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15/07/2014

Despentes et Preciado sont dans un bateau (celui de l'industrie biotechnologique)

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Un article sidérant sur la femme et le capitalisme :

 


 

La note précédente reproduisait un communiqué de PMO (Pièces et Main d'oeuvre) à propos des rencontres de Montpellier, qui se déroulent en ce moment sur le thème : De beaux lendemains ? Ensemble, repensons le progrès. Le mot 'ensemble' ne doit pas faire illusion, ce conciliabule étant réservé aux tenants d'une idéologie post-postmoderne qui combat les réalités au nom d'une dynamique créative : tout artificialiser pour tout commercialiser.

Le fatal engrenage de l'artificialisation-commercialisation fonctionne moins bien à droite qu'à gauche (pas toutes les gauches : mais la gauche Terra Nova).  Pourquoi ? Parce que la droite ne dispose pas d'un lubrifiant idéologique, tandis que la gauche Terra Nova récupère le bon vieux vocabulaire du progrès  – en le privant de tout humanisme mais qu'importe : les contenus n'ont plus d'importance, seul compte le bruit des mots.

Un exemple caricatural en est donné le 11 juillet dans Le Monde des livres, publication caricaturale en soi. Sous le titre Le ventre capital, Mmes Virginie Despentes et Beatriz Preciado affublent d'anticapitalisme les moeurs du capitalisme tardif. On sait qui est Mme Despentes : cette « écrivaine » croit choquer une société que plus rien ne choque. Mme Preciado, compagne de Mme Despentes, enseigne à Paris-VII : elle « questionne les nouvelles technologies du corps (hormones, chirurgie plastique…), leurs usages médicaux disciplinaires (comme la réassignation d'un sexe aux intersexuel-le-s) et leur potentiel de subversion du système de genre par de nouveaux codages corporels ». Autrement dit : définissant la sexualité comme une technologie, Mme Preciado offre à l'industrie biotech, rayon « industrie du vivant » du capitalisme global, un déguisement subversif libertaire et vaguement marxien ; ce en quoi elle fournit un alibi à la gauche Terra Nova.

L'article du 11 juillet montre ça de manière caricaturale... Voici son axe : à propos d'un livre américain sur la chasse aux sorcières médiévale, Despentes et Preciado nous affirment que « l'objectif était de détruire le contrôle et les savoirs que les femmes avaient exercés sur leurs fonctions reproductrices, de confiner les femmes dans l'espace domestique et de transformer la maternité en travail forcé : ainsi la procréation obligatoire est-elle une condition sine qua non du développement du capitalisme »... Absurdité ! N'importe quel médiéviste vous dira au contraire que le XIIIe siècle chrétien voit apparaître le retard progressif de l'âge au mariage des femmes, les longs veuvages sans remariage et les carêmes sexuels plusieurs fois dans l'année, contrainte du sexe par la culture, régulateurs démographiques et transition déterminante de la société et des moeurs...

Mais les faits de l'histoire ne comptent pas pour nos libéraux-libertaires. Ils font dire n'importe quoi au passé pour les besoins de la démonstration présente : « prouver » que servir les intérêts de l'industrie biotech est une attitude... anticapitaliste. L'article s'achève sur l'attaque rituelle contre « les défilés anti-mariage gay », mais avec cet argument aberrant : le mariage gay serait une arme contre « le néolibéralisme » – alors que les multinationales, Godman Sachs et Monsanto en tête, soutiennent le LGBT. Et cet autre argument, sidérant d'archaïsme et qui semble l'idée d'un Hibernatus surgi de 1850 : « Sans l'imposition de la maternité aux femmes, le capitalisme perd son socle... », alors que le capitalisme de 2014, au contraire, robotise à outrance et prône la « croissance sans emplois », dans les vieux pays riches où vivent Mmes Despentes et Preciado ! Ces deux intellectuelles en restent à l'économie politique d'avant-hier, tout en prétendant booster le moment présent en ouvrant la voie à  l'ogre futur. C'est pathétique.

 

ps - Despentes et Preciado devraient s'informer sur la vie en entreprise. Elles apoprendraient en quelle piètre estime le néolibéralisme tient la maternité. La dislocation de la famille et la dilution du rôle maternel sont dans la logique de la broyeuse hyper-individualiste qu'est le capitalisme tardif : il veut l'individu isolé, nomade et jetable.

