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18/08/2014

Kiev : pression de l'extrême droite sur Porochenko

Drapeaux bleu-jaune : Svoboda. Drapeaux rouge-noir : Pravyi Sektor.

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 Ultimatum du chef de Pravyi Sektor au président : 


Hier, avant l'ouverture des discussions Kiev-Moscou à Berlin, Dmitri Iaroch (chef de la ligue nationale-socialiste Pravyi Sektor), a menacé le Premier ministre Porochenko d'une « marche sur Kiev sous 48 heures » si les forces du Ministère de l'intérieur n'étaient pas « purgées » de leurs « éléments antiukrainiens » : autrement dit, de ceux qui n'obéissent pas encore à Pravyi Sektor, à la milice UNA-UNSO ou à l'extrême droite parlementaire (parti Svoboda, ex-« Parti national-social d'Ukraine »).

ukraine

 C'est une nouvelle preuve de la pression des néo-nazis ouest-ukrainiens sur le régime « issu de Maïdan ».

Leur poids électoral est faible, mais leur « légitimité nationaliste » est historique : né en Galicie ex-autrichienne (Lviv-Lemberg)  et influencé par le national-socialisme allemand, le mouvement ukrainien OUN allait engendrer en 1941 l'organisation paramilitaire UPA et une division SS Galizien (« Galicie »). Le chef de l'UPA, Roman Choukhevitch, devenait hauptmann de deux bataillons ukrainiens de la Wehrmacht impliqués dans la Shoah par balles : le premier en 1941 dans la région de Vinnytsia, le second en 1942 dans celle de Vitebsk en Biélorussie. En 1944-1945, l'UPA se reconvertira – avec le soutien allemand – en organisation de combat contre les Soviétiques... Non seulement cette origine, et l'idéologie qui lui correspond, sont assumées et revendiquées par les actuels groupes nationalistes ouest-ukrainiens, mais leurs animateurs et leurs militants sont souvent les descendants des « historiques » de 1941 : ainsi l'actuelle UNA-UNSO a été fondée par le propre fils de Choukhevitch.

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OUN-r_Flag_1941_svg.pngÀ gauche, l'emblème de 1941, devenu celui du régime de Kiev actuel. À droite, le drapeau de 1941, devenu celui de Pravyi Sektor. C'est une filiation idéologique en ligne directe, et même par transmission familiale : par exemple dans la lignée Choukhevitch...

 

En 2007, le centenaire de Choukhevitch a été célébré par Kiev en diverses commémorations, parmi lesquelles l'édition d'un timbre-poste par l'Etat (photo ci-dessous).

220px-Shukhevych_stamp_2007.jpg

Le président ukrainien d'alors, Iouchtchenko*, proclama Choukhevitch « héros de l'Ukraine ». Décision qui allait être annulée en 2010 par le président Yanoukovitch et la cour d'appel administrative de... Donetsk, à la fureur des ligues d'extrême droite et d'une partie de l'opinion ouest-ukrainienne. 

Ces ligues tiennent le haut du pavé à Kiev aujourd'hui, et prennent à la gorge le président Porochenko. Le chef de Pravyi Sektor, Iaroch, est étroitement lié au secrétaire du 'Comité de sécurité et défense nationales', Andriy Parubyi, ex-fondateur du Parti national-social (Svoboda) et membre du parti du Premier ministre Iatseniouk  - lequel est lancé dans un bras de fer pour obliger Porochenko à obéir aux extrémistes !

C'est l'explication de l'ultimatum de Iaroch à Porochenko. Le 22 avril dernier, Iaroch l'annonçait au Spiegel  :« Nos bataillons font partie de la nouvelle défense territoriale. Nous entretenons des contacts étroits avec les services secrets et l’état-major. Nous avons de très bons rapports avec tout le monde, mis à part la police. » Iaroch menace donc le président pour s'emparer de la police.

Dans son livre Nation et Révolution, Iaroch ne fait pas mystère des ses objectifs : « instaurer un Etat fort fondé sur l'ethnie » et « dérussifier l'Ukraine orientale ».

Nos médias refusent de parler de tout cela, ou le nient avec irritation (comme Le Monde) : il ne faut pas mécontenter M. Obama ! Même si ce dernier  nous pousse à la guerre contre la Russie, ce qui scandalisait Jacques Attali ce matin chez Bourdin à RMC... 

 

PS – Pourquoi nos médias, vigilants envers les extrêmes droites d'Europe de l'Ouest, sont-ils aveugles devant l'extrême droite ukrainienne : celle dont le présent ressemble le plus (et le plus concrètement) au passé ?

