que d’aucuns jugeront oiseuse : pourquoi le pape a-t-il deux doigts repliés ? Pénitence et prostration du prêtre ? Et que dire de ce symbole ? La miséricorde et la justice ne voudraient-elles pas que l’Eglise avance à main(s) ouverte(s) et non repliée sur elle-même ?
Denis
[ PP - Les trois doigts sont un hommage à la Sainte Trinité. Comme... dans le signe de reconnaissance des orthodoxes serbes, affirmation trinitaire face au solitaire Allah. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Denis / | 24/10/2014
LE PAPE ET LE CARDINAL MÜLLER
> Tiens, un "opposant conservateur" au Pape (je plaisante) vient de sortir un livre très élogieusement préfacé par .. le pape François. A savoir: 'Pauvre pour les pauvres', du cardinal Müller, où il consacre entre autres un chapitre à faire le point sur la théologie de la libération.
Je ne puis en dire plus pour le moment: je n'ai encore feuilleté que la table des matières :)
Luc2
[ PP à Luc2 - Décidément ce pape s'obstine à faire bouger les lignes. Comment veut-il qu'on s'y retrouve ? ]
réponse au commentaire
Écrit par : Luc2 / | 24/10/2014
ENCOURAGEANT
> Désinformation de droite relayée à gauche : deux bords de la même petite mare aux canards. Voilà des gens qui ne veulent, par réflexe, que projeter leurs petites catégories bien commodes sur tout ce qui se présente à leur regard.
Mais il est permis de se demander si l'inadéquation de ces catégories quand il s'agit de l'Eglise n'est pas pour cette dernière un signe de vie, plutôt encourageant
- encore faut-il bien vouloir le voir.
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Écrit par : Sven Laval / | 24/10/2014
A Luc 2
> Ah "opposant conservateur" : la valse des étiquettes et épithètes...
Vous avez raison de rendre hommage au cal Muller : c'est un prélat courageux et tenace qui fait honneur à sa mission de préfet de la CDF.
Plus largement, il faut souligner le travail remarquable effectué par les pères synodaux qui sont courageusement entrés dans le débat demandé on ne peut plus explicitement par le pape François. Il faut lire les rapports des groupes linguistiques francophones : un travail de titans en 48 h !
Voir aussi les excellentes Itw données par Mgr 23.
Maintenant le synode est bien lancé et revient vers nous. C'est le moment pour les laïcs d'y contribuer. Nous ne pouvons rendre meilleur service à l'Eglise et au monde que de témoigner de la grandeur de l'amour humain, de la beauté du don qui est la loi naturelle d'amour. Cela concerne tous les hommes, pas seulement les chrétiens.
Un regret (et il n'est pas maigre) : toujours aucune traduction officielle de la 'relatio synodi'. La salle de presse du Vatican se plaint du "synode des médias" mais ne donne pas accès au plus grand nombre au "vrai synode", ne diffusant pas son document majeur. Résultat : tout le monde commente un synode que personne n'a eu l'occasion de lire... (sauf ceux qui lisent l'italien).
Certes nous avons eu des extraits traduits (et choisis) par la presse.
Mais comment entrer dans la profondeur et l'intelligence d'un texte sans le lire dans son intégralité ?
Là c'est carton rouge pour la com' du Vatican (ancienne coutume locale).
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 24/10/2014
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