 

 

Commentaires

> Despentes et Preciado me font penser à Stéphane Lavignotte.
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Écrit par : Blaise / | 15/07/2014

FANTÔMES

> Pathétique, oui! Aujourd'hui, d'aucuns veulent nous abrutir en faisant passer sous couvert de modernité, voire de progrès, de vieux fantômes que nous connaissons bien: l'exploitation de l'Homme par l'Homme et l'immoralité... Toutes deux portent atteinte à la Personne, à sa dignité et à sa destination ou à son épanouissement, seul progrès au sens noble du terme. La recherche scientifique, merveilleux outil et haute conquête de l'Homme, ne devrait pas servir de telles voies qui au fond et démasquées relèvent de l'impasse obscurantiste. Effectivement, nous sommes en pleine idéologie! Cessons d'appeler Bien ce qui est Mal et Mal ce qui est bien!
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Écrit par : Pierronne la Bretonne / | 15/07/2014

LE VRAI ET LE FAUX

> Le danger de l'argumentation de ces dames, sur le plan historique, est qu'elles mêlent le vrai et le faux. Le XIIIème siècle voit la réémergence du droit romain, qui cantonne les femmes à un rôle de "propriété" du "pater familias". Le triomphe du culte de l'antiquité, au XVIème siècle, correspond à la fois à l'apogée des chasses aux sorcières et à la naissance du capitalisme. .
On peut assez aisément trouver un lien entre l'émergence du capitalisme, la réification de la femme réduite à un rôle de reproductrice, la déculturation d'un pan entier de la société (parce que l'imposition de la "Lex Mercatoria" n'était pas autre chose) et les chasses aux sorcières (que je n’interprète pas comme une attaque contre les femmes, mais contre les anciennes traditions incarnées par ces femmes).
Il convient de recentrer le problème, qui est la cupidité érigée en système. Si le mariage bourgeois du XIXème siècle était une construction malsaine, c'était parce qu'il prétendait donner comme socle de vie l'intérêt financier, pas parce que c'était un mariage.
Il ne s'agissait cependant que d'une étape transitoire, puisque même liée par des liens viciés, une famille reste une famille.
Le libéralisme est donc venu briser ce reste de famille pour ériger l'Individu, auquel il fait croire qu'il est puissant et maître de son destin quand il n'est qu'une feuille morte poussée par les vents.


PS : J'ai sourit à la lecture de l'article précédant. Il semble que les participants de ce colloque, en voulant paraître à la mode, se sont montrés prophètes involontaires en employant une francisation du verbe anglais "to design", qui donnerait "designer". Et c'est ainsi que dans une phrase où ils prétendent inventer le Progrès, ils ne font que désigner le présent...
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Écrit par : Ferrante / | 15/07/2014

AU XVIIe

> quand on voit la Grande Mademoiselle lutter bec et ongles contre son père Gaston d'Orléans pour l'immense fortune familiale, on n'a pas l'impression que cette femme soit inhibée par le pater familias ! c'est le moins qu'on puisse dire et c'est en plein XVIIe.
En plus elle est célibataire !
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Écrit par : jean-eudes / | 15/07/2014

AHURISSANT EN EFFET

> Il est en effet ahurissant de voir quiconque défendre sérieusement que le capitalisme néolibéral s'enracine dans la maternité, alors qu'il n'a de cesse de crier haro sur elle, la dénonçant comme un abominable archaïsme qui empêche la femme de devenir, à l'image de l'homme, un bon petit individu carriériste asexué, exclusivement préoccupé de soigner son cycle enrichissement-consommation autocentré. (Manger-fienter, la vie d'un pluvier, disait déjà Socrate).
Plus que jamais, la servitude sait se draper dans les oripeaux de la liberté enfin conquise, et l'ignorance se montre le plus sûr allié de la servitude volontaire...
Et le Moyen Age, totalement ignoré de nos concitoyens, joue une fois de plus le rôle de repoussoir et d'objet de tous les fantasmes. Dans le débat public, il remplace la façon dont on percevait les continents lointains en Europe avant les "Grandes Découvertes": on peut lui attribuer n'importe quoi et le peupler de n'importe quels monstres fantasmagoriques.
Et n'essayez pas, surtout si vous êtes catholique, de rétablir quelques faits historiques: immédiatement, on vous rétorquera que forcément, vous êtes nostalgique du "totalitarisme théocratique moyenâgeux" etc etc...
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Écrit par : Phylloscopus / | 15/07/2014

SARKOZY CONTRE LE RÔLE MATERNEL

> Il ne faut pas chercher le moindre raisonnement de bon sens ni la moindre analyse philosophique ou simplement historique dans les délires de Preciado. C'est visiblement une femme très perturbée qui cherche à se venger de persécutions (réelles ou fantasmées ?) de son enfance.
Elle a écrit un autre article complètement délirant sur "l'enfant queer", où elle a une phrase particulièrement choquante (qui pour moi n'est pas sans rapport avec la pédophilie) : il ne faut pas qu'un enfant soit "un enfant qu’on prive de toute force de résistance, de toute possibilité de faire un usage libre et collectif de son corps, de ses organes et de ses fluides sexuels."
http://www.liberation.fr/societe/2013/01/14/qui-defend-l-enfant-queer_873947

Pour en revenir au thème, ces dames semblent avoir oublié que c'est le néo-libéral Nicolas Sarkozy (et non pas Belkacem) qui a le premier proposé la réduction du congé de maternité : il faut que les femmes travaillent, être mère au foyer "n'enrichit pas" la société.
Logique purement financière qui se moque bien du sexe des travailleurs : il ne s'agit pas d'opprimer les femmes, il s'agit d'opprimer tout le monde, et de réduire l'être humain, homme ou femme, à une "ressource humaine" interchangeable et corvéable à merci.
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Écrit par : Isabelle Lagrange / | 15/07/2014

ORWELL

> "Qui contrôle le présent contrôle le passé, et qui contrôle le passé contrôle l'avenir" G. Orwell dans "1984" (citation approchée, de mémoire.

