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16/10/2014

Le vrai synode, expliqué calmement

 Le cardinal Scola : "Le synode fait du bon travail."1570459_Articolo.jpg

 ...après la campagne d'hystérie des médias commerciaux :


 

 

Se fier à ce que racontent les médias commerciaux est absurde : leurs campagnes sont des opérations de marketing sur des tranches de lectorat. Ils annoncent des « séismes » pour affoler les uns, réjouir les autres et doper un peu les ventes (qui n'en ont que trop besoin).

Parler de « séisme » à propos du synode romain est particulièrement « une foutaise », disait ce matin* carrément l'évêque de Nanterre, Mgr Aupetit... Diagnostic médical exact sur les bouffées de chaleur des gros médias.

Ce que confirmait quelques minutes plus tard le cardinal Scola (à la vive déception des marchands de panique), en expliquant** : 1. qu'il se réjouit « d'une grande liberté au sein de l'Eglise » ; 2. que le synode « fait du bon travail » ; 3. que les groupes de travail construisent en ce moment le « noyau central » de ce premier synode, qui prépare le second, lequel sera suivi du texte de directives du pape ; 4. donc que ce synode, « comme tous les synodes auxquels j'ai participé » (mais plus encore puisqu'en deux temps), est un long processus.

Ce processus est un phénomène quasi-organique, propre à l'Eglise (et n'ayant jamais pu être imité par les institutions séculières) : une confrontation très animée***, suivie d'une synthèse qui n'est pas un motion de compromis mais un dépassement, dans l'Esprit-Saint et la seule perspective de l'évangélisation. Perspective  forcément novatrice, donc inadmissible pour ceux qui confondent l'Eglise avec l'idée qu'ils s'en font : un musée de leurs « valeurs ».

 

Le point des travaux du synode, par Romilda Ferrauto de Radio Vatican :

<< Les pères synodaux, entourés d’experts, d'auditeurs et de « délégués fraternels », étaient une nouvelle fois réunis mercredi par cercles mineurs, pour revisiter point par point le document de travail rendu public lundi, à mi-parcours des travaux du synode sur la famille. Il s’agit, a précisé le père Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège d’une dynamique plus « interactive ». Les groupes linguistiques, 10 au total dont 2 francophones, travaillent rapidement afin d’élaborer la prochaine étape du chemin synodal : la Relatio Sinodi, document final du Synode. Les résultats de leurs travaux seront présentés ce jeudi en congrégation générale.

Après l’émotion et l’embarras qui ont suivi le retentissement médiatique du rapport d’étape publié lundi, un rapport que beaucoup ont ouvertement contesté, les participants au Synode ont retrouvé leur sérénité. Toute la journée de mercredi, ils auront travaillé sérieusement et fraternellement au sein des dix groupes linguistiques pour analyser en profondeur, définir et voter les modi, autrement dit leurs amendements à la synthèse proposée par le rapporteur général. Des amendements qui risquent d’être nombreux notamment en ce qui concerne l’accueil des personnes homosexuelles, l’accès à l’Eucharistie pour les divorcés remariés, et la reconnaissance de valeurs positives dans les formes imparfaites. Si le climat et la méthode varient d’un carrefour à l’autre en fonction de la personnalité et des origines des uns et des autres, tous sont conscients de l’enjeu de ce Synode et de leurs lourdes responsabilités.

Au-delà des différences d’approche et de points de vue sur un certain nombre de questions particulières, des convergences se dégagent : le Synode n’a pas l’ambition de changer la doctrine ; au contraire, il doit la réaffirmer de manière claire, notamment en ce qui concerne l’indissolubilité du mariage et faire davantage ressortir la beauté de l’enseignement chrétien sur la famille. Il est cependant urgent d’améliorer, voire de corriger l’attitude pastorale de l’Eglise surtout vis-à-vis des divorcés remariés. Si elle veut transmettre l’amour du Christ pour tout homme, l’Eglise doit se montrer accueillante, ne pas donner l’image d’un espace fermé. Elle doit adopter un langage positif, moins dur, et ne pas se limiter à réaffirmer une série d’interdits.

Le défi à relever est donc de taille : le Synode ne doit pas édulcorer le message ; il doit veiller à ne pas ouvrir une brèche qu’il ne serait plus en mesure de maîtriser. Mais il doit faire passer un message de miséricorde. Cela doit se traduire par des solutions pastorales. La communion spirituelle pour les divorcés remariés a par exemple été proposée. Pour beaucoup, les défis évoqués dans ce synode exigent de la part de l’Eglise un approfondissement anthropologique, doctrinal et sacramentel. Le chemin s’annonce long, ardu, mais le débat est ouvert. >>

 

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* au Grand Témoin de Radio Notre-Dame.

