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31/07/2014

Atterrant éditorial du 'Monde'

...sur la France et la Libye, de 2011 à 2014 :

 


 

Revenons sur l'éditorial du Monde daté d'aujourd'hui. Il est atterrant. Je cite :

 

<<  A la dictature féroce, tribale et prédatrice qu'était le régime Kadhafi, a succédé le règne des milices – elles aussi prédatrices, tribales, et parfaitement étrangères à l'idée même d'un Etat de droit. Impossible de ne pas poser la question de la pertinence de l'intervention des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne à l'appui de la rébellion de 2011 – intervention que Le Monde a approuvé sans réserve à l'époque. Washington, Paris et Londres ont-ils eu raison de mener cette campagne de bombardements aériens qui a permis aux rebelles de l'emporter sur Kadhafi ? Questions faciles à soulever a posteriori : la décision politique de l'intervention se prend parfois dans l'urgence, souvent pour des raisons humanitaires. Mais questions auxquelles, au regard du chaos qui emporte la Libye, il est difficile d'échapper aujourd'hui. >>

 

Ces lignes sont accablantes pour Le Monde. On sait bien que ce journal a changé quatre fois de directeur de la rédaction depuis 2011, et que ses chefs de file en 2014 ne sont pas solidaires de leurs prédécesseurs : d'où l'acerbe allusion du Monde (de M. Fenoglio) à l'appui « sans réserve » que Le Monde (de Mme Kauffmann) apporta à la guerre de M. Sarkozy. On n'en est pas surpris ; la confraternité est une haine vigilante.

Ce qui est accablant sur le plan intellectuel, c'est ce qui suit.

Les bombardements franco-atlantistes sur la Libye ont été une erreur au vu du chaos actuel, semble dire Le Monde.  Mais, ajoute-t-il, « la décision politique de l'intervention se prend parfois dans l'urgence » 

Autrement dit : chaque fois qu'on invoque ce que la novlangue appelle « l'urgence », il devient normal d'agir sans raisonner, sans calculer les conséquences, sans tenir compte des informations locales, régionales et continentales. 

M. Sarkozy, chef d'un Etat doté d'experts de l'Afrique, ne pouvait pas ignorer ce qu'était le terrain libyen – et ce qui allait arriver si l'on supprimait le verrou Kadhafi. Il a néanmoins choisi d'agir « dans l'urgence », au nom de « l'humanitaire » (sous le prétexte d'empêcher des Libyens de s'entretuer) : ce qui l'autorisait à oublier les avertissements des experts, voire le simple bon sens.

Le Monde ne lui en tient pas rigueur. Il a l'air de penser que ce genre d'ânerie ubuesque ne pourra pas ne pas se reproduire ailleurs. Aussi dévaluée qu'elle soit à force de bourdes, l'excuse de « l'humanitaire » n'a pas fini de servir ; le trio militaire Washington-Londres-Paris ( Paris joue l'idiot utile) a de beaux jours encore devant lui. Peut-être même – bientôt – sur un front de l'Est.

 

 

18:01 Publié dans Libye, Politique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : libye

Commentaires

LA BANQUE

> Dans votre livre 'Ça donne envie de faire la révolution' (Plon, 2000), vous écriviez que, sous l'empire de l'Euroland chapeauté par l'OTAN, nos forces armées deviendraient la "piétaille supplétive" de l'impérialisme US.
Impérialisme US éminemment soucieux de forclore dans l’œuf toutes les alternatives et résistances à sa tyrannie hyper-violente.
Violence qui n'est que secondairement militaire, lorsque le système monétaire international - nerf de la guerre - se trouve menacé par d'éventuels candidats à la souveraineté monétaire et l'autonomie politique qu'elle confère.

Été 1963 : Kennedy commande un rapport sur les modalités d'une fermeture de la FED (FED qui n'est, en réalité, ni une réserve, ni fédérale, ni américaine, mais un consortium de banques privées auxquelles l’État américain, en 1913, a confié le soin - ou plutôt consenti le privilège exorbitant - de battre monnaie à sa place moyennant prélèvement d'une dime sur chaque dollar émis. Soit une privatisation du système monétaire, bientôt imposée au reste du monde occidental, avec les ravages prévisibles que nous constatons aujourd'hui que le système monétariste est en bout de course : mythe de la Dette et racket des nations par les établissements financiers, et cataclysme économique et social. A l’automne suivant, il est assassiné à Dallas, dans de louches circonstances que seul Laurent Joffrin ose encore juger au dessus de tout soupçon.

1999 : l'Euro inaugure sa carrière historique sur les marchés financiers. Saddam Hussein propose aussitôt d'acheter des euros, afin de mettre un terme au monopole extravagamment illégitime du pétrodollar. Hiver 2003 : il est renversé par l'armée US, et rapidement pendu ; des fois que la mauvaise inspiration lui vienne, comme à Milosevic un an plus tôt, de presque renverser le cours de de son procès truqué.