Les falsifications et déformations de l'Histoire sont une grande industrie.
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Écrit par : Pierre Huet / | 15/07/2014

L'ÉTRANGE ET L'INHABITUEL

> ?????
Etrange. Sans vouloir entrer dans le fond de la discussion (que je crois singulièrement plus complexe que les œillères du libertaire/libéral (expression pour moi relevant du cliché et sans aucune pertinence fine) ne le suggèrent), il y a un problème dans votre recension critique. Je viens de jeter un coup d'œil à l'article après vous avoir lu et votre objection sur l'évolution comportementale des femmes au XIII siècle chrétien ne saurait, il me semble, peser réellement quand dans l'article en question ce sont les XVI et XVII siècles qui sont en jeu ! Cordialement,

trevize


[ PP à Trevize :

- "Libéral-libertaire" ne veut rien dire. Et sans doute "néolibéralisme" non plus ? ni "capitalisme dérégulé" ? ni "sphère financière" ? Mes compliments à M. Gattaz.

- En fait de compréhension fine, je vous suggère de relire l'article (qui dit expressément : "depuis le bas Moyen-Age" : donc dans le sillage du XIIIe siècle), et de regarder le livre qui est le sujet de cet article ('Caliban and the Witch', de Silvia Federici) :
"Caliban and the Witch is a history of the body in the transition to capitalism. Moving from the peasant revolts of the late Middle Ages to the witch-hunts and the rise of mechanical philosophy, Federici investigates the capitalist rationalization of social reproduction."
Ce qui aurait donc été étrange de notre part, c'est de ne pas situer le début de cette analyse là où elle le situe elle-même : au Moyen Âge.

Hors de la pensée unique - encore un concept "relevant du cliché et sans aucune pertinence" (pour vous et M. Gattaz ?) -, vous risquez de découvrir encore beaucoup d'autres positions "étranges" : c'est-à-dire inhabituelles. ]
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Écrit par : trevize / | 15/07/2014

PAS D'ACCORD

> Etant catholique vous êtes accroché à reproduire le système patriarcal et ne pouvez comprendre de quoi Despentes et Preciado parlent. Déconstruire la sexualité est désaliénant. Donc anticapitaliste. Essayez de comprendre cela si vous pouvez. Mais un socialiste féodal ne peut pas.

kienthal


[ PP à kienthal -Et que cette désaliénation soit soutenue devant la Cour suprême américaine par Goldman Sachs, Microsoft etc, ça vous paraît très anticapitaliste ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : kienthal / | 17/07/2014

> Il y a par ici des amateurs de sophismes bêta, à ce que je vois.
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Écrit par : PMalo / | 17/07/2014

EN QUOI ?

> "Déconstruire la sexualité est désaliénant"
Ah bon, et en quoi ?
D'où vient l'aliénation ? De notre nature, de la façon dont nous sommes faits, de ce pour quoi nous sommes faits (alors Dieu est le grand Aliénateur) ? Ou bien justement du fait de ne pas respecter la nature humaine, la manière dont nous sommes faits et ce pour quoi nous sommes faits ?

Pour prendre un exemple, qui ne vaut que ce qu'il vaut : un tournevis est-il aliéné quand on l'utilise comme un tournevis ou comme un ouvre-boîte ? Dans le second cas, il finit souvent tordu ou cassé, et n'est plus bon pour son usage primaire.
Bien évidemment, l'homme est bien plus qu'un outil.

Cette affirmation catégorique et gratuite n'est pas du tout une évidence, j'aimerais bien qu'elle soit un peu plus argumentée.
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Écrit par : Pema / | 17/07/2014

GNOSTIQUE

> Déconstruire la sexualité, au fond, c'est le vieux mythe gnostique de l'androgyne primitif.
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Écrit par : Pierre Huet / | 17/07/2014

@ kienthal

> Effectivement
- décréter par postulat qu'on ne peut pas comprendre
et
- juxtaposer des mots de façon à rendre le propos incompréhensible,
ne risque pas d'enrichir le débat.
(pardonnez mon faible niveau intellectuel, mais je ne demande qu'à ce qu'on m'explique).
( Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde ! A.CAMUS)
______

Écrit par : franz / | 18/07/2014

Les commentaires sont fermés.