** Radio Vatican :  ici

*** Ceux qui s'affolent des controverses au synode 2014 n'ont pas idée des tumultes de 1962, au début du concile Vatican II, quand les textes d'orientation établis par la Curie (cardinal Ottaviani) ont été rejetés comme passéistes par une majorité d'évêques. Rejet auquel travailla notamment un certain Joseph Ratzinger, théologien auprès du cardinal Frings... au grand scandale des passéistes. « Je n'ai pas changé », allait dire le futur Benoît XVI trente-cinq ans après.

 

 

Commentaires

LES ÉVÊQUES OU ZEMMOUR ?

> "Perspective forcément novatrice, donc inadmissible pour ceux qui confondent l'Eglise avec l'idée qu'ils s'en font : un musée de leurs « valeurs »."
Novatrice chaque fois mais pour ajuster la façon de vivre l'Evangile et d'en témoigner !
Deuzio : pour son jugement religieux, le catho gaulois devrait se fier plus aux évêques qu'à Zemmour (émissions récentes) aussi désinformé que le grand public. Quand Zemmour raconte que "l'Eglise s'aligne", il parle comme 'Le Monde', contrairement à ses habitudes.
Son problème c'est qu'en fait de catholiques il ne connaît que des "cathophiles" agnostiques de droite qui ne peuvent pas admettre que l'Eglise est un organisme vivant, non le "temple des définitions du devoir" comme disait l'athée pieux Maurras - qui ne vivait d'ailleurs pas du tout dans le respect des "devoirs" moraux "définis" par les curés.
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Écrit par : amblard / | 16/10/2014

MIEUX VALU

> Certainement, nous avons foi dans notre Eglise, qui est celle des saints, et surtout celle du bon Dieu. Nous ne craignons donc rien.
Mais l'on peut néanmoins regretter, d'un point de vue technique, qu'aient été réitérées certaines erreurs de la COMMUNICATION vis-à-vis de l'extérieur qui avaient déjà été faites à Vatican II. On dirait que certains n'ont rien appris parmi Nos Seigneurs.
On peut aussi se demander qui avait intérêt à lancer tel texte dans l'arène, texte qui n'aurait pas été rédigé par le pauvre cardinal Erdö et qu'on lui aurait fait lire.
Texte qui est si pauvre en pensée théologique, qu'il eût mieux valu le garder pour soi.
Ce n'était pas très malin, je trouve.
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Écrit par : JG / | 16/10/2014

> « indigne, honteux, complètement faux » (le cardinal Müller; préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, à propos du rapport publié lundi 13/10)
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Écrit par : Antoine / | 16/10/2014

DEUX POINTS

> Personne ne peut préjuger de ce sur quoi débouchera le Synode.
A noter: deux points.
Tout d'abord le contenu du "rapport d'étape" était, peut-être pas prévisible, mais tout de même: il me souvient- noter que je m'informe assez peu- avoir entendu le Cardinal Schönborn, sur Radio Espérance, expliquer avoir une expérience directe du divorce avec remariage, tout simplement parce que ses parents étaient dans ce cas : et il expliquait, si j'ai bon souvenir, qu'il donnait parfois, dans de très rares cas, le conseil à des personnes dans ce cas, de se rendre dans un sanctuaire dont j'ai oublié le nom en Autriche, pour communier (genre une fois par an).
Les médias sont étonnés, mais je ne vois pas bien ce qui est étonnant, à moins de ne s'être pas informé. Mgr Schönborn n'est pas réputé être un révolutionnaire. Alors?
Ensuite, ce qui va être cocasse, ce sont les médias. Je ne serais pas surpris, qu'après nous avoir vanté la révolution dans l'Eglise, ils soient à l'avenir, tout aussi prompts, une fois que le temps aura passé et que ce "rapport d'étape" aura été oublié, que, oui... décidément on ne peut pas débattre librement dans l'Elgise! Ou alors qu'on fait semblant quand on le fait. Vous verrez... si, si.
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Écrit par : ND / | 16/10/2014

BENOIT XVI

> 1) On ne doit pas oublier que le Christ reste fidèle à son Église, de sorte que celle-ci ne saurait s'écarter de la Vérité ;
2) Déjà en 1985, dans son "Entretien sur la Foi", le cardinal Ratzinger faisait remarquer qu'en ternissant le fait que la celebration eucharistique est le sacrifice du Christ, comme l'enseigne le concile de Trente, tous ceux qui y assistent en reçoivent des fruits de salut "meme s'ils ne reçoivent pas le Christ" (par la communion), et qu'en réduisant la celebration à un simple "repas fraternel", on faisait, de facto, de tous ceux qui étaient empêchés de communier -- divorcés remarries ou fidèles en état de péché grave -- des exclus.
Le concept de communion spirituelle est donc bien présent dans la pastorale de l'Église et déborde largement les "hypotheses" que l'on formule au sujet de ce synode...
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Écrit par : Jean-Claude Alleaume / | 16/10/2014

