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30/07/2014

"Guerre" de l'UE contre la Russie ?

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Une opération US, contraire aux intérêts de l'Europe...

et imposée via Barroso : 

 


Une analyse* de Thomas Gomart (directeur du développement stratégique de l'Institut français des relations internationales), décalée par rapport à la pensée unique atlantiste :

- les sanctions sont voulues ''par Washington et la Commission européenne'' ;

- elles créent une ''fébrilité'' dans les milieux économiques russes, mais le Kremlin se prépare ''à une crise de longue durée avec l'Occident''. Il s'est rapproché de la Chine en mai, ''et il a dernièrement fait franchir un pas supplémentaire aux Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) en lançant le principe d'un instrument financier qui leur serait propre'' ;

- Washington et Barroso croient que les sanctions vont amener les oligarques et l'opinion russes à se retourner contre Poutine, mais c'est un pari ''doublement dangereux'' car : 1. alors que l'économie russe stagne et que le pays est sur le pied de guerre, une chute de Poutine pourrait avoir des effets imprévisibles (vu ''l'état d'esprit qui prévaut aujourd'hui au sein des élites russes''); 2. ''l''économie européenne est atone ; elle n'a nullement les moyens de s'offrir une crise supplémentaire avec son principal fournisseur d'énergies premières'' ;

3. ''aux Etats-Unis, le courant qui veut casser la Russie économiquement, et incidemment pénaliser les Européens, gagne en influence''... ''Fondamentalement, les Etats-Unis et les Européens ont des intérêts divergents vis-à-vis de la Russie en matière d'approvisionnements énergétiques''... La guerre économique contre la Russie pénalisera les entreprises européennes mais pas les américaines ;

4. Obama se pose en anti-Poutine parce que c'est son ''ultime chance de résultats en politique étrangère'' : pour le reste, il a tout raté ;

5. en Europe, la guerre économique anti-Poutine est imposée aux gouvernements réticents  par la Commission : car Barroso, comme Obama, veut cette guerre pour avoir quelque chose à son bilan** ;

6. structurellement, l'UE a été entraînée dans cette ''guerre'' par la mécanique de l'élargissement, baptisée en euro-novlangue ''l'ambiguité constructive'' [ mécanique qui tient lieu de raison d'être à l'UE alors qu'il eût fallu soutenir une Ukraine neutre au lieu de l'annexer machinalement à l'Europe-OTAN ] ;

7. au lieu de cet engrenage fatal, les Européens devraient ''veiller à ne pas transformer la Russie en nouvel Iran, ce serait une erreur d'analyse et une faute politique''. Il faut : 1. ''marquer une pause, sinon les tensions ne peuvent que s'accentuer'' ; 2. utiliser le dossier gazier comme élément ''de stabilité et non d'antagonisme'' ; 3. reconstruire les relations euro-russes sur la base (réaliste) du rapport de forces et des intérêts mutuels, car ''il n'y a pas de stabilisation possible en Europe sans la Russie.''

Ces sept points, et surtout le septième, sont un constat : celui de l'aboulie européenne instrumentalisée par Washington. Pour reconstruire des relations réalistes avec Moscou, l'Europe devrait cesser d'être l'actuelle UE, parce que cette UE est fondée sur le déni de réalité ! Déni des rapports de forces, déni du géopolitique (et du politique tout court), soumission affichée à Washington et soumission tacite aux multinationales... Comment croire encore que ''l'Europe c'est la paix'' ? Le conseil d'administration européen est dans l'engrenage d'une guerre économique (ruineuse), susceptible de dégénérer en guerre militaire ; folie dont il a lui-même créé les causes, avec son ''élargissement'' qui est en même temps celui de l'OTAN, ressenti comme un danger par la Russie toujours inquiète de sa sécurité.

Rien de tout ça ne serait arrivé si les dirigeants de l'Europe n'étaient pas inféodés aux Etats-Unis. Et rien ne permet, pour l'instant, d'espérer un retour au bon sens.

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* Libération, 20/07.

** Barroso est favorable aux intérêts américains : industrie transgénique, traité de libre-échange, etc. Déjà au Portugal, son bilan de Premier ministre était qualifié de feito em Washington.

 

Commentaires

FOLIE

> Quelle folie ! Satan est toujours le "prince de ce monde" et les fauteurs de guerre ont toujours bonne conscience, c'est vieux comme l'humanité.
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Écrit par : Guadet / | 30/07/2014

PAS DE PREUVES

> Je ne comprends pas ces relents de guerre froide. La Russie est accusée de soutenir les séparatistes ... mais sont-ils coupables ? Personne de présente les " preuves " et de toute façon l'impérialisme économique de l'Europe sur l'Ukraine - ne respectant pas la zone d'influence de la fédération russe - est une lourde faute politique au regard de l'histoire.
De quel prix allons nous payer cet entêtement ?Pourquoi, les médias restent-ils couchés et ne dénoncent pas ces reflexes sommaires des années 70 et avant ?
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Écrit par : Roque / | 30/07/2014

> Au train où vont les choses, le gaz de schiste américain va peut-être remplacer le gaz russe.
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Écrit par : Blaise / | 30/07/2014

> Tout à fait d'accord. Très inquiétant.
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Écrit par : Ludovic / | 30/07/2014

LEUR PHOBIE

> Pour Obama et ses prédécesseurs, est-ce simplement une question de bilan?
Enivrés par la chute du communisme, les USA n'ont jamais accepté un partenariat équilibré avec une Russie qu'ils détestent peut-être davantage que l'URSS. Il veulent une prééminence mondiale.
Quant à l'UE, elle est programmée pour en être l'extension, ceci depuis Jean Monnet (voir sa biographie).
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Écrit par : Pierre Huet / | 30/07/2014

LA FIN DU DOLLAR

> Il y a déjà la Chine qui tente de sortir du diktat dollar pour son commerce avec les pays hors de la zone dollar, La Russie va sans doute essayer de faire de même.
Avec leur politique aveugle de court terme les US vont participer eux-même à l'accélération de la fin du dollar comme monnaie internationale, c'est à dire la fin de leur statut de super puissance. Tout ça parce que M. Obama n'a pas de bilan pour sa politique intérieure et cherche à créer les conditions pour se faire valoir sur des théâtres extérieurs sans en étudier le prix à terme.
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Écrit par : franz / | 31/07/2014

C'EST LE BUT

> Le conflit entre l'Union européenne et la Russie, si jamais il s'aggrave, va ouvrir un débouché prometteur à l'industrie étatsunienne du gaz de schiste.
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Écrit par : Blaise / | 31/07/2014

Les commentaires sont fermés.