2010 : Khadafi propose la création d'une monnaie panafricaine gagée sur l'or, le dinar d'or, dont il s'engage même à financer le lancement. L'année suivante, BHL le décrète ennemi des droits de l'homme, et il est renversé grâce au soutien apporté par l'armée française aux tribus cyrénaïques insurgées, soutenues par la CIA.

Ce que nous montre l'Histoire du 20ème siècle, c'est que l'homme d’État qui prétendrait renverser la dictature des Financiers matérialisée par les institutions globales du type FMI, OMC, Banque Mondiale, OCDE, etc, dont la façade technocratique et la feinte respectabilité ne sont que les trompe l’œil d'un système de domination globale par le racket institutionnalisé (Cf. John Perkins, Confessions d'un assassin économique : un témoignage majeur !), ce que nous montre l'Histoire, c'est que quiconque osera se dresser contre la Banque le paiera de sa vie, tandis que son pays sera anéanti.

Le système monétaire est la clé de notre monde - et le secret à la fois le plus simple et le mieux gardé (pas un mot dans l'enseignement de l'économie, ni à HEC, ni à Sciences Pipo). Les économistes marxistes ayant plutôt mis l'accent sur le conflit de classe, le rapport capital/travail, plutôt que sur la nature dudit Capital, soit la configuration de l'institution monétaire ; et les économistes libéraux, entichés de micro-économie, ayant négligé pour leur part ce facteur macroéconomique pour ainsi dire transcendantal.

Les citoyens croient donc de bonne foi leur monnaie un service public, garanti par l’État et gagé sur leur travail. Ils se trompent : c'est un privilège oligarchique, comme autrefois la vénalité des offices ; et le principe de cette immense arnaque qu'on nous vend sous le nom de "la Crise", alors qu'il s'agit d'un moyen de gouvernement et même d'une arme de guerre anti-peuple.

Comprendre le système monétaire, c'est accéder à la compréhension du réel, dans son effrayante et prosaïque unidimensionalité. Un travail accompli ces jours-ci par les Russes, les Chinois et quelques autres, qui, en rompant avec la monnaie de singe enragé dollar, viennent de porter un coup fatal au mondialisme en s'en affranchissant spontanément malgré la colère des USA et de leurs euro-vassaux !

M'est avis qu'en cette commémoration estivale de 1914, le dénouement approche... Oui, cet été, je vais relire saint Jean !
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Écrit par : Petit Lulu / | 31/07/2014

URGENCE

> Grave !
L'urgence humanitaire ne semble pas aussi forte pour ce journal en Irak ou en Palestine...
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Écrit par : Ludovic / | 31/07/2014

AGFGHANISTAN 2O01, IRAK 2003, LIBYE 2011

> "On s'est engagés dans ces conflits sans savoir exactement comment on allait les terminer... (C'est) la bêtise des néoconservateurs américains et celle de leurs suiveurs français : Bernard-Henri Lévy, André Glucksmann, Romain Goupil, Bernard Kouchner. Ils étaient persuadés qu'ils allaient être fêtés par les peuples en renversant leurs tyrans (ce qui allait aussi) restaurer la place des Etats-Unis et de la France dans le monde."
(Rony Brauman, 'La Croix', 13/6)
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Écrit par : luça / | 01/08/2014

INTÉRÊTS

> "La place des Etats-Unis et de la France" !
comme si leurs intérêts n'étaient pas divergents !
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Écrit par : Guinoiseau / | 01/08/2014

> Le fameux "devoir d'ingérence", une utopie criminogène...
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Écrit par : Michel de Guibert / | 01/08/2014

ARNAQUES

> Excellent petit lulu... Cela me rappelle l'histoire de cet escroc incroyable qui par exemple vendit la tour Eiffel. Il a passé sa vie dans d'incroyables arnaques, mais ne fut arrêté que lorsqu il se lança dans l'émission de fausse monnaie, avec génie.
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Écrit par : Ludovic / | 02/08/2014

PANNES

> Les événements du passé , au vu des événements du présent , prennent parfois une tournure différente.
Que peut on supposer des intentions d'un pays qui , en son temps , n'a pas hésité à utiliser la torture? Une période d'absence totale de morale , de respect de l'humain
Quand la politique devient un jeu de MANIPULATION , il n'est pas rare que soit utilisé les classiques pannes de la pensée rationnelle que sont l'urgence , la peur , les préjugés .
Si, dans un jardin , on désherbe sans replanter derrière , la suite des événements est inéluctable .
Et comme certains produits ne se vendent que s'ils sont absolument indispensables...
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Écrit par : béber / | 03/08/2014

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