 

_________

*  Rappelez-vous le bon M. Iouchtchenko : « l'ami de l'UE et des USA», la « victime du FSB »...

 

 

11:58 Publié dans Russie-Ukraine-etc | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ukraine

Commentaires

LES NAZIS UKRAINIENS ET LES POLONAIS

> Les ancêtres de ces groupuscules ont-ils participé à l'épuration de toute population polonaise à l'Ouest ?

DV


[ PP à DV - Oui. J'ai rencontré l'an dernier une vieille dame polonaise dont la famille avait été brûlée vive dans sa maison, à l'époque. (Pratique remise à l'honneur aujourd'hui par l'extrême droite ukrainienne : cf Odessa en avril).
Wikipédia :
" Le massacre des Polonais en Volhynie (ukrainien : Волинська трагедія - Tragédie volhynienne vol, polonais : Rzeź wołyńska - Massacre volhynien) a été une épuration ethnique pendant la Seconde Guerre mondiale. Les historiens estiment qu'à cette occasion jusqu'à 80 000 civils polonais ont été massacrés par des membres de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (Ukrainska Povstanska Armiya, ou UPA, Українська Повстанська Армія). Dans la même période, des milices polonaises exterminèrent des milliers de paysans ukrainiens. Aujourd'hui encore, les deux parties se rejettent la responsabilité du déclenchement des massacres en s'en accusant mutuellement. Il reste probable que le conflit fut encouragé, voire provoqué par l'Allemagne nazie qui occupait la région pendant la tragédie
Les massacres ont été commis entre 1942 et 1944, avec de nombreuses victimes durant l'été et l'automne 1943. " ]

réponse au commentaire

Écrit par : DV / | 18/08/2014

BRIGADES NÉO-NAZIES

> Cette pression de groupuscules aux idées, aux références et aux intentions aussi fumeuses que dangereuses est de plus soutenue au moyen de troupes auxiliaires composées en partie de volontaires étrangers.
J'ai pu lire en juillet quelques articles dans la presse suédoise sur la présence de quatre néonazis suédois dans le corps "Azov", qui compte trois cents combattants environ et fait le coup de feu (ou pire) dans l'est de l'Ukraine. L'un d'entre eux, interrogé par un reporter de "Svenska Dagbladet" affirmait tranquillement se battre pour une "Ukraine blanche" ("blanche", au sens racial du terme), avant d'annoncer fièrement à un reporter de la radio suédoise : "il n'est pas impossible que le gouvernement de Kiev vienne à tomber."
Il est précisé dans un de ces articles (lien ci-joint - c'est en suédois, pardon ! - http://www.svd.se/nyheter/inrikes/utred-svenska-nazisterna-som-slass-i-ukraina_3785504.svd) que ce corps "Azov" est de fait dirigé "par des activistes du parti national-socialiste (SNA)" et bénéficie de la reconnaissance du gouvernement.
(Soit dit en passant, voilà le genre d'informations que l'on n'entend ni ne lit guère dans la "grosse presse" française, comme vous le rappelez dans votre PS.)

Sven Laval


[ PP à SL - Facile à voir sur Google images : l'écusson de la brigade Azov associe le trident de l'OUN et l'insigne de la division Das Reich. Ça a le mérite de la franchise. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Sven Laval / | 18/08/2014

à PP :

> J'ai suivi votre conseil, et en effet, ce que vous dites est facile à voir ! Faisant un peu de zèle, j'ai aussi trouvé une entrée "Wikipédia" sur la brigade Azov, en plusieurs langues. Les différentes versions sont fort instructives : en anglais, en allemand et en suédois, les liens de cette brigade avec les milieux néonazis et ses références au national-socialisme sont clairement évoqués, et l'écusson que vous mentionnez apparaît.
Curieusement, la version française est bien plus vague et l'écusson est différent.
Autre petite expérience : presque tous les articles de presse cités dans Google sont étrangers (y compris ceux en français). La seule référence française amène à une récente interview, somme toute gentillette, d'un volontaire français de cette brigade.

En excluant je ne sais quel aveuglement sentimental (les sentiments antirusses sont sans doute plus répandus en Allemagne ou en Suède qu'en France), faut-il voir de la part de la presse française de la naïveté, de la paresse ou une complaisance plus ou moins intéressée ? Je n'ose répondre.
______

Écrit par : Sven Laval / | 20/08/2014

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