GROSSE PRESSE

> Peut-être faut-il tenir compte du fait que le temps des évêques (et le temps de l'Eglise !) n'est pas celui de la grosse presse. C'est que les évêques réfléchissent et dialoguent, ce qui peut être long, tandis que la grosse presse a besoin (ou croit avoir besoin) d'un "scoop" bien juteux chaque jour...
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Écrit par : Sven Laval / | 16/10/2014

"JE NE COMPFRENDS PAS CES CRITIQUES"

> Je ne comprends pas les critiques venant d'ecclésiastiques qui dénoncent un texte trop laxiste.
Je n'y ai vu nulle part que les unions homosexuelles pouvaient être accueillies par l'Église, ni que les gens pouvaient divorcer et se remarier sans que ça pose problème.
Que veulent-ils alors ?
Que les homos et les divorcés soient excommuniés ?
Que la miséricorde de l'Église se borne à ne pas les lapider comme ils le méritent ?
On va en revenir à une langue de bois ne fermant pas tout à fait la porte mais suffisamment obscure pour que les pécheurs sentent bien qu'ils ne sont pas tout à fait chez eux chez les cathos.
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Écrit par : Guadet / | 16/10/2014

@ Guadet

> L'objet de cette note est de comprendre le vrai synode : c'est un chemin de discernement qui passe par différentes étapes, étapes qui incluent le doute et la confrontation chez les pères synodaux eux-mêmes.
Pour nous permettre de comprendre le vrai synode, une décision importante a été votée : la publication des rapports de groupe de travail linguistiques.
Voici un extrait du rapport du groupe francophone A :

"Je pense pouvoir dire, au nom de tous ceux et celles qui ont participé à ce Circulus, qu’a été très apprécié le caractère ouvert, simple, fraternel de rencontres vécues dans la simplicité, avec un fort sens de notre responsabilité, et dans la confiance mutuelle. Cela nous a permis un travail intense puisque nous ne nous sommes pas limités à écrire des amendements mais nous avons proposé en plusieurs endroits clés du texte une nouvelle formulation.
Je pense devoir exprimer aussi l’émotion et le désarroi qu’a provoqués la diffusion d’un document que nous considérions comme un simple – bien que très utile – document de travail, donc provisoire. Ce que nous avons vécu, à savoir la dimension contre-productive de cette diffusion, nous semble devoir conduire à évaluer avec soin les causes et les conséquences d’un événement qui, en semant perplexités et questions, n’a pas aidé la réflexion.
Nous avons fait l’expérience de la pluralité et de la diversité des situations ecclésiales. Toutes les Églises locales ne sont pas également ni de la même manière concernées ni touchées par les problèmes soulevés. Davantage conscients de cette réalité, nous souhaitons qu’une certaine autonomie soit laissée aux Églises locales dans la recherche de réponses aux préoccupations pastorales qui sont les leurs.
Enfin, nous avons constaté dans nos travaux l’importance d’une réelle vigilance et rigueur dans l’emploi des mots que nous utilisons – ainsi des termes de couple, de mariage, d’individu ou de personne."

C'est très significatif : à partir d'une 1ère 'relatio' intermédiaire à parfaire, la dynamique synodale se poursuit. Je suis convaincu que la 'relatio' finale exprimera la sagesse de l'Eglise.

C'est ainsi qu'il faut comprendre, à mon avis, les critiques des pères synodaux eux-mêmes.

Préparons-nous à recevoir la 'relatio' finale comme fruit et étape du chemin de discernement de l'Eglise. La sagesse est une capacité de jugement et discernement ajustés, ancrés dans un tradition et une expérience vivantes. Et c'est un don de Dieu, de l'Esprit Saint.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 17/10/2014

@ Guillaume de Prémare

> Ce qui est sûr, après ce volte-face pour le moins spectaculaire - un document publié par le Saint-Siège déclaré contraire à l'orthodoxie - c'est que les personnes qui se sentaient rejetées sont confirmées dans leur sentiment.
Au nom "d'une réelle vigilance et rigueur dans l’emploi des mots", il ne faudrait pas oublier la simplicité évangélique.
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Écrit par : Guadet | 17/10/2014

@ Guadet

> La relatio n'est pas un "document du Saint-Siège déclaré contraire à l'orthodoxie", c'est un document d'étape objet de corrections et développements cette semaine (procédure synodale habituelle).
La "vigilance sur les mots" est une caractéristique constante de l'enseignement de l'Eglise. Ce synode est un long chemin vers Dieu (jusqu'à l'exhortation apostolique de 2016).
C'est d'abord Dieu et sa volonté que l'Eglise cherche pour les donner aux hommes.
Ce que nous aurons à accueillir est un don de Dieu. Il y a peut-être des choses qui ne vous plairont pas et d'autres qui vous plairont, et idem pour moi. L'Eglise nous demande d'accueillir avec respect y compris ce qui ne nous plait pas...
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 17/10/2014

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